La bibliothèque universitaire de Toulouse, section sciences

Jacqueline Grellier

Édifiée dans le vaste ensemble scientifique de Toulouse-Rangueil, la nouvelle section sciences de la Bibliothèque universitaire de Toulouse a été réalisée en deux tranches, de I963 à 1970. Conçue avant les Instructions de I962, cette bibliothèque ne comporte pas de niveaux architecturaux distincts pour les étudiants et les chercheurs. Toutefois, dans le cadre de l'ensemble des services publics installés au rez-de-chaussée, cette distinction a été respectée en tenant compte des multiples interférences qu'exige le bon fonctionnement de ces services. A côté de la salle des catalogues, des salles de lecture principale, de culture générale et des périodiques, une salle a été uniquement réservée à la recherche. Une interpénétration constante et étroite entre les services intérieurs et les services publics a été réalisée grâce à la répartition des bureaux en différents points particulièrement étudiés de façon à satisfaire au mieux les demandes du public.

Dans les années 1955-1960, l'accroissement du nombre d'étudiants et le développement des enseignements scientifiques dans l'Université de Toulouse rendaient nécessaires l'abandon de l'ancienne Faculté des sciences et la construction, en banlieue sud de la ville, de l'ensemble scientifique de Toulouse-Rangueil.

Dans le cadre de cet ensemble, un bâtiment nouveau était édifié pour la Section sciences de la bibliothèque universitaire. Ainsi allait se réaliser la scission entre la Section médecine et la Section sciences, jusqu'alors jumelées (depuis 1890) en une section unique installée au premier étage de la Faculté de médecine, Allée Jules Guesde. Cette scission devenait effective en 1966, et marquait le début des transformations de la Bibliothèque universitaire de Toulouse, appelée à mettre en service plusieurs bâtiments nouveaux.

Projeté en 1958, entrepris en 1960, et non encore complètement achevé, le complexe scientifique s'étend désormais sur un terrain d'environ 150 hectares, situé entre la route de Narbonne et le canal du Midi. Il est donc d'une importance considérable et comprend non seulement les bâtiments de la Faculté des sciences, mais également ceux de l'École nationale supérieure de chimie, de l'Institut national des sciences appliquées, de l'Institut universitaire de technologie.

Édifié dans ce vaste ensemble, et réalisé en deux tranches de travaux, de 1963 à 1970, le bâtiment de la nouvelle bibliothèque universitaire a été construit selon le type traditionnel, en trois parties nettement séparées : services publics, magasins, services intérieurs, et ceci peut paraître assez surprenant et paradoxal pour une construction relativement récente. En effet, le principe de deux niveaux architecturaux, généralement appliqué à la construction des bibliothèques universitaires depuis une dizaine d'années, n'a pu être retenu ici. Cette exception à la règle générale a paru possible, pour ne pas modifier un avant-projet déjà étudié à cette date et qui répondait fort bien à nos objectifs professionnels. Dès 1960, cet avant-projet était établi par M. R. Egger, architecte en chef de l'ensemble scientifique, et approuvé par la Direction des bibliothèques et de la lecture publique avant les journées d'études des bibliothèques scientifiques en janvier 196I et les Instructions de 1962 qui s'ensuivirent. La réalisation de la construction a été assurée par M. E. F. Chabanne, architecte délégué pour cet ensemble, et M. Y. Boudard, architecte d'opération.

Les travaux de la première tranche débutaient seulement en 1963. La réception provisoire avait lieu le 5 mai 1965, le transfert d'un fonds scientifique déjà très important pouvait s'opérer en juillet, l'équipement mobilier était achevé en fin d'année et, le 3 janvier 1966, le public scientifique avait accès à sa nouvelle bibliothèque. Dès 1967, était établi un programme d'extension en longueur de ce premier bâtiment et les locaux de cette deuxième tranche, réalisés de 1968 à 1970, pouvaient être ouverts au public le 3 novembre 1970.

L'ensemble constitue maintenant un bâtiment de 7 000 m2 de plancher, situé à l'extrémité nord-ouest du campus, à proximité immédiate du bâtiment central où fonctionne l'administration de l'Université Paul Sabatier, et non loin des départements de chimie, du restaurant et des cités universitaires. Situation qui fait de la bibliothèque un lieu de travail d'accès particulièrement facile pour les étudiants.

