Portrait métier # 2 : bibliomètre
Portrait métier : le BBF s’entretient avec des acteurs des bibliothèques sur l’évolution de leur métier, témoignant de la diversité des profils et des fonctions.
Professional profile: a series of profiles in which librarians discuss changes in how they work, reflecting the wide variety of experiences in professional librarianship.
BBF • En quoi consiste la fonction d’ingénieur en bibliométrie ?
Marjolaine Gautret • La fonction d’ingénieur en bibliométrie est une spécialisation du métier de documentaliste IST, tourné vers l’analyse du contenu de l’information. Elle mêle des compétences liées au management de l’information, à l’analyse statistique de données, à la communication, alliées à des notions de développement informatique, mais également à des connaissances du processus de recherche dans les différents champs disciplinaires, ce qui s’apparente au métier de data scientist.
La quantification des activités de recherche et le besoin d’informations synthétiques répondent d’une part à la surcharge informationnelle avec une information omniprésente et des données massives. D’autre part, le contexte de plus en plus complexe de concurrence, de recherche de financement, de regroupements de partenaires implique que la visibilité, le positionnement et l’impact d’un établissement deviennent de plus en plus essentiels.
La fonction consiste à définir, planifier et mettre en œuvre les projets d’analyse pour répondre aux finalités exprimées par les commanditaires dans des délais qui peuvent être très contraints. L’anticipation est essentielle, notamment dans la collecte des données ou l’élaboration de terminologies et de référentiels. La constitution du corpus est une étape essentielle qui requiert le meilleur soin, la qualité des données influençant directement la fiabilité des résultats et la justesse de l’interprétation. Par exemple, une analyse peut avoir comme objectif de rechercher des ressemblances ou des différences, de représenter des proximités ou de regrouper en catégories homogènes. La méthode d’analyse doit être appropriée à l’objectif et à la nature des données.
BBF • Comment s’insère cette fonction dans l’environnement de la documentation universitaire ?
M. G. • Les principaux commanditaires, décideurs, directions, animateurs de réseau ou responsables de structure de recherche, sont demandeurs d’informations synthétisées qui apportent un éclairage stratégique de l’environnement thématique pour une aide à la décision et au pilotage. Les projets sont menés en étroite collaboration avec les scientifiques.
Les attentes portent d’une part sur de l’expertise dans des projets liés à la description des activités scientifiques ; elles concernent d’autre part les études permettant de connaître les spécificités des activités de recherche de l’établissement, mais également d’éclairer leur perception extérieure tant en termes de positionnement que d’impact et de visibilité.
BBF • Quels sont les points de complémentarité avec les bibliothécaires ?
M. G. • La création d’un poste dédié aux métriques sur les productions scientifiques permet d’élargir l’offre de services de la bibliothèque aux décideurs et à la communauté scientifique. Les services documentaires permettent d’aller dans le contenu de l’information et de proposer des services à façon en s’adaptant au plus près aux besoins des chercheurs et des décideurs.
Les expertises des documentalistes devraient être plus et mieux intégrées au sein des bibliothèques, les métiers étant complémentaires. En termes de veille professionnelle, les réflexions sur les services à la communauté scientifique pourraient être mutualisées avec les instituts de recherche.
BBF • Comment envisager l’évolution de cette fonction dans le futur ?
M. G. • Face aux données massives big data, les analyses intègrent de plus en plus des données hétérogènes qui peuvent être issues de processus de veille, par exemple. L’analyse peut également identifier des dynamiques informationnelles, extraire des connaissances et évoluer vers une mesure des effets et de l’impact socio-économiques des activités de recherche. Le design de l’information est de plus en plus intégré, les études allant de la fouille à la visualisation des données.
Par rapport aux archives ouvertes, HAL devrait être une source de données pour identifier l’ensemble des productions des structures de recherche d’un établissement.
De belles perspectives de services à développer en collaboration avec la communauté scientifique !