La microcopie en France dans les bibliothèques, archives et centres de documentation (fin)

Après avoir dans notre enquête sur la microcopie en France réservé une place particulière à quelques grands établissements : Bibliothèque nationale, Bibliothèque de la Faculté de médecine, Institut de recherche et d'histoire des textes, Centre national de la recherche scientifique et Archives de France, nous avons interrogé les centres de documentation.

La liste des participants à l'Inventaire permanent des périodiques étrangers en cours qui porte sur plus de 2.000 établissements (bibliothèques, centres de documentation, etc.) mentionne 172 établissements pouvant fournir à la demande des microcopies. Sans doute, ces 172 centres ne possèdent-ils pas tous un atelier, mais ce chiffre est suffisamment significatif par lui-même.

Il est évident qu'il nous était impossible de prendre contact avec tous ces organismes. Aussi avons-nous dû procéder à un choix qui peut paraître arbitraire, mais qui, portant sur des organismes travaillant dans des domaines aussi divers que la construction automobile, la recherche atomique ou l'industrie du pétrole, constitue un échantillonnage suffisamment varié pour représenter quelques-unes des principales activités intéressées par le problème de la microcopie appliquée à la documentation scientifique et technique.

La plupart des centres qui possèdent des ateliers de microcopie exécutent presque exclusivement des microfilms généralement sous forme de bandes normalisées (au maximum 23 cm).

Le plus souvent, ces microfilms sont établis à la demande. Les utilisateurs en sont d'abord les chercheurs et les techniciens mêmes de la firme dont dépendent la bibliothèque ou le centre de documentation et, dans une proportion variable, une clientèle extérieure.

Si les microfilms sont fournis gratuitement aux premiers, les demandes venant de l'extérieur sont satisfaites contre paiement. Le Centre international de l'enfance pratique une formule d'abonnement à son bulletin de documentation, le Courrier, couplé avec la fourniture gratuite de vingt microfilms et un taux de réduction sur les demandes supplémentaires de microfilms.

Peu nombreux semblent les organismes qui microfilment systématiquement tous les documents signalés dans leur bulletin de documentation. C'est le cas du service de documentation technique du Cerchar (Centre d'études et de recherches des charbonnages de France). Le Centre de documentation de la Société nationale des chemins de fer français pratique également le microfilmage systématique des articles publiés dans des revues qu'il possède dans sa bibliothèque, et analysés dans son bulletin de documentation technique, sauf si l'article est trop long.

A l'Institut français de recherches fruitières outre-mer, on microfilme systématiquement tous les documents signalés dans le bulletin bibliographique, afin de réaliser une économie de place et de faciliter les recherches. Il est plus aisé, y estime-t-on, de consulter les fichiers dans lesquels sont conservées les bandes normalisées de microfilm que de se reporter aux fascicules de revues dispersés dans les magasins. Par la suite, les documents ayant plus de deux ans de date seront détruits, à l'exception toutefois des instruments bibliographiques, des recueils d'analyses et des revues que ce centre est seul à posséder pour la France ou pour Paris. Ainsi sera réalisé un gain important de place.

Le microfilmage systématique répond, on le voit, à des besoins assez divers selon les établissements.

Aux établissements Pechiney, toute reproduction photographique d'un document est faite obligatoirement sous forme de microfilm. C'est seulement si le chercheur en fait la demande que l'on établit un agrandissement. Cette méthode a pour effet de réduire le nombre des agrandissements à 30 % environ de la demande initiale. On doit noter d'ailleurs que très souvent ce n'est pas la totalité d'un article qui fait l'objet d'un agrandissement, mais seulement les quelques pages sur lesquelles s'est porté l'intérêt du chercheur. A l'Institut Pasteur, également, le microfilm est utilisé par les laboratoires de recherche pour une lecture rapide, et ce n'est que si certaines parties intéressent plus directement le chercheur qu'un agrandissement est réalisé.

L'utilisation du microfilm implique la mise à la disposition des chercheurs d'un grand nombre d'appareils de lecture, mais, même dans un service aussi bien équipé en appareils que Pechiney (100 à 120), on continue de recourir aux agrandissements. D'autres procédés de reproduction sont d'ailleurs utilisés dans les centres de documentation, parallèlement aux microfilms et aux agrandissements obtenus à partir de ceux-ci, et notamment les procédés de photocopie par contact (beaucoup plus rarement le procédé optique). Au centre de documentation de la Régie Renault, par exemple, 10 % des travaux portant sur la reproduction d'articles de périodiques sont obtenus en utilisant des procédés par contact, 9° % en employant des microfilms qui donnent généralement lieu à des agrandissements; pour des tirages sur papier à quelques exemplaires, c'est le microfilm qui est le plus souvent utilisé comme intermédiaire, mais à partir de six environ on établit généralement, en outre, un typon à partir duquel s'effectueront des tirages diazo.

On doit constater que chez Renault comme ailleurs nombre de chercheurs n'aiment pas utiliser le microfilm directement, tant en raison de la fatigue oculaire qu'ils prétendent éprouver que de la difficulté de transporter avec eux un appareil de lecture et on a pu dire que si les procédés de photocopie se perfectionnaient, ils pourraient concurrencer plus largement ceux de microcopie.

C'est également ce que font apparaître les statistiques de la Maison de la chimie (1/3 de microfilms contre 2/3 de photocopies), de l'Institut du textile qui a fourni en 1958 12.000 pages de photocopie contre seulement 325 bandes de microfilms encore est-il vraisemblable que certains clients extérieurs utilisateurs du microfilm procèdent eux-mêmes aux agrandissements. Au service de documentation de l'Union technique de l'automobile, ce sont 4.675 photocopies et 4.080 agrandissements qui ont été exécutés durant les trois premiers mois de 1959 contre seulement 3.100 vues microfilms.

Même dans des établissements où le microfilmage systématique des articles signalés dans un bulletin de documentation est adopté, ce sont des agrandissements, comme aux Charbonnages de France, ou des photocopies, comme à la Société nationale des chemins de fer français, que l'on communique aux membres du personnel dans la plupart des cas.

Dans des centres où le microfilm est directement utilisé, à l'Institut de recherches fruitières outre-mer, par exemple, les chercheurs tout en utilisant les appareils de lecture mis à leur disposition, ne cachent pas la préférence qu'ils gardent pour les originaux. Quant aux usagers extérieurs, ce centre leur livre des agrandissements, de préférence à des photocopies directes et l'on peut considérer comme assez exceptionnel le cas de ce chercheur habitant Paris qui constitue toute sa documentation sous forme de microfilm.

A la Commission internationale des industries agricoles, bien que le nombre des microfilms exécutés augmente régulièrement, on note de la part de la clientèle une importante demande de photocopies ou d'agrandissements. Ce sont des constatations sensiblement identiques qui peuvent être faites à l'Institut français du pétrole.

La proportion des photocopies par rapport au microfilm peut cependant varier d'une manière assez notable puisque, au Centre international de l'enfance les microfilms représentent les 4/5 des demandes et les photocopies 1/5 seulement.

