L'expérience et l'image des bibliothèques municipales

Enquête par sondage auprès de la population nationale

La Direction du livre au Ministère de la culture et de la communication a demandé en 1979 à la Société ARCmc d'étudier l'image des bibliothèques municipales chez les Français, c'est-à-dire l'ensemble des connaissances et des représentations qu'en a la population nationale, que celles-ci soient ou non fondées sur l'expérience. Ce sont les résultats de cette enquête qui sont commentés dans cet article

The « Direction du livre » of the « Ministère de la culture et de la communication » required the ARCmc Society in 1979 to make a study on how French people regard municipal libraries, namely the entire knowledge and image the national population has about them, whether these are grounded on experience or not. Such are the results of this enquiry which are commented in this article

Le Bulletin des Bibliothèques de France publie ici les résultats d'une étude menée par l'ARCmc 1 en 1979, à la demande de la Direction du Livre au Ministère de la Culture et de la Communication. Son but était d'étudier l'image des bibliothèques municipales chez les Français, c'est-à-dire l'ensemble des connaissances et des représentations qu'en a la population nationale, que celles-ci soient ou non fondées sur l'expérience.

Le rapport final de l'étude effectuée par l'ARCmc se présente comme un document de 274 pages dactylographiées : 83 pages de présentation commentée des résultats et 191 pages d'annexes où figurent en particulier les deux questionnaires du sondage et les résultats globaux, question par question. Seule la présentation coiiinieiitée des résultats pouvait être reproduite ici : les annexes du rapport, et aussi la totalité des tableaux de verztilation des résultats imprimés sur ordinateur, sont consultables à la Direction du Livre, bureau DL7, 4, rue de la Banque, 75002 Paris (Tél. 261.54.80).

Table des matières

Introduction

I. - Inscrits et non inscrits - Analyse comparative des deux populations étudiées
A. La part des inscrits
B. Caractéristiques socio-démographiques
C. Caractéristiques culturelles

II. - La fréquentation des Bibliothèques municipales
A. L'ancienneté de la fréquentation
B. Les modalités de la fréquentation actuelle des BM
C. L'utilisation des services offerts par les BM et autres habitudes de fréquentation

III. - L'image des Bibliothèques municipales
A. Connaissance de leur statut
B. L'image de leur public
C. L'image des bibliothécaires
D. L'image des services offerts
E. Le niveau de satisfaction des inscrits et leur image de la BM idéale
F. Attitudes des non inscrits à l'égard de la fréquentation

IV. - Bibliothèques modernes et anciennes

Introduction

Pour étudier l'image qu'ont les Français des bibliothèques municipales 2, deux catégories de population devaient être distinguées :
* celle des inscrits, qui fréquentent actuellement ce genre d'établissements de façon plus ou moins régulière et dont il s'agissait de mieux connaître les habitudes, les attentes et les appréciations ;
* celle des non inscrits, dont on désirait mesurer en particulier le niveau d'information sur la réalité actuelle des bibliothèques municipales et les dispositions à l'égard d'une fréquentation éventuelle de celles-ci.

Les deux populations ont été étudiées simultanément en se limitant, pour l'une et pour l'autre, aux individus âgés de plus de 15 ans résidant dans les communes de plus de 5 000 habitants.

Les informations à recueillir dans le cadre de cette double enquête par sondage ont été définies à la lumière d'une recherche exploratoire effectuée en 1978 par l'ARCmc, en liaison avec la Direction du Livre.

Deux échantillons de population ont été interrogés pour les besoins de l'enquête :
* l'un, d'un millier d'individus, représentatif de l'ensemble de la population nationale âgée de plus de 15 ans vivant dans les communes de plus de 5 000 habitants, définition correspondant approximativement à la clientèle adulte potentielle des BM ;
* l'autre de quelque 800 inscrits du même âge, désignés par tirage au sort dans les fichiers d'une quarantaine d'établissements.

1. L'échantillonnage de l'enquête menée auprès du grand public

L'échantillon de cette enquête a été constitué suivant la méthode des quotas. Celle-ci est utilisée, à défaut de pouvoir procéder par tirage au sort, quand on dispose d'informations précises sur la composition de la population à étudier. C'est le cas quand il s'agit de la population nationale dont la structure socio-démographique est connue par les recensements et mises à jours publiés par l'INSEE. La méthode des quotas consiste à sélectionner les individus à interroger en fonction de certaines de leurs caractéristiques apparentes (sexe, âge, répartition géographique, etc.) dont on connaît la fréquence et la répartition dans la population à étudier. Ainsi, l'échantillon interrogé est, finalement, conforme à la population de référence, du point de vue de ces caractéristiques.

Pour le reste, le choix des individus est fait aléatoirement, ou tout au moins en veillant à ne pas privilégier ou défavoriser certaines catégories d'entre eux. Dans ces conditions, on peut admettre que, s'il est identique par certains traits, à l'univers dont il est issu, l'échantillon interrogé l'est aussi par ses autres caractéristiques, notamment par les opinions exprimées en réponse aux questions posées. En analysant et en mesurant les données recueillies, on disposera d'estimations plus ou moins précises sur leur fréquence et leur répartition dans l'ensemble de la population de référence.

Les critères d'échantillonnage considérés ici ont été le sexe, l'âge de la personne interrogée, la catégorie socio-professionnelle du chef de famille, la taille de l'agglomération de résidence et la région. La composition, au regard de ces critères, de la population nationale âgée de plus de 15 ans et vivant dans les agglomérations de plus de 5 000 habitants était connue par les statistiques de l'INSEE résultant du recensement de 1975. On a réparti géographiquement les interviews à effectuer en proportion du poids démographique de chaque région et, dans chacune d'elles, en tenant compte de la part respective des différentes catégories d'agglomérations concernées. Dans la mesure du possible, on a retenu les communes figurant dans l'échantillon de l'enquête menée par ailleurs auprès des inscrits.

Un millier de personnes ont été interrogées suivant cette méthode. Après vérification, 977 questionnaires remplis ont pu être exploités.

L'échantillon ainsi constitué présentait, par rapport au modèle national fourni par l'INSEE, des distorsions résultant des difficultés rencontrées dans la recherche des personnes à interroger.

Une pondération des interviews, effectuée sur ordinateur au moment de l'exploitation informatique des réponses, a permis de « redresser » la structure de l'échantillon interrogé, pour la conformer à celle de la population étudiée.

2. L'échantillonnage de l'enquête auprès des inscrits

Les inscrits interrogés ont été sélectionnés de deux manières. Pour l'essentiel, ils ont été tirés au sort dans les fichiers d'une quarantaine de bibliothèques municipales. Pour le reste - 108 sur un total de 892 - il s'agit d'individus rencontrés dans l'échantillon de l'enquête menée auprès du grand public et ayant déclaré fréquenter une bibliothèque municipale, d'arrondissement ou de quartier.

Les 784 inscrits sélectionnés par tirage au sort ont été échantillonnés de la façon suivante.

* Dans un premier temps, 40 bibliothèques municipales - bibliothèques centrales ou annexes -ont été choisies, en collaboration avec les demandeurs de l'étude, en fonction de deux critères : d'une part, observer une répartition géographique à peu près conforme à celle de la population nationale vivant dans les communes de plus de 5 000 habitants ; d'autre part, interroger un nombre suffisant de lecteurs fréquentant des bibliothèques modernes afin de pouvoir isoler leurs réponses, connaître leurs appréciations sur certains services non traditionnels et comparer leur image des BM à celle des lecteurs inscrits dans des établissements plus anciens.

Parmi les 40 bibliothèques retenues, on a fait figurer dans ce but 22 établissements dont les locaux ont été construits ou réaménagés après 1967.

On trouvera en annexe, un tableau indiquant, avec leur répartition géographique et la taille de la commune, les 40 établissements sélectionnés pour le tirage au sort.

* Pour chacun des établissements retenus, 50 noms et adresses ont été tirés au sort dans le fichier ou sur les listes comprenant l'ensemble des inscrits, en excluant les personnes âgées de moins de 15 ans.

Vingt lecteurs âgés de plus de 15 ans devaient être interrogés par établissement. La recherche des inscrits tirés au sort a rapidement fait apparaître qu'une large proportion d'entre eux n'habitaient plus à l'adresse indiquée et ne pouvaient être retrouvés, ou ne fréquentaient plus la bibliothèque municipale. Dans ces conditions, on a, pour chaque établissement, confié aux enquêteurs la totalité des 50 adresses en leur demandant seulement d'observer, dans les interviews qu'ils pourraient effectuer, la même répartition selon le sexe que celle apparue dans le tirage au sort.

La méthode d'échantillonnage qui vient d'être décrite favorisait deux catégories d'inscrits :
* ceux des bibliothèques construites ou réaménagées depuis 1967 et dont la clientèle se trouvait sur-représentée dans l'échantillon interrogé, sans qu'on puisse savoir exactement dans quelle mesure, étant donné l'absence de statistiques nationales sur la répartition des inscrits selon les caractéristiques des établissements fréquentés ;
* ceux des petites bibliothèques, comptant moins d'inscrits que la moyenne des établissements et dans lesquelles on avait cependant tiré au sort autant de noms que dans les plus grandes.

Il était possible de remédier à ce deuxième biais en pondérant les réponses obtenues auprès des inscrits sur la base du nombre total des individus âgés de plus de 15 ans figurant au fichier de l'établissement 3. Cette opération a été effectuée sur ordinateur en même temps que le dépouillement de l'enquête. Pour les 108 inscrits rencontrés dans l'échantillon de l'enquête menée auprès du grand public, on ignorait l'effectif de la clientèle de leur bibliothèque ; on a affecté à leurs réponses le poids moyen des interviews effectuées sur adresses.

3. Le questionnaire

Il a été formulé par l'ARCmc en collaboration avec les demandeurs de l'étude, à la lumière des données apparues au cours de la phase exploratoire menée l'année précédente. Il a été adapté à chacune des deux populations étudiées. Une large part des questions sont communes ; il s'agit des questions de caractéristiques socio-démographiques et culturelles et de la majorité de celles relatives à l'image des BM, ce qui a permis d'établir des comparaisons, à ces différents égards, entre les inscrits et les non inscrits.

4. Le déroulement des interviews

Les interviews des deux enquêtes ont été effectuées entre la mi-mai et la fin juin 1979.

L'échantillonnage et l'administration des questionnaires ont été confiés à ISL, société spécialisée dans la collecte de l'information et qui dispose d'un réseau national d'enquêteurs.

I. Inscrits et non inscrits - Analyse comparative des deux populations étudiées

A. La part des inscrits

Telle qu'elle apparaît dans l'enquête menée auprès du grand public, la part des inscrits dans la population métropolitaine âgée de plus de 15 ans et résidant dans les agglomérations de plus de 5 000 habitants, s'élève à 10 %.

Si l'on se réfère à l'enquête de l'ARCmc sur les pratiques culturelles des Français, menée en 1973 à la demande du Service des études et de la recherche du Ministère de la culture, la proportion des inscrits à une BM se révèle en légère progression.

