Bibliothèques du personnel de la Société nationale des chemins de fer français et du service des postes et télécommunications : méthodes d'acquisition, de traitement et de diffusion des ouvrages

Jacqueline Misserey

Les bibliothèques du personnel de la S.N.C.F. et des postes et télécommunications ont instauré une centralisation de toutes les opérations relatives aux acquisitions, au catalogage, à l'équipement et à la circulation des ouvrages. A la S.N.C.F. c'est la Section des Bibliothèques de la S.N.C.F. qui assume depuis I973 cette centralisation et assure également la formation des bibliothécaires, l'exploitation des renseignements statistiques, l'élaboration des projets de création ou d'aménagement de bibliothèque et la diffusion de directives. Aux P et T la centralisation est réalisée par la Bibliothèque centrale du Ministère qui remplit en outre le rôle de bibliothèque de prêt aux agents du Ministère et de fonds national en raison de l'étendue de ses collections documentaires.

Introduction

Coopération, catalogage centralisé, contrôle bibliographique, gestion automatisée, rapidité de transmission de l'information sont à l'ordre du jour dans le secteur public des bibliothèques françaises. Dans le secteur privé et spécialement dans le cadre des grandes sociétés à succursales multiples, il nous paraissait qu'une unité de gestion et l'application des principes du management, qui sont de règle dans le monde industriel et commercial, devaient avoir favorisé le développement de l'efficacité jusque dans leurs œuvres sociales. Étant bibliothécaire à la S.N.C.F., notre expérience personnelle nous prédisposait d'ailleurs à le supposer.

Malgré nos recherches, il n'a pas été possible de découvrir une documentation écrite sur ce sujet précis; une prise de contact avec le Cercle de la librairie et d'autres organismes tels que l'Institut national des statistiques et des études économiques (I.N.S.E.E.) n'a guère été plus fructueuse et c'est ainsi que nous avons pu nous rendre compte combien était mal connu le domaine des bibliothèques privées de lecture publique, qui compterait pourtant selon une enquête réalisée en 1967 plus de deux millions de lecteurs inscrits - dont 860 ooo pour cette forme particulière qui s'adresse non pas à une collectivité d'habitation mais à une collectivité de travail : les bibliothèques d'entreprise - alors que les bibliothèques municipales totaliseraient 1 340 000 emprunteurs adhérents 1.

Le fichier de l'Association des bibliothécaires français aurait pu sans doute nous fournir des renseignements intéressants, mais non exhaustifs, car rien ne nous laissait présumer que les chargés de bibliothèques des organismes employant plus de 20 ooo personnes par exemple adhéraient tous à cette association. Cette hypothèse s'est d'ailleurs trouvée confirmée au colloque des bibliothèques d'entreprises qui s'est tenu à Nice les 2, 3 et 4 mai 1973. Il ne nous restait plus qu'à recourir à une méthode empirique. « Les dossiers des 5 000 », classement des sociétés françaises publié en novembre 1972 par l'équipe des études financières de la revue Entreprise de la Société d'études et de publications économiques, nous permettaient de connaître non seulement le rang et le chiffre d'affaires mais aussi les effectifs, donc le nombre de lecteurs potentiels.

Après de nombreuses démarches auprès des sièges sociaux d'une vingtaine d'organismes comptant plusieurs succursales importantes, entretiens au cours desquels les bibliothécaires-chefs nous ont fort aimablement tracé les grandes lignes de leur service, nous nous sommes aperçue que la moisson était fort maigre et que, outre la S.N.C.F., seuls les P. et T., la Société de Wendel-Sidélor, les Hôpitaux de Paris et l'Administration des prisons, soit quatre services à caractère public et une entreprise industrielle, pouvaient offrir un champ d'étude correspondant à notre propos. Des groupes de dimensions internationales tels qu'Air-France, Citroën, Peugeot, Rhône-Poulenc, Saint-Gobain, dont les employés bénéficient le plus souvent de prestations sociales complémentaires au régime général, n'ont pas élaboré, au niveau de leurs bibliothèques, une politique tendant à centraliser les opérations d'acquisition 2.

Nous avons été tentées évidemment d'en dégager les raisons et nous en avons perçu simultanément trois : souci d'indépendance, insuffisance de la fraction de budget allouée à la bibliothèque, d'où personnel peu qualifié et mal rémunéré. Mais une recherche précise nous eût entraînée hors du cadre de ce mémoire et les lignes qui suivent ne sont donc qu'une tentative d'explication, à la lumière des conversations avec les responsables.

De prime abord, les bibliothèques dépendent directement des comités d'établissement de l'entreprise lorsqu'elles ne sont pas situées au siège du comité central. Il y a une amorce d'unification à ce niveau s'il existe des annexes ou des dépôts dans les bureaux ou ateliers éloignés, mais on ne peut parler d'un véritable réseau car le volume des prêts par point de distribution est souvent peu élevé et la rotation des fonds est fréquente.

Dans les sociétés à succursales de taille imposante - telles Flins ou le Mans chez Renault - les comités gèrent chacun des bibliothèques fort actives comme l'on sait, mais semblent vouloir conserver leur indépendance, ce qui est un obstacle à la coopération inter-bibliothèques. On allègue les différences de catégories professionnelles selon les services, ce qui ne permettrait pas des acquisitions semblables, sans songer que la plupart des titres seraient néanmoins identiques. Cette objection ne paraît pas d'ailleurs gêner à l'extrême, nous le verrons, les bibliothèques qui ont réalisé leur unité.

L'argument du manque de crédits pour la rémunération du personnel, qui soit de surcroît qualifié, paraît également sérieux. Fréquemment en effet les dépôts de livres fonctionnent assez mal, car le prêt est assuré par des bénévoles en dehors de leurs heures de service, parfois même sur leur court temps de repas! Ceci s'explique par le fait que la plus grande portion (80 %) du budget des comités est généralement affectée à des prestations autres que culturelles, et que le budget de la bibliothèque, lui, n'est que de 1 à 5 % de la fraction « Loisirs et culture » restante (soit en fait 0,20 % à 1 % du chiffre global), de sorte qu'il est consacré en premier lieu à l'achat des livres. Il s'agit donc plus d'une insuffisante affectation que d'une absence réelle de crédits, tout au moins dans ces grandes firmes où la contribution patronale est la plus forte : la subvention est de 5 % de la masse salariale dans l'aérospatiale et de 1 % des recettes à Électricité-Gaz de France, alors qu'elle est fort souvent infime dans les petites et moyennes entreprises.

Dans d'autres cas, un peu plus favorables, la bibliothèque est confiée quelques heures à un personnel exerçant d'autres fonctions (assistante sociale, infirmière) ou encore à quelqu'un appelé par euphémisme « cas social »!, sans formation professionnelle par conséquent. Il faut bien se rendre à l'évidence : toutes les fois que les bibliothèques sont gérées par des employés à temps complet, qui possèdent ou ont pu acquérir des connaissances en bibliothéconomie et en animation, la bibliothèque est vivante, fréquentée et l'on enregistre des progrès constants (Renault, Banque Nationale de Paris, O.R.T.F....). Cependant, à l'heure actuelle paraît s'amorcer une évolution favorable, car certains comités tendent à moins se cantonner dans les œuvres sociales traditionnelles et à consacrer un effort plus grand à leur politique culturelle.

Enfin, et c'est un aspect qu'il ne faut pas éluder, les syndicats présents au sein des comités, malgré l'équilibre salutaire qu'ils y apportent du fait de la diversité des tendances qu'ils représentent, risquent d'influer dans la sélection des livres de la bibliothèque et d'en éloigner des lecteurs.

Tous ces obstacles nuisent évidemment à l'image de marque et au bon fonctionnement des bibliothèques issues des lois de 1945 et 1968 sur les comités d'entreprise. Mais ces bibliothèques sont encore dans une phase de jeunesse et l'on peut espérer qu'elles s'exagèreront moins dans l'avenir les inconvénients d'une coopération dont elles perçoivent encore mal l'intérêt. Beaucoup plus aisée s'avère la tâche dans les organismes plus que centenaires comme la S.N.C.F. et les P.T.T., dont les œuvres sociales fonctionnaient bien avant la seconde Guerre mondiale et la constitution des comités. Ceux-ci exercent alors un contrôle de la gestion assurée par l'employeur mais ne désapprouvent pas la simplification des tâches réalisée dans le service de leurs bibliothèques.

