Les nouveaux aménagements de la Bibliothèque municipale de Châteauroux

Lecture publique et discothèque

Gisèle Chovin

Depuis 1966, la bibliothèque municipale de Châteauroux, occupant plusieurs étages de la Maison de la culture, a vu la réalisation de différents projets d'extension : la section « Lecture publique » ( qui a ouvert ses portes au public le 12 mars 1968), la discothèque (qui assure le prêt des disques et l'audition sur place); une annexe a été aménagée dans le centre social d'un quartier d'H.L.M.

Depuis 1966, la Bibliothèque municipale de Châteauroux a vu la réalisation de différents projets d'extension qui étaient envisagés de longue date. Ce fut d'abord en novembre 1966, l'ouverture d'une annexe de lecture publique dans un quartier périphérique de la ville, puis en mars 1968, le transfert de la section Lecture publique dans de nouveaux locaux; enfin, tout récemment, la création d'une discothèque 1.

La Bibliothèque municipale occupe depuis 1958 les trois étages supérieurs de la Maison de la culture (ex Centre social); ce vaste immeuble abrite, outre certains services sociaux : le théâtre, la Maison des jeunes, des salles de conférences et d'expositions.

L'affectation des trois étages de la bibliothèque était jusqu'à une date récente, la suivante :
- au 3e étage : Magasins de livres et bureaux;
- au 4e étage : deux salles publiques (sections Étude et Lecture publique), des magasins de livres et un bureau.
- au 5e étage : des magasins de livres.

Dès 196I, il apparut que la section Lecture publique, qui ne disposait pas d'une pièce vraiment indépendante, ne pourrait pas continuer à fonctionner dans ces conditions. En effet, elle occupait partiellement une salle assez vaste mais servant d'unique accès à la section Étude. La configuration particulière de cette pièce n'avait pas permis un aménagement fonctionnel; la majorité des volumes n'avait pu y prendre place et se trouvait dans une fraction de magasin de livres normalisé dont les travées de rayonnages étaient inamovibles et par surcroît sans surveillance possible de la part du personnel. Quant au « coin des enfants », son emplacement près des catalogues et à proximité de la salle d'étude constituait une gêne pour les lecteurs. Avec l'augmentation constante de la fréquentation et des prêts, le calme nécessaire aux habitués de la section Étude ne pouvait plus être obtenu. D'autre part, il devenait urgent de pouvoir disposer précisément pour la section Étude, du magasin de livres et de tables de lecture supplémentaires pour les jours d'affluence; enfin, il était exclu d'organiser une exposition, faute de pouvoir loger des vitrines.

Toutes ces raisons ont incité la Municipalité de Châteauroux à accueillir favorablement un projet de transfert de la section Lecture Publique à un autre étage de l'immeuble, dans des locaux occupés alors par des cours de la Chambre des métiers et qui devaient être libérés. Lors de ses visites à la bibliothèque en 196I et en 1963, M. l'Inspecteur général Masson encouragea ce projet et promit aux autorités municipales, l'aide de la Direction des bibliothèques. En mars 1964, le Conseil municipal approuvait à l'unanimité ce projet; la Direction des bibliothèques accordait une subvention en mars 1966; mais dans l'attente des crédits complémentaires, les travaux ne purent commencer que le Ier mars 1967. Finalement, la nouvelle section a ouvert ses portes au public le 12 mars 1968.

L'extension des services de la bibliothèque avait également commencé en novembre 1966 avec l'ouverture d'une petite annexe de lecture publique dans un quartier d'H.L.M. Depuis 1960, de nombreux projets d'annexes avaient vu le jour, à la demande de la Municipalité , mais n'avaient pu aboutir étant donné l'absence de locaux disponibles dans ce quartier, la Municipalité hésitant en effet à construire une annexe faute d'une expérience analogue.

Finalement à la suite d'un accord conclu entre la Caisse d'allocations familiales de l'Indre et la Municipalité, une annexe de la bibliothèque était installée dans le Centre social de Beaulieu géré par la Caisse d'allocations, et connaissait rapidement un grand succès.

Quant à la discothèque, c'est un service entièrement nouveau. Après en avoir envisagé à plusieurs reprises la réalisation, la Municipalité charge, en 1965, la bibliothécaire d'étudier la création d'une discothèque destinée à fonctionner dans le cadre de la bibliothèque. Une fois les locaux appropriés rendus vacants, un projet définitif est établi en septembre 1966; les travaux préliminaires commencent en mai 1967 pour s'achever en mai 1968. Parallèlement, un fonds de disques est constitué et le catalogage se poursuit depuis septembre 1967.