Si le microfilm est utilisé par la plupart des centres de documentation pour reproduire, en vue d'une diffusion tant auprès du personnel de la firme que d'usagers extérieurs, une documentation qui se présente le plus souvent sous la forme d'articles de revues, il leur sert également à d'autres usages, et notamment à combler les lacunes de leurs propres collections de périodiques. Si l'Institut français du pétrole préfère acquérir dans la mesure où ceux-ci sont encore en vente les fascicules de la revue dans lesquels ont paru des articles sur le pétrole ou s'efforce de réunir des tirages à part, il est des cas où il est contraint de se procurer des microfilms auprès d'autres centres de documentation, tels celui de la Maison de la chimie ou celui du Centre national de la recherche scientifique auquel font appel un grand nombre de centres qui bénéficient en outre d'apports de l'étranger.

A la Direction, de la documentation de la Présidence du Conseil, le microfilm sert à reproduire aussi bien les documents qui sont prêtés au service que des collections de journaux - français et étrangers - dont les originaux, qui encombreraient les locaux, sont ensuite déposés à la Bibliothèque nationale. C'est également en partie, nous l'avons dit, pour gagner de la place que le Centre de documentation de l'Institut français de recherches fruitières outre-mer a jugé préférable de se constituer un fichier des bandes de microfilms que de conserver les volumes dans les magasins.

En ce qui concerne la microfiche transparente, elle est utilisée pour la reproduction de plans et de dessins techniques 2, mais dans ce cas on lui conteste le nom de « microfiche ». A la Régie Renault, alors que le microfilm est employé pour les plans d'un format inférieur à 65 X 90 cm, la microfiche transparente de 75 X 125 ou de 105 X 148 sert à la reproduction des plans de format supérieur. Les plans originaux sont conservés. Il est fait deux jeux de microcopies, l'un constitue les archives de sécurité, l'autre sert d'instrument de travail pour faire des agrandissements sur papier ou sur calque. A la date du 15 avril 1959, la Régie Renault avait établi environ 170.000 microfiches, dont 90.000 en 75 X 125 et 80.000 en 105 X 148. Le Service de documentation de la Météorologie nationale étudie l'utilisation des microfiches transparentes pour les cartes et graphiques météorologiques.

En fait, la plupart des centres de documentation avec lesquels nous avons été en relations n'utilisent pas la véritable microfiche transparente à damiers, bien que certains livres et certains périodiques aient déjà fait l'objet d'une reproduction commerciale par ce procédé. En octobre 1953, les « Appareils contrôleurs » diffusaient le premier catalogue des titres qu'ils se proposaient de publier (Microthèque-France), mais ce programme n'a été que partiellement réalisé. C'est d'ailleurs le procédé de prises de vues 3 des Appareils contrôleurs (microfiches vierges unitaires 125 X 75 mm) qu'utilisent les éditions médicales Masson pour la reproduction sur microfiches de quelques-unes de leurs revues spécialisées. Chez Masson, l'édition normale de la Presse médicale coûte 6.000 francs; sur microfiches transparentes, le prix de l'abonnement s'élève à 8.600 francs, mais le nombre des abonnements reste peu élevé.

La reproduction des périodiques ne s'effectue pas seulement sur microfiches transparentes, le microfilm est également utilisé en France pour les journaux. Le Bulletin des bibliothèques de France a déjà signalé la reproduction sur microfilm du journal de Lamennais, L'Avenir, par les soins du « Service international de microfilms » (S. I. M.) 4. Cette même firme vient d'achever l'édition sur microfilm de La Tribune des peuples (15 mars-10 novembre 1849) que dirigea Mickiewicz et d'un autre périodique auquel collabora le grand écrivain polonais : Pielgrzym Polski (novembre 1832 - décembre 1833). Enfin, le S. I. M. a établi un « microfilm synchronique » de la presse parisienne durant la période du 10 avril au 2 juin 1958, soit de la chute du Cabinet Gaillard à l'investiture du général de Gaulle 5. Quinze journaux parisiens ont été ainsi reproduits au jour le jour.

Les problèmes de l'édition par microcopie nous conduisent à parler de la microfiche opaque, bien qu'elle ne soit pas encore répandue en France, comme elle l'est aux États-Unis. En dehors des chercheurs isolés, certaines bibliothèques et certains organismes de documentation reçoivent sans doute des microfiches opaques de l'étranger; la Bibliothèque de l'Institut a fait l'acquisition d'un appareil pour la lecture des documents de l'« U. S. atomic energy commission » sous forme de « microcards », qui parviennent à l'Académie des sciences. De même à la Bibliothèque de la Sorbonne, quelques microfiches opaques, en provenance de l'Université catholique de Washington, sont parvenues par la voie des échanges. La Maison de la chimie reçoit un très petit nombre de microfiches opaques. M. Th. Faivret, chef du centre de documentation, qui en 1948 avait publié une étude 6 sur les recherches relatives à la microfiche opaque, entreprises dès 1937 à l'Office international de chimie, demeure favorable à cette forme de microcopie. A l'Institut français du pétrole, il a été reçu jusqu'ici un seul livre sur microfiches opaques, mais comme personne n'a encore éprouvé le besoin de le consulter, l'achat d'un appareil de lecture spécial n'a pas encore été mis à l'étude.

Cependant au centre de documentation du Centre d'études nucléaires de Saclay, un accord de principe a été donné pour que les rapports du Commissariat à l'énergie atomique soient publiés sous forme de microfiches opaques. Le procédé utilisé sera le procédé « microcard » déjà adopté dans les organismes similaires des États-Unis et de Grande-Bretagne. Les microfiches opaques seraient envoyées à une cinquantaine de laboratoires; on espère par ce moyen faire gagner plusieurs mois dans la diffusion des rapports qui seront ultérieurement imprimés isolément ou qui paraîtront sous forme d'articles.

Les documents de l'Année géophysique internationale à laquelle la France participait sont actuellement en cours de reproduction sur « microcards ». On les trouvera entre autres au Service de documentation de la météorologie nationale.

On connaît les travaux de M. Gérard Cordonnier, ingénieur en chef du Génie maritime, relatifs à la microcopie, notamment à la mire et à la micromire ISO 7, mais plus encore ceux portant sur la microfiche transparente 105 X 150 (1942-1943) 8 et son appareillage dans le cadre d'un plan d'ensemble intéressant la normalisation des formats en microdocumentation.

