Une étude de préprogrammation par un prestataire

l’exemple de la bibliothèque de la Ponatière à échirolles

Stéphane Wahnich

La réhabilitation de la bibliothèque de la Ponatière (Échirolles) a été précédée d’une étude affinée de préprogrammation réalisée par un institut d’études sociologiques et un cabinet d’urbanisme. L’étude sociologique, qui a révélé la singularité de cette bibliothèque – désuète par son équipement mais moderne dans son fonctionnement – a ainsi permis au cabinet d’urbanisme d’adapter son préprogramme en fonction de la réalité sociale et des attentes des acteurs et publics, par des solutions allant à l’encontre des habitudes. Dans un encadré, Martine Cribier-Kozyra présente le réseau des bibliothèques d’Échirolles.

The rehabilitation of the Bibliothèque de la Ponatière in Échirolles (near -Grenoble, France) was preceded by a special preprogramming survey carried out by a sociological research institute and an urban development firm. The survey highlighted the singularity of this library, which is outdated in its equipment but modern in the way it operated. This enabled the urban development firm to adapt its preprogramme to the social reality and expectations of the library staff and users, through solutions that run counter to customary practices. In a separate text, Martine Cribier-Kozyra presents the city of Échirolles’ libraries.

Der Sanierung der Bibliothek Ponatière (Échirolles) war eine von einem Institut für sozialwissenschaftliche Studien und einem Stadtplanungsbüro realisierte verfeinerte Vorplanungsstudie vorausgegangen. Die sozialwissenschaftliche Studie, die die Besonderheit dieser Bibliothek –nämlich veraltet was ihr Mobiliar betrifft, doch modern in ihrer Funktionalität– aufgezeigt hat, hat somit dem Stadtplanungsbüro ermöglicht, sein Konzept entsprechend der sozialen Realität und den Erwartungen der Akteure und der Leser durch Lösungen, die im Gegensatz du den Gewohnheiten stehen, anzupassen.

La rehabilitación de la biblioteca de la Ponatière (Échirolles) fue precedida de un estudio afinado de preprogramación realizado por un instituto de estudios sociológicos y por un gabinete de urbanismo. El estudio sociológico, que reveló la singularidad de esta biblioteca –fuera de moda por su equipamiento pero moderna en su funcionamiento– permitió de esta manera al gabinete de urbanismo adaptar su preprograma en función de la realidad social y de las expectativas de los actores y público, mediante soluciones que fueron en contra de las costumbres.

Dans le cadre de son action en faveur de la lecture publique, la ville d’Échirolles (Isère) a souhaité en 2006 réhabiliter sa bibliothèque de la Ponatière. Petit équipement de proximité par excellence, mitoyen d’une école primaire, la Ponatière nécessitait sans conteste une rénovation et un agrandissement de son espace. Pour autant, la ville, consciente des enjeux liés à cet équipement, a pris le parti de réaliser une étude affinée de préprogrammation prenant en compte les attentes des acteurs et des publics.

Proximité, réseau et partenariat

Une ville de banlieue attenante à Grenoble

La ville d’Échirolles fait partie de l’agglomération grenobloise. Avec Saint-Martin-d’Hères, elles comptent chacune environ 34 000 habitants. Avec Pont-de-Claix et Fontaine, deux autres villes de la couronne de Grenoble, elles ont constitué le Syndicat intercommunal pour la télématique et les prestations informatiques (Sitpi), ce qui a amené dans les années 1980, par le biais technologique, la création du réseau des bibliothèques du Sitpi ; celui-ci, avec dix équipements, un catalogue unique 1, une carte unique de lecteur (mais pas un tarif unique puisque chaque équipement ou réseau d’équipements reste municipal, avec des tarifs municipaux !), un fonds de 450 000 documents, représente la deuxième offre de lecture publique de l’agglomération grenobloise. Un service particulièrement apprécié par les lecteurs du réseau est la possibilité d’emprunter et de rendre dans sa bibliothèque de proximité un ouvrage présent dans les collections d’une des trois autres villes grâce à des navettes quotidiennes.

