Pôles associés

première rencontre nationale

Isabelle Masse

La Bibliothèque nationale de France (bnf) organisait le 24 mars dernier, sur le site Tolbiac, la première rencontre nationale des pôles associés, bibliothèques ou centres de documentation, qui lui sont liés par des accords particuliers en raison de la qualité de leurs fonds et de leurs politiques d’acquisition et de communication.

En ouverture de cette journée d’étude, Philippe Douste-Blazy, ministre de la Culture, pour qui l’année 1997 doit être celle de la coopération et des réseaux, annonçait la création d’un service de fourniture de documents à distance – photocopies, microformes, documents numérisés – destiné à remplacer le centre de prêt de Versailles. Après l’accord signé avec Serge Eyrolles, du Syndicat national de l’édition 1, la numérisation peut progresser, et la coopération avec les éditeurs se mettre en place. Au-delà, la numérisation du patrimoine documentaire est l’axe fort de la coopération entre la bnf et les bibliothèques municipales régionales.

La bnf, bibliothèque encyclopédique, n’a plus la prétention d’être exhaustive et s’associe avec des partenaires dont les collections sont plus complètes dans certains domaines. Elle fait appel au partage documentaire et au partenariat avec d’autres bibliothèques pour remettre à niveau les collections de base dans diverses disciplines, et répartir réellement les acquisitions courantes. Ce partage, qui constitue la majeure partie des activités avec les pôles associés, se fait dans des secteurs très pointus ou très onéreux, en sciences et techniques ou en langues orientales, par exemple, précisera Jacqueline Sanson, directeur de l’Imprimé et de l’Audiovisuel.

Pôles associés et politique de réseaux

La pérennité de la ligne budgétaire de la direction du Développement scientifique et des Réseaux est maintenant acquise. A la date du 24 mars 1997, les pôles associés, dira Marcelle Beaudiquez, sont au nombre de trente-deux. Vingt-quatre bénéficient de versement de subventions, soit onze millions de francs. Sur ces vingt-quatre, vingt et un sont associés pour le partage documentaire proprement dit, deux aident à l’informatisation des bases bibliographiques régionales, un à la conversion rétrospective. Les huit autres sont des pôles associés « labels », c’est-à-dire des établissements, tels l’Institut français du pétrole, ou le Commissariat à l’énergie atomique..., dont le budget d’acquisitions ne reçoit pas d’aide de la bnf, mais qui lui sont associés pour couvrir de nouveaux domaines documentaires.

Une autre complémentarité documentaire est le dépôt légal imprimeur reçu par vingt et un établissements en région 2. Mais d’autres actions peuvent renforcer le maillage du réseau : rassembler des établissements en état de prendre le relais pour assurer leur part de présentation et de fourniture de documents en région, intensifier la coopération avec les pôles associés de manière concrète, par exemple par la construction de collections numérisées partagées.

La bnf est présente sur le réseau par l’intermédiaire de son site Web. Ce dernier donne des informations d’actualité pour le grand public, il est aussi un reflet de l’actualité de la bibliothèque et de ses collections patrimoniales. Depuis fin 1996, on y trouve également des informations professionnelles, sur la législation du dépôt légal, la normalisation, les programmes de recherche, les pôles associés...

D’autres actions sont menées, comme par exemple, l’attribution du troisième exemplaire du dépôt légal à certaines bibliothèques universitaires, ou, pour les départements spécialisés, la participation réciproque à des catalogues collectifs régionaux de documents spécialisés (différents des pôles associés). Au niveau international, deux axes majeurs caractérisent le réseau de coopération : le renforcement de la francophonie et de la présence dans les programmes et les projets européens.

Le système d’information

Le futur système d’information (si), présenté par Daniel Renoult, directeur de l’Informatique et des Nouvelles technologies de la bnf, va entraîner la réinformatisation de la quasi-totalité des grandes fonctions : le service au public (inscriptions, encaissements, billetterie, circulation...) ; l’information du public, la consultation des catalogues, la gestion des demandes, des prêts et des emprunts ; les opérations internes (gestion des entrées, magasinage, production des catalogues, bibliographie nationale, conservation...) ; enfin, les opérations administratives (ressources financières, humaines, manifestations et colloques...).

Le catalogue permettra de trouver sept millions de références bibliographiques, ainsi que des bases de données bibliographiques. Deux cents cédéroms en réseau seront offerts, ainsi qu’une bibliothèque numérique de trente millions de pages, sur des postes de travail spécifiques – pls (postes de lecture simple) et plao (postes de lecture assistée par ordinateur). A partir de 1998, la réservation à distance de places, ou de documents, la demande de reproduction de documents (papier, microformes, numérique) sera possible. En ce qui concerne Internet, des services sont déjà développés aujourd’hui : informations pratiques pour le public, expositions virtuelles, reproduction de documents patrimoniaux, accès aux catalogues bn-opale et bn-opaline. En 1998, le Catalogue collectif de France permettra l’accès à un répertoire informatisé de 5 000 établissements ; en 1999, treize millions de titres pourront être localisés.

Les objectifs de la numérisation sont l’amélioration de la gestion des collections, la possibilité de communiquer des documents incommunicables dans leur état d’origine, la transmission à distance des documents. Le chantier porte sur 100 000 ouvrages, 300 000 images, des documents sonores, et des images animées. Un corpus du XIX siècle français – 3 000 textes, 1 000 images provenant en partie du fonds patrimonial de la bnf, et libres de droits – va être accessible sur Internet dans le courant de cette année. Cette expérience pilote, menée avec des industriels du secteur informatique, va permettre de procéder à des tests, de voir les problèmes qui se posent, d’en évaluer l’impact, ainsi que les pratiques d’utilisation 3.

L’évolution des réseaux virtuels est liée à celle des réseaux matériels, qui devront être de taille suffisante, ainsi qu’à celle des relations avec le monde des éditeurs et des auteurs. L’évolution des moteurs de recherche, des procédures d’indexation automatique, jouera aussi un rôle important dans un monde en perpétuelle transformation, où se profilent les enjeux commerciaux.

Illustration
Les établissements partenaires de la BNF

  1. (retour)↑  Le 11 mars 1997, une convention a été signée en présence de Philippe Douste-Blazy, Serge Eyrolles et Jean-Pierre Angremy, président de la bnf. Les textes numérisés pourront être consultés sur écran dans ses murs – la consultation à distance n’est pas concernée. L’accord porte sur la première tranche d’œuvres numérisées couvertes par le droit d’auteur, soit 40 % des 100 000 ouvrages qui doivent être portés sur écran. Valable pour une période de deux ans à partir de 1998, il stipule que les éditeurs cèdent à la bnf le droit de transmettre leurs textes sur écran à condition que celle-ci s’acquitte d’une somme forfaitaire annuelle de 400 000 F, répartie entre les ayants droit. Cf. Livres Hebdo, n° 240, 14 mars 1997, p. 65.
  2. (retour)↑  Cf. l’article « La réforme du dépôt légal en région », paru dans le bbf, 1997, n° 3, 1997, p. 92-93.
  3. (retour)↑  L’accord du 11 mars ne pourra être étendu à l’interrogation à distance des documents protégés par le droit d’auteur qu’au vu des résultats d’expériences de ce type. Cf. Livres Hebdo, n° 242, 28 mars 1997, p. 40.