La bibliothèque du Haut-Meylan

Et le projet de cédérom

Joëlle Rochas

Située dans l’agglomération grenobloise, Meylan est une ville d’environ 20 000 habitants qui présente l’originalité d’offrir à ses 8 000 lecteurs un réseau de quatre bibliothèques de lecture publique reliées entre elles par informatique.

La politique de lecture publique de la ville de Meylan se traduit au niveau des bibliothèques par une organisation originale et pionnière en région : les quatre bibliothèques tissent un réseau qui n’est pas hiérarchisé autour d’une centrale, mais où chaque unité, installée sur l’un des quatre quartiers principaux de la ville, est une bibliothèque de proximité à vocation encyclopédique.

Ces quatre bibliothèques sont généralistes, mais chacune d’elles développe plus particulièrement un thème de spécialisation. Le fonds local est la spécialisation de la bibliothèque du Haut-Meylan qui en gère la constitution, l’accroissement, la mise en valeur.

Le fonds local de Meylan

Ce fonds, relativement récent, est bâti autour d’un dénominateur commun : le territoire alpin. Il est constitué

d’environ cinq cents ouvrages répartis en fonction de grandes zones géographiques dérivées de la classification Dewey. Les cotes sont ensuite affinées selon la spécificité de l’ouvrage (ethnologie, économie, linguistique, histoire, agriculture, peinture).

La classification du fonds local de Meylan ressemble à une pyramide inversée dont Meylan serait la pointe. L’accès au fonds est arbitrairement basé sur une géographie allant de la vaste région Rhône-Alpes, en passant par le Dauphiné et l’Isère, la vallée du Grésivaudan jusqu’au canton de Meylan.

Trois revues spécialisées

Trois revues spécialisées relatives au domaine alpin, dont deux sont dépouillées et indexées, enrichissent ce fonds :

  • Le Monde Alpin et Rhodanien, revue régionale d’ethnologie du Centre alpin et rhodanien d’ethnologie, installée au Musée dauphinois (Grenoble), s’attache à faire connaître et à valoriser le patrimoine, les cultures des Alpes et des plaines rhodaniennes, sur un territoire compris entre le Léman et la Méditerranée ;
  • Évocations : la pierre et l’écrit, revue de l’association Patrimoines de l’Isère traite d’environnement, de culture, et d’histoire ;
  • le Bulletin de l’Académie delphinale est la revue de la société savante du même nom. Fondée en 1772, l’Académie delphinale a pour but d’encourager les arts, l’histoire, les lettres, les sciences et techniques, la conservation du patrimoine et toutes études intéressant les départements de l’Isère, de la Drôme et des Hautes-Alpes qui constituent l’ancienne province du Dauphiné.

Les publics et la valorisation du fonds local de Meylan

Ce fonds a ses fidèles, il est également accessible à un public curieux. Le lecteur meylanais, amateur d’histoire locale ou chercheur, est le premier utilisateur du fonds local qu’il consulte sur place et dont il emprunte les ouvrages. Les statistiques de prêt établissent d’ailleurs que le taux de rotation du fonds local est équivalent à celui des livres empruntés à la bibliothèque du Haut-Meylan en sciences humaines. Il est utilisé également par les lecteurs du club de lecture de la bibliothèque du Haut-Meylan et par les scolaires qui constituent des publics ciblés auxquels sont proposées des animations spécifiques, telles que les classes patrimoine.

Le projet de cédérom

Les raisons pour lesquelles la bibliothèque de Meylan a adhéré au projet de cédérom relèvent bien sûr tout d’abord de la philosophie qui a présidé à la mise en oeuvre du projet. Créer une passerelle civique permettant au lecteur d’avoir les mêmes chances d’accès à la documentation régionale, qu’il soit inscrit dans une petite unité ou dans une grande bibliothèque, nous a paru enthousiasmant et relevant bien de la mission première des bibliothèques de lecture publique : l’accès pour tous au savoir. L’absence de hiérarchie entre les lieux et les fonds a également retenu notre attention puisque ce principe rehausse notamment l’intérêt de la monographie rare possédée par un seul site.