En effet, elle était alors de 7 % pour l'ensemble de la population âgée de plus de 15 ans (y compris les communes de moins de 5 000 habitants) et de 9 % pour la population correspondant aux agglomérations de plus de 20 000 habitants. Elle devait donc être, en 1973, de l'ordre de 8 % pour la population des communes de plus de 5 000 habitants.

A l'analyse socio-démographique des résultats obtenus auprès du grand public, on constate que l'inscription à une BM est un peu plus fréquente (voir tableau Ia).

* dans la population féminine (11 % contre 8 % chez les hommes),

* chez les jeunes âgés de 15 à 19 ans (12 % - elle décroît ensuite jusqu'à 34 ans, puis il semble qu'elle soit un peu plus répandue chez les 35-49 ans - groupe d'âge auquel appartiennent plus particulièrement les parents des jeunes inscrits -et chez les plus de 65 ans).

Elle se révèle plus répandue surtout...

* parmi les individus ayant poursuivi des études secondaires ou supérieures,

* chez les élèves et étudiants,

* dans les ménages de cadres supérieurs et professions libérales (mais non, semble-t-il, parmi les actifs de ces catégories socio-professionnelles),

* dans l'agglomération parisienne,

et, si l'on considère les caractéristiques relatives à la lecture de livres,

* chez les possesseurs de plus de 50 livres et parmi ceux qui en achètent au moins 5 par an,

* enfin, parmi les grands lecteurs : ceux qui ont déclaré avoir lu beaucoup de livres ces dernières années (25 %).

La composition socio-démographique de la clientèle des BM dépend du poids de chaque catégorie dans la population nationale et du taux d'inscription existant dans chacune d'elles. Si le taux était égal dans toutes les catégories, la structure de la clientèle des BM serait identique à celle de l'ensemble de la population étudiée.

Les variations observées dans la proportion des inscrits selon les catégories vont se traduire par une représentation plus ou moins marquée de chaque catégorie au sein de la clientèle des BM. C'est ce qu'on va voir dans la section suivante. On constatera, à cette occasion, des différences de degré et même certaines divergences entre les taux d'inscription observés dans l'échantillon grand public et la structure de l'échantillon des inscrits interrogés 4. Ces écarts sont dus à l'indépendance des deux échantillons (on sait en effet que seuls les 108 inscrits rencontrés dans l'échantillon grand public sont communs aux deux populations étudiées) et aux défauts de chacun d'eux du point de vue de la représentativité.

Pour l'essentiel cependant, les enseignements dégagés des deux échantillons concernant les caractéristiques des inscrits apparaissent concordants.

B. Caractéristiques socio-démographiques

La population des inscrits à une BM diffère nettement par sa structure socio-démographique de celle des non inscrits et de l'ensemble de la population de référence telle qu'elle est connue de source INSEE.

Étant donné qu'ils représentent 90 % de l'ensemble de la population étudiée, les non inscrits sont, en revanche, très peu différents de cet ensemble par leurs caractéristiques socio-démographiques.

C'est donc sur les inscrits que l'on centrera l'analyse des différences observées. Celles-ci se manifestent dans la répartition selon le sexe, l'âge, la catégorie socio-professionnelle de l'individu interrogé et celle du chef de ménage, le niveau d'études, la situation de famille. Deux facteurs corrélés exercent ici une influence primordiale : l'âge et le milieu socio-culturel.

En ce qui concerne la taille de l'agglomération, on ne peut prendre en considération la répartition de l'ensemble des inscrits interrogés puisque la grande majorité d'entre eux ont été tirés au sort dans des établissements sélectionnés sans souci de représentativité à cet égard. A titre indicatif, on a fait figurer au tableau page 274 la répartition selon la taille de l'agglomération des seuls inscrits rencontrés dans l'échantillon national constitué suivant la méthode des quota (108 personnes).

La population inscrite dans les BM apparaît...

* en majorité féminine (62 % ) ;

* plus jeune que l'ensemble de la population de référence, spécialement parce qu'elle comprend une plus large proportion de jeunes âgés de 15 à 19 ans (24 %) ;

* corrélativement à leur âge, les inscrits sont plus souvent célibataires (41 %).

Étant donné que ce sont surtout les jeunes de 15-19 ans qui se trouvent sur-représentés parmi eux et que ceux-ci habitent généralement chez leurs parents, la structure des inscrits selon le nombre de personnes au foyer diffère peu de celle de l'ensemble de la population.

* La population des inscrits est socio-professionnellement et culturellement favorisée : elle comprend deux fois plus de cadres supérieurs et de membres des professions libérales (10 %), trois fois plus d'élèves et étudiants (28 %) et, au contraire, trois fois moins d'ouvriers (6 %) que l'ensemble de la population étudiée.

* Par ailleurs, les individus n'ayant pas poursuivi d'études au-delà de l'enseignement primaire y sont trois fois moins nombreux (13 %). La majorité des inscrits ont poursuivi des études secondaires ou supérieures (65 %).

C. Caractéristiques culturelles

1. Télévision et autres équipements audio-visuels

Les résultats obtenus témoignent d'un engouement un peu moins fréquent pour la télévision chez les inscrits que chez les non inscrits.

La grande majorité des inscrits possèdent la télévision (89 %) ; pourtant, le taux de possession est chez eux un peu moins élevé que la moyenne nationale observée dans la présente enquête (93 %). Cet écart se manifeste essentiellement au niveau de l'équipement en récepteurs couleur (36 % des inscrits, pour 41 % dans l'ensemble de la population).

La durée hebdomadaire d'écoute de la télévision est aussi un peu moins longue chez les inscrits (13 % seulement d'entre eux la regardent plus de 20 heures par semaine) que chez les non inscrits (21 %).

En revanche, les inscrits apparaissent un peu plus équipés que la moyenne nationale dans le domaine audio-visuel quand il s'agit d'enregistrements sonores sur disques (77 % contre 73 %) ou cassettes (67 % contre 60 %) ou de la possession d'un projecteur de diapositives (32 % contre 21 %).

On n'observe pas de différence notable pour le taux de possession d'un appareil de projection de films (20 % contre 18 %).

Ces caractéristiques d'équipement audio-visuel sont corrélées avec l'âge et le milieu socio-culturel. Elles traduisent, de la part des inscrits, une plus large ouverture aux moyens audio-visuels, autres que la télévision.

2. Lecture de la presse et des livres

a) Considérations générales sur les attitudes des Français à l'égard de la lecture

Les résultats relatifs à l'ensemble de la population étudiée donnent un aperçu significatif des attitudes générales des Français à l'égard de la lecture. On verra ensuite comment les inscrits et les non inscrits se caractérisent par rapport à ces tendances générales.

D'après ces résultats...

* 75 % des Français interrogés aiment lire, 44 % « beaucoup », 31 % « assez ».

* Leurs préférences se portent aussi fréquemment sur la lecture de journaux, de revues et magazines que sur la lecture de livres : 32 % disent préférer lire la presse, 36 % des livres, 32 % n'ont pas de préférence à cet égard.

* 59 % lisent un journal quotidien tous les jours ou plusieurs fois par semaine.

* 62 % lisent des revues et magazines au moins une fois par semaine.

* 58 % ont lu des livres au cours des trois derniers mois ; par ailleurs, 46 % en ont consulté ou parcouru au cours de la même période.

* 65 % relisent des livres.

* 42 % empruntent des livres à des amis, et 52 % en prêtent.

* La plupart possèdent des livres : 89 %, un tiers d'entre eux plus d'une centaine : 33 %.

* Près des 2/3 en achètent et, dans la majorité des cas, en quantité notable : 64 % en ont acheté au cours des douze derniers mois précédant l'enquête, 47 % plus de 5 au cours de cette période.

* Les romans arrivent en tête des genres de livres préférés - cités à ce titre par 42 % des interviewés - devant les policiers et livres d'espionnage : 28 %, l'histoire : 26 %, les ouvrages pratiques tels que livres de cuisine, de couture, de jardinage, de bricolage, etc. : 21 %.

L'analyse socio-démographique de ces résultats fait apparaître un goût plus marqué pour la lecture en général et pour la lecture de livres en particulier... (voir tableau Ib).

* Dans la population féminine : 51 % des femmes, pour 37 % des hommes interrogés, déclarent aimer « beaucoup » lire ; les femmes déclarent aussi le plus souvent préférer la lecture de livres à celle des journaux et magazines tandis que la tendance inverse l'emporte chez les hommes.

* Chez les jeunes de 20-24 ans. Ceux qui sont âgés de 15-19 ans ne se distinguent pas à cet égard de la moyenne nationale.

* Dans les milieux de cadres supérieurs, professions libérales et, dans une moindre mesure, de cadres moyens et employés.

* Dans l'agglomération parisienne.

L'achat de livres est le plus répandu entre 20 et 34 ans. Il semble connaître son apogée entre 20 et 24 ans : 81 % des jeunes de cet âge en ont acheté au cours des douze derniers mois ; 63 % d'entre eux plus de 5. II décroît ensuite très sensiblement, surtout après 50 ans.

Par ailleurs, les achats de livres apparaissent étroitement liés au milieu socio-professionnel - 44 % en ont acheté, dans les ménages de retraités, 90 % dans les foyers de cadres supérieurs, professions libérales - et leur fréquence croît avec la taille de l'agglomération de résidence : 72 % des habitants de l'agglomération parisienne en achètent pour 55 % seulement des habitants des petites villes de province.

Les informations recueillies concernant l'expérience récente en matière de lecture de livres confirment et précisent ces tendances générales : la lecture de livres au cours des trois derniers mois - lecture complète ou lecture partielle - comme l'expérience de prêt et d'emprunt de livres auprès de l'entourage au cours des douze derniers mois sont sensiblement plus répandues chez les jeunes de moins de 25 ans, dans les milieux socio-professionnels aisés et moyens et dans l'agglomération parisienne.

A ce propos, on notera qu'il en est de même de la relecture de livres qu'on a aimés.

Si le goût de la lecture d'une manière générale et le goût de la lecture de livres en particulier sont, comme on l'a vu, plus affirmés chez les 20-24 ans, on constate que c'est entre 15 et 19 ans qu'on lit le plus de livres : 74 % des jeunes de cet âge avaient lu des livres de bout en bout au cours des derniers mois ; 61 % en avaient parcouru ou consulté. C'est aussi dans ce groupe d'âge qu'on observe la plus forte proportion de lecteurs qui empruntent des livres dans leur entourage (67 %).

b) La lecture de la presse et des livres chez les inscrits et les non inscrits

Les mêmes facteurs socio-démographiques - sexe, âge, milieu socio-culturel, degré d'urbanisation -régissent la lecture de livres et l'inscription à une bibliothèque municipale. En matière de lecture de la presse et de livres, la population des inscrits et celle des non inscrits présentent des caractéristiques qui découlent de leurs structures socio-démographiques respectives :

* Les inscrits aiment « beaucoup » lire ; 71 % d'entre eux l'affirment, pour 40 % seulement des non inscrits.

* En outre, la majorité d'entre eux préfèrent lire des livres (57 %) alors que la lecture de livres et la lecture de la presse se partagent les préférences des non inscrits.

* Les inscrits ne se distinguent pas de la moyenne nationale du point de vue de la lecture du journal quotidien (60 % en lisent un tous les jours ou plusieurs fois par semaine, ce qui est le cas de 58 % des non inscrits et de 59 % de l'ensemble) mais ils semblent un peu plus portés à lire des revues et magazines (71 % en lisent au moins une fois par semaine, contre 62 % pour l'ensemble).

