Bibliobus urbains

Conclusions d'une enquête effectuée en 1969 et 1970

Une enquête a été réalisée en 1969 et 1970 auprès des bibliothèques municipales qui disposent de bibliobus urbains pour la desserte en livres des quartiers périphériques des villes. Le dépouillement de cette enquête a permis de tirer des enseignements concernant notamment le véhicule, son aménagement et son équipement.

Un questionnaire avait été adressé à la plupart des bibliothèques municipales disposant d'un ou de plusieurs bibliobus pour la desserte en livres des quartiers périphériques des villes. Les réponses se sont échelonnées et seules celles concernant des véhicules neufs ont été dépouillées, les véhicules d'occasion du fait de l'usure du moteur et de la carrosserie ne permettant d'assurer qu'un service limité.

Une difficulté s'est présentée au cours du travail de dépouillement du fait de l'imprécision des réponses et de certains termes employés qui peuvent prêter à confusion.

Par ailleurs, le questionnaire comportait une lacune : on avait omis d'insérer un paragraphe pour demander d'expliciter les motifs qui avaient conduit à choisir telle marque de véhicule plutôt qu'une autre.

Il est incontestable que, dans la plupart des cas, le choix s'est porté sur telle marque en fonction des caractéristiques techniques, de la présence d'un concessionnaire local, du prix, du coût de fonctionnement ou des possibilités d'exploitation.

Ces remarques mises à part, des enseignements peuvent cependant être tirés de cette enquête concernant notamment le véhicule, l'aménagement et l'équipement.

I. - Véhicule

Sur 15 villes, 10 ont adopté un véhicule de marque Citroën, 4 un Renault-Saviem, 1 un Berliet.

En 1968, 5 villes 1 ont reçu de la Direction des bibliothèques et de la lecture publique un véhicule Renault-Saviem et en 1969, 4 2 se sont vues accorder un véhicule Citroën type 450 similaire à celui de certaines bibliothèques centrales de prêt mais avec un allongement plus grand.

Pour les véhicules de marque Citroën acquis récemment, le tonnage le plus courant est 9,8 t et la puissance du moteur s'échelonne entre 14 et 20 cv. Sur trois véhicules du même type, deux utilisent l'essence comme carburant, un le gas-oil (équipé d'un moteur diesel). La plupart des villes ont fait appel à l'entreprise Reuliez pour la carrosserie, d'autres, par contre ont fait travailler des entreprises locales (Demeule à Brest, Fort à Marseille, Helbert à Royal-sur-Vilaine pour Rennes).

La moyenne de kilomètres effectués par an se situe aux alentours de 3 000. La longueur des parcours, le nombre plus ou moins élevé d'arrêts, la topographie de la ville et de son agglomération entraînent des variations dans la consommation de carburant.

Des observations ont été formulées sur les difficultés présentées par la conduite : rayon de braquage insuffisant, direction non assistée, manque de visibilité.

Pour toutes les villes, les réparations et révisions sont effectuées par les ateliers municipaux et, de ce fait, il n'a pas été possible d'évaluer exactement le coût de fonctionnement du bibliobus.

Le prix d'achat du véhicule suit le cours général des prix et les dépenses d'aménagement et d'équipement n'échappent pas à la hausse constante des matériaux et de la main-d'œuvre. On constate une augmentation annuelle de l'ordre de 10 %.

Suivant le modèle, la capacité en lecteurs est en moyenne de 10 à 25.

En ce qui concerne les véhicules de marque Renault, le tonnage est plus faible ainsi que la puissance du moteur : 2,180 t pour 6 CV, 3,500 t pour 10 CV, 5,5 t pour II CV.

Les Renault-Saviem ont un tonnage de 9 t pour une puissance de 14 CV. Équipés d'un moteur diesel, leur consommation en gas-oil est moins élevée que celle des véhicules à essence.

Les véhicules attribués par la Direction des bibliothèques et de la lecture publique à 5 villes en 1968 ont été carrossés par l'entreprise Gruau à Laval. Les autres villes dotées d'un bibliobus de même marque se sont adressées à des entreprises locales (Bourrec et Courtade à Auch pour Toulouse, Guillermet à Grenoble).

La moyenne de kilomètres parcourus par an est supérieure à celle des véhicules Citroën, elle varie entre 4 ooo et 5 000.

En ce qui concerne la conduite, en général les mêmes remarques ont été faites que pour les véhicules de marque Citroën.

Toulouse note que les dimensions de son bibliobus sont excessives (12 m de long) pour certains circuits urbains et souhaiterait pouvoir disposer de plusieurs bibliobus de taille différente pour les adapter au parcours et aux possibilités de stationnement.

Les utilisateurs des Renault-Saviem, bénéficiaires d'un don de la Direction des bibliothèques et de la lecture publique, ont été unanimes à faire observer que le moteur présente des difficultés de démarrage par temps froid, par temps humide et après un long arrêt. Ce sont là des inconvénients courants des moteurs diesel. En effet, une faible variation de température est de nature à décharger la batterie qui ne se recharge pas suffisamment au cours de brefs déplacements d'un arrêt à l'autre. Le moteur étant dépourvu de manivelle à main, l'appel à une dépanneuse est inévitable en cas de non-démarrage.

D'autre part, afin de réaliser un ensemble profilé, le carrossier a transformé la cabine mobile en cabine fixe; de ce fait, les organes du moteur ne peuvent être atteints qu'après démontage de la cabine.