Étude générale de la construction

Sur le plan architectural, un contraste d'un heureux effet est réalisé entre un magasin à livres construit en hauteur sur huit niveaux et un ensemble de services publics qui se développent à l'horizontale, uniquement au rez-de-chaussée. La tour-magasin rectangulaire domine non seulement le reste de la bibliothèque mais aussi les constructions voisines du campus et sa haute façade bleue y introduit un certain élément de diversité. A l'autre extrémité de la bibliothèque, après le développement des services publics, une mezzanine, dominant la salle de recherche, rappelle, à une hauteur nettement moins élevée, la tour de livres et permet de réaliser ainsi l'équilibre de l'ensemble de la construction.

Ce plan était conçu, comme nous l'avons signalé, avant les Instructions de 1962 qui ont profondément modifié le fonctionnement des services publics. Cependant, lors de sa mise en œuvre effective, il n'a pas paru indispensable de le transformer. Une adaptation du schéma initial aux instructions nouvelles nous a semblé réalisable, et le pari que nous prenions de la sorte a pu finalement être tenu. La disposition des salles de lecture sur un seul niveau se conciliait mal, à première vue, avec la distinction entre un niveau étudiants et un niveau chercheurs. Cependant, une adaptation de cette conception architecturale à un fonctionnement complexe s'est révélée possible et a même permis d'appliquer les Instructions de 1962 avec une plus grande souplesse.

Comme l'ont prouvé d'autres expériences, le principe de la répartition des documents entre deux niveaux différents d'enseignement et de recherche, pour être valable, doit admettre certaines interférences. D'une part, en effet, bien des documents sont utiles à la fois à l'étudiant de licence et au chercheur. D'autre part, en ce qui concerne la bibliothèque scientifique, le coefficient d'utilisation des places assises du deuxième niveau reste faible, car les chercheurs, qui travaillent surtout en laboratoire, ont besoin de nombreux documents mais utilisent peu nos salles de lecture pour des séjours prolongés. Par contre, les étudiants non-avancés fréquentent beaucoup notre bibliothèque et, s'ils consultent peu de documents et peuvent se contenter d'un nombre assez restreint d'usuels, ont besoin, en revanche, de nombreuses places assises.

Partant de ces remarques sur les différences d'utilisation de notre bibliothèque, nous avons estimé que les interférences entre les deux niveaux devaient porter essentiellement sur le nombre de documents mis à la disposition de nos lecteurs dans les salles de travail et celui des places assises qui devaient leur être offertes. Nous avons alors admis, une fois pour toutes, que les documents utiles à la recherche devraient déborder largement le cadre des salles réservées à celle-ci. Ainsi, les étudiants non-avancés peuvent consulter eux aussi ces documents et utiliser, aussi bien que les chercheurs, les places assises de ces locaux d'usage commun. Ces interférences ont pu s'établir sans difficulté dans le cadre de nos services publics, entièrement installés au rez-de-chaussée.

Mais l'importance qui était ainsi donnée au niveau de l'enseignement ne diminuait pas celle de la recherche et n'empêchait pas de respecter la lettre et l'esprit des Instructions de 1962. D'où la création d'une salle de recherche, réservée aux enseignants, chercheurs et étudiants avancés, et complétée par une mezzanine qui leur est également réservée. Suivant une pratique déjà adoptée ailleurs, il n'a pas paru essentiel de classer dans cette salle de nombreux ouvrages isolés. En revanche, une place prépondérante est accordée aux périodiques et aux bibliographies spécialisées, considérés comme les instruments essentiels du travail de recherche, dans le domaine des sciences. Se trouvent donc groupées dans cette salle, par secteurs spécialisés, les bibliographies scientifiques et les collections des années 1960 et suivantes de nombreux périodiques (la tête de collection étant placée à proximité, dans un magasin annexe).

Les autres documents utilisés par les chercheurs se trouvent soit dans les magasins de la tour principale, soit dans les salles ouvertes à tous les lecteurs (salle des périodiques, complétant la salle de recherche; salle de lecture principale, consacrée aux ouvrages scientifiques).

Développement des services publics

Un groupe de cinq salles au total, complétées par quelques locaux annexes, répond à cette conception d'ensemble des services publics qui établit de nombreuses interférences entre les deux niveaux d'utilisation.

Par la façade sud, en passant sous la partie centrale de la grande tour-magasin qui domine la construction, le lecteur pénètre dans le hall d'entrée, trop exigu certes, mais qui sert cependant de local de détente et de fumoir. Agrémenté de plantes vertes, il est complété par un vestiaire, trop restreint lui aussi.