Les bibliothèques des Hôpitaux de Paris et de l'Administration pénitentiaire ne sont évidemment pas concernées par les questions ci-dessus. Leur spécificité marquée, conséquence de leur caractère humanitaire et de la psychologie particulière des publics auxquels elles se consacrent, se prêtait mal à la comparaison que nous nous proposons 3. Quant au réseau De Wendel-Sidélor, il est suffisamment connu par les exposés de sa bibliothécaire en chef, Mlle Houssaye 4. Seul un parallèle pouvait être établi entre S.N.C.F./P. & T., auxquels nous limiterons cette étude.

Première partie

Les bibliothèques de la Société nationale des chemins de fer français

Peut-être convient-il de rappeler en quelques lignes que le Chemin de Fer dont la première ligne a été ouverte aux voyageurs en 1832, fait partie du domaine public depuis sa fondation, mais que son exploitation avait été confiée à l'origine à des Compagnies concessionnaires.

En 1938, la Société Nationale des Chemins de Fer Français a été fondée pour coordonner la gestion des réseaux principaux; les cinq grandes Régions constituées (Est, Nord, Ouest, Sud-Ouest et Sud-Est, cette dernière ayant ensuite été scindée en deux lors de la création de la Région Méditerranée) recouvraient approximativement les limites et conservaient certaines caractéristiques de ceux-ci.

Une troisième étape vient d'être franchie en 1972-1973 par la centralisation des fonctions administratives et par la déconcentration des services de gestion confiés maintenant à 25 régions nouvelles bénéficiant d'une plus grande liberté d'action sur le plan commercial.

Cette dernière réforme tend à donner à la S.N.C.F., qui assure un service public mais est régie par le Code de Commerce et par les lois en vigueur sur les sociétés anonymes, les moyens de faire face, compte tenu du caractère plus ou moins rentable de ses activités, à la situation compétitive où elle se trouve placée aujourd'hui face à ses concurrents aériens et routiers.

1.1. Historique et physionomie des bibliothèques.

Dès le début du siècle, dans toutes les Compagnies, un certain nombre de bibliothèques avaient été créées, spécialement à l'intention du personnel du service Matériel et Traction, et des apprentis. Les fonds, souvent fort modestes, se composaient à la fois d'ouvrages technologiques et d'instruction relatifs au Chemin de Fer et de livres de détente; la plupart étaient « circulants », du moins pour la deuxième catégorie de livres, ce qui permettait de renouveler localement le choix.

Sous les auspices des Services sociaux, d'autres prêts ont fonctionné également très tôt avec beaucoup de succès dans les cités à population cheminote, en particulier sur le Réseau du Nord, de même que dans les grandes gares et nœuds ferroviaires importants. A tel point que la bibliothèque de la gare Saint-Lazare, qui est restée la première par le nombre annuel de ses prêts (140 ooo en 1972), offrait déjà. avant la dernière guerre, un choix de 50 000 volumes à ses lecteurs.

En 1940, un comité groupant les représentants et les bibliothécaires des réseaux a été chargé d'uniformiser les méthodes de fonctionnement et de travail tandis que, dans chaque Région de la S.N.C.F., l'organisation des bibliothèques était confiée à une branche spécialisée des Services sociaux. C'est ainsi que la classification Dewey, déjà adoptée partiellement, a été appliquée à l'ensemble des fonds, ce qui a permis progressivement le libre accès des lecteurs aux rayonnages tandis que s'élaboraient les premières statistiques d'activité et les premières consignes à l'échelon national.

Mais si les structures du service des bibliothèques de chaque réseau étaient presque similaires, le bibliothécaire régional conservait l'autonomie dans sa gestion. Les acquisitions et la préparation complète des volumes destinés aux diverses bibliothèques de sa Région lui incombaient et il était seul responsable de la bonne marche de ces dernières.

Ce n'est que dans le cadre de la réforme des structures de la S.N.C.F. que la centralisation, déjà réalisée au niveau du réseau, s'est accomplie à l'échelon national. Dans une première étape était institué, le Ier décembre 1971, un Bureau bibliographique chargé d'effectuer les achats, de répartir et de faire circuler les livres acquis. L'équipement et l'expédition des ouvrages aux bibliothèques restaient durant cette période de transition organisés selon les anciennes habitudes. C'est seulement au cours du Ier trimestre 1973 que l'ensemble des personnels s'est trouvé regroupé au 55, boulevard de la Gare à Paris, et qu'est née la Section des Bibliothèques de la S.N.C.F.

Ce tout jeune service est aidé dans sa tâche par deux organismes :
- Le Collège des Bibliothèques, composé de bibliothécaires et de représentants de la Section et présidé par un fonctionnaire supérieur des Services sociaux. C'est une sorte de chambre d'étude et de réflexion sur les problèmes posés par les responsables des bibliothèques, en fonction de l'évolution des besoins des lecteurs et des techniques du livre.
- La Commission centrale des bibliothèques, émanation du Comité central des activités sociales, où siègent des représentants du personnel et des organisations syndicales. Elle peut être amenée à donner son avis ou à émettre des suggestions sur les questions d'ordre général, spécialement en ce qui concerne le choix des livres et le fonctionnement des bibliothèques, dont le nombre s'élève actuellement à 313.

Totalement indépendante de la Section, une Bibliothèque de documentation technique, économique et surtout ferroviaire, située 27, rue de Londres à Paris, offre 10 000 volumes et un millier de périodiques environ à ses utilisateurs, agents de la S.N.C.F. ou non, qui effectuent des recherches principalement axées sur le chemin de fer. Elle informe ses lecteurs grâce à la circulation systématique dans les services d'ouvrages et de revues et par la publication des Cahiers de documentation S.N.C.F. et de L'Abrégé de documentation ferroviaire international, en quatre langues avec additifs mensuels au catalogue imprimé. Outre la consultation et l'emprunt sur place, très suivis, ce centre de documentation renseigne et prête par correspondance livres et revues, ou expédie les photocopies des imprimés trop fragiles ou trop précieux pour voyager.

Enfin, sur le plan de la formation professionnelle et au niveau de chacune des 25 régions S.N.C.F. nouvelles, il existe une division du service du personnel spécialement chargée des renseignements concernant la promotion interne et les cours et stages de préparation aux divers examens organisés à cet effet; cette division tient à la disposition des agents désireux de se perfectionner tous les documents qui leur sont utiles et qui nécessitent une mise à jour constante.

Aucun des centres de documentation ci-dessus n'est intégré au système de centralisation dont bénéficient les bibliothèques encyclopédiques que nous allons décrire maintenant.

1.2. Quelques statistiques.

Nombre d'agents de la S.N.C.F. : 293 201 au I-I-1972.

Lecteurs agents de la S.N.C.F. assidus : 12 %.

Nombre total de livres en 1972 : 1 398 580.

Nombre total de prêts en 1972 : 4 584 313 (8 % d'augmentation par rapport à 1971). 5

Nombre de titres achetés en 1972 : 1 074 (789 pour adultes et 285 pour jeunes).

Nombre de volumes répartis : 136 086.

Presque toutes les bibliothèques ont une section enfantine dont le développement est évidemment fonction de la situation du local à l'extérieur - auquel cas les jeunes viennent facilement choisir leurs livres - ou dans les emprises du Chemin de Fer.

1.3. Structure du service.

1.31. -La Section des bibliothèques. - La centralisation des acquisitions, du catalogage, de l'équipement et de la publicité, qui sera plus spécialement développée ci-après, fait partie de ses activités courantes, mais la section joue aussi un rôle de conception par ses autres attributions :
- présentation au Département des Services sociaux de la Direction du Personnel des dossiers de création, modification, agrandissement ou fermeture des bibliothèques, sur proposition des régions et du chef des Services sociaux de la zone (division territoriale correspondant à chacun des anciens réseaux de la S.N.C.F.);
- établissement du budget, contrôle budgétaire et inspection des bibliothèques;
- étude et exploitation des renseignements statistiques,
- formation des bibliothécaires,
- diffusion des directives aux bibliothèques.

Le personnel, maîtrise et cadres, se compose de seize agents, dont cinq possèdent soit le diplôme supérieur de bibliothécaire, soit le certificat d'aptitude aux fonctions de bibliothécaire ou le diplôme de bibliothécaire de l'Institut catholique ; le personnel d'exécution comprend actuellement vingt-deux agents.

