Chronique des bibliothèques

Bibliothèque nationale.

Exposition Ibsen.

Le 29 novembre 1956 a été inaugurée dans le Salon d'honneur de la Bibliothèque nationale une exposition organisée pour le cinquantenaire de la mort d'Ibsen avec le concours de la Bibliothèque universitaire d'Oslo.

L'homme et l'œuvre, les principaux interprètes d'Ibsen en France et à l'étranger, les rapports entre Ibsen et la France (influence du théâtre français, éditions françaises des œuvres d'Ibsen, son influence en France) sont tour à tour évoqués dans les vitrines de cette exposition 1.

XIe salon de la photographie.

Le XIe Salon national de la photographie s'est ouvert, le 16 novembre 1956, à la Bibliothèque nationale, dans la galerie Mansart. Cette manifestation, qui se tient tous les ans depuis 1946 dans cette même galerie, revêt cette année une importance exceptionnelle, comme le signale, dans sa préface au catalogue 2, M. Jean Vallery-Radot, conservateur en chef du Cabinet des estampes, du fait de la présentation, dans un style entièrement nouveau, de « tout un choix d'épreuves montrant comment le savant, l'industriel, l'architecte, l'homme de laboratoire, l'ingénieur, d'autres spécialistes encore emploient la photographie. » Aussi, un grand nombre de centres scientifiques, de grands services administratifs ou de laboratoires spécialisés, tels que le Centre national de la recherche scientifique, l'Institut géographique national, l'Observatoire de Paris, le Commissariat général à l'énergie atomique, le service photographique de la Bibliothèque nationale, etc., ont-ils répondu à l'appel des organisateurs et exposé de nombreuses photographies inédites. Leurs envois se signalent aussi bien par leur valeur documentaire certaine que par la richesse et l'étrangeté des formes qu'ils révèlent, en noir et en couleur.

Photographies de manuscrits.

Le 15 novembre, à la Bibliothèque nationale, salle des commissions, M. André Grabar, professeur au Collège de France, membre de l'Institut, a montré et commenté une série de photographies en couleurs exécutées d'après des manuscrits à peintures byzantines. M. Jean Porcher, conservateur en chef du Cabinet des manuscrits, présenta ensuite quelques photographies de manuscrits de la Bibliothèque nationale.

Reproduction sur microfilms des journaux non reliés.

Le 9 novembre 1956 s'est tenue à la Bibliothèque nationale, en présence de M. Claude Bellanger, directeur du Parisien libéré, président du Comité exécutif de l'Institut français de presse, et sous la présidence de M. Julien Cain, une réunion pour l'étude de la reproduction sur microfilms des journaux non reliés.

Du rapport présenté par M. Prinet, conservateur en chef du Département des périodiques, nous extrayons les passages suivants :

« Pendant de nombreuses années, des enquêtes ont été menées en France et à l'étranger sur les divers procédés de reproduction. La plus récente de ces enquêtes est celle que la Bibliothèque nationale a entreprise en 1955-1956 auprès des constructeurs français et des organismes de presse (cf. articles en français et en anglais dans le Bulletin d'information de la Fédération internationale des éditeurs de journaux et dans la Presse française, en octobre et novembre 1955) ».

M. Prinet rappelle ensuite les avantages et les inconvénients du microfilm. « Dans la pire hypothèse, si le microfilm se détériore après plus de vingt ans, on peut du moins contrôler périodiquement son état et le reproduire, avant qu'il soit trop tard, en de multiples exemplaires.

Le risque est donc moins grand de compter sur une durée de conservation raisonnable du microfilm que de laisser se détruire la plupart des collections de périodiques.

En France, la Bibliothèque nationale a étudié ces problèmes, surtout depuis 1947. De son côté, M. Claude Bellanger a établi en 1952 et 1953 des projets précis pour la reproduction systématique de certains journaux. On peut en outre signaler quelques expériences : celle de la Direction de la documentation (microfilms), d'un grand quotidien (microfiches) et d'autres tentatives isolées et limitées en province.

A l'étranger, Angleterre, Belgique, Canada, Danemark, Etats-Unis, Finlande, Hong Kong, Japon, Nouvelle-Zélande, Suède, U. R. S. S. reproduisent des journaux sur microfilms dans des organismes publics ou privés. Il s'agit, selon les pays, de journaux locaux ou de journaux étrangers, c'est-à-dire en partie de journaux français.