Ayant franchi les portes vitrées de ce hall, le lecteur se trouve d'emblée devant la salle des catalogues, située dans l'axe central, et qui peut le conduire, en continuant dans la même direction, jusqu'à la salle des périodiques. Il peut aussi, dès l'entrée, se diriger soit à gauche vers la salle de lecture principale, soit à droite où une porte vitrée lui donne accès à la salle de culture générale.

Les façades largement vitrées et complétées par des verrières, les cloisons latérales vitrées elles aussi, donnent un ensemble très lumineux. Un excellent éclairage naturel, qui pose cependant des problèmes pendant l'été, est ainsi généreusement dispensé dans tous nos services publics, ce qui contribue beaucoup à leur agrément. Les trajets d'une salle à l'autre sont facilités par des circulations spacieuses ménagées dans l'axe central orné de plantes vertes, qui se développe de la salle des catalogues à celle des périodiques, entre des patios dont l'esthétique a été particulièrement étudiée. Dans ces patios, des chapiteaux mis à notre disposition par le Musée des Augustins établissent un lien très heureux entre les formes passées et présentes de l'art.

Les revêtements de sol ont été choisis en fonction du silence nécessaire dans les lieux de travail : gerflex pour les locaux construits en première tranche (salle des catalogues, salle de lecture principale, salle de culture générale), tapisom pour les locaux achevés récemment (salles de recherche et des périodiques).

Il reste à étudier de façon plus détaillée chacun de ces locaux sur le plan fonctionnel.

La salle des catalogues (dans l'axe, à partir de l'entrée) bénéficie d'une situation très pratique au centre de notre dispositif. C'est, bien sûr, un lieu de passage, ce qui est d'ailleurs peu gênant, la consultation de fiches ne demandant pas une grande concentration d'esprit. Mais c'est vraiment la plaque tournante de tous les lieux de travail et elle est surtout très proche de la grande banque de communication et de prêt. On y trouve, naturellement, les fichiers essentiels (alphabétique auteurs, alphabétique matières, systématique, catalogue des périodiques), qui sont en outre complétés pour certains fonds spéciaux (usuels - culture générale) par des petits fichiers placés, non dans cette salle, mais auprès des services intéressés.

La salle de lecture principale (à gauche, en entrant) est, de toutes nos salles, celle qui présente la plus grande capacité d'accueil (170 places assises), celle aussi qui, non spécialisée, joue le rôle essentiel dans le fonctionnement de notre bibliothèque. Grâce aux différents services qui y sont implantés, elle répond aux besoins de tous nos lecteurs en ouvrages scientifiques, soit qu'ils se trouvent en accès libre, soit qu'ils soient obtenus grâce aux magasiniers ou même par l'intermédiaire du prêt inter-bibliothèques. C'est en bordure de cette salle, près de l'entrée et des catalogues, que se trouve la banque de communication où fonctionne aussi le service de prêt le plus important, en liaison directe avec les magasins sur huit niveaux. C'est aussi dans cette salle que sont classés la plupart des usuels d'étudiants. L'usage intensif qui en a été fait pouvait apparaître comme un succès de l'expérience du libre accès. Mais ce succès s'est peu à peu détruit lui-même, avec le rythme croissant des disparitions. La majorité de nos lecteurs assidus se trouvait ainsi lésée par une minorité qui cédait à un réflexe illégitime d'appropriation. Nous avons donc été amenés à prendre des mesures de protection en créant au fond de la salle, en face de la banque de communication, un service de distribution et de prêt des usuels, placé sous le contrôle d'un magasinier. Ce service constitue ainsi un fonds de sécurité où les lecteurs sont assurés de retrouver leurs ouvrages habituels. D'autres ouvrages sont placés en accès libre, comme par le passé, sur les rayonnages de la salle, mais le pourcentage encore élevé des disparitions devrait nous amener à régler, dans un proche avenir, la question d'un contrôle de sortie.