* La possession de livres est plus répandue et plus importante chez les inscrits : 96 % de ceux-ci déclarent en avoir dans leur foyer ; 50 % plus d'une centaine. Ces proportions sont de 89 % et 33 % pour la population nationale considérée dans son ensemble.

* Les inscrits sont aussi proportionnellement plus nombreux à acheter des livres - 78 % en ont acheté personnellement au cours des douze derniers mois - et ils en achètent davantage : 58 % en ont acheté au moins cinq depuis un an (ces proportions sont de 63 % et 45 % pour les non inscrits).

* Les inscrits lisent surtout plus de livr-es : 44 % déclarent en avoir lu « beaucoup » au cours des dernières années, 42 % « moyennement » et 14 % « peu » ou « presque pas ». On observe à peu près l'inverse chez les non inscrits : 17 % en ont lu « beaucoup » et 48 % « peu », « presque pas » voire pas du tout.

* Une plus large proportion des inscrits avaient lu des livres au cours des trois derniers mois : 89 % en ont lu complètement et 61 % en ont consulté ou parcouru ; c'est le cas, respectivement, de 54 % et 45 % des non inscrits.

Les inscrits avaient surtout lu beaucoup plus de livres au cours de cette période.

* La relecture de livres, qui est une pratique assez courante, est plus répandue encore et plus fréquente chez les lecteurs inscrits à une bibliothèque municipale : 79 % relisent des livres, 34 % « souvent » (respectivement 63 % et 26 % chez les non inscrits).

L'emprunt et le prêt de livres à des amis et connaissances sont, eux aussi, des pratiques assez répandues qu'on observe plus fréquemment chez les inscrits.

* Enfin, les résultats obtenus concernant les genres de livres préférés font apparaître des différences assez sensibles entre les inscrits et les non inscrits.

Si dans les deux populations, les romans (autres que policiers ou du genre fantastique) arrivent nettement en tête des préférences (avec une prédilection plus marquée chez les inscrits), les autres genres s'ordonnent suivant une hiérarchie différente.

Chez les inscrits, les livres consacrés à l'histoire et les essais, œuvres de réflexion dans le domaine des sciences, de la philosophie, de la politique, etc. se disputent la seconde place tandis que chez les non inscrits les romans policiers et d'espionnage viennent au second rang des genres qu'ils préfèrent. Les non inscrits apprécient aussi fréquemment que les inscrits les livres sur l'histoire, mais beaucoup moins qu'eux les essais.

L'écart le plus important est observé au niveau des « ouvrages pratiques » tels que livres de cuisine, de couture, de jardinage, de bricolage, etc., genre qui recueille seulement 5 % des suffrages chez les inscrits, pour 23 % chez les non inscrits.

On verra au chapitre III que ce genre de livres est précisément celui que ses amateurs - aussi bien ceux qui sont inscrits que ceux qui ne le sont pas -estiment le plus souvent insuffisamment représenté dans le choix d'ouvrages offert par les BM.

On peut voir, enfin, le goût plus marqué des inscrits pour la lecture de livres dans le fait qu'ils sont plus fréquemment que les autres personnes interrogées inscrits à d'autres types de bibliothèques. Cependant, à part les bibliothèques scolaires et universitaires - que 19 % des inscrits déclarent fréquenter - ces autres formes de la lecture publique sont pratiquées par une très faible part des inscrits comme des non inscrits : respectivement 4 % et 2 % d'entre eux fréquentent une bibliothèque d'entreprise, 2 % et 1 % une bibliothèque paroissiale.

II. La fréquentation des bibliothèques municipales

A. L'ancienneté de la fréquentation

1. L'âge de la première inscription

La majorité des inscrits actuels ont commencé à fréquenter une bibliothèque municipale avant l'âge de 20 ans (63 %) ; une large proportion d'entre eux avant l'âge de 15 ans (43 %).

Pour apprécier justement ce phénomène, il faut tenir compte du fait qu'un quart des inscrits sont actuellement âgés de moins de 20 ans (24 %).

C'est entre l'âge de 10 et 14 ans que l'inscription à une BM connaît sa plus grande fréquence (30 % des inscrits actuels). Si l'on considère les inscrits âgés de 15-19 ans, on observe que 61 % d'entre eux se sont inscrits pour la première fois à une BM entre 10 et 14 ans ; 24 % avant l'âge de 10 ans.

Le nombre des premières inscriptions est bien moindre après 20 ans. Il semble rester étale jusqu'à 35 ans et décroître au-delà.

La proportion de ceux qui se sont inscrits pour la première fois avant l'âge de 20 ans reste importante même chez les inscrits d'un certain âge.

Le tableau ci-dessous fait aussi ressortir qu'un quart environ des inscrits actuellement âgés de plus de 65 ans ont commencé à fréquenter une BM après l'âge de la retraite.

2. L'ancienneté de la fréquentation de la BM actuelle

La majorité des inscrits interrogés fréquentent leur BM actuelle depuis moins de 5 ans (58 % de l'ensemble). Un quart environ d'entre eux ont déclaré s'être inscrits au cours des 12 derniers mois (26 %). La clientèle actuelle des BM apparaît donc, dans l'ensemble, assez récente, et cette caractéristique peut être observée dans tous les groupes d'âge jusqu'à la cinquantaine.

Au-delà, l'ancienneté de la fréquentation est sensiblement plus grande : les 2/3 des inscrits âgés de plus de 50 ans fréquentent leur BM actuelle depuis plus de 5 ans ; 1/5 depuis 20 ans et davantage.

Les informations recueillies, par ailleurs, auprès des anciens inscrits montrent que la moitié d'entre eux ont cessé de fréquenter une BM entre 15 et 24 ans. Ceci explique qu'une plus large proportion de la clientèle actuelle des BM âgée de 25 à 34 ans soit récente (76 % sont inscrits depuis moins de 5 ans).

Rappelons que la clientèle actuelle des BM comprend deux fois plus de jeunes âgés de 15 à 24 ans (37 %), que de lecteurs âgés de 25 à 34 ans (19 %).

3. L'expérience des anciens inscrits

17 % des non inscrits ont fréquenté une BM dans le passé.

Les informations recueillies auprès des anciens inscrits montrent que, comme les inscrits actuels, les deux tiers d'entre eux ont commencé à fréquenter une BM avant l'âge de 20 ans (67 %).

L'âge critique de la fréquentation se situe entre 15 et 24 ans. La moitié des anciens inscrits ont en effet cessé de fréquenter une BM à cet âge. Un tiers seulement des anciens inscrits ont cessé leur fréquentation après l'âge de 24 ans.

La durée moyenne d'inscription à une BM des anciens inscrits est de l'ordre de 6 à 7 ans.

On notera que dans l'ensemble de la population étudiée, les anciens inscrits représentent 15 %, soit une fois et demie la population des inscrits actuels.

Autrement dit, dans la population âgée de plus de 15 ans résidant dans les agglomérations de plus de 5 000 habitants,

* 25 % ont une expérience personnelle des BM pour y être inscrit actuellement (10 %) ou y avoir été inscrit dans le passé (15 %) ;

* 75 % ne disposent que d'informations indirectes en ce domaine.

Les anciens inscrits se rencontrent plus fréquemment dans les mêmes catégories que celles où le taux d'inscription est le plus élevé : la population féminine (17 %), les moins de 34 ans (22 %), les individus ayant poursuivi des études supérieures (28 %), les élèves et étudiants (25 %), les cadres supérieurs, professions libérales (25 %), les cadres moyens et employés (25 %), dans l'agglomération parisienne (19 %), enfin parmi les gros lecteurs de livres (26 %), ceux qui en achètent au moins 5 par an (22 %) et ceux qui en possèdent plus de 200 (25 %).

B. Les modalités de la fréquentation actuelle des BM

1. Le rythme de la fréquentation

Le public actuel des BM peut être partagé en trois grandes catégories selon le rythme de sa fréquentation :

* la clientèle fidèle : elle se rend à la BM au moins une fois par semaine. Elle représente 19 % ou 1/5 des inscrits ;

* la clientèle assez régulière : elle fréquente la BM une à trois fois par mois. Elle représente la majorité des inscrits 62 % ou les 3/5 ;

* la clientèle occasionnelle : elle vient à la BM moins d'une fois par mois. Elle représente 19 %, soit 1/5 des inscrits, si on y inclut ceux qui ne s'y rendent pratiquement jamais (2 %).

Cette répartition ne varie pas de façon très sensible d'une catégorie à l'autre. Tout au plus peut-on observer une fréquentation un peu plus régulière d'une part chez les retraités (89 % vont à la BM au moins une fois par mois) et les élèves et étudiants (89 %), d'autre part et corrélativement chez les plus de 65 ans (87 %) et les inscrits ayant poursuivi des études supérieures (85 %).

2. Les circonstances de la fréquentation

La fréquentation des BM apparaît comme une pratique spécifique par rapport aux habitudes de vie quotidiennes des inscrits.

Pour la grande majorité des inscrits, la fréquentation de la BM constitue une pratique indépendante des autres déplacements : le plus souvent, 72 % vont en effet à la BM spécialement, tandis que 24 % y vont en se rendant ailleurs et 3 % en rentrant chez eux.

A l'analyse des résultats, on constate que la tendance à se rendre spécialement à la BM l'emporte largement dans toutes les catégories de la population étudiée. Elle croît avec la taille de l'agglomération habitée : 63 % en province, dans les villes de moins de 100 000 habitants, contre 84 % dans l'agglomération parisienne. En d'autres termes, 37 % des provinciaux des petites et moyennes villes vont à la BM à l'occasion d'autres déplacements alors que c'est le cas pour 15 % seulement des inscrits dans l'agglomération parisienne.

La majorité aussi des inscrits se rendent généralement seuls à la BM (71 %).

Ceux qui y vont accompagnés (29 %) s'y rendent le plus souvent en famille, avec leurs enfants (environ 2 cas sur 5) ou leur conjoint (environ une personne sur quatre parmi celles qui n'y vont pas seules).

La fréquentation de la BM en compagnie d'autres personnes se rencontre plus fréquemment parmi les femmes (33 %), chez les inscrits âgés de 35 à 49 ans (42 %) - groupe d'âge où la présence d'enfants en âge de fréquenter la BM est la plus répandue -dans les milieux moyens et modestes (35 % des cadres moyens et employés, 37 % des ouvriers), dans les grandes villes de province (33 %) et dans le public des bibliothèques modernes (35 %).

3. Les autres inscrits du foyer

La moitié des lecteurs interrogés qui fréquentent une BM ne sont pas seuls dans leur foyer à être inscrits dans cet établissement : 48 %.

Y sont également inscrits le conjoint du lecteur interrogé (15 %), son père ou sa mère (8 %), un enfant (13 %), un frère ou une sœur (10 %) ou une autre personne du foyer (2 %).

La pluralité d'inscription est particulièrement fréquente chez les inscrits âgés de 35 à 49 ans : 77 % d'entre eux ont un parent vivant avec eux inscrit à la BM, généralement un enfant (49 %) ou le conjoint (25 %).

