La bibliothèque de Sciences Po

Réhabilitation totale du bâtiment principal

Joëlle Muller

Réalisée dans le cadre du plan U3M, la restructuration du bâtiment principal de la Bibliothèque de Sciences Po (3 000 m2) a été une opération lourde menée en un temps record en 2002-2003. Il s’agissait entre autres de mettre le bâtiment aux normes de sécurité, d’améliorer l’accueil du public et d’offrir davantage de collections en libre accès. L’article expose la réalisation de ce chantier qui s’inscrit dans un plus vaste projet.

The refurbishment of the main building of the Sciences Po Library, carried out within the context of the U3M plan, has been a major undertaking and achieved in record time in 2002-2003. Amongst other things it now means that the building meets security standards, the public reception area has been improved and more of the collections are available on open access. The article describes the implementation of the building works which are part of a wide-ranging project.

Der im Rahmen des Plans U3M festgelegte Umbau des Hauptgebäudes der Bibliothek für Politikwissenschaften (3 000 m2) stellte eine schwierige Aufgabe dar, die zwischen 2002 und 2003 in Rekordzeit durchgeführt werden konnte. Unter anderem war es notwendig, das Gebäude an die derzeit erforderlichen Sicherheitsstandards anzugleichen, den Empfang von Benutzern zu verbessern und weitere Sammlungen frei zugänglich zu machen. Der Artikel beschreibt die Arbeiten, die innerhalb eines wesentlich umfangreicheren Projekts ausgeführt wurden.

Realizado en el marco del plan UM, la reestructuración del edificio principal de la Biblioteca de Sciences Po (3 000 m2) ha sido una operación pesada llevada a cabo en un tiempo record en los años 2002-2003. Se trataba entre otras cosas de poner el edificio en las normas de seguridad, de mejorar la acogida del público y de ofrecer aún más colecciones en libre acceso. El artículo expone la realización de esta obra que se inscribe en un proyecto más vasto.

La bibliothèque de Sciences Po 1 est riche par son fonds : 900 000 volumes, 10 000 titres de périodiques dont 3 000 vivants, 16 000 dossiers de presse. C’est son atout principal, mais elle est limitée en surface et surtout en locaux fonctionnels. En 2000, elle était dispersée sur quatre localisations pour les salles de lecture. La moitié des collections sont conservées dans des magasins extérieurs, auparavant dans les sous-sols de l’Université Paris IX, puis à Dreux (13 km de rayonnages).

Le projet de réhabilitation qui a été mené en 2002-2003, dans le cadre du programme Université du IIIe millénaire (U3M), avait pour principaux objectifs de rénover entièrement le bâtiment principal de la bibliothèque (3 000 m2) situé au 30, rue Saint-Guillaume, à Paris, afin de le mettre aux normes de sécurité, d’augmenter les surfaces des espaces de lecture et la qualité de l’accueil des publics, de donner un accès informatique à partir de l’ensemble des places de lecture, de doubler la part des collections en accès direct (seulement 4 % des collections avant les travaux) et d’améliorer les conditions de travail du personnel.

La mission documentation de Sciences Po est fondamentale : elle correspond depuis toujours à un engagement fort de la Fondation nationale des sciences politiques (FNSP), et elle permet aux lecteurs, français et étrangers, étudiants et chercheurs, de trouver la matière indispensable à leurs travaux. Le rayonnement de la bibliothèque dépasse largement le cercle de l’institution. Les usagers extérieurs à la FNSP, qu’ils soient étudiants, enseignants ou chercheurs, représentaient 29 % des abonnés actifs en 2000.

La bibliothèque de Sciences Po est l’une des plus riches d’Europe dans le domaine des sciences sociales et humaines. La pertinence de sa politique d’acquisition d’ouvrages et d’abonnement aux périodiques, l’outil unique que constituent ses dossiers de presse et sa base de données de dépouillement d’articles de périodiques sont concrètement reconnus : Sciences Po est pôle associé de la Bibliothèque nationale de France et bibliothèque Cadist (centre d’acquisition et de diffusion de l’information scientifique et technique) dans le domaine de la science politique.

Les moyens affectés à la bibliothèque par la FNSP sont importants en matière de personnel (une centaine de postes) et de budget d’acquisition. La réinformatisation du catalogue a été effectuée en 1999.

La bibliothèque a encore à réaliser un effort important en matière de rétroconversion des catalogues manuels pour amener la bibliothèque à un niveau national, et surtout international, correct.