Dans un papier récent, M. Cordonnier 9 écrivait:

« Les centres de documentation se sont équipés à la légère dans la voie du microfilm de 35 mm, ou par réaction dans des réductions excessives où la qualité disparaît (Minicard Kodak). La « microcard » opaque (U. S. A.) présente aussi de nombreux inconvénients (netteté insuffisante; projection, agrandissement et reproduction impossibles...) ». Pour M. Cordonnier les avantages des microcopies transparentes sur les microcopies opaques découlent des lois de l'optique. « J'ai montré, ajoute-t-il, depuis longtemps que la seule voie rationnelle était celle du film large avec suite transversale de microcopie des pages; chaque document étant ainsi reproduit sur une ou plusieurs bandes transversales. »

Le film large est du film perforé de largeur 150 mm pouvant comporter soit des microfiches 105 X 150 mm contenant 4 lignes de 4 formats 24 X 34, ou de 8 formats 17 × 24 (de une ou deux pages) soit des « microfiches étroites » 35 X 150 mm contenant 8 pages 17 X 24 ou 16 pages 12 X 17 (ces microfiches étroites peuvent être produites également à partir de film de 35 mm).

Selon M. Cordonnier, le film de largeur 150 est la meilleure « mémoire optique » pour la conservation et la sélection. Une piste optique ou magnétique enregistrant le seul code numérique du document permet le tirage automatique en connectant la tireuse avec une sélectionneuse à « caractéristiques ». M. Cordonnier travaille actuellement à une « co-sélectionneuse » qui permettrait selon le procédé « Sélecto » la sélection d'un million de documents en quelques minutes (alors que la capacité des fiches actuelles était limitée à 14.000 documents).

M. Cordonnier ayant d'autre part publié il y a quelques mois dans le Bulletin de l'Unesco à l'intention des bibliothèques 10 une étude intitulée Applications de la microcopie dans les centres de documentation, nous rappelons quelques-unes des propositions faites par lui :

« La séparation actuelle entre le signalement, lu dans le bulletin, et le microfilm, reçu ultérieurement sans qu'on ait immédiatement sous la main le signalement, est une des raisons principales pour lesquelles le technicien débordé met les microfilms « en attente », situation instable d'où ils passeront vite dans le fichier de rangement. » Auparavant, M. Cordonnier avait estimé souhaitable « d'unir dans le microdocument le signalement et le texte lui-même, de telle sorte qu'un utilisateur ne lisant d'abord que la suite des signalements puisse immédiatement jeter un coup d'œil sur le texte dans l'une des subdivisions susceptibles de l'intéresser ». M. Cordonnier envisage comme pour les bulletins signalétiques la possibilité « d'abonnement systématique par rubriques ultimes, chaque utilisateur signalant à l'éditeur son « spectre d'intérêt » avec raies plus ou moins fines, dans le plan général de classification qui jouerait le rôle d'« échelle de longueur d'onde » documentaire ».

La formule d'abonnement proposée par M. Cordonnier conduit, selon lui, à remplacer la microcopie par la micro édition.

C'est, précise-t-il, de « microdocuments » qu'il faut maintenant parler au lieu de « microcopies ». « Car il ne s'agira plus que d'images positives, tirées à un nombre d'exemplaires correspondant à celui des abonnés, tandis que les négatifs resteront archivés au centre pour les tirages ultérieurs correspondant aux demandes du type actuel, « après lecture du bulletin signalétique » ou sur la base de la référence bibliographique d'autres articles. »

Les positifs présentent pour M. Cordonnier des avantages certains par rapport aux négatifs (« rarement tirés d'une façon parfaite avec des lettres bien transparentes », enfin l'image négative ne donne qu'une bien faible idée des photographies contenues dans les articles. De l'emploi de positifs, il résultera un abaissement des tarifs abonnement.

Trois types d'édition de microdocuments deviennent possibles, une fois créé et organisé le service de micro-édition :

« Un type de « réédition micro » à partir de revues reçues normalement au centre, qui peut s'étendre naturellement aux ouvrages, en accord avec leurs éditeurs tout spécialement dans le cas des ouvrages épuisés dont la demande limitée ne justifie plus une réédition imprimée trop onéreuse;

« Un type d'édition « jumelée », en accord avec les éditeurs qui enverraient au service « M. E. » les tirages préliminaires (pre-prints) non reliés des numéros de revue ou des livres à paraître;

« Un type de « micro édition directe » sans impression, à partir de textes composites (dactylographies, titrages, figures et photographies), spécialement approprié aux textes de diffusion très limitée ou aux documents exigeant des diapositives en noir ou en couleurs dont la qualité est supérieure aux impressions. »

En 1954, M. Frontard publiait, dans le Bulletin de l'Unesco à l'intention des bibliothèques 1 une étude sur : La Normalisation internationale dans le domaine de la microcopie, étude complétée et mise à jour par la suite dans le numéro spécial du Courrier de la normalisation 11 sur la microcopie. Nul n'était plus qualifié que M. R. Frontard, directeur à l'Association française de normalisation (AFNOR), président du sous-comité « Reproduction documentaire » de l'ISO 12, pour traiter, à l'occasion de l'enquête du Bulletin des bibliothèques de France, de l'état présent de la normalisation internationale en matière de microcopie.

La microcopie fait quelque peu figure de procédé de secours en matière de documentation et d'archives. Certes, nul ne discute les commodités matérielles qu'offre son encombrement réduit. Quelques esprits hardis entrevoient et parfois même explorent déjà ingénieusement les horizons nouveaux qu'elle ouvre en matière de classement et de sélection. Mais, si le manque de place ne se faisait pas cruellement sentir, si les originaux étaient toujours aisément accessibles ou susceptibles d'être reproduits à l'identique à peu de frais, il est actuellement peu de chercheurs qui ne préféreraient la manipulation et la consultation de documents lisibles à l'œil nu, fussent-ils disparates et incommodes dans leur présentation ou leur classement, aux sujétions d'emploi de la microcopie.

L'usager de la microcopie présente ainsi au producteur d'appareils ou d'installations un double visage parfois déconcertant : s'il pense en organisateur, il se montre légitimement enthousiasmé par les irremplaçables possibilités que lui offre cette technique; s'il se comporte en lecteur, il n'échappe que rarement au complexe de réserve qu'ont pu laisser en lui une ou plusieurs expériences décevantes.

D'une façon générale, en matière de normalisation, une telle attitude des usagers n'a pas que des inconvénients : elle contribue en effet à convaincre les producteurs qu'il y a lieu de « faire quelque chose », - et en particulier d'accorder aux points de vue exprimés par leur clientèle une considération particulièrement attentive. Or c'est l'une des thèses constantes de la normalisation française que des normes dignes de ce nom doivent, précisément, réaliser cette synthèse entre les desiderata des usagers, naturellement enclins à rechercher une perfection parfois excessive, et les possibilités des producteurs, soumis aux sujétions de la matière et surtout du prix de revient. Comme l'AFNOR a été amenée par les circonstances à jouer un rôle important dans la conduite des travaux internationaux de normalisation en matière de microcopie, elle a eu maintes occasions dans ce domaine de mettre ses théories en application.

Dès les premières années de sa fondation, l'Unesco avait entrepris des études sur les moyens et pratiques existant dans le monde en matière de microcopie. Ces études aboutirent à la publication en 195I, par les soins de l'organisation, de deux brochures contenant des rapports de M. H. R. Verry. Parmi les conclusions de ces rapports figurait en particulier l'affirmation que seule une politique de normalisation internationale permettrait aux microcopies de jouer efficacement leur rôle en tant que moyen de communication à l'échelle mondiale.