4. La durée des visites à la BM

Les deux tiers des inscrits déclarent rester à la BM au moins une demi-heure quand ils s'y rendent (68 %).

Rares sont ceux qui déclarent y passer moins d'un quart d'heure (5 %) ; en revanche, un tiers des inscrits interrogés disent y rester une heure ou davantage (32 % ).

En moyenne, la durée déclarée des visites à la BM est d'environ 3/4 d'heure (46 minutes).

La durée moyenne déclarée des visites à la BM décroît à mesure que l'âge des inscrits s'élève, passant d'environ une heure chez les 15-19 ans à 40 minutes chez les plus de 50 ans. Elle croît avec le niveau d'études et la taille de l'agglomération : se limitant à une demi-heure environ chez les inscrits de niveau d'études primaires et dans les petites villes de province, tandis qu'elle atteint 50 minutes chez ceux qui ont poursuivi des études supérieures et dans les grandes villes et l'agglomération parisienne.

Corrélativement à ce qui précède, elle est plus élevée dans la clientèle fidèle (63 minutes) et dans celle qui fréquente les BM modernes (51 minutes) et les établissements les plus importants (près d'une heure pour les inscrits qui fréquentent des BM d'une superficie supérieure à 2 000 m2 ou qui comptent plus de 4 000 inscrits).

C. L'utilisation des services offerts par les BM et autres habitudes de fréquentation

Quatorze activités étaient étudiées dans le questionnaire, en vue de décrire le comportement des inscrits durant leurs visites à la BM. On les retrouvera, ordonnées suivant la fréquence de leur pratique (on a considéré la pratique habituelle - voir la 1re colonne du tableau IIa). L'analyse de ces résultats est donnée au tableau IIb.

1. L'emprunt et la lecture sur place de livres et journaux

a) L'emprunt de livres

La plupart des inscrits empruntent des livres, et ce fréquemment, quand ils se rendent à la BM.

Une égale proportion des inscrits cherchent à cette occasion des livres particuliers dont ils ont entendu parler ou qu'on leur a conseillé de lire (56 % fréquemment) et découvrent seuls des livres dont ils n'avaient pas connaissance (53 %).

Comme l'emprunt de livres, ces deux manières de les choisir sont pratiquées au moins de façon occasionnelle par la plupart des inscrits.

A l'analyse des résultats, on observe que...

*les femmes, les jeunes, les cadres supérieurs, cadres moyens et employés, les Parisiens et les inscrits qui fréquentent la BM de façon irrégulière ou occasionnelle ont plus fréquemment tendance à choisir des livres dont ils ont entendu parler, tandis que...

* les hommes, les retraités et les inscrits qui vont à la BM au moins une fois par semaine ont plutôt tendance à y découvrir seuls des livres dont ils n'ont jamais entendu parler,

* dans les autres groupes, les deux façons de choisir les livres sont à peu près également fréquentes.

Les livres empruntés sont fréquemment lus par d'autres personnes du foyer ou de l'entourage des inscrits : 69 % de ces derniers déclarent que cela arrive : 46 % très ou assez souvent.

Cette pratique est plus fréquente...

* chez les inscrits âgés de 15 à 19 ans et chez ceux de 35 à 49 ans, c'est-à-dire dans les familles comptant plusieurs lecteurs, parents ou enfants ;

* chez les inscrits ayant poursuivi des études au-delà du primaire ;

* dans les ménages de cadres supérieurs, professions libérales et, à l'opposé de l'échelle socio-professionnelle, dans les ménages ouvriers.

b) L'emprunt des revues et magazines est assez peu répandu et il est le plus souvent occasionnel (22 % des inscrits en empruntent, dont 14 % « parfois »)

Il est un peu moins rare chez les inscrits âgés de 25 à 34 ans, chez ceux qui ont poursuivi des études, chez les cadres supérieurs, dans l'agglomération parisienne et parmi les inscrits qui fréquentent régulièrement une BM.

c) La lecture sur place de journaux et revues d'actualité n'est pas rare, en revanche, parmi les inscrits (42 %), même si, dans la majorité des cas, elle n'est pas habituelle (25 % en lisent « parfois »)

Elle est plus fréquente chez les hommes, les jeunes, les élèves et étudiants, chez les inscrits appartenant aux catégories socio-culturelles les plus favorisées, dans l'agglomération parisienne, dans la clientèle fidèle des BM et dans les établissements occupant 1 000 à 2 000 m2 ou comptant 2 500 à 4 000 inscrits.

d) La lecture sur place de livres et revues disponibles à l'emprunt est, elle aussi, assez répandue quoique occasionnelle pour nombre des intéressés (39 %, dont 22 % « parfois »)

Comme la lecture de la presse, elle est plus fréquemment le fait des hommes, des jeunes, des élèves et étudiants, des individus les plus instruits, des inscrits de l'agglomération parisienne et, surtout, de la clientèle fidèle des BM (32 % de ceux qui y vont chaque semaine lisent à chaque fois ou souvent sur place des livres ou revues qu'ils pourraient emprunter).

Il est intéressant de noter que cette pratique est aussi sensiblement plus fréquente chez les ouvriers (28 % des inscrits de cette catégorie socio-professionnelle).

La lecture sur place croît enfin avec la taille de la BM fréquentée, et elle est plus pratiquée dans les établissements modernes.

e) La consultation sur place des ouvrages qu'on ne peut emprunter est pratiquée par les 2/3 des inscrits : par un tiers d'entre eux de façon régulière (31 %) et par l'autre tiers de façon occasionnelle (36 %)

Sa pratique croît avec le niveau socio-culturel et professionnel des inscrits, la taille de leur agglomération et le rythme de leur fréquentation. Elle varie en raison inverse de l'âge des inscrits ; rare chez les retraités, elle culmine chez les élèves et étudiants.

Une plus grande partie des inscrits consultent régulièrement des usuels dans les bibliothèques modernes.

2. L'utilisation des autres services offerts

Les autres services offerts par les BM sont utilisés par une proportion variable des inscrits. Certains de ces services n'existent d'ailleurs pas dans toutes les BM. C'est le cas des expositions et du service de prêt de disques ou de cassettes enregistrées.

a) La moitié environ des inscrits interrogés - 52 % - ont déclaré que leur BM organisait des expositions 5. 80 % des inscrits disposant de cette possibilité en regardent ; la moitié environ d'entre eux de façon régulière (43 %), les autres occasionnellement (37 %)

Les plus nombreux, proportionnellement, à s'intéresser aux expositions quand il y en a une sont les femmes, les inscrits appartenant aux catégories socio-professionnelles moyennes et aisées, et ceux qui ont poursuivi des études supérieures (l'intérêt porté aux expositions augmente avec le niveau d'études).

b) Un tiers des inscrits interrogés travaillent au moins occasionnellement à la BM (34 %). Cette pratique est, elle aussi, régulière pour près de la moitié des personnes concernées (16 %)

Ces inscrits qui travaillent régulièrement à la BM sont proportionnellement plus nombreux parmi les jeunes de 15 à 24 ans, les élèves et étudiants et, corrélativement, parmi les individus de niveau d'études supérieur ; parmi ceux qui résident dans les grandes agglomérations, notamment l'agglomération parisienne ; dans la clientèle la plus régulière des BM : celle qui s'y rend au moins une fois par semaine ; parmi les inscrits qui fréquentent une bibliothèque moderne, d'une superficie supérieure à 1 000 m2 ou comptant plus de 2 500 lecteurs. Enfin, si l'on considère le milieu social des inscrits, caractérisé par la catégorie socio-professionnelle du chef de ménage, on note que c'est d'une part dans les milieux de cadres supérieurs, professions libérales, industriels et gros commerçants, d'autre part dans les milieux ouvriers (c'est-à-dire, en fait parmi les élèves et étudiants appartenant à ces milieux), qu'on trouve la plus forte proportion d'inscrits travaillant régulièrement à la bibliothèque municipale.

c) Il arrive à 17 % des inscrits de conduire ou d'aller chercher un enfant à la section enfantine de la BM. Pour la majorité des intéressés, ce comportement est habituel : pour 10 %, c'est le cas chaque fois qu'ils vont à la BM ou « souvent »

Cette pratique est plus particulièrement féminine. Elle s'observe spécialement chez les inscrits âgés de 35 à 49 ans (parents d'enfants en âge de fréquenter la section enfantine), les milieux moyens et aisés et dans la clientèle fidèle des BM.

d) Parmi les inscrits qui disposent dans leur BM d'un service de prêt de disques ou cassettes 6, une assez faible minorité en etiipruntent : 27 % seulement d'entre eux

Quand il est utilisé, ce service l'est toutefois de façon assez régulière : la majorité de ceux qui empruntent des disques ou cassettes le font chaque fois qu'ils vont à la BM ou souvent : 20 %.

Cependant, les emprunteurs de disques et cassettes se caractérisent notamment par un rythme de fréquentation un peu moins élevé que la moyenne des inscrits. C'est parmi ceux qui vont à la BM une fois par mois ou de façon occasionnelle qu'on observe la plus forte proportion d'emprunteurs de disques chez qui cette pratique est habituelle.

Par ailleurs, les inscrits qui empruntent des disques et cassettes sont proportionnellement plus nombreux chez les inscrits âgés de 25 à 34 ans, parmi les cadres supérieurs et membres des professions libérales, et corrélativement parmi les inscrits ayant poursuivi des études supérieures. On sait que dans ces catégories de population, le taux d'équipement en matériel audio-visuel est supérieur à la moyenne.

3. Les relations sociales à la BM

La fréquentation des BM est l'occasion de contacts sociaux pour une large proportion des inscrits. Toutefois, ces échanges sont le plus.souvent occasionnels.

a) Il arrive à près de la moitié des inscrits de discuter avec des amis, connaissances ou d'autres personnes rencontrées par hasard à la bibliothèque : 47 %

Un quart des inscrits donnent, au moins à l'occasion, rendez-vous à la BM : 6 % de façon habituelle, 17 % parfois.

Ces relations sociales dans le cadre de la BM sont plus particulièrement le fait des lycéens et des habitués les plus assidus.

b) Enfin, 28 % des inscrits ont des conversations avec les bibliothécaires, à propos d'un livre ou d'autre chose ; 9 % des inscrits ont de tels échanges avec les bibliothécaires de façon régulière

Ces relations avec le personnel des BM sont plus fréquentes en province, dans les agglomérations de moins de 100 000 habitants, chez les inscrits âgés de 35 à 64 ans et chez ceux qui fréquentent les BM plus d'une fois par mois.

III. L'image des bibliothèques municipales

Les représentations du public relatives aux BM ont été étudiées de cinq points de vue :
* Statut, organisation et fonctionnement des BM : existe-t-il obligatoirement une bibliothèque municipale dans toute ville d'une certaine importance ou cela dépend-t-il de la volonté de la municipalité ? Qui finance les BM ? Qui décide du choix des livres ? Comment les BM fonctionnent-elles pour les lecteurs ? etc.
* Quelle image a-t-on du public qui les fréquente ?
* Quelle image a-t-on des bibliothécaires, particulièrement de leur rôle professionnel ?
* Quelle image a-t-on du rôle des BM ? de l'étendue du choix qu'elles offrent dans les genres de livres préférés ? Quel intérêt porte-t-on aux autres services qu'elles proposent ou pourraient proposer ?