Le projet de réhabilitation

Le projet de réhabilitation du bâtiment principal de la bibliothèque constitue une première phase et s’inscrit dans la réorganisation complète des installations des services de documentation, dans le but de remédier aux problèmes de dissémination et de saturation des locaux ainsi qu’à la faiblesse des collections en libre accès.

Cette réorganisation était prévue pour se faire à l’intérieur de trois immeubles voisins :

– le 30, rue Saint-Guillaume, dont la FNSP est propriétaire, est entièrement dédié aux services de documentation ;

– le 28, rue Saint-Guillaume, dont la FNSP pourrait devenir destinataire lors d’un futur redéploiement des locaux universitaires (2e phase du plan U3M) ; il est actuellement occupé par Paris II et Paris III ;

– le 27, rue Saint-Guillaume, également propriété de la FNSP, offre deux grandes salles de consultation de 250 m2 chacune avec des ouvrages en libre accès ; son sous-sol est occupé par un magasin de la bibliothèque (7 km de rayonnages).

L’état des lieux avant la réhabilitation

La bibliothèque accueille un public largement supérieur à celui des étudiants de Sciences Po. La FNSP reçoit 6 000 étudiants dont 500 en 3e cycle (DESS, DEA) et 500 en doctorat. Elle accueille 8 centres de recherche dont certains sont, dans leur domaine, parmi les plus importants de France : l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), le Centre d’étude de la vie politique française (Cevipof), le Centre d’études et de recherches internationales (Ceri). Par ailleurs, la Fondation accueille annuellement, dans le cadre de la formation continue, 6 000 stagiaires.

En 2000, le nombre d’abonnés actifs, c’est-à-dire ayant emprunté au moins un ouvrage durant l’année, était de 8 743, dont 29 % étaient des usagers extérieurs à l’institution. Ils ont emprunté 287 000 documents, en moyenne 39 documents par lecteur étudiant (moyenne des BU : 13,8 en 2001).

La bibliothèque est ouverte 50 semaines dans l’année, 61 heures par semaine pendant la période universitaire, 42 h 30 pendant les vacances universitaires.

Les collections en magasin sont importantes et s’accroissent rapidement.

Ces collections sont formées d’un ensemble de 900 000 volumes dont seulement 26 700 étaient en libre accès, soit 4,1 % :

– 650 000 livres ;

– 10 000 titres de périodiques dont 3 000 vivants ;

– 400 revues électroniques ;

– 100 bases de données en ligne ou sur cédéroms ;

– 16 000 dossiers de presse ;

– 10 000 articles de périodiques analysés par an (170 000 dans la base informatisée) ;

– 60 000 microformes ;

– 1 800 sites Internet sélectionnés.

Le budget annuel d’acquisition était de 761 000 ¤ en 2001 (919 000 ¤ en 2004). L’accroissement annuel est régulier et correspond à 10 000 ouvrages et 3 000 abonnements à des publications périodiques (annuaires et périodiques).

Le catalogue est informatisé depuis 1989 et accessible sur Internet depuis 1999. Il y a environ 500 000 notices du fichier manuel à rétroconvertir.

Les locaux sont dispersés, pour une capacité totale d’accueil de 792 places de lecture.

Les services de la bibliothèque étaient répartis sur cinq localisations.

– Le bâtiment principal situé au 30, rue Saint-Guillaume avait une surface utile brute de 3 864 m2, dont 1 400 m2 de magasins (150 000 volumes). Il comportait 182 places de lecture. 450 titres de périodiques étaient en libre accès (parution des quatre dernières années). Les ouvrages étaient tous dans les magasins, et il n’y avait pas d’accès direct aux livres dans ce bâtiment. Pratiquement l’ensemble du personnel affecté à la bibliothèque travaillait dans cet immeuble : 102 personnes, dont 62 en bureaux et 40 agents dans les magasins ou à la banque de prêt.

– Le bâtiment du 27, rue Saint-Guillaume comportait 400 places de lecture et proposait 15 907 volumes en accès direct. La surface était de 480 m2 scindée en deux salles et un magasin de 1 000 m2 en sous-sol où 240 000 volumes étaient stockés.

– La bibliothèque du 1er cycle située au 9, rue de la Chaise comportait 120 places de lecture et proposait 3 900 volumes en accès libre ; sa surface était de 174 m2.