I. - La lecture publique

I. Les nouveaux locaux de la section « Lecture publique ».

Ces locaux sont situés au 2e étage de l'immeuble, au-dessus du hall et du Foyer du théâtre, avec accès par l'ascenseur réservé uniquement à la bibliothèque et par l'escalier desservant également la discothèque.

A l'origine, ils se composaient d'un hall et de cinq petites pièces reliées par un couloir. Toutes les cloisons ont été abattues pour former une salle de 150 m2. Le chauffage central a été rénové et modifié, les installations électriques entièrement refaites. L'éclairage naturel est d'ailleurs particulièrement favorable et l'éclairage artificiel comprend 25 plafonniers ronds, une verrière équipée de tubes fluorescents et une rampe d'éclairage indirect pouvant recevoir éventuellement des tubes fluorescents. Les murs ont été peints en gris très clair, le sol recouvert d'un tapiflex noir veiné de jaune, les rideaux des fenêtres sont gris clair également.

L'aspect d'ensemble de la salle est très agréable, grâce surtout à la luminosité donnée par la grande baie vitrée, les fenêtres et portes vitrées cernant la pièce sur trois côtés, ainsi que par la disposition générale qui a ménagé des espaces libres.

Cette disposition a permis d'obtenir quatre points d'attraction entraînant par leur séparation une dispersion relative du public :
I° dès l'entrée, à gauche : la banque de prêt et les fichiers;
2° à droite, les rayonnages de livres : les romans dans les travées disposées en épis, les biographies et les documentaires placés le long des murs.
3° les tables réservées à la lecture sur place et le meuble à périodiques devant la baie vitrée.
4° le coin des enfants nettement à l'écart des adultes, à l'extrémité gauche de la salle.

Le mobilier est en chêne clair à l'exception destables. Les rayonnages sont montés sur socle en stratifié noir mat. La banque de prêt (5,40 m) est composée d'éléments standards juxtaposés; elle a été surélevée par le service de menuiserie de la ville et montée également sur un socle en stratifié noir mat. Elle comporte trois postes de travail séparés par des éléments : rangements, fichier de prêt, caisson retour avec chariot incorporé, etc. Deux autres éléments amovibles sur roulettes vont la compléter prochainement et porteront sa longueur à 6,60 m. Étant donné sa disposition, le prêt peut donc être assuré par une, deux ou trois personnes selon les jours. Des travées libres placées derrière la banque sont réservées au retour des livres; des chaises pivotantes à roulettes et un fichier des lecteurs complètent le mobilier à l'usage du personnel. Le reste du mobilier se compose de six tables rondes de 1,20 m de diamètre avec piètement de tubes carrés et dessus en formica imitation chêne accompagnées de chaises en skai gris piquées façon sellier, choisies pour leur faible encombrement. Enfin, un meuble à périodiques en chêne clair, socle noir et séparations en glace présente aux lecteurs des revues d'intérêt général. Les trois catalogues : auteurs, titres et matières pour adultes et enfants sont contenus dans des fichiers à piètement de tubes noirs.

Dès l'ouverture de cette nouvelle section de Lecture publique, les lecteurs ont exprimé leur satisfaction d'avoir à leur disposition une salle accueillante permettant de choisir les livres dans des conditions incomparablement meilleures et ils ont vivement apprécié les nombreux volumes neufs garnissant les rayonnages.

2. L'annexe de Beaulieu.

Cette petite annexe est installée dans le Centre social d'un quartier d'H. L. M. de 5 000 habitants environ. Elle dispose actuellement de plus de 1 600 volumes destinés aux adultes et aux enfants; ces derniers sont d'ailleurs les plus nombreux. De nouveaux livres viennent régulièrement accroître les collections. Le mobilier a été fourni par la Caisse d'allocations familiales qui met une ou deux employées au service du prêt sous la responsabilité de l'assistante sociale dirigeant le Centre social.

Toutes les semaines, une sous-bibliothécaire se rend à l'annexe pour suivre le fonctionnement, relever les statistiques et faire éventuellement les lettres de rappel.

Les jours d'ouverture sont fixés au jeudi et au samedi de 14 h à 18 h 30, ce qui est devenu insuffisant car le rythme d'inscriptions de nouveaux lecteurs ne se ralentit pas. Actuellement, 744 personnes sont inscrites.