A cet égard, quelles sont les attentes et quel est le niveau de satisfaction des inscrits ? Quelles seraient, à leurs yeux, les caractéristiques de la bibliothèque municipale idéale ?

* Enfin, du point de vue des non inscrits, quelle est la hiérarchie des freins qui font obstacle à leur fréquentation d'une BM et des mobiles qui pourraient les amener à s'y inscrire.

Il convient ici de rappeler que 83 % des non inscrits n'ont pas d'expérience personnelle des BM (17 % seulement d'entre eux ont été inscrits dans le passé). La représentation qu'ils en ont, est donc essentiellement fondée sur l'information et l'imaginaire.

A. Connaissance de leur statut

1. L'existence d'une BM passe pour obligatoire dans toute ville d'une certaine importance

Dans l'esprit de la majorité des inscrits, l'existence d'une bibliothèque municipale est obligatoire dans les communes d'une certaine importance. C'est la réponse de 50 % d'entre eux, tandis que 41 % seulement savent ou penchent à croire qu'elle dépend de la volonté de la municipalité ; 9 % ne peuvent se prononcer sur ce point.

Les non inscrits ont un sentiment différent en ce domaine puisque pour 67 % d'entre eux l'existence d'une BM est l'expression d'une volonté de la municipalité, tandis que 20 % la tiennent pour obligatoire ; 13 % d'entre eux ne peuvent se prononcer à cet égard.

Qu'il s'agisse des inscrits ou des non inscrits, ces résultats ne traduisent pas tant le niveau d'information des intéressés sur le statut des BM, que le sentiment des uns et des autres sur la nécessité des bibliothèques municipales. En effet, les plus fréquemment convaincus du caractère obligatoire des BM sont, chez les inscrits, les jeunes, les élèves et étudiants, les Parisiens, les lecteurs fidèles de ce genre d'établissement, et chez les non inscrits, les cadres supérieurs, les Parisiens, les « gros » lecteurs.

Ainsi, plus on est lecteur de livres et plus l'existence d'une BM dans la localité où l'on vit semble aller de soi.

2. Qui finance les BM ?

On sait pourtant assez bien, ou du moins l'on devine aisément, que les BM sont financées principalement par les communes : 77 % des inscrits et 72 % des non inscrits leur imputent cette charge.

Il est intéressant de constater ici qu'une très faible proportion des inscrits (2 %) et des non inscrits (8 %) imaginent que le financement des BM dépend principalement des lecteurs, alors que, comme on le verra plus loin, la gratuité totale du prêt des livres dans les BM ne paraît pas être la formule la plus fréquente ni la plus normale.

Ceci laisse bien entendre que la contribution financière exigée du lecteur a surtout une signification symbolique. On n'attend pas d'elle qu'elle couvre la plus grande part des frais de fonctionnement des BM mais qu'elle sanctionne le prix du service, la valeur qui s'y attache.

On n'observe pas de différence notable dans les représentations des différentes catégories d'inscrits et de non inscrits sur ce point.

3. Qui décide du choix des nouveaux livres ?

Bien que le financement des BM paraissent effectivement incomber aux communes, une minorité seulement des inscrits imaginent que le choix des nouveaux livres appartient à des responsables de la mairie : 10 %. La majorité des inscrits savent ou pensent que ce sont les bibliothécaires qui en décident : 67 %.

L'analyse fait apparaître des différences de degré, non de nature, dans les résultats de cette question.

Par ailleurs, la moitié des inscrits se déclarent prêts à consacrer une heure ou deux de temps en temps pour participer au choix des nouveaux livres à acheter pour leur BM : 51 %.

On rencontre plus fréquemment ces dispositions chez les jeunes inscrits (63 % des 15-19 ans), les élèves et étudiants (58 %), ceux qui ont poursuivi des études techniques ou commerciales (59 %), ceux qui appartiennent à des ménages de cadres supérieurs (58 %) ou, au contraire, à des ménages d'ouvriers (61 %), enfin dans la clientèle fidèle des B M (69 % de ceux qui s'y rendent chaque semaine).

4. Gratuité ou non du service de prêt des livres

La gratuité totale n'apparaît qu'à une minorité des inscrits et des non inscrits comme la formule la plus normale pour le prêt de livres dans les bibliothèques municipales. La majorité des personnes interrogées se prononcent en faveur d'un droit d'abonnement, à l'exclusion de tout paiement pour chaque livre emprunté.

Une minorité juge plus normal que les BM fassent payer une petite somme pour chaque livre emprunté, minorité plus importante chez les non inscrits que chez les inscrits.

L'image que les inscrits et les non inscrits ont de la situation actuelle en ce domaine est peu différente de ce qu'ils jugent le plus normal.

La formule du simple droit d'abonnement apparaît, dans toutes les catégories d'inscrits et de non inscrits, la plus normale et la plus couramment pratiquée.

B. L'image de leur public

1. Étendue

Le premier enseignement dégagé de la présente étude est relatif à la part des inscrits dans la population nationale : on a vu qu'elle est de 10 % dans la population étudiée, c'est-à-dire celle qui est âgée de plus de 15 ans et qui réside dans les agglomérations de plus de 5 000 habitants. Si l'on considère l'ensemble de la population nationale de cet âge, y compris celle des agglomérations plus petites et des communes rurales, cette proportion doit être un peu inférieure.

Or, la part des inscrits apparaît bien supérieure dans les représentations qu'en ont les inscrits et les non inscrits.

Cette surestimation témoigne, à l'évidence, d'une popularité des bibliothèques municipales, beaucoup plus grande dans les esprits que dans les faits. Elle est observée dans toutes les catégories de l'analyse des résultats. Elle est particulièrement marquée chez les jeunes, qu'ils soient inscrits (d'après eux, la part de la population fréquentant les BM s'élèverait, en moyenne, à 41 %) ou non inscrits (30 %).

2. Age et niveau socio-culturel

Les représentations relatives aux caractéristiques socio-démographiques du public des BM apparaissent assez justes en ce qui concerne l'âge et le niveau d'instruction, beaucoup moins en ce qui concerne le niveau de revenus.

En effet, 62 % des inscrits et 52 % des non inscrits estiment que les jeunes de moins de 25 ans représentent actuellement au moins la moitié du public des BM ; or on sait, par la présente étude, que les seuls 15-24 ans représentent déjà 37 % des inscrits.

Les adultes qui fréqiietitent les BM passent aux yeux des Français et surtout des inscrits pour sensiblement plus instruits que la moyenne : 47 % des inscrits et 35 % des non inscrits pensent que ce sont en majorité des gens qui ont poursuivi des études. On a vu que dans l'échantillon d'inscrits interrogés - qui comprend, il est vrai, le groupe d'âge des 15-1.9 ans - 13 % seulement n'ont pas poursuivi leurs études au-delà du primaire, tandis que 65 % ont fréquenté un établissement d'enseignement secondaire ou supérieur.

Cette représentation va de soi si l'on tient compte de la signification culturelle communément attachée à la lecture de livres. Plus curieuse, et révélatrice, apparaît l'idée que l'on a du niveau socio-économique de la clientèle des BM : sur ce point, bon nombre des personnes interrogées les voient à l'image de l'ensemble de la population, mais chez les autres, la tendance est de les croire plutôt moins aisés que plus aisés que la moyenne des Français.

Chez les non inscrits, cette représentation est plus fréquente parmi ceux de niveau d'études supérieur, les cadres et employés, dans l'agglomération parisienne et parmi ceux qui possèdent plus de 200 livres.

Chez les inscrits aussi, elle est sensiblement plus répandue dans l'agglomération parisienne.

Cette image de la clientèle des BM est révélatrice d'une attitude ambivalente à l'égard de l'institution : une certaine considération intellectuelle mêlée de condescendance économique, comme si les bibliothèques municipales étaient censées remplir une fonction d'assistance auprès d'un public plus favorisé culturellement que financièrement.

C. L'image des bibliothécaires

L'image des bibliothécaires de BM a été abordée dans l'enquête par sondage sous trois aspects, trois rôles professionnels particulièrement caractéristiques de leur activité et significatifs de la perception qu'en a le public : lire, enregistrer et classer les livres, accueillir et renseigner le public.

Les résultats obtenus attestent de l'importance de ces trois fonctions dans l'image que le public a de l'activité professionnelle des bibliothécaires.

Cette image est peu différente chez les inscrits et chez les non inscrits. C'est dire combien elle est stéréotypée. Les résultats présentés au tableau ci-dessus montrent que l'image du bibliothécaire rangeant, classant, enregistrant les livres est particulièrement familière à ceux qui fréquentent les BM, tandis que ceux qui ne les fréquentent pas sont un peu plus souvent que les inscrits portés à croire que les bibliothécaires passent une large partie de leurs temps à renseigner, conseiller les lecteurs et discuter avec eux. En fait, le public connaît mal les activités professionnelles des bibliothécaires, tout en ayant une idée assez précise de ce que devrait être leur rôle.

D. L'image des services offerts

1. Prêt de livres et lecture sur place : la vision des non inscrits

Il n'est pas évident pour tous les non inscrits que la principale fonction des BM soit de prêter des livres.

Les entretiens libres effectués au cours de la phase exploratoire avaient montré que ce service pouvait être l'objet d'un intérêt très inégal de la part des lecteurs - particulièrement, chez les non inscrits. Tandis que chez beaucoup, il semblait constituer pratiquement la seule raison d'être des BM, chez d'autres, le défaut d'attention manifesté à cet égard pouvait aller jusqu'à une absence totale dans les propos exprimés au cours de l'interview. Or, ignorer ou méconnaître la possibilité d'emprunter des livres à la bibliothèque municipale, c'est dans la plupart des cas n'avoir aucune raison, pas même théorique, de la fréquenter.

Les informations recueillies dans le cadre du sondage montrent que cette représentation qui ignore ou sous-estime le prêt de livres dans le rôle des BM existe avec une fréquence notable chez les non inscrits : si, pour 73 % d'entre eux, les BM sont « avant tout des lieux où l'on emprunte des livres pour les lire chez soi », 13 % estiment que ce sont « avant tout des lieux où on lit ou consulte des livres sur place » ; 14 % ne peuvent se prononcer à cet égard.

Dans certaines catégories de la population, cette image des BM se rencontre avec une fréquence moins négligeable encore : parmi les élèves et étudiants (35 %), les retraités (33 %), dans les petites et moyennes villes de province (32 %), chez les non lecteurs et non possesseurs de livres (35 %) et chez ceux qui en achètent le plus (34 %).

2. L'étendue du choix offert par les BM dans les genres de livres préférés

Après avoir été interrogés sur les deux genres de livres qu'ils préféraient, les inscrits et les non inscrits étaient invités à apprécier la quantité de livres de ces genres offerte au choix des lecteurs dans les BM. Il convient de souligner combien les inscrits et les non inscrits disposent à ce sujet d'informations différentes, les premiers étant en mesure, à chaque visite à la BM, d'apprécier le choix qui leur est offert, et les seconds devant nécessairement s'en remettre à une expérience passée ou indirecte et aux connotations qui peuvent s'attacher, dans leur esprit, à la notion du prêt de livres organisé en service public.