Vers la même époque, au sein de l'Organisation internationale de normalisation (ISO), ou plutôt de son Comité technique « Documentation », se constituait un sous-comité « Reproduction documentaire ».

Les circonstances dans lesquelles ce sous-comité fut créé et développa son activité sont assez significatives.

Certains pays-membres de l'ISO, en 195I, auraient trouvé fort naturel que le comité « Documentation » de cet organisme se chargeât directement de l'étude des questions de reproduction documentaire. Les représentants de la France firent valoir qu'en cette matière la technique joue un rôle essentiel. Des spécialistes de la photographie, de l'optique, de la mécanique, auraient pu légitimement s'étonner de voir les questions de microcopie traitées entre la « présentation des revues » et la « translittération des caractères cyrilliques », dans les mêmes réunions et par les mêmes délégations. De tels arguments obtinrent la décision de créer un sous-comité spécialisé, mais, à vrai dire, à une assez faible majorité.

Cette décision n'en était pas moins heureuse car, quelques années plus tard, le problème se renversait : le comité ISO/TC 42 « Photographie » de l'ISO, dont le secrétariat avait étéconfiéaux U.S.A., revendiquait à son tour fermement, par un vote officiel, que la microcopie lui fût désormais rattachée. Le conflit d'attributions ainsi soulevé dura deux ans. Il était assez fâcheux, car il aboutissait, en schématisant à peine, à opposer un comité de l'ISO symbolisant « les producteurs » à un autre comité de l'ISO symbolisant « les usagers ». Ce fut encore la représentation française qui sut démontrer combien cette opposition était contraire au principe même de la normalisation, lequel consiste précisément à rapprocher producteurs et usagers autour d'une même table. L'un de ses arguments les plus convaincants consistait d'ailleurs à prêcher d'exemple : depuis l'origine des travaux internationaux, chacune de ses délégations aux réunions du sous-comité comportait constamment, en un coude à coude fraternel, des représentants de la production des surfaces sensibles et des appareils, de la documentation, de la photographie, de l'optique et de la physiologie.

Une solution raisonnable fut finalement acceptée, consistant à maintenir le sous-comité « Reproduction documentaire » dans la forme qu'il avait reçue, tout en organisant à son profit des liaisons techniques également étroites et attentives avec les deux comités de l'ISO respectivement chargés de la documentation et de la photographie.

Organisation des travaux.

Rappelons brièvement que l'Organisation internationale de normalisation (ISO), qui jouit du statut consultatif auprès de l'Organisation des Nations Unies, a son siège à Genève. Quarante pays y sont représentés. Elle comporte quatre-vingt-onze comités techniques, dont les secrétariats sont répartis entre ses membres. Les fonctions du Comité ISO/TC 46 « Documentation » ont été confiées au Comité néerlandais de normalisation, le secrétariat étant assuré par le « Nederlandsch Instituut voor Documentatie en Registratuur », ou NIDER.

Comme indiqué plus haut, le comité ISO/TC 46 a chargé des travaux de reproduction documentaire un sous-comité, dont le secrétariat est assuré par l'AFNOR.

Les pays suivants sont membres participants actifs du sous-comité : Allemagne, Autriche, Belgique, Espagne, France (secrétariat), Hongrie, Italie, Pays-Bas, Portugal, Royaume-Uni, Suède, Suisse, Union de l'Afrique du Sud, U.R.S.S., U.S.A. Sont membres observateurs les pays suivants : Danemark, Inde, Nouvelle-Zélande, Roumanie, Yougoslavie. Sont également observateurs plusieurs organismes internationaux : Fédération internationale des associations de bibliothécaires (FIAB), Fédération internationale de documentation (FID), Conseil international des archives (CIA), Unesco.

Ce dernier organisme ne se contente d'ailleurs pas d'envoyer des observateurs aux réunions, il a fait bénéficier l'ISO d'une aide financière appréciable, sous forme de deux contrats qui ont permis d'accélérer certaines études.

Dans un comité ou sous-comité de l'ISO, chaque pays membre apporte quelque chose; dans le sous-comité « Reproduction documentaire », l'apport des membres participants, dits membres P, est fort appréciable.

Il n'en demeure pas moins que le rôle de la France reste particulièrement actif, tant en sa qualité de comité-membre qu'en tant que responsable du secrétariat.

Du fait de sa composition variée, correspondant aux principes rappelés plus haut, et de son rôle de conseiller de l'AFNOR, la Commission française de normalisation de la microcopie, que préside M. Citerne, joue un rôle essentiel dans la fixation du point de vue français sur chacune des études et aussi dans la préparation des textes servant de base de discussion. C'est dans son sein que sont désignés les membres des délégations françaises aux réunions du sous-comité, où leurs avis sont très écoutés car ils résultent de discussions minutieuses et de propositions longuement mûries.

En tant que chargée du secrétariat, la France a l'initiative de la conduite des travaux internationaux. Un directeur de l'AFNOR a jusqu'à présent été appelé à présider toutes les réunions. Bien entendu, le président et le secrétariat du comité international doivent soigneusement séparer leurs rôles de celui de la délégation française. Il est arrivé plus d'une fois qu'ils aient à arbitrer en faveur de points de vue non partagés par celle-ci, mais reconnus majoritaires.

État d'avancement des études.

Bien que l'ISO n'ait, jusqu'à présent, publié aucune recommandation statutairement approuvée en matière de microcopies, certaines études sont sur le point d'aboutir et ont déjà exercé une influence sur les normalisations nationales de plusieurs pays, tels que l'Allemagne, la France, la Belgique, le Royaume-Uni.

Études techniquement terminées :

Deux études techniquement terminées viennent d'être présentées au Conseil de l'ISO, qui décidera prochainement si elles doivent devenir des recommandations ISO. Ce sont :
- le projet ISO n° 17 : Reproduction photographique de documents sur papier (copies lisibles sans intermédiaire optique) : Formats 13;
- le projet ISO n° 68 : Microcopies sur supports transparents : Supports recommandés : Dimensions 14.

Cinq autres études ont également été déclarées techniquement terminées par le sous-comité au cours de sa 6e réunion, tenue à Paris en juin 1958, et sont actuellement soumises par le comité ISO/TC 46 à ses comités-membres. Deux d'entre elles (marquées d'un astérisque) font également l'objet d'une consultation parallèle des membres du comité ISO/TC 42. Ces études s'intitulent :
- Terminologie des microcopies et de leurs supports;
- Microfilms de 35 mm*;
- Appareils de lecture de microfilms de 35 mm*;
- Limitation du taux de réduction des microfilms de 35 mm pour appareils de lecture dans les échanges internationaux de documentation;
- Caractère typographique conventionnel ISO pour essais de lisibilité.

Sans attendre l'aboutissement complet de ces études sur le plan international, l'AFNOR a estimé qu'elles étaient suffisamment stables pour en faire des projets de normes françaises, récemment soumis à l'enquête publique 15.

