16e Journées des Pôles associés et de la coopération

BnF – 17, 18 et 19 octobre 2016

Christine Boyer

Vincent Baas

Après les 15e journées à Montpellier en 2014 et consacrées au thème du patrimoine, ces 16e journées des pôles associés et de la coopération se sont tenues cette année à Paris dans le grand auditorium de la Bibliothèque nationale de France. Partagées en deux moments, les journées ont débuté le lundi 17 octobre après-midi par des ateliers pour se poursuivre mardi 18 octobre et mercredi 19 octobre en séance plénière. Le thème choisi cette année par la BnF était : « Innover ensemble pour les publics d’aujourd’hui et de demain ».

Les ateliers du lundi 17 octobre ont été l'occasion d'aborder des thèmes aussi divers que les archives de l'internet mises à disposition dans les bibliothèques recevant le dépôt légal imprimeur, les partenariats autour du Catalogue collectif de France, une présentation avancée de Gallica, les identifiants pérennes et notamment ARK, l'interopérabilité et le moissonnage OAI-PMH, la participation à un projet européen. Nous retiendrons particulièrement l'atelier qui avait comme thème l'interopérabilité et qui a permis de préciser les spécifications techniques du protocole IIIF (International Image Interoperability Framework). Ces spécifications visent, dans un cadre d’interopérabilité pour la diffusion d’images haute résolution sur le Web, au développement d'API ou "web services" afin d'améliorer la communication et l'échange d'images numériques.

La matinée de la session plénière du mardi 18 octobre a donné la parole à l'institution BnF par la voix de sa présidente, de sa directrice générale et des différents responsables de départements et services qui contribuent à la politique de coopération. C'est donc Laurence Engel, toute nouvelle présidente de la BnF, qui a ouvert ces journées en faisant un premier bilan du contrat de performance 2014-2016 tout en esquissant le contenu du nouveau contrat en cours d'élaboration. Les objectifs fixés par le contrat 2014-2016 et définis dans le cadre de la modernisation de l'action publique et de la transition numérique, prévoient l’enrichissement des collections, l’amélioration du signalement et la poursuite de la politique de numérisation. Pour le futur contrat 2017-2021, la BnF développe certains aspects de cette politique : nouveaux programmes de coopération avec les nouvelles régions, coopération renforcée avec les bibliothèques universitaires de recherche, coopération autour de l'archivage du web, nouvel outil en EAD pour le signalement des manuscrits, fin des travaux du site Richelieu.

La matinée s'est poursuivie avec l'intervention de Mme Sylvie Tarsot-Gillery, directrice générale de la BnF, autour des questions d'innovation et de la politique des publics à la BnF. A partir du constat partagé par l'ensemble de la profession d'une érosion de la fréquentation des bibliothèques, la BnF avec son statut de bibliothèque de dernier recours reste perçue comme un établissement sélectionnant ses publics. Si le public académique reste au cœur de la politique de l’établissement, la BnF a établi une feuille de route autour de quinze projets innovants avec, à titre d'exemples : des partenariats avec les milieux universitaires et nouvelles approches pédagogiques (MOOC), le rapprochement avec des publics professionnels (start-up, comités d'entreprise, opérateurs de tourisme), le design de service (plan en 3D, géolocalisation des collections, réseaux de collaboration entre utilisateurs). Une étude d’ethno-photographie sur les manières d'habiter l'espace de la BnF et un partenariat avec l'Ecole nationale supérieure de création industrielle ont permis de travailler sur ces questions.

La première session de la matinée a été consacrée à l’innovation et à la politique des publics, avec trois intervenants. Arnaud Beaufort, directeur des Services et des réseaux, a ensuite pris la parole pour présenter le nouveau schéma numérique de la BnF publié en mars 2016, en soulignant les évolutions sur site (mise en place du wifi, extranet), les mesures à destination des partenaires (nouveau CCFr, Gallica marque blanche), les nouveautés en matière d’aide à la recherche (nouveau moteur de recherche, outils d’aide au dépouillement et à la publication, raccourcisseur d’URL) et d’accessibilité (site en full responsive). Puis Sylvie Bonnel, en charge du département Droit, économie, politique, a présenté la charte documentaire de la BnF, destinée aussi bien à la pratique interne de la bibliothèque qu’aux tutelles de l’établissement et aux usagers. Enfin Denis Bruckmann, directeur des Collections, a décliné la politique documentaire de numérisation des collections en présentant la nouvelle charte qui doit couvrir la période 2017-2021. Dans un contexte où Google ne semble plus se présenter comme opérateur de numérisation, la BnF souhaite nouer des partenariats pour la reconstitution d’un patrimoine international. Cette politique documentaire concerne tous les types de ressources ; les imprimés avec de nouvelles thématiques (science politique, économie, physique, chimie, éducation), les objets avec notamment les globes, les manuscrits, la presse et l’audiovisuel. Plusieurs questions restent ouvertes ; l’ouverture d’autres champs disciplinaires soutenus par des programmes nationaux, grand projet pour les documents spécialisés, nouveaux partenariats territoriaux avec la mise en place des nouvelles régions.