1.32. - 25 bibliothèques régionales. - Situées aux sièges des nouvelles régions de la S.N.C.F., elles reçoivent davantage d'ouvrages, de lecture généralement plus difficile, que les autres bibliothèques de leur secteur, auxquelles elles peuvent les prêter sur demande. Elles peuvent également suggérer et procéder, après autorisation, à l'achat de livres intéressant leur province qui ne seraient pas édités à Paris. Elles servent souvent de relais entre la Section et les responsables locaux, qu'elles renseignent plus aisément.

1.33. - 282 bibliothèques locales. - Elles sont subdivisées en cinq catégories en fonction non seulement du nombre de leurs prêts annuels - qui peuvent atteindre 63 553 comme à Orléans, ou 58 197 comme à Brive - mais aussi de leur situation géographique (cités, ateliers, etc.), ce qui peut faire varier la quantité et le genre des livres qui leur sont attribués.

I.34. - 2 voitures-bibliothèques. - Elles circulent sur les anciennes Régions Nord et Sud-Est et desservent les résidences sans bibliothèques fixes mais où travaillent un certain nombre de cheminots. Les arrêts ont lieu toutes les cinq semaines, en accord avec les responsables de la régulation des trains et les chefs de gare pour la traction, les manœuvres et le stationnement; des avis de passage sont adressés en temps utile. Les lecteurs peuvent choisir eux-mêmes sur les rayons du wagon et avoir ainsi un contact direct avec les bibliothécaires.

I.35. - 4 centres d'expédition de colis-livres. - Deux de ces centres, sur l'Est et le Sud-Ouest (44 596 prêts en 1972), sont réellement des bibliothèques par correspondance. Les envois peuvent être soit groupés pour les quelques lecteurs des petites gares, soit individuels pour les gardes-barrières ou les retraités, par exemple. Le choix est fait sur catalogue complété par des additifs annuels et des listes mensuelles de nouveautés. Leur regroupement est prévu dans un proche délai, comme indiqué ci-après.

1.36. - Une bibliothèque centrale de prêt par correspondance. - Cette bibliothèque comprendra en 1974 :
- Le « Fonds national », véritable bibliothèque nationale à l'usage de tout le personnel de la S.N.C.F. Déjà en cours d'organisation, il résultera de la fusion des fonds régionaux plus que trentenaires qui existaient aux sièges des réseaux et il offrira à ses utilisateurs les ouvrages de base ou plus spécialisés qu'ils ne trouveraient pas dans leur bibliothèque habituelle. Ce fonds national jouera aussi un rôle de conservation des livres de valeur, dont certains remontent au XVIe siècle.
- Le nouveau Service des Colis-livres, qui offrira essentiellement alors des ouvrages de lecture courante.

Un catalogue des livres du futur organisme unique sera confectionné et diffusé largement en temps voulu.

1.37. - Enfin, 154 colonies de vacances, 75 centres de loisirs sans hébergement, ainsi que les maisons d'accueil, les centres d'économie familiale et sociale, les écoles d'apprentissage du Service électrique comportent des bibliothèques alimentées par Paris.

1.4. Centralisation des achats.

1.41. Documentation et choix des livres. - A l'aide de nombreuses revues littéraires et bibliographiques deux bibliothécaires diplômées sélectionnent les titres qui leur paraissent intéressants. Il est également tenu compte des suggestions des lecteurs transmises par les chargés de bibliothèques, ainsi que des propositions des membres de la Commission des Bibliothèques.

Un spécimen témoin de chacun des titres qui n'auraient pas été reçus en service de presse est alors acheté chez un libraire-grossiste. Puis ces exemplaires d'examen sont analysés soit par les bibliothécaires de la section, soit par des lecteurs spécialisés dans certains domaines, soit encore par les représentants du personnel. Il est fait appel à toutes les collaborations afin de recueillir le maximum d'indications utiles. Une nouvelle lecture peut intervenir si les avis sont partagés.

1.42. Décision des quantités à commander. - Suivant le jugement porté par le « lectorat » sur la valeur littéraire et documentaire de l'ouvrage, sa difficulté et son intérêt pour le public considéré, la décision de commande est prise en collégialité par les dirigeants de la Section et le livre reçoit sa cote Dewey. Le nombre d'exemplaires à retenir est fonction, outre l'appréciation de valeur précitée, de trois critères qui s'interpénètrent :
- implantation ou non de la bibliothèque au siège d'une région (pourcentage de cadres différent),
- volume annuel des prêts adultes ou enfants selon le titre,
- particularismes dans telle ou telle localité (archéologie, auteur natif de la région ou roman dont l'action se situe dans le pays, sport pratiqué localement, etc.).

Il convient toutefois de noter que les suites et certains ouvrages de très grande diffusion sont commandés d'emblée, sans passer par le sas de l'analyse. Pour faciliter le calcul du nombre total de volumes à commander. il a été établi une grille de répartition qui détermine également la nature et le nombre des fiches et sert d'outil de référence au niveau du catalogage et de l'expédition.

I.43. Commandes directes aux maisons d'édition. - Les commandes sont établies mensuellement et adressées à une quinzaine d'éditeurs ou diffuseurs, qui consentent en général la « remise libraire ». Des engagements de dépenses sont préalablement passés, proportionnellement au volume de commande prévu pour l'année. Un grossiste assure la fourniture des réassortiments et des livres en provenance des petites maisons d'édition avec lesquelles il n'a pas été passé d'accord.

1.5 Catalogage centralisé.

1.51. Fondée sur le livre-témoin, la fiche de base est établie directement sur stencil special pour bibliothèque par une personne expérimentée. Pour les romans et certains documentaires, une analyse-flash de quelques lignes, rédigée par une des bibliothécaires, fait suite à la notice bibliographique.

La notice suivie de cette très courte analyse sera reproduite sur papier au format des fiches en autant d'exemplaires qu'il sera diffusé de volumes, et collée au verso de la dernière page. De sorte que le bibliothécaire aura instantanément sous les yeux au moment du prêt et surtout lors du retour du livre les éléments de la notice, ce qui facilite la réinsertion de la fiche de prêt, tandis que le lecteur qui hésite dans son choix trouve en feuilletant l'ouvrage un compte rendu sommaire n'ayant pas le caractère publicitaire des "prière d'insérer".

A partir de ce premier stencil seront tirées les fiches qui alimenteront les différents catalogues de toutes les bibliothèques et en premier lieu ceux de la Section : fiche inventaire, fiche topographique, fiche auteur, fiche matière, fiche de rappel éventuellement.

1.52. Un autre stencil est frappé pour la fiche de titre, établie pour tous les ouvrages, mais dont la rédaction est très simplifiée. Cette deuxième opération s'est avérée plus rapide et moins onéreuse que le report du titre en haut et à gauche de la fiche de base. L'utilisateur, de son côté, bénéficie de plus de clarté.

1.53. Un troisième stencil, vertical celui-ci, est confectionné pour la fiche de prêt du livre, puisque le système de Newark a été récemment étendu à l'ensemble des bibliothèques de la S.N.C.F.

Ces trois stencils sont contrôlés et transmis à l'atelier de multigraphie, qui dispose d'une machine équipée de deux cylindres interchangeables : l'un pour les stencils « library » 75 X 125 mm, l'autre pour les stencils de format commercial 210 X 297 mm destinés aux circulaires et publications. Au cours de l'année 1972, 700 000 fiches ont été ainsi réalisées. L'étude de coût antérieurement effectuée par la Région du Sud-Ouest avait démontré que la multigraphie par stencils était pour une telle quantité la moins onéreuse.

1.54. Catalogues.

* A l'échelon central la section des bibliothèques possède de nombreux catalogues qui lui sont indispensables pour suivre les mouvements de fonds dans ses bibliothèques et sa réserve :
- catalogue de répartition des titres et du nombre d'exemplaires dans les différentes localités; classement systématique,
- catalogue alphabétique par noms d'auteurs,
- catalogue alphabétique de titres
- catalogues-inventaires de toutes les bibliothèques. Ce sont les doubles des fichiers topographiques locaux dont ils suivent les mises à jour.

*Dans les bibliothèques de prêt, le nombre de catalogues est en relation avec l'importance des fonds et des prêts. Les plus grandes mettent à la disposition de leurs lecteurs les quatre fichiers traditionnels :
- catalogue systématique topographique,
- catalogue alphabétique par noms d'auteurs.
- catalogue alphabétique de titres,
- catalogue alphabétique de matières.