Dans l'ensemble, tous genres de livres confondus, les appréciations des inscrits et les représentations des non inscrits apparaissent assez largement favorables.

On notera qu'une large proportion des non inscrits n'ont pu se prononcer sur ce point (28 %). Si l'on exclut les « sans réponse » dans les deux populations, la répartition des appréciations est à peu près identique chez les inscrits et les non inscrits.

L'analyse des appréciations et représentations exprimées selon le genre de livres auquel elles s'appliquent conduit cependant à nuancer les jugements recueillis (voir tableau IIIa).

- L'appréciation des inscrits est largement favorable (plus de 70 % de réponses qualifiant le choix de satisfaisant) pour les principaux genres préférés, à l'exception de l'un d'eux : les « essais, œuvres de réflexion dans le domaine des sciences, de la philosophie, de la politique, etc. » qui ne recueille que 59 % de réponses favorables.

On notera que c'est l'un des deux genres qui sont l'objet d'une prédilection plus marquée de la part des inscrits (l'autre étant les romans - autres que policiers ou fantastiques - genre préféré par plus de la moitié des inscrits et dont 85 % des amateurs disent trouver un choix satisfaisant à la BM).

Par ailleurs, les inscrits qui apprécient particulièrement la lecture des ouvrages pratiques s'accordent, le plus souvent, à considérer qu'il y en a peu dans leur BM (27 % seulement disent « beaucoup » ou «assez»). Mais 5 % seulement des inscrits privilégient ce genre d'ouvrages, contre 23 % des non inscrits.

- Les représentations des non inscrits sont, pour la plupart des genres de livres, moins favorables que les appréciations des inscrits. Les non inscrits doutent particulièrement de pouvoir trouver dans les BM un choix satisfaisant...
*de livres techniques ou professionnels (27 % seulement de ceux qui préfèrent lire ce genre de livres),
* d'ouvrages pratiques tels que livres de cuisine, de couture, de jardinage, de bricolage, etc. (30 %),
* de bandes dessinées (36 %),
* de livres de science-fiction ou d'oeuvres de la littérature fantastique (33 %),
* d'autobiographies et mémoires de personnalités, vedettes... (46 %),
* d'essais (45 %),
* de romans policiers et d'espionnage (48 %).

A propos des ouvrages pratiques, on rappellera que c'est l'un des deux genres de livres que préfèrent plus particulièrement les non inscrits, l'autre étant les romans policiers.

- Trois genres de livres seulement passent aux yeux de leurs amateurs pour être suffisamment représentés dans les BM :
* les romans,
* les livres sur l'histoire,
* et, surtout, les œuvres des grands auteurs des siècles passés.

En dehors des domaines traditionnels de la littérature classique, historique et romanesque - qui représentent, il est vrai, une large part des préférences du public - l'image que les non inscrits ont du choix d'ouvrages offert par les BM se révèle finalement assez critique ; et là réside un frein important à l'inscription, comme on en aura plus loin confirmation.

3. L'intérêt porté par les inscrits aux autres services des BM

Une douzaine de services, autres que le prêt de livres et la lecture sur place et n'existant pas actuellement dans toutes les BM - certains n'existant même que dans très peu d'entre elles (consultation de documents audio-visuels, cours de langues et initiation à certaines techniques, bar ou salon où les lecteurs puissent se rencontrer, discuter, salon de jeux de société...) - ont été soumis à l'appréciation des inscrits. Ces derniers étaient interrogés sur l'intérêt qu'ils portent ou qu'ils pourraient porter à ces services.

On trouvera page 288 les résultats globaux obtenus à cette question et page 289, l'analyse des résultats mesurant l'intérêt porté à ces services.

La première remarque à faire sur ces résultats concerne l'information recueillie auprès des inscrits sur l'existence ou non dans leur BM de chacun des services étudiés ; cette information ne peut être tenue pour représentative ni objective. Pour certains services, les réponses affirmatives concernant leur existence recouvrent vraisemblablement une réalité assez différente d'un établissement à un autre.

Quoi qu'il en soit, ces résultats paraissent significatifs de l'intérêt éprouvé ou susceptible d'être éprouvé par les inscrits actuels pour des services et activités sortant plus ou moins du cadre traditionnel des BM.

La lecture des résultats globaux permet d'observer un intérêt très variable puisqu'il varie de 74 % à 27 %, du sommet au bas de la hiérarchie.

On peut classer, de ce point de vue, les services étudiés en trois niveaux :
* Ceux qui suscitent l'intérêt d'une large majorité du public des BM : ce sont les services de documentation et de renseignements dans tous les domaines (74 %), en particulier dans les domaines de l'histoire et de l'actualité locales et régionales (65 %).
* Ceux qui retiennent l'intérêt d'un peu plus de la moitié des inscrits : on y trouve des activités d'animation culturelle et artistique (expositions, réunions, conférences, débats, cours de langues et initiation à certaines techniques) et les services de prêt de disques ou cassettes et de documentation audiovisuelle.
* Enfin, des services qui intéressent moins de la moitié des lecteurs inscrits : ce sont les services de bar, salon de jeux de société...

La hiérarchie des services apparaît peu différente si l'on compare ceux qui existent et auxquels les inscrits s'intéressent, et ceux qui n'existent pas et auxquels ils s'intéresseraient.

L'analyse socio-démographique des réponses montre que l'intérêt pour ces services varie selon le sexe, l'âge, la catégorie socio-professionnelle des lecteurs, la taille de leur agglomération, le rythme de leur fréquentation de la BM.
* Les femmes manifestent un intérêt plus fréquent pour les expositions, les réunions, conférences, débats, les cours de langues, les activités enfantines ;
* Les jeunes et les élèves et étudiants s'intéressent davantage à la plupart des services, particulièrement au service de documentation et de renseignement dans tous les domaines, aux activités d'animation, à l'audiovisuel et aux aménagements qui amélioreraient l'accueil et le confort des BM (bar, salon de jeux...) ;
* Les cadres et employés montrent, eux aussi, de façon générale, plus d'intérêt pour la plupart de ces services que les ouvriers et retraités ;
* Les seuls services auxquels les ouvriers s'intéressent sensiblement plus que la moyenne sont relatifs à l'accueil du public : bar, salon, salon de jeux ;
* La clientèle régulière des BM montre aussi plus d'intérêt pour les services de documentation, les activités d'animation, les services d'accueil.

En raison de l'intérêt de la grande majorité des inscrits pour les services de documentation et de renseignements, et de la prédilection des non inscrits pour des ouvrages pratiques, il est vraisemblable qu'une promotion de l'information pratique dans les activités des BM - et dans la connaissance que l'on en a à l'extérieur - répondrait aux attentes du public et servirait leur image.

Par ailleurs, il semble qu'il faille attacher une certaine attention à l'intérêt montré par les jeunes, les élèves et étudiants et aussi les ouvriers pour un bar ou salon où les lecteurs puissent se rencontrer et discuter et pour un salon de jeux de société. Ces deux services paraissent en effet de nature à donner une image plus accessible et moins studieuse des bibliothèques municipales.

4. Le rôle des BM dans les études des enfants et la formation professionnelle des adultes

Les inscrits s'accordent presque unanimement à considérer que les BM ont un rôle à jouer dans les études des enfants : 95 % d'entre eux.

Par ailleurs, la grande majorité d'entre eux estiment qu'elles ont un rôle à jouer dans la formation professionnelle des adultes : 77 %. Rappelons à ce propos que ceux des inscrits qui citent parmi leurs deux genres de livres préférés les livres techniques et professionnels (ils sont 7 %) estiment assez souvent que le choix offert par leur BM dans cette catégorie d'ouvrages est peu (34 %) ou pas du tout satisfaisant (4 % ).

Ces deux traits de l'image des BM auprès des inscrits sont en accord avec les représentations les plus fréquentes concernant le public des BM et avec l'intérêt montré pour les services de documentation et d'animation socio-éducative et culturelle.

Il faut se garder d'en conclure que les inscrits désirent que les BM soient avant tout des lieux d'études et de formation. Les résultats qui vont suivre, concernant la bibliothèque idéale, témoignent du contraire.

E. Le niveau de satisfaction des inscrits et leur image de la BM idéale

1. Le niveau de satisfaction

Les BM donnent satisfaction aux inscrits ; pas de façon égale cependant, aux différents égards.

En ce qui concerne la distance, l'attitude des bibliothécaires et la décoration, le confort, le niveau de satisfaction est relativement élevé et il varie peu d'une catégorie à l'autre.

A propos de la distance, on observe par ailleurs que le temps nécessaire pour aller à pied à la BM est en moyenne de 28 minutes (il s'agit d'une estimation théorique qui était demandée aux inscrits quel que soit le moyen employé par eux pour se rendre à la B M ) ; 28 minutes, soit environ 1,5 à 2 km.

Pour le nombre de livres récemment parus qu'on peut y trouver, la satisfaction des inscrits est sensiblement inoins fréquente et moins vive : 56 % seulement s'en déclarent satisfaits, dont la majorité « plutôt ».

Les appréciations à cet égard sont plus fréquemment critiques chez les jeunes de 20-24 ans (50 %) et les personnes âgées (40 %), chez les personnes ayant fait des études techniques ou commerciales (40 %), chez les cadres moyens (40 %), chez les lecteurs inscrits dans de petites bibliothèques (42 % de ceux dont la BM compte moins de 1 500 inscrits et 38 % de ceux dont la BM occupe moins de 500 m2).

Par ailleurs, les inscrits se déclarent en grande majorité satisfaits des horaires de leurs bibliothèques: à 81 % d'entre eux, les jours et heures d'ouverture actuels de leur BM conviennent tout à fait.

Parmi les 19 % auxquels ils ne conviennent pas, plus de la moitié souhaiteraient qu'elle soit ouverte plus tard le soir (8 %) ou toute la journée (4 %).

Les inscrits auxquels les horaires actuels ne donnent pas satisfaction sont en effet un peu plus nombreux parmi les actifs (26 %), particulièrement chez les cadres supérieurs et membres des professions libérales (32 %, parmi lesquels plus de la moitié - 17 % - préfèreraient une fermeture plus tardive le soir).

2. La BM idéale

Plusieurs images de la bibliothèque municipale idéale coexistent chez les inscrits.

Quatre aspects des BM étaient étudiés à ce propos : la quantité de livres offerts, la taille des locaux, leur aménagement, l'ambiance. Sur un seul de ces points, l'image de la BM idéale fait l'objet d'un large consensus ; il s'agit de l'ambiance: la grande majorité des inscrits la souhaitent « très calme, silencieuse » (76 %), tandis que 21 % préfèreraient trouver à la BM « une certaine animation, avec éventuellement de la musique d'ambiance ».

Les autres aspects sont l'objet de préférences plus diversifiées et moins affirmées, comme on peut le constater au tableau page 291.

De plus, ces préférences varient assez fortement selon les caractéristiques des inscrits, au point que l'image de la BM idéale apparaît assez différente d'une catégorie socio-démographique à une autre.