Études en cours :

Parmi les études inscrites à l'ordre du jour et déjà en cours d'examen, il faut citer :
- les règles pour la bonne conservation des microcopies;
- les caractéristiques des microfilms de 16 mm;
- les mires ISO et micromires ISO (composées des « caractères ISO » mentionnés plus haut);
- la luminance des écrans d'appareils de lecture de microcopies;
- la terminologie des appareils pour microcopie.

Enfin l'AFNOR se propose de présenter à une prochaine réunion du sous-comité un projet de système international de correspondance en code pour les commandes ou échanges de microcopies.

Travaux de recherche.

L'orientation donnée aux travaux du sous-comité a rapidement fait apparaître combien, dans le monde entier, les réalisations en matière d'appareils de microcopie sont restées empiriques. Il n'existe guère de réponses contradictoirement admissibles à des questions simples : comment distinguer une microcopie correcte d'une microcopie mal prise ? un bon appareil de lecture d'un médiocre? une image lisible d'une image critiquable ?

La solution proposée par certains pays consistait à faire comparaître devant une sorte d'aréopage international tous les appareils existant dans le monde, à sélectionner « les meilleurs », et à en dégager des règles de construction d'appareils « standard ». Cette solution fut écartée, comme comportant, à plus ou moins bref délai, des risques graves de sclérose de la technique.

Il ne restait plus alors qu'à prendre le problème de front, en essayant de définir des méthodes normalisées d'appréciation. Ceci conduisit le secrétariat à prendre l'initiative d'un véritable programme de recherches, dont les premiers éléments furent établis en France, mais auquel s'associèrent peu à peu les principaux pays intéressés.

L'AFNOR bénéficia pour ces travaux, en France, de concours nombreux et éminents. Il serait juste de citer à cette occasion les noms de presque tous les membres de sa commission « microcopie ». Nous n'en retiendrons ici, très arbitrairement, que ceux de MM. Cordonnier, inventeur du « caractère ISO », Y. Le Grand (Laboratoire de physique appliquée du Muséum d'histoire naturelle), Roulleau (Institut d'optique), Mauge (École nationale de photographie), qui effectuèrent des études de laboratoire sur :
- le caractère ISO, la mire et la micromire ISO;
- une « cabine d'ambiance lumineuse » reproduisant diverses conditions de lecture, de l'obscurité à la pleine lumière;
- la luminance des écrans d'appareils de lecture;
- l'échauffement des films dans les appareils.

Sous l'impulsion de ces travaux originaux, une véritable émulation s'est manifestée parmi les autres membres du sous-comité. En ce moment même, par exemple, grâce à l'établissement d'une méthode de mesure unifiée des luminances d'écrans, des essais sur appareils réels sont simultanément en cours en Allemagne, aux États-Unis, en France, au Royaume-Uni, en U.R.S.S. A l'issue de ces mesures, que leurs auteurs se sont engagés à communiquer au sous-comité, peut-être pourra-t-il être enfin répondu à la question posée dès 195I par le secrétariat, et jugée alors par certains indiscrète et presque désobligeante : « Quelle luminance peut-on raisonnablement exiger d'un écran d'appareil de lecture ? »

D'autres sujets, quoique moins scientifiques, ne nécessitent pas moins d'imagination ou d'ingéniosité : on peut assimiler à de la recherche le travail personnel de M. Lefrère, auteur de la proposition de code signalée plus haut.

Ainsi, patiemment, de proche en proche, le sous-comité oeuvre pour que se perfectionnent la bonne exécution des prises de vues, la commodité de manipulation, d'échange et de conservation des microcopies, la qualité des images fournies par les appareils de lecture.

Si l'on considère que le comité ISO/TC 46/SC 1 « Reproduction documentaire » a neuf ans d'existence et qu'il se réunit presque tous les ans, on pourrait être tenté de lui reprocher de n'avoir enregistré encore aucun résultat définitif Il est certain que les études progressent avec une lenteur qui étonne certains milieux ou organismes placés devant des besoins urgents, et soucieux de recevoir de l'ISO des solutions officielles et définitives.

Si légitime que soit leur impatience, on pourrait rappeler ici les récents propos de M. André François-Poncet concernant le Conseil de l'Europe :

« L'erreur, on pourrait l'appeler l'erreur française, est de croire que ce qui est conforme à la raison et théoriquement juste doit être immédiatement mis à exécution. Mais le passage de l'idée à l'acte est rarement instantané. On doit compter avec la résistance des habitudes, avec l'obstacle des moeurs, qui vont moins vite que les idées. La leçon à prendre est celle des végétaux qui ne poussent en hauteur qu'après avoir enfoncé dans le sol leurs racines. Le tout est de savoir persévérer. »

Toutes proportions gardées sur l'importance et la nature de ces deux organismes internationaux, cette leçon de patience et de persévérance peut s'appliquer au sous-comité, que l'on doit actuellement considérer comme un arbre dont on voit mûrir les premiers fruits.

Au cours des vingt-cinq dernières années, les procédés photographiques ont pris la première place parmi les procédés de reproduction avec la pratique courante de la microcopie et l'apparition des appareils de photocopie par contact dits de bureau.

En France, parmi les diverses formes de microcopie, une seule est fabriquée par la plupart des bibliothèques, archives et centres de documentation : le microfilm 35 mm (le 16 mm est utilisé pour le constitution d'archives de sécurité de documents en feuilles, par exemple dans les banques). La production de microfiches transparentes est l'exception (si nous considérons à part la reproduction des plans et dessins techniques sur film plan 125 X 75 ou 105 X 148 mm). Quant aux microfiches opaques, leur présence même dans les bibliothèques est encore aujourd'hui fort rare.

La fabrication d'images microfilmées a peut-être atteint dans certains établissements un chiffre maximum; dans la plupart des autres, la demande est croissante et l'équipement des ateliers ne permet pas toujours de la satisfaire entièrement. Il est d'autre part certain que d'une manière générale les appareils de lecture ne répondent pas entièrement aux exigences des usagers. Ceux-ci ne font pas toujours l'effort d'adaptation nécessaire, encouragés il est vrai par les facilités qui leur sont offertes par la production d'agrandissements sur papier. L'équipement d'appareils de lecture reste en outre dans certains secteurs insuffisant.

M. Frontard nous a rappelé les travaux de recherche poursuivis à l'initiative de l'AFNOR en France et également à l'étranger et concernant les appareils de lecture. Nous ne doutons pas que les fabricants d'appareils n'en puissent tirer des leçons utiles. Notre propos n'était pas dans cet article de dresser un tableau des appareils de fabrication française. Bornons-nous donc à signaler le dernier né - si l'on peut dire - puisqu'il n'existe qu'à l'état de prototype, c'est l'appareil de lecture mis au point par Optique-Précision de Levallois (OPL).