La Bibliothèque nationale a dressé un inventaire des journaux français ainsi microfilmés. En voici quelques exemples :

Le Temps : reproduit en grande partie sur microfilm aux Etats-Unis : à l'Université de Chicago, à la Bibliothèque du Congrès, à l'Université de Yale. Autre microfilm partiel du Temps : à l'Université de Harvard et à l'Université de Duke. A la Bibliothèque nationale : reproduction très fragmentaire.

Le Figaro : collection ancienne reproduite à l'Université de Chicago. Une autre série (1914-1919) à l'Institut Hoover à Palo Alto en Californie. Depuis 1954, projet de reproduction à la Bibliothèque du Congrès et à la Centrala Filmarkivet à Stockholm.

Le Monde : est reproduit depuis 1944 à l'Université de Harvard. Depuis 1954, même projet que pour le Figaro (Bibliothèque du Congrès et Centrala Filmarkivet).

Combat : microfilm à Chicago (Midwest Interlibrary Center) depuis 1953, à la Bibliothèque du Congrès depuis 1954, à la Direction de la documentation française depuis 1945.

La Croix : microfilms dans les centres qui reproduisent Combat ; et tentative du journal lui-même.

Journal officiel : reproduit à Ann Arbor (Michigan) et provisoirement à Paris par le C. N. R. S.

D'autre part, la Bibliothèque nationale possède désormais un appareillage et un programme :

Un appareillage nouveau pour microfilms 35 mm semble permettre d'établir pour la première fois un cycle complet : prise de vue à grand rendement, conservation des microfilms, lecture de ces films dans des appareils spécialement conçus pour les longs métrages.

Enfin, le programme qui a été esquissé coordonnerait les efforts des entreprises de presse et des organismes de conservation ou de recherche, de telle manière que la presse française puisse être conservée et diffusée selon des méthodes raisonnables, et qu'un réseau d'échanges avec l'étranger puisse être établi :
1. Un certain nombre de quotidiens et d'hebdomadaires sont choisis d'après divers critériums : avis de la direction du journal, qualité, chiffres de tirage, possibilité de vente des microfilms.
2. Ces journaux en feuilles (non reliés) sont reproduits sur un appareil à grand rendement Sertic 3. Les microfilms sont de deux sortes :
- ceux qui reproduisent chaque jour un choix de journaux portant la même date 4.
- ceux qui reproduisent par mois, trimestre, semestre ou année la collection continue de tous les numéros d'un même journal; ces derniers films auront d'ailleurs une diffusion plus grande, surtout parmi les organismes de presse.
3. Les films ainsi établis auront une longueur de 120 à 300 mètres. On en tirera plusieurs exemplaires dits « microfilms de travail », positifs ou négatifs (dans ce dernier cas la lecture est généralement plus facile). Ces microfilms de travail seront aussitôt et définitivement placés dans des boîtiers (ou châssis) d'un type nouveau, actuellement construits par la maison Microfilm Service. Ces boîtiers, solidaires du microfilm comme une reliure l'est d'un livre, ont l'intérêt de protéger efficacement le film, de pouvoir être placés sur des rayons comme des livres et de s'adapter aux appareils de lecture construits par la même maison, sans qu'il soit nécessaire de toucher au film lui-même.
4. Ces appareils, construits sur les indications de la Bibliothèque nationale, permettent la lecture d'un journal sur toute sa largeur (sans déplacement latéral), dans de bonnes conditions de lisibilité. Le film de long métrage peut être déroulé d'avant en arrière et d'arrière en avant à la vitesse désirée.
4. Les appareils de prise de vue et de lecture comme les boîtiers de conservation peuvent être utilisés non seulement pour les journaux, mais aussi pour quantité d'autres documents de grand format et pour tous les microfilms de long métrage. »

Il faut souhaiter que les représentants de la presse française puissent se prononcer sur ce projet et, en donnant leur agrément, permettent sa très prochaine réalisation.

Bibliothèques universitaires.

Bibliothèque nordique.