Certaines préférences concernant la quantité de livres offerts, la taille des locaux et le type des aménagements intérieurs semblent corrélées. Les variations observées au niveau de ces préférences permettent, semble-t-il, de distinguer plusieurs images-types de la BM idéale : (voir tableau IIId).

- La BM-lieu de travail, offrant un très grand nombre de livres en tous genres, vaste, aménagée comme un lieu d'études. Elle a plus fréquemment la préférence...
* des hommes,
* des inscrits de niveau d'études supérieur,
* des cadres supérieurs et membres des professions libérales,
* des élèves et étudiants.

- La BM-lieu de détente. Elle ne possède pas un très grand nombre de livres mais, plus simplement, un nombre suffisant dans les différents genres, et elle est aménagée pour l'agrément et le confort du visiteur.

Certains la préfèreraient vaste avec de grandes et nombreuses salles, d'autres pas très grande au contraire.

Ce type de BM correspond plus particulièrement aux préférences...
* des jeunes,
* des femmes,
* et des ouvriers.

Les jeunes la voudraient vaste (un tiers des 15-19 ans préfèreraient aussi y trouver une ambiance animée), tandis que les femmes et les inscrits des milieux ouvriers la préfèreraient de taille limitée.

- La BM-comptoir de prêt. Elle offre un choix suffisant de livres dans les différents genres ; elle n'est pas très grande et elle est aménagée plutôt comme une librairie, avec de nombreux rayonnages, beaucoup d'espace pour circuler, etc.

Elle correspond plus particulièrement aux attentes
* des plus de 50 ans,
* des retraités,
* des inscrits de niveau d'études primaire... catégories d'inscrits qui, on le sait, passent relativement moins de temps à la BM.

L'analyse socio-démographique des réponses permet encore de constater des variations intéressantes en fonction de l'ancienneté de la BM fréquentée et de sa superficie :
* la clientèle des établissements anciens montre une préférence plus marquée pour une BM de type universitaire, vaste, possédant un fonds important mais cependant aménagée plutôt pour la diffusion et le prêt de livres, que pour le travail et la lecture sur place ; plutôt comme une librairie que comme un lieu d'études.
* La clientèle des BM modernes tendrait à préférer, au contraire, une bibliothèque de détente.
* Les inscrits fréquentant des établissements d'une superficie inférieure à 500 m2 se représentent la BM idéale plus souvent comme pas très grande et aménagée comme une librairie, tandis que ceux qui sont inscrits dans une bibliothèque de plus de 2 000 m2 montrent une préférence assez nette pour une BM de vastes dimensions.

Au total, les représentations de la BM idéale semblent plus fréquemment inspirées de la réalité actuelle des établissements fréquentés qu'en opposition avec elle.

F. Attitudes des non inscrits à l'égard de la fréquentation

1. Les velléités d'inscription à une BM

25 % des non inscrits déclarent avoir eu envie de s'inscrire à une bibliothèque municipale au cours de ces dernières années.

Ces dispositions d'esprit se rencontrent avec une fréquence très variable d'une catégorie à l'autre. Elles sont sensiblement plus fréquentes...
* dans la population féminine (30 %) ;
* chez les moins de 35 ans (37 % des 15-24 ans, 31 % des 25-34 ans) ;
* chez les individus ayant poursuivi des études secondaires (34 %) ou supérieures (43 %) ;
* chez les élèves et étudiants (42 % ) ;
* chez les cadres supérieurs (31 %) et moyens (29 %) ;
* dans l'agglomération parisienne (32 %) ;
* chez les non inscrits qui lisent « beaucoup » (43 %) possèdent plus de 200 livres (35 %) ou en achètent au moins 20 par an (42 % ) ;
* enfin, chez 46 % des anciens inscrits.

Une large clientèle potentielle existe donc, pour les BM, dans les catégories socio-démographiques où se recrutent déjà le plus grand nombre de leurs adhérents actuels, et dans leur ancienne clientèle.

Dans l'analyse des attitudes à l'égard de la fréquentation des BM qui va suivre, on attachera une particulière attention aux réponses recueillies auprès des anciens inscrits et des interviewés ayant eu envie ces dernières années de s'inscrire à une BM.

2. Connaissance de la BM locale

La grande majorité des non inscrits connaissent l'existence d'une, voire de plusieurs bibliothèques municipales dans leur arrondissement, dans leur ville ou aux environs : 77 % (59 % une, 18 % plusieurs).

Le plus souvent, ils déclarent savoir où elle se trouve : 64 %.

Une minorité seulement de ceux qui connaissent l'existence d'une BM dans les environs de leur lieu de résidence et qui peuvent la situer y sont déjà entrés, soit qu'ils y aient été inscrits (9 % de l'ensemble des non inscrits), soit pour y être allés en d'autres circonstances (15 %).

La BM locale est donc relativement connue, mais insuffisamment si l'on considère qu'un tiers environ des non inscrits ne savent pas où se trouve celle qu'ils pourraient fréquenter :
* 16 % ne savent pas même s'il en existe une ;
* 7 % croient - peut-être à tort - qu'il n'en existe pas dans leur arrondissement, leur ville ou les environs ;
* 13 % enfin, croient savoir qu'il en existe une, mais ne savent pas où.

Enfin, dans une assez large proportion des cas, les non inscrits qui connaissent l'existence d'une BM dans leur ville ou aux environs connaissent aussi des personnes qui la fréquentent : 33 % de l'ensemble des non inscrits.

Il s'agit de parents habitant sous leur toit (9 % - proportion peu différente de la part que représentent les inscrits dans l'ensemble de la population), de parents n'habitant pas avec eux (5 %), de voisins (7 %) ou, le plus souvent, d'amis (18 %).

La proportion de non inscrits connaissant dans leur entourage des personnes inscrites à la BM locale est sensiblement plus élevée chez les jeunes de 15-24 ans (41 % d'entre eux - il s'agit le plus souvent d'amis : 31 %) et chez les 35-49 ans (38 % et il s'agit pour eux, aussi fréquemment de leurs enfants, qui vivent avec eux, que d'amis ou de voisins).

Les non inscrits ayant fréquenté une BM dans le passé et ceux qui seraient disposés à en fréquenter une ignorent plus rarement encore l'existence d'une BM dans leur ville ou aux environs, et ils savent généralement où elle se trouve.

Une plus large proportion aussi d'entre eux ont des amis qui la fréquentent.

3. L'ambiance des BM telle qu'on l'imagine

Les non inscrits imaginent rarement qu'il y ait beaucoup de formalités pour s'inscrire à une bibliothèque municipale : 4 %, tandis que 78 % disent « peu de formalités » et que 18 % ne se prononcent pas.

La majorité des non inscrits imaginent les BM comme « des endroits où l'on se sent à l'aise » (55 %), plutôt que comme « des endroits très réglementés où il faut respecter tout un ensemble de règles et d'usages » (28 %). Cependant, la minorité qui partage cette deuxième représentation des BM ne doit pas être négligée ; d'abord parce qu'elle est relativement importante ; ensuite parce qu'elle est plus grande encore dans les catégories de population où la relation aux livres est la plus familière :
* les 15-24 ans (41 % d'entre eux). Elle décroît en raison inverse de l'âge, mais on la rencontre encore chez 32 % des 25-34 ans ;
*• les personnes de niveau d'études supérieur (36 %) ;
* les élèves et étudiants, chez qui elle culmine (48 %) ;
* les cadres (31 %) et employés (34 %) ;
* dans l'agglomération parisienne (33 %), alors qu'elle est de moitié moins fréquente dans les petites villes de province (16 %).

On notera que la perception des BM comme des lieux réglementés et formalistes est confirmée par 32 % des anciens inscrits et qu'elle existe chez 25 % de ceux qui ont eu envie, ces dernières années, de s'inscrire à une BM. Elle constitue un des multiples freins à la fréquentation des bibliothèques municipales. Dans la mesure où il est perçu comme contraignant, l'univers des BM est antinomique avec les images de liberté et d'évasion qui s'attachent à la lecture de livres.

4. Les freins à la fréquentation

« Beaucoup de raisons peuvent expliquer qu'on n'ait pas envie de fréquenter une bibliothèque municipale. Je vais vous en lire une liste et, pour chacune d'elles, vous me direz si c'est plutôt votre cas ou pas tellement votre cas ».

C'est en ces termes qu'on a mesuré, à la fin des entretiens, la fréquence de différents facteurs apparus au cours de la phase exploratoire comme de nature à freiner la fréquentation des BM. On les trouvera page 295 ordonnés suivant leur fréquence dans l'ensemble de la population des non inscrits, avec une analyse selon deux critères d'expérience essentiels : l'inscription ou non à une BM dans le passé, la velléité d'inscription à une BM éprouvée ou non ces dernières années par la personne interrogée.

Les principaux freins à la fréquentation des BM résident dans les habitudes de lecture des non inscrits et dans leurs attitudes à l'égard de la lecture et de la possession de livres.

La fonction essentielle des BM étant de prêter des livres, on n'éprouve pas le besoin de les fréquenter si on lit peu ; a fortiori si on n'a pas le goût de la lecture :
* « on lit trop peu pour que ça en vaille la peine » est une justification retenue par 51 % des non inscrits ;
* et « on n'aime pas tellement lire » par 33 % d'entre eux.

On n'est guère tenté non plus de s'y inscrire si l'on aime posséder et collectionner les livres ; 50 % des non inscrits endossent l'argument selon lequel :
* « on n'a pas envie de fréquenter une BM parce qu'on préfère acheter et lire ses livres à soi ».

En d'autres termes, les trois principales raisons invoquées par les non inscrits pour justifier le fait qu'ils ne fréquentent pas de BM sont fondées sur l'image la plus traditionnelle de celles-ci : elles existent pour prêter des livres, et surtout pour en prêter à ceux qui en lisent plus qu'ils n'en peuvent acheter (rappelons qu'on tend à se représenter le public des BM comme plus favorisé culturellement que financièrement).

Qui estime lire trop peu de livres pour en emprunter ? Plus particulièrement les individus n'ayant pas poursuivi leurs études au-delà du primaire, les ouvriers, les artisans et petits commerçants (voir l'analyse des résultats tableau IIIf).

Qui n'aime pas tellement lire ? Les mêmes, et aussi une large part des retraités et, corrélativement, des plus de 50 ans.

Qui, au contraire, préfère acheter et lire ses livres à soi ? Une large majorité des personnes ayant poursuivi des études supérieures, des cadres supérieurs, professions libérales et, naturellement, des « gros lecteurs, « gros » acheteurs, « gros » possesseurs de livres.

Lire peu de livres permet de les acheter et de se contenter de ses achats. Acheter les livres qu'on désire lire développe le goût de posséder sa bibliothèque personnelle. Ainsi les quelques dizaines ou centaines de livres qui appartiendront en propre au non inscrit auront pour lui plus d'attrait que les dizaines de milliers de volumes mis à sa disposition par la bibliothèque municipale. Le principal frein à la fréquentation des BM réside sans doute dans le fait que les non inscrits ne se sentent en aucune manière propriétaires des livres qui les attendent à la BM.

Les autres freins mettent plus directement en cause la connaissance et l'image que l'on a des BM.
* On penche à croire que « les BM ne sont ouvertes qu'à certains moments, qui ne conviennent pas toujours » (27 %).