Il est à noter que l'élaboration de la ou des vedettes-matières est laissée aux soins des bibliothécaires, car elle ne peut être déterminée que d'après les fonds et les fichiers déjà existants.

Les bibliothèques de moindre taille ne gèrent que trois fichiers : auteurs, titres et topographique, tandis que les plus petites n'utilisent qu'un fichier topographique, dans lequel le sous-classement des romans se trouve de toute manière réalisé alphabétiquement par noms d'auteurs.

1.6. L'équipement centralisé des livres et leur protection.

Du fait du regroupement, la quantité annuelle des volumes achetés (130 000 à 140 000) nécessitait l'installation d'un véritable atelier, équipé d'un matériel important. La S.N.C.F. a jugé plus rentable de sous-traiter cette partie du travail à des entreprises qualifiées : une maison spécialisée et un relieur ont été chargés d'accomplir les opérations suivantes :
- réception et vérification de la marchandise livrée directement chez eux par l'éditeur,
- collage des étiquettes adhésives portant la cote, laquelle leur a été préalablement fournie,
- couverture à l'aide d'une pellicule adhésive éventuellement après renfort ou bien reliure,
- équipement pour le prêt : fiche à retourner et coin du système de Newark,
- collage des analyses-flashes tirées sur papier.

1.7. Expéditions.

Les ouvrages reliés sont répartis dans les diverses cases affectées à chacune des bibliothèques. La périodicité des envois est variable suivant la catégorie; c'est ainsi que les établissements d'accueil et les colonies de vacances n'ont qu'une attribution annuelle; par contre, les 313 bibliothèques ont un contingent mensuel.

Les fiches destinées aux catalogues sont jointes à l'envoi dans une enveloppe. La fiche de prêt, elle, est insérée aussitôt dans le livre. Selon leur volume, les expéditions se font en sacs porte-plis de service, par trains de voyageurs, ou encore en cartons ou paniers, par trains de marchandises.

1.8. Réserve.

Les bibliothèques sociales de la S.N.C.F. n'ayant pas un rôle de conservation doivent, pour rester vivantes et aussi parce que leur capacité n'est pas infinie, être périodiquement soumises à des éliminations; celles-ci ont pour but d'en retirer les ouvrages qui ne sont plus lus ou ceux qui sont dépassés, notamment en matière scientifique. Selon les années la proportion des exemplaires retirés des fonds est variable mais elle est au moins égale à la moitié de la quantité de volumes neufs introduits. Tous ces livres, à leur retour à la Section des bibliothèques, sont triés et répartis en trois catégories :
- ceux qui sont trop abîmés ou qui ne présentent plus le moindre intérêt sont mis au pilon,
- ceux qui gardent encore un intérêt d'actualité et qui n'ont pas été lus partout sont mis en réserve pour des compléments de fonds ou pour des créations de bibliothèques,
- ceux qui, encore en bon état, ont été lus partout ou dont la vogue est passée sont mis en réserve pour être attribués, à fonds perdu, aux foyers de « roulants » (ou agents de train), de célibataires, aux centres de montagne ou de vacances des retraités qui en font la demande.

Les bibliothécaires renvoient également les ouvrages en mauvais état dont ils demandent soit la réparation, soit le renouvellement.

1.9. Lots-tournants.

Les bibliothèques sont groupées géographiquement par quatre et des lots d'une centaine de livres circulent pendant deux ans à l'intérieur de chaque ensemble. Ils sont affectés pour une durée de six mois à chaque bibliothèque qui les envoie à sa voisine selon le roulement prévu. La Section doit donc constituer des lots nouveaux tous les semestres pour alimenter les établissements servis les premiers. Les ouvrages ne sont pas fichés mais accompagnés d'une liste qui tient lieu d'inventaire ; une cote spéciale « L. T. » permet de les distinguer du reste du fonds, dans lequel ils ne sont d'ailleurs pas incorporés.

Meilleure rotation des volumes et économie caractérisent ce système dont le but est d'alimenter plus abondamment en titres de lecture facile les bibliothèques moyennes et petites principalement; celles-ci sont ainsi momentanément dotées d'ouvrages, de moindre valeur littéraire peut-être mais très demandés et qui ont le mérite d'étoffer les collections sans encombrer à demeure les rayonnages une fois leur succès retombé.

1.10. Publicité auprès des agents. Animation.

La Section établit chaque mois et envoie aux fins d'affichage à ses bibliothèques la liste des nouveautés diffusées, avec les analyses-flashes.

La même liste, sans analyses, est adressée à la revue La Vie du Rail qui la publie chaque mois. Ce périodique jouit d'une large audience (son tirage s'élève à 325 000 exemplaires) parmi les cheminots et beaucoup de non-cheminots également ; c'est pourquoi cette insertion canalise vers leur bibliothèque de nombreux lecteurs, qui pointent les titres qu'ils souhaitent emprunter au fur et à mesure des publications.

Outre les listes des nouveaux livres éditées comme nous l'avons vu par les services de colis-livres pour leurs usagers, certains bibliothécaires établissent localement des listes du même type qu'ils affichent et font circuler dans tous les services de leur secteur et qu'ils font publier dans les revues professionnelles régionales. Ils seront déchargés incessamment de la préparation dactylographique par la Section des bibliothèques. De plus, celle-ci fait imprimer des affiches, de style souvent humoristique, qui seront apposées sur les panneaux réservés au personnel dans les gares, services techniques, cantines, H.L.M., etc. Les bibliothécaires complètent ces affiches en mentionnant dans le cadre prévu à la partie inférieure, les jours et heures du prêt dans leur localité.

A l'occasion de l'Année internationale du livre, une exposition itinérante a circulé dans les grandes bibliothèques parisiennes avec projection de films et distribution de cadeaux aux enfants qui faisaient inscrire leurs petits camarades. De leur côté, des bibliothécaires de province organisaient également des manifestations intéressantes. Il a du reste été fait appel à cette occasion à l'U.N.E.S.C.O. et au groupe Ile-de-France de l'Association des bibliothécaires français. Enfin, des projections de films littéraires, des conférences d'auteurs et des ventes-signatures ont eu lieu les années précédentes et seront reprises dans l'avenir.

Deuxième partie

Les bibliothèques des Postes et télécommunications

2.1. Historique et physionomie des bibliothèques.

Les bibliothèques du personnel des Postes et Télécommunications sont relativement anciennes puisque leur création remonte à 1887, la Bibliothèque centrale du Ministère - actuellement situé 20, avenue de Ségur à Paris - étant, elle, presque centenaire (1878). Leur nombre est actuellement de 110 : une bibliothèque par chef-lieu de département, y compris les quatre départements d'outre-mer, ainsi que dans les grands établissements (centres de chèques postaux importants et services spéciaux). Initialement vouées à la documentation administrative, avec pour mission de compléter l'instruction professionnelle des agents et de faciliter la préparation aux différents concours et examens, les bibliothèques des P et T, sans abandonner cet objectif premier, ont été progressivement dotées d'ouvrages propres à développer la culture générale. Comme à la S.N.C.F. elles ont accentué leur essor au cours de la seconde Guerre mondiale, en raison du goût pour l'étude et la lecture qui s'est manifesté alors.

Une Commission centrale des bibliothèques, composée de représentants de toutes les directions de l'Administration centrale, est chargée de donner son avis sur toutes les questions relatives à leur organisation et à leur gestion et en particulier sur les achats de livres. Depuis leur origine, les bibliothèques départementales ont reçu de la Bibliothèque centrale de Paris la quasi-totalité de leurs fonds et cette uniformité de toujours facilite évidemment, comme nous le constaterons, la gestion centralisée des acquisitions et du catalogage qui en découle.

2.2. Quelques statistiques.

Nombre d'agents des P et T. : 318 507 en 1972.

Lecteurs : 13 %.

Nombre total de livres : 500 000 environ.

Nombre total des prêts en 1972 : 385 492 (3,6 % d'augmentation par rapport à 1971).

Dotation moyenne annuelle par bibliothèque : 450 titres

Nombre de volumes répartis : 39 428.

2.3. Structure du service.

2.31. La Bibliothèque centrale du Ministère. Outre les fonctions suivantes : choix des livres, commandes aux éditeurs, catalogage, expéditions aux bibliothèques des départements et centres, information qui feront plus particulièrement l'objet de la présente étude, cet établissement, riche de 130 000 volumes (70 000 livres + collections de périodiques reliés), remplit le rôle de bibliothèque de prêt aux agents du Ministère - 1 800 lecteurs inscrits environ - et de fonds national, en raison de l'étendue de ses collections documentaires, officielles et administratives.