Le réseau des bibliothèques d’Échirolles comprend trois équipements : la bibliothèque Pablo-Neruda (850 m², deux niveaux publics) située sur une place piétonne du quartier Villeneuve, la bibliothèque de la Ponatière (250 m², quatre niveaux publics) installée dans des classes désaffectées d’une école encore en activité dans le quartier Ouest, enfin le « bouquinbus » qui dessert toutes les semaines cinq emplacements situés dans d’autres quartiers.

Échirolles comporte 41 % de logements sociaux.

Une volonté politique de susciter une implication plus importante de la population dans la vie culturelle

En 2003, le conseil municipal vote le premier schéma de développement culturel, à l’initiative de l’adjointe aux affaires culturelles Chantal Cornier et à l’issue d’une large concertation des acteurs culturels de la ville ; en effet, dit Chantal Cornier, « la culture se fait par le lien social. Aller à la rencontre des habitants nécessite de sortir des actions quotidiennes pour nourrir notre réflexion ». Ce document trace les grandes lignes de l’action culturelle du mandat ; il couvre la période 2003-2007 ; c’est un véritable contrat d’objectifs pour la durée du mandat. Au chapitre des études à mener : un diagnostic sur la lecture publique.

Une première étude avait conclu en 2004 à la nécessité de construire un équipement de 2 000 m² au centre ville. Lors d’un rendez-vous avec le conseiller pour le livre de la direction régionale des affaires culturelles à propos de la politique de lecture publique d’Échirolles pour les années à venir, l’élue échirolloise expose son projet : non pas construire un équipement central qui amènerait, compte tenu des contraintes de gestion de la collectivité, la fermeture des équipements de quartier existants, mais au contraire renforcer la proximité en rendant ceux-ci plus attractifs et en consolidant le réseau avec une troisième bibliothèque dans le sud de la ville, dans un quartier qui doit faire l’objet d’une action ANRU (Agence nationale pour la rénovation urbaine), bibliothèque qui sera facilement accessible depuis le nouveau centre ville

Cette réflexion s’appuie sur la géographie de la ville : son territoire est nettement coupé en trois zones par la tranchée de la rocade sud d’une part, qui sépare le quartier Villeneuve du reste de la ville et le colle à la ville centre (Grenoble), et par une longue avenue bordée de bâtiments industriels d’autre part, qui isole le quartier Ouest du reste de la commune. Le conseiller pour le livre assure la ville d’Échirolles du soutien de la Drac dans son projet d’un réseau de trois bibliothèques à condition qu’elles fassent, au minimum, 800 m2 chacune.

Une volonté de tisser le territoire

Pour la ville, il s’agit de conjuguer proximité et réseau, singularité et complémentarité : tout habitant, quel que soit son âge, doit avoir à sa disposition, près de chez lui (pas plus de 20 minutes de trajet), un équipement de lecture publique qui lui propose un choix encyclopédique d’ouvrages de fiction, d’ouvrages de vulgarisation, une sélection de périodiques, des accès à internet (recherche documentaire et courriel) gérés par des professionnels qui ont un rôle centré sur la médiation ; il doit également avoir des raisons de désirer se rendre dans les autres équipements du réseau échirollois pour y trouver des ressources différentes ou plus développées.

Dans le quartier Ouest, sont localisés l’école intercommunale de musique, le musée Géo-Charles 2, le musée de la Viscose, musée du monde ouvrier, les locaux du DCAP 3 . La bibliothèque de la Ponatière pourrait disposer d’un fonds de documents en lien avec ces équipements, DVD liés à la musique et à l’art contemporain, références ciblées de sites… La bibliothèque Neruda, proche de la Maison des écrits 4 et du Centre du graphisme, pourrait proposer des documents liés à l’illustration et des activités plus spécifiquement liées aux thématiques de l’écriture et de la langue.

