Une nouvel maîtrise

Sylvie Fayet-Scribe

Aa commencement étaient deux arrêtés datant du 28 août 1990 et parus au Journal officiel du 5 septembre 1990 : l'un permettait la création d'un module de documentation de niveau licence - dans n'importe quelle licence qui en demandait l'habilitation -, l'autre celle de la maîtrise de sciences de l'information et de la documentation 1.

Objectifs et enseignements

A l'Université de Paris I Panthéon/Sorbonne, l'UFR 2 d'histoire fut la première intéressée à offrir cette nouvelle formation à ses étudiants, puis celle de science politique, et enfin celle de droit public (faisant en cela suite au DEUST droit, informatique et systèmes d'information déjà mis en place un an auparavant).

Le module de documentation débuta à la rentrée universitaire d'octobre 1991 sous la forme d'une initiation en 125 heures (soit 4 heures et demie par semaine de cours) aux fonctions et métiers de la documentation.

Trois objectifs de formation y sont poursuivis :
- posséder des connaissances théoriques générales en sciences de l'information et de la documentation à travers différentes approches disciplinaires (où sont privilégiés dans ce premier temps : l'histoire, la science politique, l'économie et le droit) ;
- appréhender l'environnement professionnel de la documentation et de l'information grâce à des conférences de professionnels venant d'horizons très divers et aux visites de lieux documentaires ;
- se former aux techniques documentaires.

La maîtrise de sciences de l'information et de la documentation doit commencer, quant à elle, à la rentrée universitaire 1992.

Elle se compose de trois blocs d'enseignement représentant un volume horaire annuel de 350 heures (soit 13 heures de cours par semaine) qui se répartissent en six modules que l'étudiant doit accomplir ainsi que d'un travail de recherches donnant lieu à l'élaboration et à la soutenance d'un mémoire, enfin d'un stage d'au moins deux mois en fm d'année universitaire.

Directions des enseignements

Que souhaitent ses marraines et parrains qui se penchent sur son berceau ?

La première direction des enseignements (représentant 80 heures de cours sur deux modules) met l'accent sur la nécessité d'une réflexion et d'une construction pluri et transdisciplinaire pour développer la maîtrise conceptuelle de « l'information-documentation ». Ainsi l'histoire, le droit, l'économie, la science politique, la linguistique, les sciences cognitives - discipline elle-même en élaboration en France - sont-elles prises en compte.

Cette manière de penser l'information-documentation n'est pas nouvelle. Dans les années 1970, les travaux de Fritz Machlup et Una Mansfield 3 ont montré cette voie.

Tour à tour objet étudié et sujet se constituant, l'information-documentation doit donner, au fil des cours en sciences humaines et sociales, la maîtrise de ses concepts propres comme de ceux qu'elles empruntent aux autres disciplines.

La deuxième direction (soit 120 heures de cours en trois modules) permet de dominer les méthodes et les technologies de l'information dans trois domaines : l'informatique, le management, la relation avec l'usager.

Il s'agit de former aux technologies informatiques appliquées à toutes les fonctions propres à la « chaîne documentaire » (collecte, stockage, analyse, diffusion et recherche d'informations) en mettant l'accent sur les toutes dernières nouvelles technologies émergentes : hypertextes, systèmes experts, stations de travail, nouvelles modalités de travail collectif (« collecticiels »).

Ensuite, l'ambition est de donner par la connaissance du management, des systèmes d'information, des outils de gestion ou de veille scientifique et technique nouveaux ou qui ont déjà fait leur preuve, comme l'analyse de la valeur, la bibliométrie, la scientométrie.

Enfin, la relation à l'usager est abordée à travers des méthodes d'évaluation - en partie sociologiques - afin d'avoir une notion « d'usage » qui ne se laisse pas prendre au piège d'une représentation mythique du « visiteur », « lecteur », « public », ou « demandeur d'informations ».

On voit que la sociologie est avant tout donnée comme une méthodologie d'approche et pas seulement comme une pure conceptualisation situant un discours sur...

La troisième direction est l'approfondissement des technologies de l'information (soit 150 heures) par le renforcement des enseignements en pratique informatique, et par la connaissance indispensable de l'anglais.

Au baptême de cette maîtrise, nos meilleurs voeux l'accompagnent et, parmi le plus cher : qu'elle puisse donner une solide assise conceptuelle liée à une pratique réelle.

Ainsi formé, le spécialiste de l'information-documentation pourra mieux prendre de la distance par rapport aux enjeux et aux mutations de l'avenir. En effet, à l'évidence, le métier évolue : si les fonctions de base sont toujours là, l'arrivée des nouvelles technologies de l'information et du marketing contextualisent désormais autrement notre univers mental et notre environnement marchand, à nous tous d'en prendre acte.

  1. (retour)↑  On perçoit une volonté d'harmoniser les filières dans les différents cycles universitaires, permettant d'avoir ainsi les diplômes de : licence, maîtrise, DEA, puis thèse en sciences de l'information/documentation. Toutefois, il existait bien sûr auparavant des diplômes universitaires menant aux carrières de la documentation, même si l'intitulé n'était pas le même... Cependant l'absence des DEA et thèse était patente.
  2. (retour)↑  UFR : Unité de formation et de recherche.
  3. (retour)↑  Cf. The Study of information : interdisciplinary messages, New York, Wiley interscience, 1983.