2.32. 22 bibliothèques dites régionales. Situées au siège des nouvelles régions administratives et de certaines directions importantes, elles reçoivent un contingent plus élevé d'ouvrages d'étude que les autres bibliothèques départementales, dont elles remplissent les mêmes fonctions (voir ci-dessous).

2.33. 88 bibliothèques dites départementales. Leur tâche est triple :
- prêt sur place aux lecteurs de la localité;
- prêt par correspondance aux lecteurs du département; les bordereaux de demandes d'ouvrages, établis en triple exemplaire, sont adressés par les bureaux de poste.
- constitution de lots de livres qui tournent dans les bureaux de poste les plus importants. Ce sont les bibliothèques tournantes, organisées depuis juin 1969. Elles comprennent 30 à 50 livres déposés pour une durée de 8 semaines; leur nombre (5 à 15) est variable selon les départements. Un correspondant, généralement l'adjoint du receveur, en est le responsable local.

2.4 Centralisation des achats.

Elle est assurée à la bibliothèque centrale par une équipe technique constituée de trois personnes qualifiées - aidées par huit agents d'exécution.

2.41. Documentation et choix. C'est la bibliothécaire en chef qui choisit les titres, avec approbation de la Commission des bibliothèques. Elle s'entoure du maximum d'instruments bibliographiques.

Elle se fie généralement aux collections pour les documentaires et fait confiance aux critiques et écrivains ayant une certaine notoriété pour les romans. Les services de presse sont examinés mais il n'y a pas de lecture systématique d'un exemplaire avant commande. Les propositions d'achat des lecteurs sont également accueillies, à moins qu'elles ne concernent des titres d'intérêt général insuffisant.

2.42. Décision des quantités à commander. Lorsque le livre est retenu, trois solutions s'offrent alors en fonction de la valeur littéraire ou documentaire, de la difficulté du texte et du public considéré pour déterminer les quantités à commander :
* Bibliothèque centrale seulement................................ 1 ex.
* Bibliothèques régionales (+ bibliothèque centrale)................ 23 ex.
* Ensemble des bibliothèques du territoire......................... III ex.

Il est à noter que les bibliothèques départementales peuvent solliciter des attributions particulières de titres demandés par leurs lecteurs ou d'intérêt uniquement local.

2.43. Commandes directes aux éditeurs et grossistes. La bibliothèque centrale passe commande à trois diffuseurs avec lesquels sont conclus des marchés de 30 000 F minimum et directement auprès de certains éditeurs, également sur des bases préférentielles.

2.44. Livraison et traitement des ouvrages. Les quantités commandées sont livrées à la Bibliothèque centrale, avenue de Ségur. La marchandise est vérifiée et les volumes sont en majorité confiés pour traitement à un relieur qui conserve les couvertures illustrées dans la mesure du possible. Les livres cartonnés, eux, seront mis en circulation sans autre protection et après suppression de leur jaquette.

2.5. Catalogage centralisé

La rédaction de la notice bibliographique est assurée par les agents spécialisés dans cette tâche, sous la responsabilité d'une personne titulaire du D.S.B.

2.51. A partir de la fiche de base seront établies en reprographie les fiches destinées aux différents catalogues de la Bibliothèque centrale. Les supports utilisés sont des feuilles dites bibliofiches - de 224 g. et de format 250 mm X 300 mm, à 8 perforations qui, après passage dans une machine à photocopier, seront découpées à l'aide d'un massicot. Il conviendra d'ajouter éventuellement sur ces fiches les vedettes-matières ou les indices de classement qui permettront leur insertion dans les catalogues alphabétiques de matières ou systématiques. L'indexation usitée est celle de la Classification décimale universelle.

2.52. Pour les bibliothèques régionales ou départementales, la reproduction des différentes fiches se fait à partir de stencils qui, après relecture, sont traités par une petite rotative. Les quantités sont bien entendu proportionnelles au nombre de volumes achetés et à leur destination, les fiches devant alimenter les divers catalogues mis à la disposition des lecteurs desdites bibliothèques 6. A la différence de la Centrale, c'est la classification de Dewey qui a été adoptée. Il faut remarquer toutefois que cette classification décimale sert uniquement à la composition des fichiers systématiques car les livres sont encore traditionnellement classés par format et par ordre d'entrée, de sorte que les lecteurs n'ont en principe pas le libre accès aux rayonnages, ce qui est dommage.

Le système de prêt en vigueur consiste en un répertoire alphabétique sur lequel chaque emprunt est enregistré par nom d'auteur (par ex. à la lettre M sont inscrits les ouvrages de Mauriac, Maurois, etc.), titre, date et cote, pour une durée de 15 jours. Parallèlement est tenue une fiche classée alphabétiquement par nom de lecteur, sur laquelle le bibliothécaire consigne les trois premières lettres du nom de l'auteur, le numéro d'ordre du prêt sur le registre et la date de sortie.

2.53. Les catalogues.

* Bibliothèque centrale : Eu égard au rôle important qu'elle assume, la Bibliothèque centrale met à la disposition de ses lecteurs un grand nombre de catalogues :

Pour les livres :
- catalogue alphabétique par noms d'auteurs;
- catalogue systématique C.D.U.;
- catalogue alphabétique de matières;

En outre, deux fichiers systématiques relatifs aux fonds spéciaux « Postes » et « Télécommunications » sont principalement destinés aux chercheurs.

Pour les périodiques :
- catalogue alphabétique des titres de périodiques reçus par la bibliothèque;
- catalogue systématique de ces périodiques;
- catalogue alphabétique auteurs d'articles dépouillés,
- catalogue alphabétique de matières;
auxquels s'ajoutent, là encore :
- catalogue alphabétique matières d'articles relatifs aux postes;
- catalogue alphabétique matières d'articles concernant les télécommunications.

Il n'est pas établi de fiche au titre.

* Bibliothèques régionales et départementales. Elles possèdent chacune trois fichiers :
- catalogue alphabétique auteurs (fiches bristol blanc) avec les rappels de vedettes;
- catalogue systématique Dewey (fiches bristol rose);
- catalogue alphabétique titres (fiches bristol vert).

La fiche titre est confectionnée aussi bien pour les documentaires que pour les romans.

*Fichiers de gestion centraux. Chacun des trois catalogues ci-dessus est également tenu au Service des bibliothèques de l'Administration centrale. Le catalogue alphabétique auteurs est utilisé pour la gestion de l'ensemble; en effet, au verso de chaque fiche sont consignées les suppressions ou dotations éventuelles d'ouvrages.

2.6. Equipement des livres. Expéditions.

Les ouvrages cartonnés ou traités par une entreprise de reliure sont répartis dans des cases correspondant aux villes destinataires. Les envois ont lieu généralement tous les deux à trois mois, en franchise postale, cela va de soi, par cartons cerclés d'une vingtaine de kilos environ. A la réception des ouvrages, le ou la bibliothécaire attribuera la cote en fonction du format, selon l'un de ses trois registres d'entrée-inventaire, la reportera sur les fiches et la reproduira au dos des livres à l'aide d'un ruban adhésif de couleur. Les fiches ne sont pas insérées dans les livres lors de l'expédition, mais seulement jointes à l'envoi, ce qui permet un contrôle des titres attribués par Paris.

2.7. Publications de la Bibliothèque centrale. Publicité auprès des agents.

2.71. La Bibliothèque centrale publie un bulletin d'information très complet sur ses ressources. D'abord trimestriel, puis bimestriel depuis 1973, c'est en fait surtout un catalogue des nouvelles acquisitions, où les notices sont classées systématiquement. Une première partie est consacrée aux livres avec, in fine, un classement spécial pour les ouvrages relatifs aux postes et aux télécommunications, tandis que la seconde partie, précédée d'un plan de classement et d'un index matières, recense alphabétiquement les périodiques dépouillés durant la période de référence et cite les articles dans l'ordre de la classification décimale universelle. Ce bulletin est diffusé aussi largement que possible dans les services de l'Administration parisienne et dans les bibliothèques départementales afin de faire connaître les ressources du fonds central.

Dans les bibliothèques départementales les lecteurs ont connaissance de l'éventail du choix qui leur est offert au moyen d'un catalogue, refondu en principe tous les deux ans, et distribué jusque dans les plus petites recettes. Dans l'intervalle des rééditions paraissent des additifs.

