Éditorial

Vers une politique de la demande

Regrouper à l'intérieur d'un même dossier l'analyse de textes administratifs et des articles d'opinion peut sembler une gageure. Ce rapprochement n'est pourtant que l'éclairage d'un même phénomène sous différents points de vue.

La récente création de services communs de la documentation instaure des rapports nouveaux entre les universités et leurs bibliothèques mais s'inscrit aussi dans une perspective plus large. Substituer une politique de la demande à une politique de l'offre, c'est mettre en place un dispositif de pilotage entre les demandes du public et les objectifs de l'institution; c'est déterminer les orientations documentaires en fonction des attentes et des réactions des utilisateurs. En termes marchands on appellerait cela substituer une politique de marché à une politique de produit.

Une politique de marché, c'est aussi le point d'aboutissement des nouvelles technologies. Qu'on le veuille ou non, leur mise en œuvre ouvre la voie à de nouvelles logiques : celle du marché puisque « l'information ne saurait être une marchandise gratuite », mais aussi celle de l'organisation; certes les nouvelles technologies modifient peu les tâches principales du métier, insiste Michèle Nardi, mais quel impact exerceront-elles sur son statut et son contenu ?

Pourquoi facturer ? Parce que l'information a un coût, disent les uns; parce que la gratuité est un leurre, renchérissent les autres et que, de toute façon, le premier devoir des bibliothèques est de répondre efficacement à la demande...

On aura compris que la question concerne donc toutes les bibliothèques; on aura aussi compris que le débat sur la demande ne fait que s'amorcer.

La Rédaction