Le siècle des lumières en province

académies et académiciens provinciaux : 1680-1789

par Louis Desgraves

Daniel Roche

Paris ; La Haye : Mouton, 1978. - 2 vol., 394-520 p. : ill. ; 24 cm. - (Civilisations et sociétés ; 62.)

Dès la seconde moitié du dix-septième siècle, puis autour des années 1715, des Académies se sont créées dans des villes de provinces d'importance très variable. Ces premières académies poursuivaient à l'origine, des buts beaucoup plus scientifiques que littéraires et tendaient à répéter en province le modèle de l'Académie des sciences de Paris : ainsi, dès son élection à l'Académie de Bordeaux, en 1716, Montesquieu consacra plusieurs communications à des sujets d'ordre scientifique. Entre 1720 et 1760, on assiste à la création d'Académies du pré-encyclopédisme, tandis que la nature des préoccupations des premières académies évolue vers les sujets philosophiques et pratiques, sous l'influence des philosophes et des physiocrates. A partir de 1760, les créations deviennent plus rares, mais les sociétés littéraires et les chambres de lecture se multiplient jusqu'à la Révolution de 1789.

De nombreuses études de valeur ont été consacrées à la vie de ces Académies provinciales, mais il nous manquait jusqu'à maintenant la synthèse permettant de mettre en lumière le rôle des Académies et l'influence qu'elles ont exercée sur l'esprit public. On doit donc remercier M. Daniel Roche d'avoir entrepris et mené à bien cette synthèse, avec une méthode sûre et une érudition jamais en défaut.

Le tome I, consacré à l'étude proprement dite des Académies de province, est divisé en deux parties. La première, intitulée le mouvement académique, relate d'abord la fondation de ces sociétés, puis s'attache à décrire le rôle des académies dans la cité pour tenter ensuite de définir ce que fut l'académisme au siècle des philosophes en examinant trois thèmes : académies et pouvoir, académies et lumières, l'homme académique. Sous le titre de Société et Culture, la seconde partie analyse ce que fut la société académique, avec ses diversités et ses évolutions et évalue leurs mérites et leurs services. Puis l'auteur étudie les problèmes posés par les institutions de la « république des lettres » pour aborder enfin la culture académique dans ses deux expressions essentielles, les concours et les séances.

Ce bref rappel des principales têtes de chapitre ne donne qu'une idée très imparfaite de la richesse de cette étude et de la pensée très nuancée de l'auteur toujours appuyée sur une abondante documentation. En effet, le second volume met à la disposition des chercheurs une annotation particulièrement riche (p. 7-164), suivie d'une bibliognaphie méthodique (p. 165-345) répartie en deux chapitres : bibliographie générale et Sources de bibliographie provinciale classées par ville en cinq sections : 1 - Sources manuscrites. 2 - Sources imprimées (biographies, armoriaux, nobiliaires, bibliographies, recueils et textes). 3 -Travaux concernant les académies et les académiciens et permettant leur identification. 4 - Travaux concernant l'histoire culturelle des provinces. 5 - Travaux concernant l'histoire économique sociale et politique des villes académiques.

Ces textes sont éclairés par 47 tableaux, 24 graphiques et 61 cartes.

Par la solidité de sa documentation, la sûreté de sa méthode et la clarté de son exposition, M. Daniel Roche a réalisé une synthèse remarquable sur la vie intellectuelle en province au siècle des lumières.