– La bibliothèque des 3es cycles située au 199, boulevard Saint-Germain comportait 90 places de lecture et offrait 13 525 volumes en accès libre ; sa surface était de 260 m2. Cette bibliothèque a été aménagée en 1998 dans des locaux loués pour l’École doctorale.

– Des magasins étaient loués dans les sous-sols de l’Université Dauphine (1 500 m2). À la demande de Paris IX, ces magasins ont dû être libérés entre 2001 et 2004 et transférés en province. La moitié des collections y étaient conservées, soit 13 000 mètres linéaires et environ 430 000 volumes.

L’ensemble des espaces de la bibliothèque disposait de 45 ordinateurs réservés à l’usage documentaire (accès au catalogue, aux cédéroms, à Internet).

Les orientations du projet de réhabilitation

Le projet comportait deux volets : la réhabilitation du bâtiment du 30, rue Saint-Guillaume avec un déménagement dans des locaux provisoires pendant la période des travaux, réalisé en 2002-2003, et l’affectation et la réhabilitation du 28, rue Saint-Guillaume, pour laquelle aucune date n’était prévue.

La réalisation de l’ensemble du projet devait permettre de concentrer la bibliothèque sur un bloc central (28 et 30, rue Saint-Guillaume) et de garder l’annexe des 3es cycles au 199, boulevard Saint-Germain. Les salles actuellement utilisées pour la bibliothèque dans les bâtiments du 9, rue de la Chaise, à la fin du premier volet, et du 27, rue Saint-Guillaume, après la réalisation du second volet, pourraient être reconverties en salles d’enseignement. Mais ces hypothèses peuvent encore évoluer.

Les principaux objectifs de l’ensemble du projet étaient :

– d’augmenter la surface des salles de lecture afin d’y installer une plus grande proportion des collections en accès direct ;

– d’augmenter les places de lecture, de câbler l’ensemble de ces places, afin de permettre aux étudiants d’utiliser leur propre ordinateur ou ceux de la bibliothèque pour accéder aux documents électroniques internes ou externes ;

– de rationaliser la répartition entre espaces ouverts au public et espaces de bureaux ;

– de mettre les locaux aux normes de sécurité ;

– de permettre des horaires d’ouverture plus longs en soirée (jusqu’à 21 h ou 22 h) à certaines périodes de l’année, avec un minimum de personnel, grâce à une conception des locaux permettant d’ouvrir uniquement l’accueil général et une grande salle de lecture, et non l’ensemble du bâtiment.

Le projet ne permettait pas d’augmenter massivement les surfaces dédiées à la conservation en magasin, mais permettait de mettre une plus grande proportion des documents dans les salles de lecture et en accès libre. Les solutions pour la conservation des collections étaient orientées, d’une part, vers la mise en œuvre d’une politique de conservation partagée pour l’Île-de-France avec le CTLes (Centre technique du livre de l’Enseignement supérieur) pour les documents les moins consultés ou aux limites de la politique de conservation de Sciences Po et, d’autre part, vers l’appel à une société spécialisée dans l’archivage et la communication de documents pour les collections qui devaient être déménagées des sous-sols de l’Université Dauphine et pour lesquelles la bibliothèque enregistrait environ 11 000 prêts par an (la moitié des collections, mais seulement 3 % des prêts).

Ce déménagement a été fait en trois tranches, en 2001, 2003 et 2004 à Dreux dans les locaux de la société Locarchives qui assure un service quotidien de fourniture des documents demandés.

La réalisation du premier volet ne permettait pas de gagner de surface. En revanche, l’usage des locaux existants a été rationalisé, offrant plus de surface réellement utile à la fonction documentation et à l’accueil du public dans des salles disposant de documents en accès libre.

Le second volet (affectation du 28, rue Saint-Guillaume) n’est encore qu’une hypothèse. Il permettrait d’augmenter de 3 000 m2 les surfaces dédiées à la bibliothèque et notamment des surfaces de magasins en sous-sol, de doubler le nombre de volumes en accès libre et le nombre de places de lecture, et enfin d’offrir des espaces à usages différenciés : bureaux pour travaux individuels, salles pour travaux collectifs, etc.

Le projet de la phase 1 n’a pas nécessité d’augmentation du nombre de personnel des services de documentation, mais un transfert d’une partie des personnels des magasins et de la bibliothèque du 1er cycle vers les espaces publics, accompagné d’une évolution de leurs activités.