La troisième bibliothèque, située dans un équipement rayonnant rassemblant trois entrées, social, jeunesse et lecture publique, pourrait développer une offre de bureautique, d’accompagnement dans la recherche d’informations pratiques, de téléchargement de documents divers (texte, image, son) et accueillir ainsi des collaborations avec la Maison des écrits ou le DCAP autour de création de blogs, de musique assistée par ordinateur…

Dans le cas des deux premiers équipements, il s’agit de distinguer, dans cette transversalité entre équipements culturels, ce qui relève de la collaboration de proximité et ce qui relève de projets communs à l’échelle de la ville.

Transformer la bibliothèque de la Ponatière

En 2005 est lancé l’appel d’offres pour une étude visant à faire de la bibliothèque de la Ponatière un équipement de 800 m², fonctionnel, ouvert sur la ville, lisible, convivial. Parallèlement, le projet de troisième équipement prend place dans le dossier de rénovation du sud de la ville dans le cadre de l’ANRU.

Parmi les candidats est choisi celui qui, avec son équipe pluridisciplinaire, se donne comme objectifs de renforcer le caractère de proximité et de confirmer l’appartenance au réseau des bibliothèques d’Échirolles et au réseau des bibliothèques du Sitpi, définir l’articulation urbaine de la bibliothèque avec le quartier en tant qu’équipement structurant et central, et définir le contenu de la bibliothèque en tenant compte de la singularité de l’équipement. Il s’agit de deux cabinets réunis pour répondre à l’offre, un spécialisé dans les études sociologiques autour de la lecture publique, l’autre dans la programmation de bâtiments culturels.

La première étape de l’étude a consisté en une enquête sociologique ; menée auprès des lecteurs, de la responsable et des bibliothécaires, elle montre que la bibliothèque est appréciée pour la qualité de son accueil et de l’accompagnement des recherches. La place de la bibliothèque comme lieu de vie au cœur du quartier est confirmée.

Cette première étape joue un rôle essentiel car elle confirme le choix politique de renforcer le réseau échirollois des bibliothèques en s’appuyant sur des équipements de proximité de taille moyenne ; elle apporte des arguments forts pour la négociation qui doit conduire à transformer un bâtiment presque invisible, situé dans une quasi-impasse, en un équipement situé en bord d’avenue, transparent, facile d’accès, entouré d’un espace vert et qui reste de taille moyenne.

L’enquête sociologique apporte un autre argument essentiel pour la dynamique de la politique de lecture publique : le fait de proposer aux lecteurs de disposer dans leur bibliothèque de proximité de tout titre présent dans une autre bibliothèque (échirolloise et, au-delà, appartenant au réseau Sitpi) grâce au prêt inter est un atout qui n’empêche pas les lecteurs de fréquenter les autres équipements mais contribue au rôle de proximité.

Dans la réflexion entre les élus à la culture des quatre villes du réseau Sitpi, cet argument a un impact fort car il justifie de développer une politique commune de communication autour de ce réseau atypique et, aujourd’hui encore, peu visible, et de développer en son sein mutualisation et coopération.

Le nombre de lecteurs fréquentant plusieurs équipements est modeste ; il augmente lentement et sûrement, souvent à la faveur des vacances, mais ne sera sans doute jamais majoritaire. Ce service semble à ce jour être peu répandu dans les réseaux français de bibliothèques.

Martine Cribier-Kozyra

Directrice des bibliothèques d’Échirolles

m.cribier@ville-echirolles.fr

  1. (retour)↑  Voir le site : http://www.biblio.sipti.fr
  2. (retour)↑  Le musée Géo-Charles présente la donation Géo Charles(lauréat du prix de poésie aux Jeux olympiques de Paris en 1924, poète, homme de radio et de revues), composée des textes qu’il a écrits, des tableaux de sa collection, d’enregistrements sonores... qui constituent un fonds centré sur le sport et la culture ; il présente aussi des expositions d’art contemporain.
  3. (retour)↑  Le DCAP (Développement culturel Art Poésie) a pour mission d’accompagner les jeunes dans leur créativité en les aidant à concrétiser leurs projets (musique, slam, graph, chanson...) en leur proposant un premier passage sur scène.
  4. (retour)↑  La Maison des écrits est structurée autour de deux missions : d’une part, amener des publics éloignés de l’écrit à construire des projets personnels autour de son appropriation (récits de vie, ateliers d’écriture autour d’expositions d’illustrations originales, vacances culturelles pour les enfants du primaire...) ; d’autre part, former des acteurs (professionnels du social, de l’animation, de l’éducation...) à des actions de sensibilisation à l’écrit telles que l’animation d’ateliers d’écriture et la lecture à voix haute...