Les conditions d'admission sont les mêmes qu'à la section centrale : gratuité de l'inscription et des prêts; mais la durée est limitée à 15 jours pour deux livres à la fois, alors qu'à la section centrale elle est d'un mois pour 4 volumes (sauf pour les nouveautés).

En 1967, 16 334 volumes ont été prêtés. Depuis le mois de janvier, plus de 2 ooo volumes sont prêtés chaque mois.

Devant ces résultats encourageants, la Caisse d'allocations familiales a renouvelé ses propositions de collaboration pour une autre annexe destinée à fonctionner dans les mêmes conditions. Celle-ci est en cours d'aménagement.

D'autre part, pour compléter ce tableau des activités de lecture publique, il convient de signaler que, depuis 1967, il existe à la Maison des jeunes, un dépôt de la Bibliothèque municipale (200 vol. environ).

II. - La discothèque

L'Aménagement actuel de la discothèque ne représente que la première tranche de réalisation d'un projet plus vaste devant englober les locaux contigus encore occupés par d'autres services.

La discothèque est installée au Ier étage de l'immeuble, en liaison aisée avec la section Lecture publique, dans un local se composant primitivement de trois pièces d'une surface totale de 55 m2; le nombre des pièces a été réduit à deux afin d'obtenir une pièce d'accueil et une salle d'audition.

I. La pièce d'accueil (17 m2).

Elle est destinée à la réception des auditeurs et au prêt des disques. Les murs ont été peints en gris clair et le sol recouvert d'une moquette vert amande.

Le mobilier comporte : une banque d'accueil et de prêt, un fichier, un bac à disques pour le moment à l'usage du personnel et deux armoires. Tout le mobilier, à l'exception des armoires, est en acajou mat. La banque d'accueil et de prêt a été réalisée par le service de menuiserie de la Ville; elle comprend deux postes de travail et un de ses tiroirs est équipé spécialement pour recevoir des disques. Le bac à disques comprend : deux cuvettes pouvant contenir 200 disques de 30 cm. Quant aux armoires métalliques grises, d'une contenance de 600 disques environ chacune, elles sont pourvues de nombreuses séparations verticales afin d'éviter la déformation des disques.

2. La salle d'audition (38 m2).

Elle est réservée à l'écoute collective des disques; son aménagement a posé des problèmes d'acoustique étant donné sa très grande sonorité primitive; les matériaux employés ont permis d'atténuer correctement ce handicap. Le plafond a été légèrement abaissé et se compose de dalles acoustiques striées, à base de fibres de verre de 40 X 40 cm, suspendues à une ossature métallique.

D'autre part, les murs ont reçu un revêtement de mousse de vinyl gris clair marbré et le sol a été recouvert d'une moquette vert amande comme la pièce d'accueil Des rideaux de satin rouge bordeaux garnissent les fenêtres. Mais la rectification acoustique ne se révélant pas encore tout à fait suffisante, un rideau supplémentaire a dû être posé sur une des parois de la pièce.

Le mobiler comprend d'une part des fauteuils à piètement de tubes carrés noirs recouverts de tissu gris anthracite, d'autre part un meuble en acajou mat supportant les appareils (tourne-disques et amplificateur) et deux socles pour les enceintes acoustiques, réalisés par les ateliers municipaux.

3. La chaîne Haute-Fidélité.

Elle se compose d'une table de lecture, d'un amplificateur et de deux enceintes acoustiques de marques différentes; aussi la comptabilité de ces divers éléments a-t-elle été spécialement étudiée.

a) La table de lecture, possède les caractéristiques suivantes : deux vitesses 33 et 45 t/minute, plateau de 30 cm à grande inertie (3 kg 4), niveau de ronflement le plus bas réalisable actuellement, socle en bois et couvercle en « plexiglas »; elle est équipée d'un bras de lecture professionnel très léger (dont la pression est réglable) muni d'une cellule stéréo (diamant).

b) L'amplificateur mono-stéréo d'une puissance nominale de 2 X 18 W et maximum 2 X 20,5 W dispose de contrôles de tonalité séparés « grave » et « aigu » distincts pour chaque canal en stéréo; il comporte en outre des prises pour magnétophone, tuner radio, micro et haut-parleurs supplémentaires.

c) Les enceintes acoustiques sont munies chacune de deux haut-parleurs (grave, aigu).

4. Le fonds de disques.

Il comprend actuellement plus de 700 disques, mais sera largement complété jusqu'à la fin de l'année. Il s'agit uniquement de musique classique et de quelques enregistrements parlés, ce dernier secteur étant en cours de constitution.