La mise en réseau

Sur le plan déontologique, la mise en réseau des fonds induit une capacité à faire face à un éventuel détournement des informations qu’ils contiennent. Tout fonds ancien se compose de documents qui peuvent être détournés de leur intérêt scientifique pour étayer des thèses fantaisistes. L’intérêt de la mise en réseau des fonds est alors de créer un réseau d’hommes, un réseau d’intelligences capables de replacer les documents dans leur contexte.

Travailler en réseau, c’est aussi briser l’isolement d’un fonds local, dont la mise en écho avec d’autres collections garantit la valeur et cautionne la singularité de composition comme de support. Briser l’isolement des fonds revient aussi à briser l’isolement des personnes qui peuvent alors réfléchir à leur métier avec un ensemble de professionnels ayant des fonds, des lecteurs et des missions similaires. Enfin, la mise en réseau d’un fonds local et son ouverture lui apportent une protection contre des désherbages ou pilonnages aveugles, et en garantissent la pérennité.

L’intégration dans le réseau

La bibliothèque du Haut-Meylan tire bien sûr avantage de cette opération. Déjà, son adhésion au cédérom lui a valu le dépôt de l’association « Connaissance et valorisation du patrimoine meylanais » qui se propose ainsi de

donner un accès plus large à ses collections. Dans une prochaine réactualisation du cédérom, elle figurera à titre de partenaire, à part entière, de la base de données collective.

De manière plus générale, le fonds local de Meylan trouve le deuxième souffle dont il avait besoin : après l’utilisation de ses ouvrages par ses propres lecteurs, il s’ouvre à l’extérieur et participe au prêt entre bibliothèques partenaires. Le fonds local de la bibliothèque de Meylan est désormais relié à un immense réseau dont il puise la richesse et qui justifie son existence. Par son adhésion au cédérom, Meylan participe à la construction virtuelle de la grande bibliothèque patrimoniale de Rhône-Alpes.

L’offre de Meylan

Mais si la bibliothèque du Haut-Meylan reçoit beaucoup de cette opération, elle offre également des avantages conséquents à ses partenaires. Elle peut, au même titre que toute petite bibliothèque municipale, posséder la brochure, la monographie à vocation patrimoniale rare et précieuse que recherche le lecteur éloigné. Avec le cédérom, son fonds, en accès direct, s’ouvre aux lecteurs de l’agglomération grenobloise et à toutes bibliothèques partenaires du projet.

Meylan, enfin, intègre le projet, forte de tout un réseau tissé de partenaires associatifs et institutionnels. Parmi eux, il faut mentionner d’abord les professionnels de son service culturel et de son service d’archives, rappeler la collaboration de la bibliothèque avec la société savante communale « Association de valorisation du patrimoine meylanais », avec le Musée dauphinois et ses musées associés, avec la bibliothèque municipale d’étude et d’information de Grenoble. Il faut également mentionner ses contacts avec des associations telles qu’Exlibris Dauphiné, société savante spécialisée dans le livre régional, et les Amis du Grésivaudan, association de sauvegarde et de valorisation du patrimoine en Grésivaudan…

Tous ces travaux de collaboration, ces relais et ces contacts constituent le réseau meylanais que la bibliothèque offre en même temps que son adhésion aux professionnels et aux lecteurs de Rhône-Alpes.

L’exemple de la bibliothèque municipale de Meylan et de son réseau est à l’image du maillage que le cédérom a vocation de fédérer entre les bibliothèques, les archives, les sociétés savantes de Rhône-Alpes.

L’avenir du projet repose sur cette dynamique où chaque partenaire partage son fonds documentaire, mais aussi ses acquis pour créer un outil qui défend dans ses principes les valeurs de la profession et vise à la satisfaction des attentes du public.