La ruche de Languidic

Une nouvelle médiathèque bretonne primée pour son architecture

Marine Bedel

En 2002, la médiathèque de Saint-Renan, dans le Finistère, recevait le Prix national de l’architecture ; en 2006, le Prix architecture Bretagne récompense deux autres équipements publics incluant des médiathèques : « L’Espace des médias et des arts » de Languidic (Morbihan) dans la catégorie des constructions neuves et le centre culturel « L’Intervalle » de Noyal-sur-Vilaine (Ille-et-Vilaine) dans la catégorie des réhabilitations. Ces récompenses illustrent le spectaculaire développement de la lecture publique dans la région Bretagne depuis une douzaine d’années (entre 1993 et 2006, le nombre des bibliothèques municipales ou intercommunales correspondant à la définition minimale retenue par la Direction du livre et de la lecture pour l’établissement des statistiques nationales est passé de 93 à 230) et la qualité architecturale d’un très grand nombre de ces réalisations. Quand le ministre de la Culture a lancé le programme des « ruches » en incluant la dimension architecturale, cela n’a posé aucun problème en Bretagne : cette préoccupation était partagée par un grand nombre d’élus.

Le programme de Languidic

À Languidic, le programme initial de l’« Espace des médias et des arts » qui a ouvert ses portes en novembre 2005 comprenait une médiathèque de 600 m², l’école de musique municipale (460 m²), un auditorium de 120 places et des parties communes (hall et sanitaires : 140 m²), le tout à réaliser de plain-pied. Dans cette commune de 7 000 habitants en phase d’essor démographique, les élus ont décidé d’installer le nouvel équipement culturel à proximité du bourg et des écoles en même temps qu’au cœur d’un nouveau quartier, sur un vaste terrain boisé descendant en pente assez marquée vers un plan d’eau. Le choix du site est intéressant : à la charnière entre le centre-ville et des quartiers en devenir, au centre des activités quotidiennes mais dans un cadre de verdure et de calme. La déclivité du terrain a rapidement amené l’architecte à proposer d’enrichir le programme, en utilisant le demi-niveau inférieur surplombant le plan d’eau pour créer des ateliers d’arts plastiques, plutôt que d’en faire un simple vide sanitaire. Si une extension devient nécessaire, ce rez-de-jardin permettra d’agrandir la médiathèque et l’école de musique ; l’emplacement de futures circulations verticales est prévu.

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Façade sud depuis le plan d’eau. © Photo : Brice Desrez

Côté ville, côté campagne

Le bâtiment, en forme d’équerre ou de L, aux lignes horizontales, présente un côté « ville » avec une façade recouverte de panneaux de bois de trois essences différentes, formant une sorte de fresque abstraite rythmée par des ouvertures verticales fines et étroites illustrant les touches d’un piano et répondant surtout à des critères acoustiques nécessaires pour les salles de musique, et un côté « campagne » aux lignes plus marquées par le débord d’une coursive et d’un pare-soleil et par une large terrasse au-dessus d’un socle émergeant de la pente. Les ailes de l’équerre abritent l’une l’école de musique, l’autre la médiathèque.Au cœur du bâtiment est placé l’auditorium, dont l’usage est partagé entre les deux entités ; conçu comme un objet à part sur le plan formel pour des raisons d’acoustique interne, il développe des formes courbes et colorées représentant la table d’une guitare.

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Façades sud et est. © Photo : Brice Desrez

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Façade nord. De nuit, le bandeau vitré et éclairé signale l’auditorium. © Photo : Brice Desrez

La médiathèque

De forme rectangulaire simple, elle est accessible en son milieu depuis le hall principal, ce qui permet un accueil de face et une répartition très lisible entre les espaces adultes, qui se terminent par la zone de consultation bénéficiant d’une vue plongeante et reposante sur le plan d’eau et le coteau boisé, et les espaces pour les jeunes, dont les parties les plus éloignées sont consacrées aux tout-petits et à l’heure du conte. L’ensemble est facilement aménageable et modulable, la structure porteuse se réduisant au maximum. Dans les zones les plus éloignées des vitrages, la toiture est équipée de puits de lumière dont les faces intérieures, peintes de couleurs vives, diffusent une lumière chaleureuse.

L’ensemble est simple et élégant, avec une attention réelle aux ambiances, à l’acoustique, à l’éclairage, et avec le souci de faciliter la maintenance.

Espace des médias et des arts

(ouvert en novembre 2005)

56440 Languidic

Architecte : Pascal Debard (Lorient)

Directrice : Nadia Guillemot

Coût : 2 688 000 € HT en travaux et honoraires dont 990 000 € pour la médiathèque

Équipements mobiliers et informatiques : 144 500 €

Subventions État : 365 145 € auxquels il faut ajouter les aides du CNL

Personnel

– 2 assistantes qualifiées

– 2 agents du patrimoine

Collections

– 16 000 livres

– 76 abonnements

– 1 540 CD, 590 DVD et cédéroms

– 3 postes avec accès Internet

– 2 bornes d’écoute musicale

Fréquentation

– 2 286 inscrits soit 1 333 de plus que dans la petite bibliothèque de 45 m² qui préexistait

– 7 000 documents en moyenne sont prêtés chaque mois (y compris en juillet et en août).