Le principe ayant guidé le choix a été de mettre à la disposition des auditeurs, les œuvres les plus représentatives de l'histoire de la musique depuis le Moyen Age jusqu'à nos jours; c'est dire que les contemporains n'ont pas été négligés. Tous les genres figurent dans cette première sélection : musique symphonique, instrumentale, concertante, de chambre, religieuse, lyrique, de ballet, etc. Ces enregistrements présentent un large éventail de façon à pouvoir satisfaire à la fois un public de non initiés, d'amateurs et de connaisseurs.

La plupart des disques ont été achetés en deux exemplaires, l'un destiné à l'audition sur place, l'autre au prêt à domicile; par la suite, certains disques du fonds d'audition pourront passer dans le fonds de prêt s'ils ont pu être remplacés par une meilleure version, seuls les disques ayant une valeur discophilique incontestable devant être conservés.

Le classement : comme il a été déjà signalé plus haut, les disques sont placés verticalement. Un classement par ordre alphabétique des marques a été adopté; en effet, ce classement par éditeur, en utilisant pour cotes les sigles et numéros déjà portés sur les pochettes de disques, facilite le travail du personnel en évitant des confusions; d'autre part, il est familier aux discophiles. Pour le moment, les auditeurs n'ont pas accès aux rayonnages de disques, mais par la suite il est prévu de mettre un ou plusieurs bacs à disques en libre accès. Toutefois, un grand panneau présente au public un certain nombre de disques disponibles pour le prêt.

Tous les disques sont accompagnés de cartes destinées, soit aux statistiques d'auditions, soit au prêt. Le système de prêt adopté est à peu près celui de Newark mais sans équipement spécial, les cartes étant simplement glissées dans les pochettes de plastique recouvrant tous les disques.

5. Les catalogues.

Six catalogues ont été établis : auteurs, titres, interprètes, orchestres et chœurs, genres et instruments, enfin un catalogue topographique.

Le catalogue auteurs contient les fiches pricipales et secondaires des auteurs ou compositeurs, librettistes, etc... Le catalogue titres est une émanation du catalogue auteurs dont il est le complément indispensable et sera peut-être par la suite fondu dans celui-ci : il ne contient en effet que des fiches de renvoi faites une fois pour toutes; il va sans dire que les seuls titres caractéristiques ont été retenus.

Le catalogue interprètres comporte les fiches au nom des chefs d'orchestre, instrumentistes, artistes lyriques et dramatiques; il est complété par un catalogue des orchestres et chœurs.

Le catalogue genres et instruments donne les genres musicaux, littéraires, etc... et les instruments solistes.

Enfin, le catalogue topographique, véritable catalogue d'éditeurs et de collections, indispensable puisque le classement des disques ne correspond pas aux numéros du registre d'entrée, permet de faire un récolement des disques. Les fiches en sont très abrégées; il est réservé à l'usage du personnel.

Ce catalogage détaillé a exigé l'établissement d'un nombre considérable de fiches. Toutefois, ce travail est loin d'être inutile puisqu'il permet aux auditeurs de trouver facilement les œuvres recherchées et au personnel de répondre rapidement aux demandes de renseignements.

6. Le Fonctionnement.

Pour le début, la discothèque est ouverte seulement trois jours par semaine : jeudi, vendredi et samedi, aux mêmes heures que les autres sections de la bibliothèque. Une sous-bibliothécaire est responsable de son fonctionnement; elle prend les inscriptions et guide les auditeurs. D'autre part, un employé est préposé au prêt des disques.

Les conditions d'accès ne comportent pas de restriction d'âge pour le moment, mais tous les auditeurs doivent s'inscrire, même ceux qui n'empruntent pas de disques, de façon à ce qu'un contrôle s'exerce sur la fréquentation. L'audition sur place est gratuite, mais le prêt à domicile est payant (I F par disque). On peut emprunter deux disques à la fois pour une semaine.

En ce qui concerne les auditions sur place, à titre d'essai, une partie de la séance est consacrée à l'écoute des disques demandés par les auditeurs et la dernière partie consiste en un concert dont le programme a été élaboré par la discothèque.

Pour le moment, faute de place, il n'a pas été possible d'installer des postes d'écoute individuels, ce qui restreint évidemment le nombre d'auditions. D'autres aménagements sont envisagés qui seront réalisés par la suite selon les demandes du public (séances réservées à des groupes : Jeunesse musicale de France, jeunes, etc...).

  1. (retour)↑  Qui fonctionne depuis le 19 juin 1968.