Le Comité de patronage de la Bibliothèque nordique (fonds fenno-scandinave de la Bibliothèque Sainte-Geneviève) a tenu sa séance annuelle le 6 novembre 1956 en présence de M. Julien Cain, administrateur de la Bibliothèque nationale, directeur des Bibliothèques de France, de M. de Valous, conservateur en chef de la Bibliothèque Sainte-Geneviève et de plusieurs représentants de la Finlande, de la Suède, de la Norvège et du Danemark.

Mme Thomas, conservateur à la Bibliothèque nordique a présenté au Comité de patronage un rapport sur l'activité de la Bibliothèque nordique en 1955 que nous reproduisons intégralement ci-dessous :

« 1955 a été, pour les acquisitions, une assez bonne année. Nous avons reçu 2.149 volumes contre 1.542 en 1954, qui se répartissent ainsi :
236 thèses et 1.913 livres et brochures
112 proviennent du Danemark : 74 de l'Institut danois des échanges, 30 de deux éditeurs et de l'Ambassade du Danemark en France.
185 sont des dons finlandais : 69 de la Bibliothèque de l'Université de Helsinki, 10 du Ministère des affaires étrangères et de la Société de littérature finnoise, 112 enfin sont des achats faits avec la subvention votée par le Gouvernement finlandais. Nous n'avons pas reçu de dons des éditeurs qui nous avaient envoyé un grand choix de leurs derniers ouvrages à la fin de 1954.
200 sont des dons norvégiens : 26 de la Bibliothèque universitaire d'Oslo, 178 de douze éditeurs, en particulier des maisons Gyldendal et Aschehoug.
316 proviennent de Suède : 53 de la Bibliothèque royale de Stockholm, 14 de l'Institut suédois, 278 de vingt éditeurs, en particulier de la maison Bonnier (101).
658 sont des dons d'éditeurs islandais et nous ont été remis en juillet par M. le Ministre d'Islande à Paris.
227 nous ont été donnés par des amis de la bibliothèque.
215 enfin sont des livres sur les pays du nord parus en France, en Angleterre, en Amérique et en Allemagne, et achetés avec 300.000 F. de crédit octroyé par la Bibliothèque Sainte-Geneviève.

La bibliothèque s'est enrichie en 1955 de 14 nouveaux périodiques, ce qui porte à 1.265 le nombre de nos revues.

Il faut signaler enfin l'arrivage d'environ 6.000 volumes, provenant du fonds Maurice Cahen, en dépôt à l'Institut scandinave, qui, grâce aux démarches de M. Gravier, nous ont été donnés par l'Université de Paris. Ces livres entrés au début de 1956 figureront dans notre prochaine statistique.

Le nombre des lecteurs est en légère baisse sur l'année précédente : 3.138 contre 3.232. Celui des emprunteurs reste stationnaire : 319 contre 315 en 1954. Ils ont emprunté 3.643 volumes. Enfin, nous avons envoyé 47 volumes aux universités de province. »

Les principaux points de ce rapport : classement du fonds Maurice Cahen, acquisitions effectuées en 1955, fréquentation de la bibliothèque, furent ensuite discutés par le comité.

Bibliothèques municipales.

Besançon (Doubs).

En accord avec Mlle M.-L. Cornillot, conservateur du Musée des beaux-arts de Besançon, et M. Jacques Mironneau, bibliothécaire, une exposition consacrée au Livre d'art contemporain, organisée par le Comité national du livre illustré, s'est ouverte le 21 octobre au Palais Granvelle.

Outre les ouvrages envoyés par le Comité du livre illustré, on a pu y admirer quelques livres de luxe appartenant à la bibliothèque municipale, notamment le Besançon d'Abel Monnot illustré par Charles Jouas et édité par la Société des bibliophiles comtois. La présentation de l'exposition a été faite en présence des autorités locales, par M. Jacques Guignard, secrétaire général du Comité national du livre illustré, elle a été suivie de la projection du film Graphismes et de l'assemblée générale annuelle de la Société des bibliophiles comtois.

Bourges (Cher).