La salle de culture générale (à droite, en entrant) n'offre que 96 places assises, mais répond à des besoins variés grâce aux différentes catégories de documents qui s'y trouvent groupés :
- Ouvrages généraux de sciences (secteur A), catégorie qui n'appelle aucune précision.
- Ouvrages appartenant à des disciplines non scientifiques, mais qui font cependant l'objet d'un enseignement dans le cadre d'une extension de notre université. Catégorie qui résulte des interférences entre les domaines d'étude des universités, par suite de leur nouvelle vocation pluridisciplinaire, et les conséquences de cette orientation sont appelées à se développer, comme l'a déjà signalé, voici quelques mois 1, l'article concernant la Bibliothèque universitaire, section sciences, de Rennes.
- Ouvrages de culture générale proprement dite, permettant au spécialiste d'une discipline d'acquérir des connaissances de base dans les domaines les plus variés. Catégorie qui requiert une sélection très délicate, mais ne constitue pas un « fonds de détente » et offre au contraire au spécialiste une occasion d'intégrer son domaine d'étude dans un ensemble plus vaste qui dépasse le domaine des lectures de distraction que notre bibliothèque n'a pas pour vocation d'acquérir.

Une partie de ces documents est disséminée sur les rayonnages de la salle. D'autres, également en accès libre pour les lecteurs, sont groupés sur des épis au fond de la salle, sous le contrôle d'un magasinier qui en assure le prêt.

La salle des périodiques, déjà mentionnée ci-dessus, est située dans le prolongement de la salle des catalogues et accessible par l'axe central qui se développe entre les patios dont nous avons souligné tout l'agrément. En face de l'entrée, une banque centrale a été remarquablement réalisée par l'Entreprise Borgeaud.

Par la catégorie nettement définie et spécialisée de ses documents, cette salle répond déjà aux exigences de la recherche. Mais, en l'ouvrant librement à tous les lecteurs, nous leur avons offert 90 places assises supplémentaires. Les étudiants utilisent peu les périodiques, bien sûr mais apprécient cependant le fait d'avoir accès à cette salle comme les chercheurs, et d'y trouver une ambiance de travail particulièrement calme.

Les enseignants, chercheurs, étudiants ont ainsi à leur disposition les années 1960 et suivantes de nombreux périodiques, classés par secteurs spécialisés, mais qui présentent un intérêt plus général que ceux de la salle de recherche. Pour augmenter la place disponible et conserver au volume architectural des perspectives dégagées, nous avons fait un usage très modéré des présentoirs et classé le plus souvent ces périodiques sur des rayonnages ordinaires et assez bas, de 1,25 m de hauteur. Pour attirer l'attention sur le dernier fascicule reçu, nous le plaçons en fin de collection sur un mini-présentoir en plexiglas, incliné, fixable au rayonnage lui-même. Ce modèle a été réalisé et mis au point, sur notre demande, par l'Entreprise Borgeaud.

A proximité immédiate, un magasin en sous-sol complète cette salle, ainsi que la salle de recherche, pour les têtes de collections.

La salle de recherche est, comme on le sait, la seule qui soit réservée aux enseignants, chercheurs et étudiants avancés. A ce titre, elle a déjà été étudiée dans la conception générale des services publics.

Sur le plan architectural, elle est en continuité avec la salle des périodiques dont elle n'est séparée que par des rayonnages de hauteur moyenne, surmontés d'une cloison vitrée opaque, le tout ne dépassant pas la hauteur de 2 mètres. Bien que ne disposant que de 40 places assises, cette salle apporte à la recherche les éléments de ce que nous considérons comme le véritable deuxième niveau de la bibliothèque scientifique. Bibliographies scientifiques courantes et collections de périodiques, à partir de 1960, sont groupées par secteurs spécialisés, suffisamment isolés les uns des autres par des meubles à quatre niveaux de classement, dont nous avons limité la hauteur à 1,55 m, toujours pour ne pas couper la perspective.

D'une manière générale, ce souci de la perspective s'est imposé dans toutes nos salles de travail. Aussi ont-elles été équipées de meubles et rayonnages bas. Le bon éclairage naturel dont bénéficient ces salles nous a permis de préférer l'acajou pour l'ensemble des fichiers, meubles et rayonnages et pour une partie des tables. Toutefois, une opposition de teinte avec l'acajou a paru souhaitable, d'où le choix de plateaux en lamifié clair (frêne de fil) pour les tables de la salle des périodiques (rectangulaires, de I,80 × I,20 m), de la salle de recherche (rondes, de 1,20 m de diamètre) et une partie des tables de la salle de culture générale (également rondes, de I,20 m de diamètre), car nous avons recherché la variété dans cette salle en y distinguant deux parties, séparées par un meubles bas.