Une demande exigeante

La démarche d’étude voulue par la ville d’Échirolles a donc nécessité de mettre en synergie les compétences et les analyses d’un institut d’études sociologiques (SCP Communication) et d’un cabinet d’urbanisme (Attitudes urbaines) *.

La sociologie et l’urbanisme sont deux spécialités distinctes et c’est bien l’addition de ces deux compétences qui a pu assurer cette exigence.

En effet, l’objectif de cette démarche originale s’inscrivait véritablement dans le souci premier de prendre en compte le public et son espace. Dans ce cadre, l’étude sociologique a été mise en œuvre en amont et devait « commander » l’étude urbaine qui a fidèlement traduit nos préconisations sociologiques.

Pour réaliser cette étude, nous avons mené : une étude ethnographique au sein de la bibliothèque et du quartier, une réunion de groupe avec le personnel de la bibliothèque, et des entretiens semi-directifs auprès de fréquentants et d’habitants du quartier.

Une bibliothèque paradoxale

Il en est ressorti que la bibliothèque de la Ponatière est particulièrement singulière car contradictoire : elle constitue à la fois un équipement désuet, confiné et, dans le même temps, moderne.

Elle offre en effet, sur 250 m2, 20 000 volumes en libre accès, mais surtout, grâce au prêt interbibliothèques avec trois villes voisines (Grenoble non incluse), elle permet une possibilité d’emprunt de 420 000 volumes environ, l’équivalent de la collection du haut-de-jardin de la Bibliothèque nationale de France.

Sa petite taille revêt cependant un avantage : celui de développer les interactions entre les bibliothécaires et leurs publics qui tissent ainsi des liens privilégiés. Le personnel est, de fait, directement en contact avec le public.

Ce qui fait l’originalité et le caractère exceptionnel des liens ainsi créés est qu’habituellement une bibliothèque de cette taille développe un « effet club », autrement dit une sorte de « privatisation » de la bibliothèque. Nous avons en effet, nombre de fois, rencontré des petites bibliothèques au sein desquelles le personnel – connaissant bien ses fréquentants – empêchait de facto, par cette relation privilégiée, l’intégration de nouveaux utilisateurs.

Ce cas de figure est courant ; il se traduit d’ailleurs dans les acquisitions, qui sont en général révélatrices, car les achats sont liés à la demande directe des publics. Et de manière générale, le nombre d’inscrits ne dépasse pas quelques centaines.

Il n’en est rien à la Ponatière, cet effet club n’existe pas, et on compte 1 200 inscrits environ.

De surcroît, nous avons pu observer que les relations entre bibliothécaires et publics sont très bonnes et la politique d’acquisition prédéfinie par la bibliothèque d’Échirolles empêche une démarche de « privatisation » du fonds.

On ne peut donc pas s’empêcher de penser que la Ponatière est un très bel exemple de modernité par sa mise en réseaux et l’individualisation des relations qui s’y développent, même si les locaux, eux, sont « en retard ».

Le spatial structurant les relations sociales

Par voie de conséquence, la Ponatière constitue un bon exemple de lieu où l’organisation spatiale va véritablement structurer les relations humaines. En effet, la petitesse de la bibliothèque « oblige » par ricochet les bibliothécaires à être à l’écoute de leurs publics pour assumer pleinement leur rôle de service public, auquel ils sont par ailleurs très attachés.

Ainsi, les relations sociales se sont développées au fil des ans par la fidélisation des publics et, dans ce cadre, les bibliothécaires connaissant le goût de chacun, conseillent des lectures accessibles. Celles-ci ne sont pas toujours celles de grands lecteurs, car le quartier que dessert la Ponatière n’est pas spécialement privilégié.