2.72. Publicité en faveur des bibliothèques. Chaque fois que cela est possible, la Bibliothèque centrale utilise le support du Bulletin des Postes et Télécommunications publié par le Service de l'Information et des Relations publiques (SIRP) pour annoncer par exemple la création de nouvelles bibliothèques, la rénovation de locaux, les résultats de l'année écoulée, etc.

La propagande locale est laissée à l'initiative de chaque bibliothécaire, qui peut insérer des articles ou simplement des annonces publicitaires dans les bulletins d'information régionaux ou départementaux. Des affiches illustrées sont diffusées par les soins de la Bibliothèque centrale dans tous les bureaux de poste et établissements techniques. Enfin, les bibliothèques sont signalées dans les bulletins de préparation aux concours, pour faire connaître ou remémorer aux candidats l'aide qu'elles peuvent leur apporter en leur fournissant une documentation précise sur les matières qu'il leur faut approfondir.

Troisième partie

Parallèle

3.1 Historique et structure.

Les réseaux d'acquisition et de distribution de livres que nous venons de décrire ne sont pas issus d'une coordination volontaire entre bibliothèques déjà existantes, mais se sont insérés tout naturellement dans un cadre préétabli, fortement centré sur Paris. Ils ont été rattachés aux directions générales dont, en prenant de l'extension, ils sont devenus une section ou une sous-section.

Œuvres sociales uniquement patronales à l'origine, ils sont maintenant soumis à un contrôle des représentants du personnel, contrôle d'autant plus coopératif que leur gestion est dynamique et leur budget confortable comparativement aux autres bibliothèques d'entreprise. Leur structure est rigoureuse, à l'image des deux organismes nationaux dont ils dépendent, et l'état-major de leurs bibliothèques centrales est constitué de personnes compétentes. Mais avant de leur décerner les éloges qu'ils méritent, nous devons cependant souligner que ces services ont bénéficié d'une conjoncture hautement privilégiée :

Ils ont de fait usé tout naturellement des facilités incomparables de communications offertes au sein de la S.N.C.F. et des P et T par la disposition en étoile héritée du Premier Empire et surtout ils ont été favorisés par l'apparente gratuité pour eux de ces communications, le coût des échanges verbaux et de la circulation des livres et du courrier ne se traduisant pas directement par un débours.

En effet, outre sa fonction de transport dont il est le premier bénéficiaire, le chemin de fer dispose d'un réseau téléphonique particulier tandis que les P et T, dont les agents peuvent parler entre eux sans contrainte monétaire, accrochent leurs wagons postaux (contenant entre autres des livres) aux trains de la S.N.C.F.

Or, il est très probable que pour les autres entreprises aux multiples succursales, même si elles utilisent un moyen de transport, routier par exemple, qui leur soit propre, le coût du frêt d'une marchandise, qui n'est de prime abord ni utilitaire ni immédiatement rentable, est un frein puissant à sa circulation.

En outre, si la physionomie des deux bibliothèques centrales présente beaucoup de caractères communs, on observe néanmoins des différences notables selon les points suivants :

3.2. Champ d'activité.

Les bibliothèques des P. et T. se proposent deux buts : documentation et évasion, tandis que ces objectifs sont éclatés et même cloisonnés à la S.N.C.F., ce qui est dommage car les cheminots pourraient bénéficier, pour leur formation professionnelle d'un beaucoup plus grand nombre de points de distribution de l'information si le circuit documentaire passait par les bibliothèques sociales.

Mais il faut bien remarquer que, même aux P. et.T. dont la bibliothèque centrale accomplit un très minutieux travail de dépouillement et d'analyse de périodiques et ouvrages scientifiques - ce dont est chargée au Chemin de Fer la bibliothèque technique de la rue de Londres - seuls les agents de la région parisienne peuvent pleinement user, s'ils le désirent, des services qui leur sont offerts, sans avoir à échanger, comme leurs collègues de province, une correspondance pour se procurer les documents.

Il est vrai toutefois que si la formation de base est réalisée dans toute la France pour le personnel d'exécution et maîtrise - qui dispose, comme nous l'avons vu, de petits fonds locaux documentaires - le perfectionnement des cadres s'effectue uniquement à Paris, où la concentration des chercheurs est d'une manière générale beaucoup plus élevée.

3.3 Personnel.

3.3I. Effectifs : Les chiffres varient du simple au triple environ, mais le nombre des bibliothèques desservies également. Et si l'accent est mis à l'échelon central des P. et T. sur la documentation, la section des bibliothèques de la S.N.C.F pour sa part assure un contrôle minutieux de l'intérêt des livres en fonction de son public.

3.32. Formation du personnel: Dans l'un comme dans l'autre réseau, la plupart des responsables locaux n'ont, à leur entrée en fonctions, aucune notion de bibliothéconomie et l'on essaie de leur inculquer, lors de leur mise en place, les rudiments qui leur permettront d'effectuer le prêt et de fournir un minimum de renseignements aux lecteurs, ainsi que d'assumer la gestion de leur fonds et la communication à Paris des résultats statistiques.

Dans les Postes, les bibliothécaires sont presque tous des agents d'exécution (percevant donc normalement le salaire de leur grade), mais d'un niveau culturel variable. De même, à la S.N.C.F., la majorité des personnes recrutées sont contractuelles ou du niveau exécution; il est par conséquent impossible d'être trop exigeant.

Au Chemin de Fer, il faut néanmoins signaler qu'en raison de l'élévation croissante du degré d'instruction, de l'absence de débouchés dans les petites villes et du fait que le prêt de livres constitue un travail à temps partiel agréable et valorisant pour beaucoup de dames sans profession, la qualification s'améliore peu à peu.

De plus, en complément des stages d'initiation, certaines Régions organisaient, avant la réforme des structures de l'entreprise, des sessions de perfectionnement pour les bibliothécaires des localités importantes.

Ce programme doit être repris plus intensément et des cycles de formation à l'échelon des nouvelles régions sont envisagés dès 1974. La même politique est en projet aux P. et T.

3.4. Diffusion des livres.

Elle paraît obéir à des règles assez strictes aux P. et T., ce qui est assurément commode et économique pour la gestion à l'échelon central.

A la S.N.C.F. bien que la répartition des ouvrages s'effectue aussi selon une normalisation, la grille établie et adaptée chaque année permet des « modulations ». Cette souplesse qui tend à personnaliser les envois autant que faire se peut, risque, cela est bien évident, de faire varier à l'infini la composition des fonds des filiales et de devenir la pierre d'achoppement du système en brisant les opérations répétitives et le semi-automatisme qui sont une des forces de la centralisation. Mais il ne faut pas perdre de vue non plus que l'intérêt du lecteur doit impérativement être respecté puisqu'aussi bien il est le but unique de tous les efforts déployés.

3.5. Tenue des fichiers et contrôle des fonds.

Ces tâches sont infiniment moins pesantes aux P. et T., où les fonds des bibliothèques offrent une grande similitude. Il y a par ailleurs moins de mouvements de livres, les rayonnages ne semblant pas arrivés à un point de saturation, ou du moins leur encombrement n'étant pas un obstacle au libre accès des lecteurs, puisque celui-ci est peu pratiqué.

3.6. Résultats.

3.61. Dans les deux réseaux, contrairement à ce que l'on aurait pu redouter d'une centralisation, les localités excentriques bénéficient, grâce aux lots tournants, et bibliothèques tournantes d'une part et aux colis-livres d'autre part, d'un approvisionnement régulier et même à la carte dans le deuxième cas. Ces services sont fort appréciés, cela va sans dire, des lecteurs qui ne peuvent fréquenter les grandes bibliothèques trop éloignées.

A la S.N.C.F., l'effort récent a porté principalement sur ces points de lecture jusqu'alors un peu sacrifiés, au détriment probablement des grandes bibliothèques habituées à des attributions d'ouvrages plus variées. Mais cette option était indispensable et, du reste, lorsque la vitesse de croisière sera atteinte, une personnalisation pourra être à nouveau envisagée.

3.62. Pour ce qu'il est convenu d'appeler la qualité de la lecture, les résultats sont sensiblement les mêmes et là, malheureusement, les P.et.T. ne sont pas payés de retour eu égard à l'effort remarquable fourni en matière de documentation.