L’ensemble du projet ne comporte pas de budget spécifique d’acquisition de documents, mais une nouvelle répartition des collections existantes entre magasins et salles en accès libre, ainsi que leur équipement physique (étiquette en classification Dewey, pastille anti-vol).

L’organisation du projet

La Fondation nationale des sciences politiques était maître d’ouvrage. Compte tenu de l’ampleur de la réhabilitation, la FNSP a souhaité s’associer les services d’une maîtrise d’ouvrage déléguée 2, aussi bien pour la partie rénovation que pour la partie déménagement provisoire, ainsi que ceux d’autres corps de métiers spécialisés : experts techniques, programmiste intérieur 3 de bibliothèque, experts de la sous-direction des bibliothèques… La maîtrise d’œuvre a été confiée au cabinet Bizouard-François Pin.

Un groupe de programmation générale a été mis en place dès octobre 2000. Il était chargé d’affiner le programme fonctionnel avec l’architecte et la maîtrise d’ouvrage déléguée. À partir de mars 2001, il s’est enrichi des résultats de plusieurs groupes de travail 4 internes constitués par des personnels de la bibliothèque et animés par le cabinet SERQH. L’architecte, ou l’un de ses représentants, assistait aux réunions de travail, ce qui favorise un échange d’information sur les contraintes du bâtiment en regard de certains des souhaits émis. Plus de 50 % du personnel, toutes catégories confondues, ont été associés directement à la préparation du projet dans le cadre de ces groupes. Plusieurs réunions générales de présentation du projet ont été réalisées aussi bien pour le personnel de la bibliothèque que pour les instances représentatives de Sciences Po : conseil d’administration, conseil des étudiants, centres de recherche, conseil scientifique de la documentation, comité d’entreprise, comité d’hygiène et de sécurité des conditions de travail.

L’opération « tiroir »

La bibliothèque souhaitait limiter au maximum les nuisances et les désagréments pour les étudiants de Sciences Po pendant la durée des travaux. L’option retenue a été d’installer les services et les collections dans des locaux provisoires loués, proches de la rue Saint-Guillaume, d’utiliser au maximum les deux salles de lecture du 27, rue Saint-Guillaume et de réactiver l’ancienne banque de prêt qui se situait au rez-de-chaussée, de louer un magasin de 1 500 m2 à Ivry : une équipe permanente d’agents de bibliothèque y a assuré le service biquotidien des collections demandées en prêt, environ 500 documents par jour, transportés par camion sur des armoires roulantes. Les deux déménagements ont été effectués pendant les périodes de faible fréquentation de la bibliothèque, soit en février 2002 et février 2003, qui correspondent à des périodes intersemestrielles de la scolarité.Les services de la bibliothèque ont été entièrement fermés pendant trois semaines pour chacun des déménagements et, pendant la durée des travaux, la bibliothèque a été fermée aux lecteurs extérieurs, avec quelques exceptions.

Le chantier : une véritable prouesse

Lorsque l’architecte François Pin a annoncé les délais de livraison du bâtiment, beaucoup l’ont pris pour un doux rêveur. Le défi a pourtant été relevé et l’ouverture de la nouvelle bibliothèque, un an après l’obtention du permis de construire, a représenté véritablement un exploit. Les études avaient été menées en 2000 et 2001. La bibliothèque a déménagé en février 2002. Les travaux ont démarré le 4 mars 2002. Tous les corps de métier du bâtiment se sont succédé sur le chantier pour, dans un premier temps, détruire en grande partie l’intérieur de l’ancien immeuble. Seuls les façades et les murs porteurs ont été conservés. Cette première phase a duré trois mois.

Ensuite, le bâtiment a été restructuré : de nouvelles cloisons et des plafonds ont été montés. Ce travail a permis, avec la suppression d’un des trois escaliers, de gagner près de 500 m2 de surface utile. Ce gros œuvre a duré également trois mois. La rénovation s’est achevée par la mise en place des systèmes de climatisation et de chauffage, des câbles, de la pose des huisseries, des travaux de peinture et de menuiserie. Enfin, un mois a été nécessaire à la finalisation de l’aménagement, au montage des mobiliers et des rayonnages, à l’installation du matériel informatique et aux tests de contrôle et de sécurité préalables à l’ouverture au public. La bibliothèque a rouvert ses portes le 3 mars 2003 exactement un an après sa fermeture.

