La nouvelle Section des sciences de la Bibliothèque de l'Université de Bordeaux

Jacques Guinard

Véritable centre du complexe scientifique du campus universitaire de Talence, la Section des sciences de la Bibliothèque universitaire de Bordeaux a été ouverte aux étudiants au début de 1965. Le bâtiment en T qui l'abrite (ainsi que la Bibliothèque centrale de prêt de la Gironde) est l'aboutissement d'un projet de plus de 30 ans, dont M. Guinard, conservateur de la Bibliothèque universitaire de Bordeaux, nous retrace les multiples étapes dans cet article. Ensuite le parti architectural et les différents locaux (salle de lecture du Ier niveau, salle de culture générale, Bibliothèque centrale de prêt, salle de lecture à secteurs spécialisés du 2e niveau, magasins) sont décrits en détail. Enfin sont fournis quelques renseignements sur le transfert des collections.

L'ouverture de la Section des sciences de la Bibliothèque de l'Université de Bordeaux en janvier 1965 a marqué l'aboutissement d'un projet vieux de plus de trente ans. Comme celui de la construction de la Faculté des sciences, ce projet a connu de multiples avatars, et la bibliothèque qui s'élève aujourd'hui à Talence diffère étrangement de celle qui avait été conçue en 1933.

Par suite de la dispersion des établissements universitaires construits au XIXe siècle la Bibliothèque de l'Université n'a jamais eu à Bordeaux un bâtiment qui lui fût affecté en propre, indépendant et unique. Jusqu'à la fin de 1964, ses collections étaient réparties entre trois sections dont chacune occupait une partie des diverses facultés. Les fonds littéraires et scientifiques constituaient la Section centrale, au premier étage du grand bâtiment qui, au cours Pasteur, abritait les deux Facultés des lettres et des sciences : ils y étaient installés depuis 1886 dans le même local, les ouvrages de sciences voisinant sur les rayons avec ceux de lettres. Lorsqu'après la première guerre mondiale la Faculté des sciences, se trouvant déjà trop à l'étroit, décida de se transporter dans un nouveau bâtiment plus spacieux qui s'élèverait dans le quartier de la gare Saint-Jean, il fallut envisager la création d'une quatrième section, celle des sciences.

Les perspectives offertes n'étaient guère favorables. Dans la nouvelle Faculté, qui devait être construite à l'angle du cours Barbey et du cours de la Marne, les plans attribuaient à la Bibliothèque un étroit boyau en façade sur le cours de la Marne : environ 45 mètres sur 8 pour les salles de lecture, le catalogue, le bureau du bibliothécaire. Derrière, un magasin de livres sur deux niveaux, un autre magasin dans le sous-sol, en tout 52I m2 et 4 628 m de tablettes mobiles. Encore avait-il fallu toute l'insistance et la ténacité du bibliothécaire en chef alors en fonctions pour obtenir un résultat qui assurait à peine la possibilité d'accueillir 76 lecteurs et de loger les collections possédées au moment où la nouvelle section ouvrirait ses portes : tout espoir d'agrandissement était interdit, les divers services de la Faculté enserrant la Bibliothèque de toutes parts.

Une des premières pièces du dossier concernant la Section des sciences porte la date du 9 mai 1933 : elle invite le bibliothécaire en chef à indiquer sur le plan les emplacements de robinets d'eau, prises d'électricité, tables fixes, etc. le plus tôt possible. Pourtant cinq ans plus tard on en était au même point : en juillet 1938 une autre note priait de fournir d'urgence des renseignements analogues, mais encore plus nombreux. Ceux-ci furent réunis en un long rapport, accompagné d'un plan sur lequel étaient précisés des détails qui auraient permis d'établir les plans d'exécution. Un an passa encore sans que le projet eût pris une forme concrète. Puis la guerre éclata et pendant près de dix ans il ne fut plus question de la nouvelle Faculté des sciences.