En effet, la proportion des prêts aux adultes de romans (policiers compris) et autres ouvrages de littérature se situe dans l'un comme l'autre réseau aux alentours de 75 %, tandis que les ouvrages documentaires, pourtant sélectionnés en majeure partie dans les matières les plus accessibles traitant des problèmes de la vie quotidienne, telles qu'Histoire, voyages, biographies, enseignement et éducation, bricolage, décoration, etc., ne représentent que les 25 % restants.

Cette tendance semble être commune à toutes les bibliothèques publiques en milieu rural ou ouvrier qui laissent l'entière liberté du choix des lectures, si nous en jugeons par les observations que nous avons pu faire à la Bibliothèque centrale de prêt du Pas-de-Calais et par l'étude effectuée dans la Cité du Sanitas à Tours par M. Fillet, conservateur en chef en ce qui concerne le comportement des lecteurs face à la littérature d'évasion.

Certes la fidélité des usagers aux bibliothèques étudiées peut être due au fameux « esprit de corps » des cheminots et des postiers, et à la présence du livre sur les lieux où ils travaillent, mais elle repose aussi et surtout sur la composition des fonds qui, tout en étant maintenue à un certain niveau culturel, est constamment adaptée au goût des lecteurs et à leur aspiration à la détente.

Les Bibliothèques de la S.N.C.F. et des P. et T. remplissent ainsi à notre sens leur mission, qui n'est pas de concurrencer mais de compléter l'action des bibliothèques municipales auprès d'un public que ces dernières n'ont qu'assez peu touché jusqu'alors.

Conclusion

Pour les deux exemples que nous venons d'analyser, de même que pour ceux décrits en annexe, le bilan est tout compte fait extrêmement positif et découle, nous pensons l'avoir mis en relief, de la centralisation des acquisitions, du catalogage et de l'équipement dans ces réseaux de bibliothèques.

La suppression des multiples opérations de recherche des nouveautés, d'indexation et de rédaction de la notice catalographique, la possibilité de reproduire des fiches en grand nombre, d'où abaissement considérable du coût des tirages, et la rationalisation des tâches d'équipement des ouvrages sont des facteurs certains d'économie.

Le rayonnement forcément limité des bibliothèques urbaines est complété par le quadrillage, que permet seul un système centralisé, des lots tournants et colis, pour la plus grande satisfaction du public semi-rural trop souvent délaissé.

La mise en commun des avis au sein de l'équipe dirigeante sur les ouvrages lus et sur les suggestions de toute espèce et de toute provenance relatives à la marche du service devrait aboutir à des recherches plus approfondies, à une concrétisation plus fréquente des idées, donc à l'amélioration des rouages au bénéfice de l'ensemble.

Les bibliothécaires, délivrés de toute une série de travaux matériels, se trouvent plus libres pour se consacrer à l'accueil et à l'information du lecteur. En retour, étant davantage à l'écoute des besoins du public, ils doivent les répercuter aussitôt au service central. Ils pourraient songer de plus, et il faut souhaiter que la formation culturelle et professionnelle de certains le permettra à l'avenir, à l'animation de leur bibliothèque, qui est trop souvent encore à l'état embryonnaire.

Si, par conséquent, la cellule bibliographique réussit à constamment maintenir le contact avec les responsables de ses filiales, si elle sait susciter leur collaboration et tenir compte de leur avis dans l'élaboration de sa politique, la centralisation est non seulement, du fait de la rigueur de son fonctionnement, efficace et satisfaisante pour les bibliothécaires et les usagers, mais encore favorise un courant d'échanges, une coordination intellectuelle qui ne peuvent être que fructueux pour tous.

Annexe I

La bibliothèque du Comité de Paris-Normandie-Centre de l'Office de radio et télévision française

Historique.

Une bibliothèque destinée au personnel a fonctionné longtemps dans les services de la R.T.F., rue de Grenelle à Paris, sous les auspices de « La Tutélaire des Œuvres sociales ». En 1963, elle fut installée au dixième étage de la Maison de l'O.R.T.F., 116, avenue du Président Kennedy, à proximité de la cafeteria, situation excellente pour sa fréquentation. La création du Comité d'entreprise de l'Office, en 1971, amena la prise en charge de la bibliothèque par le Comité d'établissement Paris-Normandie-Centre, tandis qu'une annexe était créée dans les services des Buttes-Chaumont. Enfin, en février 1973, l'accroissement constant des livres a rendu nécessaire le déplacement de la bibliothèque, qui a été transférée au premier étage, dans le « Foyer 6 » où elle bénéficie d'un aménagement fonctionnel et d'un cadre fort agréable, avec salon de lecture.

Public desservi et nature des fonds.

Sur les 13 500 employés de l'Office, la Maison de la Radio en abrite 3 600 : personnels statutaires ou fonctionnaires, journalistes, musiciens des orchestres, etc. et les studios des Buttes-Chaumont 1 300 environ.

II 545 livres pour la Maison de la Radio et 1 622 pour les Buttes sont respectivement offerts au personnel. En outre, un bibliobus dessert, depuis la fin de 1972, les stations émettrices du Centre de la France et de la Normandie ainsi que quelques établissements de la région parisienne, à raison d'un passage par mois dans chaque localité. Il contient actuellement 754 ouvrages, en libre accès.

La bibliothèque centrale prête évidemment à son annexe et au bibliobus les titres qu'ils ne détiennent pas et qui ont été demandés par les lecteurs. Les prêts, en progression constante ont été au total de 40 ooo environ en 1972. Les fonds sont constitués pour moitié de documentaires et pour moitié de romans; un nombre restreint de policiers et de livres d'enfants complète le choix. La Bibliothèque de la Maison de la Radio joue un rôle uniquement culturel et de distraction, car l'O.R.T.F. possède par ailleurs un centre de documentation technique important.

Structure du service. Personnel.

A la Maison de la Radio

deux bibliothécaires

une documentaliste,

une titulaire du C.A.F.B.

une secrétaire,

une aide-bibliothécaire,

une employée de bureau.

Aux Buttes-Chaumont

une aide-bibliothécaire,

un employé de bureau.

Bibliobus : un chauffeur faisant fonction de bibliothécaire au moment du prêt.

Acquisitions.

Choix : Outre de nombreuses revues littéraires et bibliographiques, la bibliothécaire-chef reçoit également régulièrement les catalogues d'éditeurs.

Si la sélection des livres qu'elle estime devoir acheter lui incombe principalement, elle doit établir une liste d'acquisitions pour les deux bibliothèques et le bibliobus et soumettre ce projet pour approbation à la sous-commission de la culture du Comité d'entreprise. Il faut insister ici sur la difficulté de ce choix, qui s'adresse à des personnels très divers et se considérant la plupart comme cultivés de surcroît.

Commandes: Les commandes dactylographiées sont envoyées directement aux éditeurs, lesquels consentent des remises intéressantes. Trois commandes importantes sont passées annuellement, mais les best-sellers, suites et prix littéraires sont achetés dès leur publication.

Après livraison et pointage sur facture, il est procédé à l'inscription sur le registre d'inventaire, puis la plupart des ouvrages sont envoyés à la reliure, avec recollage de la jaquette. Quelques volumes sont traités par le relieur.

La classification adoptée est celle de Dewey et le prêt est effectué gratuitement, selon le système de Newark, pour une durée de trois semaines. Il est limité à deux volumes mais le lecteur peut en outre emporter une à deux revues pour huit jours. A la Maison de l'O.R.T.F. la consultation sur place est favorisée par l'installation d'un très confortable salon de lecture.

Catalogues.

Tout le catalogage est réalisé à la bibliothèque centrale, sans reprographie. Les lecteurs ont à leur disposition cinq catalogues :
- alphabétique auteurs;
- alphabétique titres pour les romans;
- topographique systématique;
- traductions;
- collections.

De plus, la bibliothèque centrale tient à jour un fichier des fonds de ses deux filiales, classé alphabétiquement par noms d'auteurs. L'expédition des ouvrages auxButtes-Chaumont est assurée par des voitures de service; les navettes étant fréquentes entre les différents studios, la communication est aisée.

Perspectives d'avenir.

Les débuts du bibliobus, qui ne fonctionne, rappelons-le, que depuis novembre 1972, sont extrêmement prometteurs; il répond à un réel besoin de lecture chez les agents isolés. Par ailleurs, une discothèque est en projet et devrait voir le jour assez prochainement. Enfin, la bibliothécaire, qui diffuse déjà des listes sélectives et réalise des expositions, se propose d'intensifier la publicité et d'organiser des conférences-débats au cours desquelles les auteurs dédicaceront leurs œuvres.