Par décret en date du 16 novembre 1956, la liste insérée à l'article 1er du décret du 29 avril 1933 portant règlement d'administration publique relatif au régime des bibliothèques publiques et de leur personnel vient d'être complétée. Désormais la Bibliothèque municipale de Bourges est classée dans la première catégorie des bibliothèques municipales (J. O. n° 271, 21 novembre 1956, p. 11.156).

Douai (Nord).

Le 4 octobre 1956, l'Heure joyeuse de la Bibliothèque municipale de Douai, a été ouverte aux jeunes douaisiens de 6 à 15 ans et a rencontré le plus vif succès.

Le vernissage de l'exposition sur Douai et le Douaisis au Moyen âge, organisée par le musée, la bibliothèque et l'enseignement primaire, dans la salle d'exposition de la Bibliothèque municipale de Douai, a eu lieu le 8 décembre 1956. La Bibliothèque municipale a exposé notamment des manuscrits et des monnaies. Cette manifestation a été organisée à l'occasion de la Campagne internationale des musées.

Mulhouse (Haut-Rhin).

La Bibliothèque municipale de Mulhouse vient d'acquérir une intéressante collection des œuvres de musique de chambre de Boccherini. Elle compte 33 volumes grand in-4° et contient 254 œuvres. Il s'agit en partie d'éditions anciennes, quelques-unes originales, en partie de copies manuscrites d'œuvres inédites. Ces copies ont été exécutées vers 1830 par ou pour Louis Picquot, musicologue, le premier biographe de Boccherini.

Toulouse (Haute-Garonne).

Le 17 novembre 1956 ont été présentés, sous le titre Expositions et musées toulousains, livrets et catalogues, des documents relatifs aux anciens guides et catalogues des musées et à leurs auteurs des origines à 1900, ainsi qu'aux expositions qui ont été réalisées à Toulouse, en particulier dans le domaine des beaux-arts, pour la même période. Plusieurs autres expositions concernant les musées et leur histoire ont eu lieu à la même époque à Toulouse afin de répondre à la Campagne internationale des musées lancée par l'Unesco.

Troyes (Aube).

A partir du 15 décembre 1956 et pendant un mois, une exposition Le Poème-objet, organisée à la Bibliothèque municipale de Troyes, dans le cadre de la Campagne internationale des musées, montrera des poésies « à lire sur les murs ». Est considéré comme « poème-objet » tout poème ayant un support matériel (papier, vélin, aussi bien que tissu ou céramique), pourvu qu'il soit mis en valeur de façon à être lu de loin, et à devenir un élément décoratif. Aussi l'exposition comprend-elle des poèmes d'abord calligraphiés (de Verlaine, de Gabriel d'Annunzio, de Paul Claudel), puis gravés ou imprimés avec leur illustration (de Pierre Seghers, de Paul Eluard interprété par F. Léger, de Jean-Jacques Kim par Mme Klée-Paliye, de Paul Claudel par Foujita, de Jean Cocteau, de Marcel Béalu ou Bernard Dimey par eux-mêmes).

Une rétrospective permettra de comparer des xylographies et des manuscrits richement enluminés aux « poèmes-objets » modernes, en passant par des dessins de Victor Hugo et Alfred de Musset. Le vitrail lui-même peut supporter un poème : tels les quatre vitraux peints par Linard Gonthier en 1620-1621.

Bibliothèques centrales de prêt.

La Réunion.

Le 30 octobre 1956, le bibliobus de la nouvelle Bibliothèque centrale de prêt a été inauguré en présence de nombreuses personnalités et de M. Massinot, bibliothécaire de la Bibliothèque départementale.

Bas-RhiN.

La Bibliothèque centrale de prêt du Bas-Rhin vient d'éditer un Catalogue des sciences et techniques présenté systématiquement suivant la classification Dewey 5.

Haut-Rhin.

Une Sélection de pièces de théâtre pour enfants et adolescents vient d'être publiée par la Bibliothèque centrale de prêt du Haut-Rhin sous forme d'un catalogue multigraphié classé systématiquement selon les trois grandes divisions suivantes : choix de pièces de théâtre pour enfants, choix de pièces de théâtre pour adolescents, technique du théâtre amateur (bibliographie choisie). Pour chaque jeu dramatique, farce ou comédie, ont été indiqués le nombre d'acteurs nécessaires, la durée du spectacle et un bref résumé de l'action 6.