Le bibliobus de marque Berliet possède les caractéristiques suivantes : 10 t pour 16 CV, moteur diesel, carrossé par Delorme à Nanterre et son utilisation ne soulève pas de remarques particulières.

Tous les véhicules, quelle que soit la marque, comportent, en plus des portes de la cabine du chauffeur, deux portes destinées l'une à l'entrée et l'autre à la sortie des lecteurs, ceci répondant aux exigences des services de sécurité. Quel que soit leur emplacement, elles sont munies de marchepied escamotable et de main-courante dans la plupart des cas.

Bien des bibliobus ne possèdent pas de sas. Son utilité est pourtant reconnue dans les villes où le climat est variable ou rigoureux l'hiver.

II. - Aménagement

L'ensemble des coques des bibliobus a été allongé et haussé au maximum pour assurer les plus larges possibilités d'utilisation.

Pour permettre de pallier l'insuffisance de l'éclairage naturel qui est parfois signalée, on pourrait à l'avenir s'inspirer de la réalisation de Saint-Martin d'Hères : le plafond est constitué en partie d'une bande de polyester translucide de 3 m de long et de 0,90 m de large qui assure une luminosité satisfaisante pour le choix des ouvrages.

L'éclairage artificiel est généralement du type éclairage fluorescent alimenté par une batterie le plus souvent indépendante de celle du véhicule, ce qui est d'ailleurs souhaitable.

Pour deux bibliobus sur 20, l'éclairage est fourni par le réseau urbain grâce à des prises de courant prévues à chaque point de stationnement (Toulouse et Poitiers).

L'emplacement des sources lumineuses est fonction de la disposition des rayonnages et de la banque de prêt.

Des stores en toile ou en lamelles n'assurent qu'imparfaitement la protection solaire. Le remède semble être les verres filtrants.

La ventilation est le plus souvent naturelle et partout insuffisante. Des aérateurs et des ventilateurs ont parfois été installés pour ventiler le véhicule et atténuer cette impression de chaleur étouffante qui y règne l'été.

L'isothermie est assurée par le doublage des parois avec panneaux de polystyrène expansé. Un seul bibliobus (Toulouse) est équipé d'un climatisateur.

Le gros problème est celui du chauffage. Quel que soit le système adopté, installation sur batterie, chauffage au gaz, au fuel, la puissance calorifique se révèle insuffisante dans la plupart des cas.

Tous les aménagements des bibliobus, en dépit des préoccupations des carrossiers et des bibliothécaires, ne répondent qu'imparfaitement au souci de procurer de bonnes conditions de confort aux lecteurs et au personnel.

III. - Équipement

L'équipement des bibliobus a toujours eu pour objectif d'offrir le plus d'ouvrages possible au choix des lecteurs. Bien des villes rivalisent d'astuce pour utiliser au maximum tous les coins et recoins du véhicule. Le socle des rayonnages devient un coffre à albums, les vitres sont transformées en vitrines d'exposition.

A l'inverse des bibliothèques, les rayonnages ne sont pas d'un type normalisé : la hauteur totale varie en fonction de celle du véhicule et la hauteur utile entre les tablettes correspond aux formats. Leur emplacement est latéral, parfois un rayonnage est adossé à la cabine lorsqu'elle est séparée du fourgon. Un épi central est à déconseiller, la largeur des bibliobus ne permettant pas une circulation aisée des lecteurs autour d'un épi central alors que les parois du véhicule sont elles-mêmes équipées de rayonnages.

Le choix d'un véhicule éclairé d'un seul côté est aussi à déconseiller. L'expérience a montré que la suspension du véhicule est déséquilibrée par suite du poids du rayonnage qui occupe toute la hauteur d'un des deux côtés.

La meilleure solution consiste à équiper de rayonnages les deux côtés du bibliobus et à prévoir un éclairage naturel zénithal.

La capacité en volumes varie suivant le développement des rayonnages, mais on constate que la moyenne se situe aux alentours de 2 500.

Une inclinaison des tablettes et des sandows sont des modes courants d'immobilisation des ouvrages. Parfois, on a recours aux serre-livres lorsque le rayon n'est pas plein. Une baguette d'aluminium fixée aux montants des rayonnages, est aussi de plus en plus utilisée pour servir de barre d'arrêt aux livres et les empêcher de tomber.

En ce qui concerne le matériau, la préférence est donnée au bois ou au stratifié de couleur bois. On veut faire du bibliobus une bibliothèque aussi attrayante qu'une installation fixe.

La banque de prêt est toujours adaptée au véhicule et son modèle a été étudié en fonction du système de prêt (système Newark, Brown, par magnétophone). On peut retenir cette suggestion formulée par plusieurs villes : l'installation de deux banques; l'une à l'entrée pour la restitution des ouvrages, l'autre à la sortie pour le prêt.

Pour éviter un encombrement, on suggère d'utiliser le siège du passager pour la banque de restitution. Fichier, compteurs mécaniques pour les statistiques, table, siège, escabeau, vestiaire complètent l'équipement des bibliobus qui sont parfois dotés de haut-parleurs pour leur publicité.

On peut signaler que les différents constructeurs français n'ont pas eu, jusqu'à présent, le souci d'étudier un modèle-type de bibliobus à l'instar des firmes allemandes et anglo-saxonnes. Mais le marché des bibliobus est susceptible d'évoluer puisqu'un constructeur français s'intéresse à ce problème et qu'un modèle est actuellement à l'étude.