Cette impression de variété, qui se retrouve dans l'ensemble des salles de travail, est accentuée par le fait que des locaux de destination différente sont situés au même niveau. Souvent aussi, nous avons voulu une certaine variété fonctionnelle à l'intérieur d'une même salle, en la rendant polyvalente : variété dans les services (salle de lecture principale), variété dans les catégories de documents (salle de culture générale), variété dans les catégories de lecteurs (salle des périodiques).

Les faiblesses de ce dispositif existent évidemment : exiguïté du hall d'entrée et du vestiaire, absence d'un magasin au rez-de-chaussée derrière la banque de communication, insuffisance du magasin des périodiques, situation trop marginale du magasin principal par rapport à l'ensemble des salles de travail, en particulier celles achevées récemment, liaison verticale de ce magasin, sur huit niveaux, inadéquate aux besoins de la communication, isolement insuffisant entre la salle de recherche et celle des périodiques. Mais ceci s'explique par le fait que nous avons voulu créer deux salles là où une seule était prévue. Comme beaucoup de bibliothèques, à l'heure actuelle, nous avons préféré, en effet, des locaux de dimensions moyennes.

De façon constante, les besoins que nous avons vu apparaître pour nos services publics, et aussi pour nos services intérieurs, en particulier entre la réalisation de la première tranche et l'achèvement de la construction, ont été étudiés très obligeamment et avec beaucoup de compréhension par le Service technique de la Direction des bibliothèques et de la lecture publique, le Service constructeur des universités de Toulouse et les architectes de ce bâtiment qui ont eu à cœur de réaliser une bibliothèque fonctionnelle tenant compte des derniers résultats de nos expériences. Nous sommes heureux de les en remercier et de constater que notre public bénéficie aujourd'hui de cet esprit de coopération.

Les services intérieurs

A l'origine, les bureaux du personnel étaient en nombre nettement insuffisant, ce qui est d'ailleurs un cas général, assez fréquemment signalé dans les bibliothèques ces dernières années. Nous avions même été obligés de procéder à une installation de fortune dans une partie de la grande salle de manutention. L'accroissement de nos effectifs, comme celui du nombre des documents à traiter, nous ont amenés en cours de construction à demander davantage de bureaux, et cette demande a été, elle aussi, obligeamment satisfaite.

Ainsi a-t-il été possible d'organiser les services intérieurs en fonction des besoins qui sont allés en croissant. Compte tenu de ces nouveaux locaux, de nos effectifs et de la nouvelle répartition des documents, nous avons pu constituer deux secteurs de travail nettement définis : pour le traitement des thèses et des périodiques d'une part, pour les acquisitions et le traitement des ouvrages d'autre part.

Une interpénétration constante et étroite existe entre ces services intérieurs et les services publics que nous venons de décrire, car nous avons pu éviter une concentration qui aurait mal répondu à la relation fonctionnelle souhaitable entre bureaux, documents et salles de travail intéressés. Cette interpénétration s'est révélée possible grâce à la répartition des bureaux en différents points particulièrement étudiés.

Ainsi, le service des périodiques et des thèses françaises et étrangères est installé à proximité immédiate des salles de périodiques et de recherche. Il constitue un groupe de travail distinct, placé sous la direction d'un conservateur, M. Suzor, qui a joué, par ailleurs, un rôle important dans l'installation de l'ensemble de ces bâtiments. Ce groupe de travail est chargé aussi de deux services annexes qui assurent les travaux complémentaires du traitement des périodiques : l'un pour la photocopie, avec machine Rank Xerox, pouvant satisfaire immédiatement les demandes de reproduction, celles-ci portant essentiellement sur les articles de revues; l'autre pour la préparation des trains de reliure, qui est particulièrement importante, elle aussi, dans le domaine des périodiques.

La même relation constante avec les salles de travail se retrouve également pour le service de traitement des usuels et celui du prêt inter-bibliothèques, installés dans deux bureaux vitrés de la salle de lecture principale.