De surcroît, l’organisation exiguë des locaux n’étant ni pratique ni fonctionnelle, la présence des bibliothécaires permet de guider les nouveaux publics et de ne pas laisser seuls ceux qui sont souvent surpris et déroutés par cette bibliothèque, évitant ainsi un potentiel abandon précoce de fréquentation.

De ce fait, par ses défauts même, la Ponatière développe des relations humaines privilégiées qui font que l’on ne s’y rend pas seulement par besoin de documents et de lecture, mais également pour la sociabilité qui s’y développe. La Ponatière fait donc partie du parcours du quartier et, parmi les habitants du quartier que nous avons rencontrés, rares étaient ceux qui ne connaissaient pas la bibliothèque.

La future bibliothèque : entre attente et crainte

Lors de l’interrogation menée auprès des publics, force a été de constater qu’ils n’étaient pas tous favorables à la reconstruction de leur bibliothèque en espace plus moderne et plus grand.

En effet, nombre de personnes interrogées craignent qu’une bibliothèque aux « normes » fasse disparaître ces relations humaines privilégiées. L’attente des fréquentants est donc avant tout de conserver l’ambiance « unique » de la bibliothèque, car il est vrai qu’avec le réseau des trois villes et la présence de Grenoble, beaucoup utilisent d’autres bibliothèques en complément de la Ponatière.

Davantage de place pour les scolaires, plus de libre accès de façon marginale, mais la conservation des relations humaines de la bibliothèque : tels sont les principaux résultats de cette enquête. On s’aperçoit donc que la demande de proximité développe un réel conservatisme, ce qui est, en quelque sorte, la preuve de la satisfaction des fréquentants.

Des solutions qui heurtent les habitudes

L’étude sociologique montre qu’au-delà de sa vétusté, la Ponatière est une bibliothèque moderne qui, non seulement, offre à ses lecteurs une collection très importante grâce au réseau interbibliothèques et à internet, mais privilégie en même temps l’individu en tant qu’acteur social et non comme simple usager non distingué par l’institution.

La bibliothèque de la Ponatière a réussi à offrir un véritable service public tout en individualisant de manière importante le rapport avec son public. C’est cette équation qu’il s’agit de conserver car il serait contradictoire que la modernisation des lieux fasse disparaître cette modernité de fonctionnement.

De fait, les conclusions de notre étude sociologique vont remettre en cause quelques évidences. D’abord, celle d’avoir besoin de 800 m2, résultat du ratio du nombre d’habitants desservis au mètre carré, selon les normes établies par le ministère de la Culture. En l’espèce, il est évident que les 800 m2 à partir desquels la Drac accepte de cofinancer la reconstruction de la bibliothèque apparaissent trop importants.

Après analyse de l’étude et reconversion en préprogramme, la surface de la bibliothèque, définie par le cabinet Attitudes urbaines, était ajustée à 500 m². C’est pourquoi, afin de parvenir aux 800 m2 « officiels », la Ponatière sera agrémentée d’une salle d’études pour les scolaires, d’une salle, en partie autonome de la bibliothèque, dédiée aux associations, et de bureaux et d’ateliers pour le personnel de bibliothèque. Ces mètres carrés supplémentaires ne sont pas superflus, au contraire, ils vont venir renforcer la centralité de la bibliothèque dans le quartier en permettant de nouvelles pratiques en bibliothèque.

La deuxième évidence remise en cause montre que les relations sociales et la réussite de l’équipement sont d’abord affaire de ressources humaines et non d’une organisation moderne matérielle hors pair. Ce qui fait une bibliothèque, ce sont d’abord ses collections et la capacité des bibliothécaires à nouer une relation spécifique avec le public afin de les aider à utiliser au mieux les collections et à favoriser une ambiance privilégiée dans l’établissement.

Cela signifie que la mise en réseau et la présence d’internet vont devenir de plus en plus importantes afin de faire profiter les fréquentants d’une collection qui n’a rien à voir avec la taille physique de la Ponatière. Cela veut également dire que c’est bien la mise en réseau des bibliothèques et leur complémentarité qui sont les plus efficientes.