Une double question se pose aujourd'hui pour un certain nombre d'organismes :
I° doit-on continuer à utiliser le microfilm 35 mm? faut-il lui préférer dans certains cas ou dans tous les cas la microfiche transparente ?
2° pour l'édition microcopie plus particulièrement, faut-il s'orienter vers la microfiche transparente, la microfiche opaque ou rester fidèle au microfilm ?

Il ne saurait y avoir une seule réponse à la première question. Si la presque totalité des établissements français ont continué à utiliser le microfilm 35 mm (le 70 mm ne semble pas avoir encore d'adeptes), ce n'est pas la plupart du temps parce qu'ils estimaient que celui-ci présentait des avantages supérieurs - ils n'ont pas d'ailleurs toujours procédé à l'étude comparative -, c'est peut-être parce que le marché français était surtout pourvu en appareils de microfilm, c'est, croyons-nous, dans de nombreux cas parce que les établissements étant équipés à l'origine pour faire des rouleaux ou des bandes microfilmées ont persévéré dans la voie dans laquelle ils s'étaient engagés.

Le microfilm a rendu possible la constitution d'archives de sécurité, mais pour certaines estampes, pour certaines cartes géographiques (on peut utiliser le film plan 125 X 75 ou 105 X 148) et même pour certains manuscrits on préférera un cliché, ainsi que pour les monnaies et médailles 16. En ce qui concerne les bibliothèques françaises, le programme devra être continué et une place plus grande devra être faite aux collections de province. Un catalogue des microfilms établis par le Service photographique de la Bibliothèque nationale devra être publié. L'appareil de prises de vues à double caméra a permis d'établir en même temps deux microfilms négatifs 35 mm, facilitant ainsi la constitution des archives de sécurité. La conservation en rouleaux est la meilleure pour l'exemplaire d'archives; celle en bandes se prête mieux à la consultation. L'utilisation de film large, par exemple 150 mm, pour la fabrication de microfiches transparentes (105 X 150 et 35 X 150 par exemple) pourrait concilier les exigences de la conservation et de la consultation.

C'est sous forme de bandes maximum 23 cm que les copies d'articles de périodiques sont presque toujours établies dans les centres de documentation. La microfiche transparente 125 X 75 ou 105 X 150 est d'une capacité trop grande pour certains articles, donc, dans ce cas, moins économique que la bande; la microfiche étroite 35 X 150, préconisée par M. Cordonnier, et qui est une bande courte est au contraire plus économique mais perd l'avantage de la maniabilité de la microfiche.

La prise de vue systématique des articles de revues signalés dans un bulletin bibliographique est déjà pratiquée, nous l'avons vu, par quelques centres. Cette pratique se généralisera peut-être demain avec l'emploi de machines documentaires pour la sélection. Or, dans certains procédés de sélection, la mémoire « optique » et la mémoire « caractéristique » sont réunies sur un même élément, élément distinct (Filmorex, Minicard) ou en unité continue (Rapid selector). M. Cordonnier se borne à établir une connexion entre la mémoire « optique » (sur film large) et la mémoire « caractéristique ». C'est une connexion ou tout au moins une liaison qui s'imposera également avec l'emploi des machines à cartes perforées ou des calculateurs électroniques. On ne peut donc séparer entièrement le choix du procédé de microcopie et celui du procédé de sélection.

En ce qui concerne l'édition sous forme de microcopie, elle offre actuellement une triple option.

L'édition sur microfilm 35 mm est représentée principalement par l' « University Microfilms » d'Ann Arbor (Michigan) 17, dont l'animateur est M. Eugene Power. Elle a une filiale à Londres 18. On sait la place que ce service a fait aux thèses dont les positions sont publiées dans les Dissertations abstracts et aux périodiques, en particulier aux périodiques courants 19. Au problème de l'emmagasinage des périodiques il a consacré une étude que l'on trouvera notamment dans le Bulletin de l'Unesco à l'intention des bibliothèques 20. Fondée sur l'expérience des bibliothèques américaines, elle mériterait d'être refaite en France car, si le problème de l'emmagasinage se pose depuis longtemps pour les bibliothèques, il se posera de plus en plus pour les centres de documentation. La formule proposée par l' « University Microfilms » est la suivante : la bibliothèque souscrit un abonnement à l'édition ordinaire d'un périodique qu'elle reçoit régulièrement; elle souscrit en même temps un abonnement à l' « University Microfilms» qui lui livrera au bout d'un an de parution du périodique la microcopie de tous les numéros. Les numéros sur papier sont utilisés à la bibliothèque sans être reliés jusqu'à ce que la période de pointe soit passée ou jusqu'à ce qu'ils soient en trop mauvais état. On se débarrasse alors de ces numéros sur papier et on les remplace par des microcopies. «Pour une période de quarante ans, l'emmagasinage, selon les méthodes classiques, d'un périodique qui a cessé de paraître revient à 9 dollars par volume; si l'on a recours au microfilm, il revient à 3,25 dollars y compris le prix d'achat de la pellicule. Dans le cas d'un périodique courant, si l'on admet qu'un nouveau volume de 800 pages vient s'ajouter chaque année aux précédents, l'emmagasinage selon les méthodes classiques revient à 249 dollars pour trente ans, tandis que l'achat et l'emmagasinage du microfilm équivalent ne reviennent qu'à 82,80 dollars. »

Nous noterons que l' « Association pour la conservation et la reproduction photographique des journaux » récemment créée à Paris, a opté pour le microfilm de 35 mm. Le nombre des titres de journaux possédés sous forme de microfilms par les bibliothèques américaines et canadiennes est de 8.000 environ dont 1.650 journaux étrangers, selon la troisième édition du Newspapers on microfilm 21.

D'origine européenne, la microfiche transparente 75 X 125 mm ou 9 X 12 cm à laquelle est attaché, hors de France, le nom du Dr Goebel et qui a trouvé aux Pays-Bas un ardent défenseur dans la personne de M. van der Wolk, de la Bibliothèque centrale de l'Université technique de Delft 22 et de la « Microkaart Stichting », est utilisée par l'« International Documentation Centre », de création récente (1957) 23, dans le format 9 X 12 cm (8 à 100 pages; réduction 14 à 18). On trouve à son catalogue des manuscrits, des incunables, des périodiques (quelques périodiques français : Revue archéologique, 16 dollars, Arts et traditions populaires, 9,90 dollars, Electronique, 8,80 dollars, etc., pour l'année en cours), des livres, généralement anciens, de théologie, de philosophie, de philologie et littérature, d'art, de musique, d'histoire (les Monumenta Germaniae historica), de géographie, de médecine, de botanique (Linné Herbarium), etc...