La direction de la Section fonctionne dans un groupe de bureaux, à proximité de la salle de culture générale. C'est là que sont préparées et en partie traitées les acquisitions d'ouvrages, c'est là aussi que s'effectue la plus grande partie du travail de catalogage. Les acquisitions sont traitées suivant les Instructions de 1962, avec répartition des ouvrages dans les secteurs A à F. Pour les usuels d'étudiants et les ouvrages de culture générale, nous avons adopté une méthode simplifiée, afin de supprimer la dualité entre l'enregistrement inventaire et la cotation CDU, dualité qui déroutait souvent les lecteurs et compliquait aussi le travail du personnel : tous les ouvrages portant la même cote CDU simplifiée (limitée à trois décimales) sont traités comme s'ils étaient groupés en une collection factice, la cote principale étant évidemment composée des décimales elles-mêmes. Faute de place, cette méthode ne peut être entièrement décrite et discutée ici. Pour le moment, elle apparaît comme satisfaisante, mais il va de soi que l'étude de ses résultats sera intéressante dans quelques années.

Parallèlement à la mise en place des services intérieurs, l'implantation de quatre bureaux de prêt n'a pas été, bien sûr, sans poser des problèmes de personnel, d'organisation et de fonctionnement, mais nous avons tenu à dissocier du prêt général trois services concernant des catégories nettement définies de documents : usuels, ouvrages de culture générale, périodiques en libre accès. La dispersion de ceux-ci dans différentes salles nous a d'ailleurs amenés logiquement à envisager cette dissociation. Les résultats de la répartition de ces services, installés à l'endroit même où se trouvent les documents, se sont révélés satisfaisants, en particulier en ce qui concerne le prêt des usuels.

Des bureaux que nous avons voulu fonctionnels ont facilité une répartition rationnelle du travail entre le personnel. Cependant, comme dans toute bibliothèque, les tâches à assumer n'en demeurent pas moins très lourdes : gestion d'un fonds très important de plus de 2 500 périodiques, traitement de 4 000 ouvrages environ par an, travaux de reproduction, service des thèses souvent surchargé, celui du prêt inter-bibliothèques constamment sollicité. Les tâches internes quotidiennes laissent peu de disponibilité au personnel scientifique et technique pour se consacrer au service public. L'information du lecteur, qui est obtenue actuellement grâce à une signalisation soigneusement étudiée et à la diffusion très large d'un Guide du lecteur, devrait être développée davantage à l'avenir sous des formes plus nombreuses, car elle est d'une grande importance dans une bibliothèque scientifique.

Nous avons essayé de dégager les deux idées directrices de l'aménagement de cette bibliothèque, depuis son ouverture en 1966 : interférences des deux niveaux d'utilisation dans les salles de travail, et interpénétration étroite entre services intérieurs et services publics. Tels sont les points principaux sur lesquels ont porté nos efforts au cours de ces années d'organisation.

L'ensemble de ce fonctionnement semble, pour l'essentiel, donner satisfaction à la plupart des 4 000 usagers, enseignants, chercheurs, étudiants qui fréquentent nos locaux, même si certains habitués de la bibliothèque se sont montrés quelque peu désorientés, au début, par le nouvel agencement des locaux et des fonds, de périodiques en particulier.

Dans un contexte plus général, la création de nouvelles universités aura une incidence certaine sur l'avenir de cette bibliothèque scientifique. En effet, dans le cadre des nouvelles structures universitaires toulousaines, l'Université Paul Sabatier, à Rangueil (Toulouse III), regroupe désormais, avec les Observatoires et d'autres établissements universitaires, la Faculté mixte de médecine et de pharmacie et la Faculté des sciences. Il est certain qu'au service de la même Université, la Section médecine et la Section sciences de la Bibliothèque universitaire de Toulouse, autrefois réunies, maintenant séparées, vont devoir retrouver une certaine unité d'action, dans une étroite collaboration. Il est non moins certain que la Bibliothèque scientifique travaille maintenant pour une université beaucoup plus vaste que la seule Faculté des Sciences et pour un Institut national polytechnique, regroupant les écoles d'ingénieurs. Des domaines d'étude de plus en plus diversifiés et spécialisés sont appelés forcément à déterminer le choix de nos documents et une coopération plus étroite devra s'établir avec les établissements scientifiques.

Enfin, et surtout peut-être, la création à Rangueil dans une université pluridisciplinaire, de deux unités d'enseignement et de recherche de sciences économiques et de langues vivantes infléchit déjà notre politique d'achat et la constitution de nos fonds. Ainsi une évolution à double sens, à la fois vers une spécialisation plus poussée et une certaine vocation encyclopédique, semble dès lors se dessiner pour la Bibliothèque universitaire de Toulouse, Section Science, dans sa mission d'étude et de recherche. Les nouvelles installations dont elle bénéficie maintenant ne pourront que faciliter matériellement cette orientation.