Le partage de l'information dans un monde fragmenté

35e Congrès de l'ACSI

Dany Bouchard

Du 10 au 12 mai dernier, se tenait à l’université McGill de Montréal le 35e Congrès annuel de l’Association canadienne des sciences de l’information (ACSI). Sur le thème « Le partage de l’information dans un monde fragmenté : franchir les frontières », cet événement, important pour la diffusion et le partage des résultats de la recherche dans les domaines de la bibliothéconomie, de l’archivistique et des sciences de l’information au Canada, regroupait cette année plus d’une centaine de chercheurs venus des quatre coins du pays, mais également des États-Unis et de la France.

Au total, plus de 60 conférences bilingues (français/anglais) ont développé le thème du partage de l’information dans un univers informationnel en pleine effervescence, en fonction de quatre principaux axes de recherche.

Contexte, environnement et profession

Les conférences regroupées sous ce thème traitaient principalement, mais non exclusivement, des besoins informationnels des usagers, de l’évolution des bibliothèques, des archives et des services d’information dans un contexte numérique, de l’étude des communautés informationnelles ainsi que des facteurs politiques et économiques ayant un impact sur l’exercice de la profession.

Parmi les présentations particulièrement intéressantes, mentionnons le travail de Mary Cavanagh de la Faculty of Information Studies, de l’université de Toronto, qui s’est vu décerner le Best Student Award pour son texte « Reconceptualiser l’entrevue de référence – le cas de la relation entre l’interaction et l’information au comptoir de référence de la bibliothèque publique », dans lequel elle explore « les dimensions de l’expérience et de la communication de la relation informationnelle usager-personnel ». Également, la présentation de Heather Simpson et Lisa Given de l’université d’Alberta sur l’utilisation de la bibliothèque comme espace de travail et d’échange, où elles ont démontré la nécessité de repenser la bibliothèque universitaire en fonction des comportements sociaux d’une nouvelle génération d’étudiants (possibilité de boire, de manger et surtout de discuter) afin d’en faire un lieu « vivant » pour l’enseignement et la recherche.

Interactions homme-information (IHI)

Le deuxième axe de recherche regroupait les projets liés à l’architecture et à la visualisation de l’information, au comportement informationnel des usagers ainsi qu’aux différentes stratégies de recherche d’information. Signalons ici le travail de Sophie Chauvin, Fabrice Papy, Mohamed Sidir et Peter Stockinger sur le portail institutionnel Persée, où les auteurs ont exploré la mise en œuvre et l’usage d’une solution technologique novatrice pour l’accès libre aux résultats de la recherche en sciences humaines. S’appuyant sur les sciences de l’information et la sémiotique, ils ont discuté l’usage du portail à travers plusieurs dimensions : ergonomie visuelle, organisation documentaire hypertextuelle, sémiotique du dispositif et communication instrumentée.

Technologie et outils

Dans le domaine des technologies et des outils informationnels, plusieurs conférences ont abordé l’avènement du web 2.0 et son impact sur le partage de l’information entre les membres d’une communauté. Par exemple, Thomas P. Mackey, de l’université d’Albany, a présenté dans son exposé, « L’informatique sociale des communautés de blogs et de wikis », le potentiel pédagogique de cette nouvelle génération de systèmes d’information, en insistant particulièrement sur les dimensions sociotechniques du comportement informationnel des participants.

Gestion, analyse et organisation de l’information

Enfin, comme les questions relatives à la gestion, l’analyse et l’organisation de l’information sont fondamentales aux développements de la discipline, on retrouvait sous ce thème près du tiers des communications. Veille informationnelle et gestion des connaissances, indexation et repérage d’images, métadonnées et indexation, infométrie et repérage de l’information, indexation et classification, fondations théoriques et disciplinaires : à l’ère des moteurs et de Google, les travaux présentés dans ces différentes sections nous ont confirmé la qualité, mais surtout la pertinence de la recherche et de l’expertise développée en sciences de l’information.

Il est difficile (voire impossible) de rendre compte en quelques lignes de la richesse d’un événement comme le congrès de l’ACSI. Nous voulions simplement, avec ce bref résumé, susciter l’intérêt en soulignant l’importance des thématiques abordées. Ceux qui voudront explorer plus en détail ces différents sujets pourront consulter à loisir le texte intégral des actes du congrès de cette année (ainsi que ceux des années antérieures) sur le site internet de l’ACSI *.

Mentionnons en conclusion de ce (trop) court « Tour d’horizon » que le prochain congrès de l’ACSI se tiendra du 5 au 7 juin 2008 à l’université de Colombie-Britannique sous la présidence de Catherine Guastavino, de la Graduate School of Library and Information Studies de l’université McGill et du professeur James Turner, de l’École de bibliothéconomie et des sciences de l’information de l’université de Montréal. Le thème du congrès reste cependant à déterminer.