Puis Aline Girard, directrice du département de la coopération, a conclu cette matinée sur un état des lieux de la coopération et sur la présentation de différentes perspectives et travaux : nouvelle dynamique avec les territoires, outil en EAD, numérisation presse locale, inscription dans le dispositif CollEx, projets de coopération autour des données et référentiels avec des échanges avec l’ABES.

L’ouverture de l’après-midi s’est faite par une « présentation flash » de quatre projets menés par quatre bibliothèques en région. Noëlle Drognat-Landré a présenté, pour la Bibliothèque municipale de Lyon, Influx, webzine qui aborde l’actualité sous différents formats : articles, brèves, coups de cœur. Malik Diallo, des bibliothèques de Nancy, a poursuivi avec l’édition en ligne du journal de Nicolas Durival. Cette interface de consultation permet d’accéder aux facsimilés et transcriptions avec des navigations possibles à partir de plusieurs index (personnes, lieux, institutions, œuvres citées). Edith Goudin de l’ARALD a exposé le projet de portail « Lecture + » qui vise à faciliter l’accessibilité numérique à la presse ancienne régionale en utilisant certains formats (xml Alto, EPUB 3 reflow). Pour clore ces présentations flash, Romain Boisselet, de la bibliothèque Universitaire Vauban, a fait découvrir à l’assistance une autre façon d’aborder l’apprentissage à la recherche documentaire par le Serious Game Notitiam Quærens.

Au cours de son intervention Philippe Chevalier, rattaché à la délégation et à la recherche à la BnF, a précisé le profil du gallicanaute qui, selon une enquête réalisée en 2011, est relativement âgé, international et s’intéresse à l’histoire. A partir de cette enquête on peut dresser les profils types suivants : chercheurs, amateurs éclairés, public loisir, technophile, grand public novice.

Une table ronde a suivi cette présentation avec des intervenants représentants différentes communautés (Bruno Leroux pour le Fondation de la résistance, Thomas Henry pour les « disquaires de Paris », et Sophie Boudarel pour la généalogie) qui tous ont souligné la richesse des contenus de Gallica.

Thierry Claerr, représentant du ministère de la Culture et de la Communication, a dressé un rapide panorama de l’innovation dans les bibliothèques de référence.

Pour clôturer cette deuxième journée, Sophie Mazens du MENESR a rappelé l’architecture du dispositif CollEx dénommé désormais CollEx-Persée. C’est un Groupement d’intérêt Scientifique (GIS) composé de représentants du MENESR, de structures nationales (BnF, INIST, Alliance Atena), d’opérateurs (CTLES, Persée, ABES) et de bibliothèques délégataires qui doivent faire acte de candidature pour l’animation d’un réseau. Au cours du premier semestre 2017, le GIS sélectionnera les collections labellisées au sein des bibliothèques du réseau. Pour parvenir au fonctionnement de cette organisation la première action sera de cartographier les collections d’excellence, d’autres pistes de travail sont envisagées comme la fouille de données et un service d’offre de documents à distance.

La dernière journée a été consacrée à la présentation, sous forme de plusieurs tables rondes, d’exemples de projets innovants aussi bien à la BnF que dans d’autres bibliothèques françaises. Sans entrer dans le détail des contributions individuelles, on retiendra la mise en ligne du nouveau Catalogue collectif de France en juin 2016 et l’actualisation du Catalogue général des manuscrits. Une présentation a été faite du projet MANIOC, porté par l’université des Antilles et du projet de système d’information de la médiathèque départementale du Puy-de-Dôme. La journée s’est terminée par des échanges avec des chercheurs et des enseignants sur le thème de l’innovation et notamment de la fouille de données.