En effet, la bibliothèque centrale « monumentale » en centre ville, même si elle est bien fréquentée, ne permet pas d’attirer des personnes des quartiers périphériques peu habituées aux bibliothèques. Dans cet esprit, l’exemple typique est fourni par les bibliothèques municipales à vocation régionale, où la « vocation régionale » n’est pas véritablement effective dans la pratique.

Ainsi, l’exemple de la Ponatière prouve bien l’utilité de la multiplication de petits équipements de proximité à l’architecture accueillante éloignée du style « temple de la culture », où l’on privilégie l’accueil et l’accompagnement. Dans ce cadre, la contrainte des collections devient moins prégnante par internet et par le prêt inter-bibliothèques.

Cohérence entre l’analyse et le programme

Le choix de la ville d’Échirolles de se faire assister d’un cabinet d’analyse sociologique spécialiste de la lecture publique, et son exigence de ne pas s’être contentée d’une analyse trop rapide effectuée par des personnes dont ce n’est pas l’activité première, a été pour nous une expérience intéressante par la cohérence intellectuelle entre l’analyse et le préprogramme qu’elle a supposée.

On assiste en effet trop souvent à des analyses sans imagination et sans prise en compte des réalités des structures sociologiques d’une ville, alors même que chaque commune a une histoire, une géographie et une sociologie qui lui sont propres. La lecture publique est toujours révélatrice de ces spécificités car elle constitue la pratique culturelle grand public par excellence. Son analyse reflète donc les structures sociales de la ville et de ses quartiers.

L’expérience de la Ponatière est en partie généralisable par sa démarche de préprogrammation, par sa mise en réseaux et ses relations humaines mais elle est en même temps unique par l’histoire qu’elle a su créer dans le quartier et la sociabilité qu’elle y a développée.

Dans ce cadre, l’analyse sociologique permet de déterminer ces spécificités et donc d’adapter le programme en fonction de la réalité sociale. Et s’impose à nous le fait qu’un programme de bibliothèque ne peut pas être défini par des « enregistrer sous » d’anciens programmes comme c’est trop souvent le cas. Le cabinet Attitudes urbaines a accepté de « jouer le jeu » et a créé ex nihilo un préprogramme prenant en compte les recommandations de l’analyse sociologique de SCP Communication.

Grâce à l’organisation spécifique voulue par la ville d’Échirolles pour sa future bibliothèque de la Ponatière, par l’addition de compétences bien identifiées et le suivi de l’étude par la ville, la Ponatière restera une bibliothèque singulière et gardera sûrement sa spécificité et son rôle culturel et social dans son quartier.

Janvier 2008

  1. (retour)↑  Voir le site : http://www.biblio.sipti.fr
  2. (retour)↑  Le musée Géo-Charles présente la donation Géo Charles(lauréat du prix de poésie aux Jeux olympiques de Paris en 1924, poète, homme de radio et de revues), composée des textes qu’il a écrits, des tableaux de sa collection, d’enregistrements sonores... qui constituent un fonds centré sur le sport et la culture ; il présente aussi des expositions d’art contemporain.
  3. (retour)↑  Le DCAP (Développement culturel Art Poésie) a pour mission d’accompagner les jeunes dans leur créativité en les aidant à concrétiser leurs projets (musique, slam, graph, chanson...) en leur proposant un premier passage sur scène.
  4. (retour)↑  La Maison des écrits est structurée autour de deux missions : d’une part, amener des publics éloignés de l’écrit à construire des projets personnels autour de son appropriation (récits de vie, ateliers d’écriture autour d’expositions d’illustrations originales, vacances culturelles pour les enfants du primaire...) ; d’autre part, former des acteurs (professionnels du social, de l’animation, de l’éducation...) à des actions de sensibilisation à l’écrit telles que l’animation d’ateliers d’écriture et la lecture à voix haute...
  5. (retour)↑  http://www.scpcommunication.com