L'audiovisuel dans les bibliothèques universitaires

Etat des lieux

Dominique Roche

La question fut d’emblée posée lors de la journée d’étude du 20 novembre 1995 : si la problématique de l’audiovisuel se présentait comme nécessaire et incontournable sur le terrain de nos établissements, elle n’en restait pas moins, des années après son apparition, beaucoup trop floue et insaisissable. D’où l’urgence à définir, cerner, identifier, légiférer, collecter, classer, cataloguer, échanger, diffuser, bref, à donner corps à une application vivante, fuyante et polymorphe, jusqu’à présent peu prise en compte par nos organismes de tutelle. Paradoxe d’une journée d’étude consacrée à l’audiovisuel dans les bibliothèques universitaires, l’événement était lancé conjointement par Médiadix et Images en bibliothèques, association émanant de la Direction du livre et de la lecture !

Méconnaissance mutuelle

Au-delà de l’imbroglio juridique dans lequel se débat encore l’utilisation des productions audiovisuelles (quelles frontières entre l’utilisation à but familial, pédagogique, lucratif ? Comment faire connaître et appliquer la loi, négocier les droits, protéger la création sans pénaliser le chercheur ou l’enseignant ?), ce qui, peu à peu, surgit des différentes interventions fut l’incroyable absence de communication entre les producteurs et fournisseurs d’informations et les établissements utilisateurs.

Au fur et à mesure que l’INA (Institut national de l’audiovisuel), l’ADAV (Ateliers Diffusion audiovisuelle), le CNRS, le SFRS (Service du film de recherche scientifique), Images en bibliothèques, Vidéoscop, l’ARAS (Association des responsables et spécialistes de l’audiovisuel dans l’enseignement supérieur), l’ITEM-SUP (Intégration des technologies modernes dans l’enseignement supérieur) déclinaient leurs identités et leurs fonctions, revenait le même constat : l’ignorance de l’autre, le manque de diffusion, les carences des circuits de distribution, la difficulté à relier les bons interlocuteurs empêchent la mémoire audiovisuelle de se développer, de se fortifier et de trouver enfin toute sa place dans les arcanes du savoir, que ce soit comme champ d’étude à part entière ou comme support et illustration de cours.

Des pistes de travail

Que faire de cette dispersion d’efforts et de compétences, comment rendre opérationnelle et concertée une activité réelle, utile et même de plus en plus nécessaire, mais restée jusqu’à présent déconnectée du terrain ? La table ronde de l’après-midi apportait quelques points de vue de bibliothécaires et de responsables audiovisuels, et explorait quelques pistes de travail reprises par Michel Melot dans la synthèse de la journée :

– créer une association destinée aux établissements universitaires sur le modèle d’Images en bibliothèques (analyse de films, centrale d’achats, négociation des droits…) ;

– encadrer et faciliter les négociations des universités avec les producteurs et, ce faisant, s’appuyer sur la nouvelle direction du ministère de l’Enseignement supérieur, la DISTNB (Direction de l’information scientifique, des technologies nouvelles et des bibliothèques) ;

– multiplier et diversifier les structures de diffusion ;

– réunir les outils de repérage et d’identification (bibliographie des sources et répertoires, filmographies, outils thématiques), et créer des lieux d’accès au visionnement de la production (consultation et sélection).

Il reste donc beaucoup à faire pour que les bibliothèques soient le moteur documentaire d’ensemble de l’université, audiovisuel inclus. Il faut mobiliser les administrations de tutelle, adapter les produits audiovisuels à la demande pédagogique, mobiliser les enseignants, assurer des formations. Ceci afin d’agrandir le marché, de faire évoluer les mentalités, et de se défaire de la malédiction liée à l’image trop souvent perçue comme une alternative d’un système éducatif défaillant, alors qu’il en est une des composantes, une richesse « en plus » parmi d’autres.

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