Les choix architecturaux

Le bâtiment s’étend sur dix niveaux : trois niveaux de sous-sols, un rez-de-chaussée et six niveaux supérieurs. Les bureaux ont été regroupés dans les trois niveaux supérieurs, le niveau – 3 est consacré à un magasin de 3 000 m2, le niveau – 2 au parking et à des locaux techniques, les niveaux – 1 et + 1 à + 3 aux salles de lecture, le rez-de-chaussée est réservé au contrôle d’accès et à la banque de prêt/retour centralisée. La librairie de Sciences Po occupe une partie du rez-de-chaussée comme auparavant.

La recherche de la lumière a été l’un des principes conducteurs de la rénovation de la bibliothèque. Alors que le bâtiment, dans son état précédent, alternait paliers sombres, bureaux petits et salles exiguës, la nouvelle configuration laisse aujourd’hui la place à des plateaux décloisonnés pour les salles de lecture qui sont traversées par la lumière naturelle venant à la fois de la rue et du jardin. Ce principe d’ouverture a également guidé l’aménagement de la salle de lecture du niveau – 1 récupérée sur l’emplacement de l’ancien parking qui a été déplacé au niveau – 2. L’architecte a imaginé un système de « puits de lumière » venant éclairer directement les tables de lecture situées en sous-sol.

Les couleurs et les matériaux sélectionnés pour l’aménagement intérieur (bois, brique, béton, résine) accompagnent la lumière. Ils apportent beaucoup de chaleur à l’atmosphère des salles de lecture.

Les banques d’accueil et les tables de lecture sont en bois d’iroko, d’une belle couleur miel foncé. Pour compenser l’impossibilité de faire des carels individuels, certaines places de lecture ont été intégrées aux embrasures des fenêtres et constituent des havres privilégiés voués à l’étude, avec vue sur le jardin. La configuration du jardin a été incluse aux travaux de rénovation et constitue un prolongement de la bibliothèque à la belle saison. Il est en accès libre et les lecteurs peuvent y travailler allongés sur la pelouse.

L’ensemble du bâtiment est climatisé, avec une possibilité de réglage individualisé pour les bureaux et d’ouverture des fenêtres. La plupart des bureaux ouvrent sur des terrasses.

Les circulations verticales se font par l’intermédiaire de trois ascenseurs, deux réservés au personnel et qui desservent les dix niveaux, un pour les lecteurs qui dessert uniquement les niveaux des salles de lecture du – 1 au + 3. L’escalier principal a été entièrement reconstruit. Il est en béton brut et se déroule telle une vis géante jusqu’à un large velux qui l’éclaire.

L’accès au bâtiment pour le personnel, en dehors des heures d’ouverture et dans les zones interdites au public, se fait grâce à des cartes électroniques.

L’équipement : récupérer et renouveler

Une partie de l’équipement a été réutilisée. Pour les rayonnages des magasins, la solution compactus n’a pas été retenue, car le taux de prêt des ouvrages de ces magasins est important, il représente un tiers des prêts. Une partie du mobilier de bureau avait été renouvelée durant les cinq dernières années. Les mobiliers de bureau les plus récents ont été conservés et complétés dans des gammes similaires. Un cabinet d’ergonomie 5 a travaillé avec le programmiste d’intérieur sur l’aménagement des bureaux. Le système d’information et de gestion de la bibliothèque, les postes informatiques du personnel et ceux des espaces publics qui dataient de 1999 ont été conservés.

D’autres équipements ont été entièrement remplacés. Les tables et les chaises de lecture dataient de plus de 30 ans. Elles ont été entièrement renouvelées (273 places). La bibliothèque ne proposait que des périodiques en accès libre, pas de livres. Les rayonnages, pour environ 80 000 volumes, ont été commandés chez un fournisseur spécialisé de bibliothèque 6. Le changement du transport mécanique des documents 7, qui assurait le transport des ouvrages entre les magasins situés sous le 27 et ceux du 30, rue Saint-Guillaume, était nécessaire étant donné sa vétusté. Le renouvellement des ordinateurs a été établi sur 2003 et 2004. Les banques d’accueil, d’information et de prêt, ont été conçues par l’architecte (ainsi que les tables de lecture).

Les financements

La restructuration du bâtiment a bénéficié d’un quadruple financement conjugué de l’État, de la région Île-de-France, de la ville de Paris et de Sciences Po.

Le coût total de l’opération s’est élevé à 10,3 millions d’euros. À elle seule, l’opération « tiroir » qui a permis de garantir l’accessibilité du fonds et la poursuite du travail de l’ensemble du personnel de la bibliothèque pendant toute la durée du chantier a coûté plus de 1,4 million d’euros.