Ce sentiment est plus fréquent chez les jeunes, les élèves et étudiants, les cadres moyens et employés, les habitants de l'agglomération parisienne et bon nombre des « gros » lecteurs (38 % des non inscrits ayant déclaré avoir lu beaucoup de livres ces dernières années).
* On estime que « la BM est trop éloignée » (17 %). Cette justification est plus fréquemment invoquée par ceux qui aimeraient s'inscrire à une BM (26 %), et aussi par les femmes (22 %), en particulier les inactives (26 %).
* Cet éloignement est renforcé par le fait que « on n'a pas de parents ou amis qui y soient inscrits » (10 %), sentiment qui freine d'autant plus la fréquentation que le niveau d'études des intéressés est moins élevé.
* « On n'est pas sûr d'y trouver des livres qu'on aime » (21 %). Ce sentiment est plus répandu chez les jeunes, les élèves et étudiants, les cadres supérieurs, les individus les plus instruits, les Parisiens, toutes catégories de lecteurs les plus sensibles à l'actualité du livre, aux nouveautés. Pour nombre de lecteurs, donc, l'image de la BM est totalement dépourvue de l'attrait des nouveaux livres.
* L'ambiance des BM est mise en cause en termes divers par une minorité non négligeable du public : « on n'aime pas l'accueil et l'ambiance qu'on y trouve » (7 %), « Il y a trop de formalités et de règlements à respecter » (9 %), et puis « il y a trop de livres dans les bibliothèques, c'en est impressionnant et ennuyeux » (8 %).

L'accueil et l'ambiance sont critiqués un peu plus souvent par les cadres supérieurs, les personnes ayant poursuivi des études supérieures et les « gros » lecteurs ; les formalités et les règlements à respecter sont contestés surtout par les élèves et étudiants.

La quantité de livres offerts par les BM décourage plus particulièrement ceux qui n'en possèdent pas ou guère.

Enfin, « en dehors des livres à lire et à emprunter, on n'y trouve guère d'autres possibilités de loisirs » (13 %).

Perçue comme un lieu spécialisé, consacré, la BM paraît chargée des significations négatives ou pour le moins ambivalentes attachées aux livres et à la lecture.

Les jeunes, les élèves et étudiants, les Parisiens sont proportionnellement les plus nombreux à dénoncer cette image des BM.

5. Les conditions d'une fréquentation éventuelle

La dernière question posée aux non inscrits permet enfin de hiérarchiser les différentes catégories de freins qui pèsent sur la fréquentation des BM par l'intérêt que susciterait la levée de chacun de ces obstacles.

Une condition primordiale de l'inscription à une BM serait d'être assuré d'y trouver tous les genres de livres et de revues que l'on aimerait lire.

Presque aussi fréquemment, l'on déclare que l'on pourrait être intéressé par la fréquentation d'une BM si l'on pouvait y trouver de la documentation et des renseignements dans le domaine professionnel, de la maison, des loisirs, etc.

La première condition, qui découle du rôle traditionnel des BM, et la seconde, qui traduit la potentialité de nouvelles attentes à leur égard, se rencontrent plus fréquemment chez les non inscrits ayant poursuivi des études supérieures, les cadres supérieurs et moyens, les élèves et étudiants ; mais la première apparaît plus particulièrement comme une exigence des « gros » lecteurs et des non inscrits de l'agglomération parisienne, tandis que la seconde constituerait plus fréquemment un mobile éventuel de fréquentation pour les non inscrits ayant fait des études techniques ou commerciales, les petits commerçants et artisans, les actifs d'une façon plus générale, les hommes, les habitants des petites villes, toutes catégories qui, on le sait, sont plus ou moins sous-représentées dans la clientèle actuelle des BM.

Une troisième condition de la fréquentation des BM serait qu'elles se présentent comme des lieux de détente et de communication sociale et non plus comme des lieux publics voués à la seule lecture - loisir qu'on ne goûte vraiment que chez soi -ni comme des centres d'assistance à la lecture, impersonnels et froids, dont la fréquentation semble obéir plus à la nécessité qu'au plaisir.

Les retraités, les élèves et étudiants et les non inscrits de l'agglomération parisienne se montrent les plus intéressés par l'éventualité que les BM soient « des endroits accueillants, où l'on. puisse se détendre, rencontrer des amis, prendre un verre, discuter, jouer aux cartes, etc. ».

Les femmes, les personnes âgées de 25 à 34 ans, les non inscrits des milieux ouvriers et, de nouveau, ceux de l'agglomération parisienne, manifestent un intérêt plus fréquent pour la possibilité que les BM offrent des activités de loisirs pour les enfants.

Les jeunes de 15-24 ans et corrélativement les élèves et étudiants seraient les plus intéressés de trouver dans les BM « d'autres activités de loisirs et pas seulement de la lecture ».

On constate que les anciens inscrits seraient, eux aussi, particulièrement disposés, dans ces conditions, à renouer avec la fréquentation des BM et que les non inscrits ayant eu envie de s'inscrire ces dernières années se montrent, quant à eux, spécialement intéressés par la possibilité de trouver à la BM tous les genres de livres et de revues qu'ils aimeraient lire et aussi la documentation et des informations dans tous les domaines.

IV. Bibliothèques modernes et anciennes

L'analyse systématique des réponses selon l'ancienneté de l'établissement fréquenté permet enfin de dégager les éléments nouveaux qui se font jour dans la clientèle des BM modernes, celles qui ont été construites ou réaménagées après 1967.

Comparée à celle des BM anciennes, la clientèle des BM modernes se révèle (voir tableau IVa).

* Plus jeune.

* Un peu plus masculine et active.

* Corrélativement à son âge, elle est un peu plus instruite.

* Elle appartient cependant un peu plus souvent aux milieux socio-culturels modestes.

* Elle regarde un peu moins la télévision.

* Elle dispose plus fréquemment d'appareils de projection, de disques et de cassettes de musique enregistrée.

* Elle lit un peu plus fréquemment la presse quotidienne.

* Elle possède et achète plus souvent des livres.

* Elle affectionne moins les romans policiers ou d'espionnage et la littérature classique ; en revanche, elle porte plus d'intérêt aux mémoires de vedettes ou autres personnalités, et aux essais.

* Elle fréquente la BM au même rythme que la clientèle des établissements anciens mais sa pratique apparaît à la fois plus sociale et plus assidue : les inscrits des BM modernes s'y rendent plus fréquemment en compagnie d'autres personnes, une plus grande proportion d'entre eux vont spécialement à la BM, ils y font des visites plus longues et s'adonnent à des occupations plus nombreuses et variées.

* Ils savent plus fréquemment que la charge des BM incombe aux communes et se prononcent plus souvent en faveur d'un droit d'inscription annuel.

* Ils apprécient plus souvent l'attitude des bibliothécaires et tout particulièrement la décoration et le confort des aménagements intérieurs de leur BM.

* Ils sont enfin plutôt partisans d'une BM de taille limitée, offrant un nombre simplement suffisant de livres dans les différents genres. La durée prolongée de leurs visites à la BM les amène à préférer plus souvent qu'elle soit aménagée comme un lieu de détente ou d'études plutôt que comme une librairie.

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Enquête auprès des inscrits : répartition géographique des BM dans lesquelles a été effectué le tirage au sort

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Ia - La part des inscrits à une BM au sein des différentes catégories de la population étudiée (1/2)

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Ia - La part des inscrits à une BM au sein des différentes catégories de la population étudiée (2/2)

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Ib - Lecture de la presse et des livres dans l'ensemble de la population étudiée. Analyse socio-démographiques

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Ic - Caractéristiques socio-démographiques des inscrits et des non inscrits (1/2)

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Ic - Caractéristiques socio-démographiques des inscrits et des non inscrits (2/2)

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Id - Caractéristiques culturelles des inscrits et des non inscrits (1/2)

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Id - Caractéristiques culturelles des inscrits et des non inscrits (2/2)

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L'âge de la première inscription

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L'ancienneté de la fréquentation de la BM actuelle

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L'expérience des anciens inscrits

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IIa - Utilisation des services offerts et autres habitudes de fréquentation des BM

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IIb - Les activités pratiquées de façon habituelle à la BM. Analyse des résultats

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Gratuité ou non du service de prêt des livres

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L'image de leur public (1/2)

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L'image de leur public (2/2)

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L'image des bibliothécaires

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L'image des services offerts

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IIIa - L'étendue du choix offert par les BM dans les genres de livres préférés

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IIIb - Intérêt porté aux services non traditionnels

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IIIc - Intérêt porté aux services non traditionnels. Analyse des résultats

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Le niveau de satisfaction

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Image de la bibliothèque idéale, celle que les inscrits aimeraient fréquenter

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IIId - La BM idéale. Analyse des résultats

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Connaissance de la BM locale

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IIIe - Les freins à la fréquentation des BM (1/2)

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IIIe - Les freins à la fréquentation des BM (2/2)

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« Parmi les choses suivantes, qu'est-ce qui pourrait le plus vous donner envie de fréquenter une bibliothèque municipale (en suppossant bien sûr qu'il y en ait une proche de chez vous ou dans les environs) ? »

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IVa - La clientèle des BM modernes et celle des BM anciennes. Analyse comparative de leurs caractéristiques, de leurs habitudes de fréquentation et de leur image des BM (1/2)

Illustration
IVa - La clientèle des BM modernes et celle des BM anciennes. Analyse comparative de leurs caractéristiques, de leurs habitudes de fréquentation et de leur image des BM (2/2)

  1. (retour)↑  La Société ARC me (Analyse, recherche et conseil en marketing et communication) a notamment effectué en 1973, pour le Ministère de la Culture, une enquête sur les pratiques culturelles des Français.
  2. (retour)↑  On usera couramment dans la suite du rapport de l'abréviation BM pour dire bibliothèque municipale.
  3. (retour)↑  Des informations au moins approximatives avaient été obtenues sur ce point lors du tirage au sort auprès des établissements concernés ; elles ont été recoupées et précisées par des informations complémentaires fournies par la Direction du Livre au Ministère de la Culture et de la Communication et le Service des Bibliothèques de la Mairie de Paris.
  4. (retour)↑  Ainsi, dans l'échantillon grand public, les cadres supérieurs et membres des professions libérales présentent un taux d'inscription inférieur à la moyenne nationale alors que dans l'échantillon regroupant l'ensemble des inscrits interrogés ils apparaissent, proportionnellement, plus de deux fois plus nombreux que dans l'ensemble de la population étudiée. Mais l'on notera que le taux d'inscription observé pour les cadres supérieurs n'a qu'une valeur indicative étant donné le faible effectif de ceux-ci dans l'échantillon grand public (ils ne représentent que 4 % de l'ensemble).
  5. (retour)↑  40 % ont déclaré qu'il existait dans leur BM des expositions d'œuvres d'art, 34 % des expositions consacrées à des écrivains et à l'histoire. Au total, 52 % ont déclaré l'existence de l'un ou l'autre type d'exposition dans leur BM. On y reviendra au chapitre suivant.
  6. (retour)↑  34 % des inscrits interrogés ont déclaré qu'il existait un service de prêt de disques ou de cassettes dans leur BM.