Qui cherche trouve ?

Michel Fauchié

La définition que donnent d’un catalogue de bibliothèque nos voisins québécois est la suivante : « liste descriptive des documents que possède cette bibliothèque : livres, périodiques, publications gouvernementales, documentation audiovisuelle, mémoires, thèses, rapports, etc. Un catalogue de bibliothèque permet de :

  • vérifier la disponibilité des documents ;
  • de repérer des documents par auteur, titre, sujet, etc.

  *»

Nous voilà au cœur de la question : le catalogue ne serait pas fait pour l’usager qui cherche mais pour le lecteur qui trouve. On objectera qu’il est plus facile de construire un paradoxe que d’élaborer une solution. Voire.

Nos observations tournent autour d’un postulat centripète. L’usager n’a pas d’a priori dans sa quête ; et quand il émet une demande de recherche, les réponses apportées à ses attentes n’émanent pas mécaniquement du catalogue.

Examinons ces deux points.

Toute demande de recherche raisonnée fait l’objet d’une démarche préalable, consciente ou non : choix du sujet, de son angle, délimitation de l’aire de recherche (sa bibliothèque, d’autres…), enfin, certitude d’obtenir une réponse favorable. Le truchement du bibliothécaire sera efficace à tous niveaux, tant pour apporter son aide dans la compréhension du système de catalogage retenu que dans le conseil des sources à retenir (ouvrages, revues, ressources électroniques par exemple). Cette méthode porte sa propre contradiction : pas de réelle autonomie (complexité de la méthode de recherche), un degré insuffisant de pertinence, et, dans tous les cas, recours salutaire au médiateur-bibliothécaire. Sans a priori, il semble que tout fonctionne : les mises en valeur de nouveautés, la présentation de thématiques (événementielles ou non), l’organisation spatiale des collections aboutissent (doivent aboutir) à développer la curiosité, à satisfaire le plaisir, enfin à enrichir l’usager dans sa démarche.

Faut-il persévérer à donner au catalogue des fonctions si opposées que sont celles du repère et de l’exhaustivité ? Comment tracer sa route sans carte ni plan admis/ compris, dans le rapport incessant entre « chercher » et « trouver » ?

D’autres pistes s’offrent à nous : pourquoi s’en priver ? Elles ne sont pas en opposition avec la demande, mais avec l’offre : à cette frontière, nos choix sont-ils dictés par le corset que nous portons, qui serait construit autour d’un seul outil, le catalogue ? Plaidoyer donc, pour remettre l’usager in situ, au centre de notre action, usager tel qu’il est, avec ses outils vernaculaires. À nous de faire ce premier pas, qui permettra d’amorcer un service différent – un service public/un service au public – moins basé sur nos outils professionnels, plus proche de l’univers d’information d’aujourd’hui.