La microfiche opaque d'origine américaine a comme principal éditeur aux États-Unis la «Microcard Foundation» » 24. Il s'agit de la « microcard » de Fremont Rider (125 X 75 mm). Sont édités des périodiques et collections épuisés mais aussi, nous l'avons vu, les rapports de l'« U. S. atomic energy commission », depuis 1947. La collection des Berichte der deutschen chemischen Gesellschaft (Chemische Berichte), vol. 1-77 (1886-1945), avec index des volumes I-70 (1868-1937) coûte 2.145 dollars, les Chemisches Zentralblatt, vol. I-116 (1830-1954) coûtent 3.000 dollars. Rappelons que la microfiche opaque, qui peut être impressionnée recto et verso, ne peut être lue que sur un appareil de lecture spécial du type « épiscope », appareil qui n'est pas fabriqué actuellement en France et qu'il faut faire venir des États-Unis. Nous avons dit les critiques faites à la microfiche opaque par les tenants de la microfiche transparente. Celle qui est relative à l'impossibilité d'obtenir un agrandissement sur papier d'une image sur microfiche opaque n'aura plus lieu d'être faite, semble-t-il, d'ici quelques mois. Déjà un appareil permettant l'agrandissement était disponible sur le marché américain, mais la qualité des agrandissements obtenus était discutable. Un prochain appareil de la « Microcard Foundation » doit permettre d'obtenir des agrandissements dans un temps très rapide. Ce sera là un progrès très important réalisé et qu'apprécieront les centres de documentation. Ajoutons que la microfiche opaque est plus économique que la microfiche transparente pour un tirage en nombre, 25 environ. La « microcard » 125 × 75 obtenue photographiquement 25 n'est pas la seule forme de microcopie opaque, « Readex Microprint Corporation » 26 évite des microcopies opaques de format 15 X 22 cm (100 pages) obtenues par lithographie et « Microlex Corporation » édite des microcopies opaques de format 16 X 2I cm (200 pages).

Il n'est pas besoin de souligner l'importance de l'édition microcopiée, certainement appelée à se développer au cours des prochaines années, soit pour la réédition en accord avec les éditeurs des publications épuisées qui n'ont pas assez d'acheteurs pour être rééditées par des procédés habituels et qui se peuvent trouver, sur le marché du livre d'occasion, à des prix plus élevés que sous forme de microcopies, soit pour porter le plus rapidement possible à la connaissance d'un public restreint de spécialistes, des documents manuscrits ou dactylographiés. C'est ainsi que l'« American institute of biological sciences » avec une subvention du « Council on library resources » va publier à titre d'expérience une revue scientifique : Wildlife disease, sous forme de microfiches opaques 27.

L'idéal pour l'usager serait qu'il n'y ait qu'un seul procédé et un seul format de microcopie, ce sera peut-être toujours impossible, cela l'est actuellement. Mais ce n'est pas dire que le choix d'un procédé ou d'un format doit être fait au hasard. Quelques études récentes y aideront, encore qu'à travers une littérature relativement abondante 28, il ne soit pas toujours facile de connaître les derniers progrès enregistrés en ce qui concerne l'appareillage et qu'à côté d'études s'efforcant à l'objectivité, d'autres peuvent apparaître comme involontairement influencées par des recherches personnelles ou des considérations commerciales.

Beaucoup de questions relatives à la microcopie n'ont pu être abordées ou n'ont été qu'effleurées à l'occasion de notre enquête :

la conservation (étudiée sur le plan international par un groupe ad hoc constitué au sein du comité ISO/TC 42 « Photographie » et dont le président est un Français, M. Cruzet, membre des commissions photographie et microcopie de l'AFNOR);

l'utilisation du microfilm pour l'élaboration des catalogues collectifs (voir : Hans Cordes, L'Utilisation des procédés photographiques lors de la constitution des catalogues collectifs régionaux en Allemagne du Sud dans Libri 1958, vol. 8, n° 2, PP. 154-199);

la reproduction des fiches de catalogue par microfilm (voir Otto Frank, Quelques méthodes d'établissement et de reproduction des fiches de catalogage dans le Bulletin de l'Unesco à l'intention des bibliothèques, vol. 12, n° 2-3, février-mars 1958, particulièrement pp. 48-49).

Le droit d'auteur, à lui seul, exigerait une étude approfondie; bornons-nous à signaler l'article de Carl Braband : Photographische Verviefitltigung veröffentlichter Werke für den personlichen Gebrauch publié dans la Revue de la documentation (vol. 24, n° 4, nov. 1957, pp. 141-148) et les communications et rapports qui ont été faits au 13e et 14e Congrès de l'Union internationale des éditeurs en 1954 et 1956.

La microcopie n'est pas seulement un problème technique réservé à des techniciens de la reproduction documentaire, c'est un problème qui intéresse la conservation, la diffusion et même l'édition des documents et qui doit retenir l'attention de tous les bibliothécaires, archivistes et documentalistes.

NOTA. - Par suite d'une omission dont nous nous excusons auprès de nos collègues archivistes, la première partie de cet article a paru sous un titre incomplet que nos lecteurs voudront bien rectifier comme suit : La Microcopie en France dans les bibliothèques, archives et centres de documentation.

