Dictionnaire encyclopédique du livre

Tome 1, A-D

par Hélène Richard
sous la direction de Pascal Fouché, Daniel Péchoin, Philippe Schuwer ; et la responsabilité scientifique de Pascal Fouché, Jean-Dominique Mellot, Alain Nave… [et al.] ; préface de Henri-Jean Martin. Paris : Éd. du Cercle de la Librairie, 2002. – XXXIII-900 p. ; 30 cm. ISBN 2-7654-0841-6 : 178 €

Le registre patrimonial

Le Dictionnaire encyclopédique du livre est, pour celui qui s’intéresse au patrimoine des bibliothèques, une mine pratiquement inépuisable : peu de questions n’y trouvent pas réponse et sa consultation est une source d’émerveillements répétés.

En effet, on trouve un nombre considérable d’articles abordant cette notion : l’explication de procédés de fabrication, d’impression ou de reliure, l’histoire des ateliers d’impression ou des maisons d’édition, la présentation de types d’ouvrages ou de textes ayant fait l’objet de multiples éditions, des biographies d’auteurs, d’illustrateurs, d’imprimeurs, de libraires, d’éditeurs, de relieurs, de bibliothécaires ou de collectionneurs, des notices sur des bibliothèques importantes pour leur ancienneté, leurs collections ou leur singularité.

Les documents patrimoniaux

Enfin, quelques articles plus importants approfondissent des sujets touchant directement le patrimoine des bibliothèques : la nature des collections, les documents qui les constituent ou la gestion des fonds.

Ainsi, Catherine Hofmann offre une synthèse très nourrie sur les « atlas », depuis leur première apparition (Ortelius en 1570), leur développement aux Pays-Bas puis en France au XVIIIe siècle et jusqu’à l’émergence des atlas thématiques et plus spécialement des « atlas nationaux », qui ont une entrée particulière. Monique Pelletier présente dans les articles « cartographie » et « édition cartographique » un panorama des relations entre cartographie, géographie et histoire avant de s’attacher à la production cartographique, à son impression et à un problème particulièrement aigu pour celle-ci, l’utilisation et la réalisation des couleurs. Elle complète cette double synthèse par une présentation des collections cartographiques françaises, tant dans les dépôts d’archives que dans les bibliothèques, en insistant à la fois sur leur richesse et sur les difficultés de fonctionnement qu’elles connaissent (absence de catalogue, conservation et communication difficiles).

L’article sur la « Bible » n’occupe pas moins de quinze colonnes, à l’image de l’importance de la Bible dans l’histoire de l’édition, qu’il s’agisse des manuscrits ou des imprimés. Trois auteurs (Betram Eugène Schwarzbach, Marie-Hélène Tesnière, Denise Hillard) ou quatre si l’on comprend le texte de Yolanta Zaluska sur la « Bible moralisée » qui le suit, se sont réunis pour traiter de toutes les facettes de son édition, permettant de combiner des approches différentes : ainsi bibles hébraïques, protestantes, glosées, savantes… sont successivement analysées, parallèlement à leur production sous forme de manuscrits puis d’imprimés, illustrés ou non. Conformément à l’analyse que propose Henri-Jean Martin dans l’introduction générale, le terme est entendu dans une perspective historique large et traite de la période la plus récente en faisant état de la production et de la recherche les plus contemporaines.

La gestion des collections patrimoniales

Deux articles nous semblent particulièrement intéressants au titre des collections et de leur logique de constitution. Celui de Yann Sordet sur la « bibliophilie » traite de cette inclinaison particulière pour les livres que peut éprouver un amateur. Il dresse un panorama très complet de ce goût en soulignant son existence (et la critique qu’en font ceux qui pensent, à l’opposé, avoir un usage « légitime » du livre) depuis une époque plus ancienne que le XIXe siècle auquel on le fait remonter le plus souvent. Celui que Bertrand Calenge consacre aux « collections » (– de bibliothèques – première partie d’un article qui aborde ensuite les collections éditoriales) tente de faire une histoire de la constitution de ces collections avant de s’attacher à leur politique d’accroissement et à leur gestion dynamique.

C’est aussi à cette gestion que s’attachent ensuite les articles « communication » et « conservation », dus également à Bertrand Calenge, et qui sont liés l’un à l’autre par des renvois. Assez brefs, ils présentent, surtout pour le vaste ensemble des problèmes que recouvre la communication, comment les divers éléments d’une collection peuvent être mis à la disposition du public. En ce qui concerne les collections patrimoniales, on sent les difficultés qu’a eues l’auteur à présenter de manière synthétique les divers modes de communication des documents patrimoniaux dont la particularité est d’être constitués de nombreux types de pièces et de supports pour lesquels il est effectivement bien difficile d’afficher une pratique unique et cohérente.

Enfin, Jean-Paul Oddos, dans l’article sur la « conservation », présente l’ensemble des techniques appliquées pour maintenir dans leur état d’origine les documents de bibliothèque. Il insiste donc fortement sur les traitements qui sont faits dès l’entrée des documents ou de manière systématique afin de les préserver « a priori », ainsi que cela a été voulu pour les collections imprimées de la Bibliothèque nationale de France.

On devine, par ce simple rappel de la richesse de quelques-uns des articles qui s’attachent aux collections patrimoniales des bibliothèques, le réel plaisir que prend l’utilisateur à la consultation de ces notices et à la juxtaposition de présentations faites avec des angles d’approche croisés. Ce plaisir rend exigeant… et on pourra regretter l’absence de quelques notices (ainsi la bibliothèque de Carpentras ne s’y trouve pas), de quelques précisions (telle la définition « bibliographique » de « livres anciens ») ou quelques renvois (ainsi rien ne relie l’article de Bertrand Calenge sur les collections dans lequel il aborde leur histoire – évidemment rapidement brossée – et celui de Dominique Varry sur les « confiscations révolutionnaires » qui ne s’inscrit donc pas dans la longue histoire de ces fonds). On peut aussi s’étonner de la place très réduite de la bibliographie et de son rejet en fin de volume. Ou de l’absence de références pour des illustrations par ailleurs très judicieusement choisies.

De ce Dictionnaire encyclopédique du livre, les tomes suivants nous manquent déjà…