Annexe II

Les bibliothèques des Hôpitaux de Paris

Les Hôpitaux de l'Assistance publique sont, pour la plupart, situés à Paris, d'où leur nom à l'origine, mais certains établissements sont maintenant implantés en banlieue et même à Berck. Organisées dans les années 1930, les bibliothèques des malades dépendent du « Service social à l'Hôpital » créé en 1914. Si leurs crédits de fonctionnement sont fournis par l'Assistance publique, celle-ci ne rémunère par contre qu'une partie du personnel, soit une quinzaine de personnes, dont certaines à mi-temps. La majorité des bibliothécaires (80 environ) est donc bénévole et travaille à temps partiel. Hors Paris toutefois, certains établissements ont une responsable à demeure.

Organisation du service.

Les malades sont desservis par un chariot contenant 250 livres environ, Cette bibliothèque ambulante passe hebdomadairement devant chaque lit de chacun des 90 services des Hôpitaux. Les volumes sont classés suivant le système de Dewey et le malade peut en choisir autant qu'il le souhaite pour une semaine. Dans chaque hôpital, le fonds des ouvrages, conservé dans un petit local, est constitué à raison de 6 livres par lit. Ceux-ci, suffisamment renouvelés en fonction de leur état ou de leur succès, sont divisés en lots pour la chirurgie et pour la médecine. Les collections, qui ne comportent pas de titres pouvant susciter des polémiques politiques ou religieuses dans les salles, comprennent au maximum 30 % d'ouvrages documentaires - principalement des livres d'Histoire, des biographies, des récits de voyages - la majeure partie étant constituée de romans. Il convient de noter la faible proportion accordée à l'humour, genre cependant tout indiqué avec le roman pour le public desservi; mais les bibliothécaires déplorent la médiocre qualité des ouvrages produits dans cette catégorie.

Pour les jeunes, le prêt est assuré par un organisme semi-privé, « l'École à l'Hôpital », et la Bibliothèque centrale n'alimente pratiquement dans ce domaine que les hôpitaux de Berck et de Garches.

A l'issue de chaque tournée de prêt, les bibliothécaires remplissent une feuille de statistiques, la totalisent en fin de mois et l'expédient à la bibliothèque centrale, qui exploite les résultats, en particulier pour ses acquisitions ultérieures. Le système de prêt adopté est le « Newark simplifié », à une fiche.

Quelques chiffres.

En 1972, le total des prêts s'est élevé à 774 617, dont 662 631 romans.

« Les 47 hôpitaux... totalisent près de 43 000 lits, où sont accueillis et soignés chaque année plus de 450 ooo malades ou personnes âgées... » (Le Monde, 7 avr. 1973, p. 14).

Centralisation du choix des livres, des acquisitions et de l'équipement.

Toutes ces opérations s'effectuent à la Bibliothèque centrale, située à « La Salpêtrière », boulevard de l'Hôpital à Paris. Ce service assure de même le renouvellement des ouvrages et prépare actuellement les fonds de deux bibliothèques qui doivent s'ouvrir prochainement dans les hôpitaux neufs de Créteil et de Clamart.

Comme à la S.N.C.F., les titres ne sont pas achetés sans qu'auparavant un exemplaire-témoin ait été examiné, à l'exception des romans sentimentaux et de certains romans policiers. La bibliothécaire-chef, après avoir consulté la Bibliographie de la France et diverses revues critiques, se rend chez un libraire et choisit directement, à moins qu'elle n'ait déjà reçu un service de presse. Elle répartit les volumes, pour une première appréciation, parmi les vingt membres d'un comité de lecture, lequel se réunit tous les mois. Chaque livre est lu par deux personnes, qui remplissent une fiche d'analyse, et de leurs avis, parfois contradictoires, découlera après le débat mensuel la décision d'achat et le nombre d'exemplaires à diffuser. Les quantités varient de 5 à 25 volumes par titre. Il n'y a pas de rotations des fonds entre les hôpitaux, ni même entre les services.

Les commandes sont adressées au fur et à mesure à un grossiste ou à un libraire si les quantités désirées sont minimes ou si l'on souhaite une fourniture rapide. Les livraisons s'effectuent à la bibliothèque centrale, qui réalisera le traitement de l'ensemble. L'équipement est, là encore, assuré par des personnes bénévoles, qui acceptent de consacrer des heures à ces tâches matérielles.

Les ouvrages brochés sont envoyés à la reliure et tous les volumes sont recouverts d'un papier orange formant liseuse au moment de la remise au lecteur.

Catalogues.

Le catalogage est entièrement exécuté par des bibliothécaires professionnels, au service central et à son usage exclusif. En effet, les bibliothèques ne possèdent pas de fichiers qui ne pourraient de toute manière être mis à la disposition des usagers, car la consultation sur le chariot en serait fort incommode. Par contre, à La Salpêtrière, les catalogues sont nombreux :
- catalogue dictionnaire général (alphabétique auteurs, titres et matières);
- catalogue inventaire général (ordre systématique, chaque fiche portant le nombre d'exemplaires répartis et leurs numéros d'inventaire);
- catalogue inventaire particulier pour chacune des bibliothèques;
- catalogue de répartition, classé systématiquement, permettant de savoir instantanément quelle bibliothèque possède tel titre. Il est bien entendu tenu régulièrement à jour pour ce qui est des suppressions.

L'utilité d'une telle organisation n'est pas à démontrer. Elle apporte au chevet du malade la possibilité de se distraire en oubliant quelque peu son mal et aussi de se cultiver en meublant les longues heures d'inaction dont il ne disposera plus lorsqu'il aura recouvré la santé. Elle est, en outre, d'autant plus remarquable qu'elle repose, répétons-le, sur un bénévolat à la régularité sans défaillance et qu'elle n'a pas toujours bénéficié des crédits, même modiques, qui lui sont alloués aujourd'hui.

Illustration
Statistiques des bibliothèques SNCF de 1965 à 1972 (1/2)

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Statistiques des bibliothèques SNCF de 1965 à 1972 (2/2)

  1. (retour)↑  Ce texte reprend l'essentiel de la Note de synthèse présentée au terme de l'année scolaire 1972-1973 à l'École nationale supérieure de bibliothécaires.
  2. (retour)↑  Il nous est agréable de remercier ici, très sincèrement, les bibliothécaires qui, au cours de nos recherches, nous ont renseignées avec tant d'obligeance et nous ont permis de rédiger cette note de synthèse.
  3. (retour)↑  Ce texte reprend l'essentiel de la Note de synthèse présentée au terme de l'année scolaire 1972-1973 à l'École nationale supérieure de bibliothécaires.
  4. (retour)↑  Il nous est agréable de remercier ici, très sincèrement, les bibliothécaires qui, au cours de nos recherches, nous ont renseignées avec tant d'obligeance et nous ont permis de rédiger cette note de synthèse.
  5. (retour)↑  P. Leroux. Les Comportements de loisirs des Français (in Cahiers de l'LN.S.E.E. Série M, n° 24, 2 juillet 1970).
  6. (retour)↑  De même, l'Association « Culture et Bibliothèque pour Tous », dont le total annuel des prêts atteint huit millions pour l'ensemble de la France, n'applique le groupement des achats que dans certains départements, et encore ne s'agit-il que d'une juxtaposition des titres demandés par les bibliothécaires plutôt que d'un choix en équipe. Sans doute le bénévolat sur lequel repose le système requiert-il de laisser une certaine autonomie au gestionnaire, ce qui constitue probablement un frein à la centralisation.
  7. (retour)↑  Pour les bibliothèques des Hôpitaux de Paris, voir l'annexe II. Les bibliothèques de l'administration pénitentiaire seront présentés dans un prochain numéro du Bulletin des bibliothèques de France.
  8. (retour)↑  Voir en particulier : Marie Laurence Houssaye, Bibliothèques d'entreprises en Lorraine, In : Bibliographie de la France, (5e série n° 21 - 23 mai 1973).
  9. (retour)↑  Ce nombre comprend non seulement les emprunts effectués par les agents en activité mais aussi par les retraités et les familles des cheminots qui ont accès directement à la plupart des bibliothèques de la S.N.C.F.
  10. (retour)↑  Même en cas de diffusion limitée, les bibliothèques départementales reçoivent les fiches - portant la mention « R » - des ouvrages attribués uniquement aux bibliothèques régionales, qui peuvent les envoyer en prêt sur demande.