  1. (retour)↑  Voir : B. Bibl. France. 4e année, n° 4, avril 1959, pp. 161-182.
  2. (retour)↑  Voir : B. Bibl. France. 4e année, n° 4, avril 1959, pp. 161-182.
  3. (retour)↑  « Microfilmex » s'est particulièrement spécialisé dans ce genre de travail (microfiche 75 × 125 comprenant une image 72 X 102 mn et une marge de titrage et permettant la reproduction de documents d'un format inférieur ou égal à 840 × I.188 mm).
  4. (retour)↑  Riehl (G.).- La Microfiche (In : Méthodes, sept. 195I).
  5. (retour)↑  9, rue du Commandant Rivière, Paris 8e. Voir : B. Bibl. France. 3e année, n° 5, mai 1958, p. 379.
  6. (retour)↑  Avant 1948, il avait été suggéré d'enregistrer chaque jour sur film et à la suite les numéros des principaux journaux quotidiens de toutes appartenances politiques. Voir : Poindron (Paul). - Les applications de la photocopie ou photocopie directe sur papier et de la photomicrocopie (microfilms et microfiches) dans les administrations publiques (In : Cahiers de la Fondation nationale des sciences politiques. IV. La modernisation des instruments de travail et des méthodes dans les administrations publiques. -Paris, A. Colin, 1948, p. 5I).
  7. (retour)↑  La Photomicrographie à la Maison de la chimie (In : Livre et document. - Paris, 1948, PP. 89-94., fig.).
  8. (retour)↑  Projet de mire et de micromire pour le contrôle des opérations de microcopie. I. Mire et Micromire (In : Cahiers de la normalisation. N° 122, mars-avril 1955. pp. 129-13I).
  9. (retour)↑  La Microfiche (In : Exposition du microfilm et de la photocopie, 13 au 25 octobre 1950. Paris, Memento technique. - Paris, CNOF, 1950, pp. 62-64).
    Normalisation des formats en microdocumentation (In : F.I.D. XVIII th Conf. 195I, F. I, 3 P., fig.).
    Rapport Z4 b-Doc. 6 « Organisation de la documentation, ch. I, mars 1943 » qui a fait l'objet d'une nouvelle rédaction et a été réédité en juillet 1946 sous un numéro bis (AFNOR).
    Rapport Z 4 b-Doc. 8 « Rapport répondant aux observations de Z 4 b-P.V. 6 relatif à Z 4 b-Doc. 6 », septembre 1943 (AFNOR). Voir également : Z 4 b-Doc. 9, décembre 1943, et Z 4 b-Doc. 10 (AFNOR).
  10. (retour)↑  Note sommaire sur l'organisation documentaire. Février 1959, 15 p. multigr. (Voir notamment p. 8).
  11. (retour)↑  Vol. XII, n° 11-12, novembre-décembre 1958, pp. 271-276. I. Vol. VIII, n° 5-6, mai-juin 1954, suppl. pp. F I-F VII.
  12. (retour)↑  22e année, n° 122, mars-avril 1955, pp. 177-182.
  13. (retour)↑  Organisation internationale de normalisation ou International organisation for standardization.
  14. (retour)↑  Qui n'entraînera de modification de la norme française NF Z 4I-00I (mai 1942) « Reproduction photographique directe sur papier des documents-Formats » que sur la question des tolérances.
  15. (retour)↑  Déjà adopté en France dans la norme NF Z43-00I (avril 1954) « Microcopie-Supports recommandés-dimensions ».
  16. (retour)↑  Il s'agit des projets Z 43-002, 004, 006, 007, 008, 010, 040, soumis à l'enquête publique de février à mai 1959. Voir : B. Bibl. France. 4e année, n° 2, février 1959, pp. 108-109.
  17. (retour)↑  Poindron (Paul). - Archives photographiques et bibliothèques (In : Association des bibliothécaires français. Bulletin d'informations. N° 22, mars 1957, pp. 5-II).
  18. (retour)↑  Publie, outre son catalogue, un bulletin : Microcosm.
  19. (retour)↑  University Microfilms LTD. Dering yard, 67 New-Bond Street, London WI.
  20. (retour)↑  L'Emploi du microfilm dans l'emmagasinage des périodiques. Vol. II, n° 2-3, février-mars 1957, PP. 53-56, graph.
  21. (retour)↑  L' « University Microfilms » peut procurer des agrandissements, notamment de leurs épreuves, par procédé xérographique à la vitesse de 6 mètres par minute. Le prix de revient est de 3 cents la page plus 70 cents à 1 dollar pour la reliure. (Voir : Bulletin de l'Unesco à l'intention des bibliothèques. Vol. 13, n° 2-3, février-mars 1959, P. 70).
  22. (retour)↑  Compiled under the direction of George A. Schwegmann. - Washington, Library of Congress, 1957. - VIII-202 p.
  23. (retour)↑  Wolk (L. J. van der) et Tonnon (J. C.). - The Microcopy on flat film as an aid in documentation (In : Revue de la documentation. Vol. 17, fasc. 5, sept. 1950, pp. 134-141, fig. et fasc. 8, novembre 1950, pp. 216-238, fig.),
    Wolk (L. J. van der). - Die Praktischen Erfahrungen der Bibliothek der technischen Hoschschule in Delft mit Telex und Mikrofiche. Vortrag auf der IATUL Tagung am 27-31 mai (1957) in Fulda, 9 p. multigr.
    Wolk (L. J. van der). - The Application of the microfiche for reproducing unpublished manuscripts. - Delft, Sept. 1957, 4 p. multigr.
    Haas (W. de). - The Microfiche (In : American documentation. Vol. 9, n° 2, April 1958, pp. 99-106, fig.)
  24. (retour)↑  Stockholm-Vallingby, Boîte postale 405. Suède. (Publication : Micro library.)
  25. (retour)↑  430 Sterling Court, Madison 6, Wisconsin. - Publie : Microcard bulletin. - Bureau de liaison pour l'Europe, 71 rue Chauveau, Neuilly-sur-Seine (Seine).
  26. (retour)↑  Autres éditeurs publiant sur « microcards » :
    Catholic University of America press, 620 Michigan avenue, N. E., Washington 17, D. C.
    Falls City microcards, 512 Emery road, Louisville 6, Kentucky.
    Godfrey memoriallibrary, Middletown, Connecticut.
    Lost Cause press, 235 South Galt Avenue, Louisville 6, Kentucky.
    Louisville Free public Library, 4th and York streets, Louisville, Kentucky.
    Matthew Bender & Co., 255 Orange street, Albany I, N. Y.
    University of Kentucky press, Lexington, Kentucky.
    University of Oregon, School of health and physical education, Eugene, Oregon.
    University of Rochester press, Micropublication service, Rush Rhess library, Rochester 3, N. Y.
  27. (retour)↑  115 University Place, New-York 3, N. Y.
  28. (retour)↑  Voir notamment : Special libraries. Vol. 50, n° 2, Febr. 1959, P. 85.
  29. (retour)↑  Une première recension de la littérature sur le microfilm a été faite par le Dr W. Schürmeyer et M. Th. Lossjes à la date du Ier septembre 1936 sous le titre : Literatur ueber die Anwendung von photographischen Reproduktionsverfahren in der Dokumentation (I. I. D. Communicationes. Vol. 4, 1937, fasc. 2, pp. 22-29). En juin 1950, la Bibliothèque du Congrès, par les soins de Blanche Prichard McCrum, a publié : Microfilms and Microcards : Their use in research. A selected list of references (Washington, June 1950, 6-8I p.); les articles de périodiques correspondaient à la période 1946-1950. La continuation a été assurée, sous la forme d'un « article rédigé », par Lester K. Bom pour la période 1950-1955, sous le titre : The Literature of microreproduction (American documentation. Vol. 7, n° 3, JuIY 1956, pp. 167-187). Nous rappelons pour mémoire deux publications particulièrement importantes parues au cours des dernières années, le Manuel de reproduction et de sélection de la F. I. D. (avec bibliographie et mises à jour) et l'ouvrage de Chester M. Lewis et William H. Offenhauser : Microrecording. Industrial and library applications (New-York, London, Interscience publishers, 1956. - 23 cm, XII-456 p., fig., pl.).
    Parmi de nombreux articles, on se reportera avec profit à celui de H. R. Verry : Microrecording (Aslib Proceedings. Vol. 10, n° 8, August 1958, pp. 189-193), à celui de J. Burkett : The use of microrecords in libraries and informations services (Ibidem, pp. 179-188); ce dernier article contient un tableau comparatif du coût des différents procédés de microcopie.
    L. L. Ardern : The Availability of microtexts (The Library association record. Vol. 59, n° I, January 1957, pp. 17-20) et Robert B. Downs : Libraries in minuscule (College and research libraries. January 1957, pp. 11-18) avaient, avant Burkett, passé en revue l'édition microfilmée, et leurs articles peuvent encore être utiles à consulter.
    L'actualité de la microreproduction est, entre autres, suivie par le Bulletin de l'Unesco à l'intention des bibliothèques et mention doit être faite du Bollettino d'informazione sulla microriproduzione (Milano, Università cattolica del S. Cuore).