Sciences Po a apporté 4,1 millions d’euros. Cet investissement, totalement financé sur les ressources propres de la FNSP (provision effectuée les années précédentes), est le plus important réalisé depuis des décennies par Sciences Po.

La rénovation de la bibliothèque, inscrite dans le plan U3M, a bénéficié d’une allocation de 4,6 millions d’euros de crédits de l’État.

La région Île-de-France et la ville de Paris ont également participé au financement. Le conseil régional a accordé une subvention de 1,22 million d’euros et le conseil de Paris une subvention de 380 000 euros.

Les nouveaux usages

Sur l’ensemble des salles de lecture de la bibliothèque (bâtiment rénové et autres salles de lecture), les livres en accès direct ont presque doublé, passant de 26 700 à 46 000 volumes, ce qui représente toujours un faible pourcentage de l’ensemble des collections de livres (7,1 %). Le nombre de périodiques dans les salles est passé de 450 titres sur 4 ans à 720 titres sur 5 ans. Cette réorganisation des collections a eu un impact immédiat sur le nombre et la répartition des prêts. En 2001, les prêts étaient répartis entre deux tiers des documents des magasins et un tiers des documents des salles de lecture. En 2003, année de la réouverture, les prêts se sont répartis pour moitié dans les magasins et pour moitié dans les salles. Parallèlement à cette nouvelle structure des prêts, le nombre de documents prêtés a lui-même chuté, pour passer d’une moyenne de 300 000 prêts par an à 200 000 en 2003. Cependant, il faudra attendre la fin de l’année 2004 pour avoir une image des emprunts qui corresponde à une année entière de fonctionnement dans la nouvelle bibliothèque et du retour des lecteurs extérieurs. Une meilleure visibilité des collections directement liées aux enseignements a favorisé la consultation sur place et a fait baisser la demande de prêt des magasins juste « pour voir » des documents immédiatement rendus car jugés non pertinents par les lecteurs une fois le livre entre les mains.

Les nouvelles salles de lecture ont été prises d’assaut avec un taux d’occupation proche de la saturation de 10 h 30 à 18 h. Les salles anciennes, situées dans le bâtiment de la scolarité, sont relativement désaffectées. Sur l’ensemble des salles de lecture de la bibliothèque (ancien et nouveau bâtiment), le total des places de lecture est de 600 places (1 place pour 10 étudiants). Il faudra attendre la réalisation de la seconde phase pour augmenter la capacité d’accueil. Toutes les places de lecture sont câblées et permettent l’accès au réseau de Sciences Po, aux ressources numériques et à Internet. Les étudiants peuvent utiliser l’un des 40 postes informatiques 8 mis à leur disposition, mais préfèrent généralement se connecter sur leur propre ordinateur portable. Il n’est pas rare de voir près d’un tiers des lecteurs travaillant directement sur leur ordinateur. Cette nouvelle façon de travailler a été prise en compte dans les bâtiments plus anciens qui viennent d’être équipés de bornes Wifi afin de permettre un accès permanent au réseau pour les étudiants. Les salles de bibliothèque plus anciennes du bâtiment de la scolarité ont été intégrées dans ce programme de connexion sans fil.

En conclusion

La réhabilitation du bâtiment principal de la bibliothèque de Sciences Po a été une opération lourde menée dans un temps record. Les étudiants et les chercheurs ont été relativement peu lésés pendant les travaux et sont unanimes sur la qualité du résultat. Les lecteurs extérieurs ont été ravis de pouvoir y revenir. Ce projet mené avec une forte implication du personnel a permis d’intégrer les améliorations possibles proposées par les professionnels pour leur confort de travail. Seule la réalisation de la seconde phase permettra d’agrandir la bibliothèque afin de se rapprocher des normes internationales des pays d’Amérique du Nord, de l’Allemagne et de la Grande-Bretagne.

Cette première réalisation du plan U3M, qui est un petit projet (3 000 m2), est de bon augure pour les chantiers suivants qui sont d’une autre dimension.

Mai 2004

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Bibliothèque de Sciences Po : façade sur jardin. © Photo : Joëlle Muller.

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Bilan des surfaces

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Plan du quartier. Localisation des services de la bibliothèque de Sciences Po.

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Coupe du bâtiment

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Critères de choix des collections en accès direct

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Salle de lecture dotée de postes informatiques. © Photo : Joëlle Muller.