La paix revenue, il fallut reprendre le problème qui s'imposait avec une acuité accrue. Les locaux du cours Pasteur ne parvenaient plus à contenir les étudiants dont le nombre grandissait d'année en année. Tandis que la Faculté des lettres cherchait à ses difficultés une solution au moins provisoire en surélevant deux corps de bâtiments, la Faculté des sciences revint à son projet de transfert, mais l'emplacement du cours Barbey ne suffisait plus à ses besoins, même dans l'immédiat. On le garderait comme appoint avec des terrains contigus donnés par la Ville en bordure de la rue Montfaucon, mais la majorité des bâtiments s'implanterait de l'autre côté du cours de la Marne, en face de l'École de santé navale, sur le vaste rectangle qu'occupaient autrefois les abattoirs. La Bibliothèque n'avait qu'à gagner à l'abandon du projet primitif qui la sacrifiait et ne lui accordait qu'une existence précaire. En 1950 la nouvelle esquisse faite, comme la précédente, par M. Expert, architecte en chef, comportait pour elle une tour-magasin encadrée de salles de lecture et de bureaux en rectangle, au centre d'un jardin bordé sur trois côtés par des laboratoires et sur le quatrième par un bâtiment administratif. Nettement meilleur que celui du cours Barbey, ce plan laissait espérer une vie moins difficile pour la Bibliothèque, mais on pouvait se demander où elle trouverait plus tard la place nécessaire à son extension. Des considérations analogues amenèrent bientôt la Faculté à chercher hors de la ville, à l'exemple des universités américaines, un terrain étendu où elle trouverait de l'air, de la verdure, et avant tout un espace permettant dans l'avenir de vastes constructions.

En 195I l'acquisition à Talence d'une grande propriété voisine de l'ancien hippodrome, le château Bonnefond, apporta précisément à la Faculté des sciences ce qu'elle désirait. Le projet établi par M. Coulon, architecte en chef des bâtiments civils et palais nationaux, prévoyait un bâtiment pour chacun de ses principaux services. La Bibliothèque devait être placée à l'entrée du domaine, à droite, presque en bordure de la route de Bayonne et former le prolongement du bâtiment administratif auquel elle serait reliée. Cette implantation, la mettant bien en vue, faisait d'elle une des pièces maîtresses de l'ensemble; mais sa situation excentrique en rendait l'accès difficile pour les services placés à l'extrémité opposée, certains distants de plusieurs centaines de mètres. Autres défauts plus graves : la Bibliothèque n'occupait pas un bâtiment indépendant et ne disposait pour s'agrandir que d'un espace minime. Un avant-projet, esquissé en octobre 1952, appela quelques observations du bibliothécaire en chef, mais les choses n'allèrent pas plus loin. La construction de l'ensemble de la Faculté devait se faire en trois tranches et la Bibliothèque était rangée dans la dernière : il était encore trop tôt pour entreprendre à son sujet une étude approfondie.

Une modification totale du projet la rendit inutile. Retardée par de graves difficultés techniques, la réalisation de la première tranche n'avançait que lentement. Son achèvement semblait encore lointain lorsqu'en 1957 la Faculté de droit, étouffant elle aussi dans ses locaux de la place Pey-Berland, décida de suivre l'exemple qui lui était donné et de construire à Talence sur des terrains que l'Université venait d'acquérir à l'ouest de la Faculté des sciences. Il devenait indispensable pour la Bibliothèque d'envisager la construction d'une nouvelle Section de droit. Une réunion des chefs d'établissements intéressés eut lieu en juin 1957 sous la présidence du Recteur et aboutit à un accord sur un nouveau projet. La Bibliothèque s'élèverait non plus à l'extrémité sud-est du domaine de la Faculté des sciences, mais à l'extrémité nord-ouest, entre la Faculté des sciences et la Faculté de droit. Les Sections de droit et des sciences occuperaient chacune une aile d'un bâtiment commun. Chacune des sections resterait autonome, mais leur réunion permettrait d'importantes économies de personnel et de matériel et faciliterait grandement le service. Le jumelage des sciences et du droit pouvait surprendre en raison du peu de rapports qui, à première vue, existe entre leurs domaines respectifs. Mais, outre qu'à l'heure actuelle de nombreux enseignements donnés à la Faculté de droit, notamment dans les sciences économiques, touchent aux sciences pures et appliquées, on pouvait espérer que par la suite les Sections de lettres et de médecine viendraient s'adjoindre aux premières. Ainsi serait réalisée une bibliothèque centrale unique, constituant le centre de documentation qui avait toujours manqué à l'Université de Bordeaux. L'implantation de la Bibliothèque lui donnait une position de choix entre les deux Facultés aux besoins desquelles elle était appelée à pourvoir et, dans un avenir sans doute assez proche, au centre des bâtiments universitaires. Enfin la superficie du terrain qui lui était réservé lui assurait une extension facile avec la possibilité d'ajouter au bâtiment primitif deux ailes construites par derrière dès qu'il en serait besoin.

Une autre conséquence heureuse de la décision prise fut de hâter la construction de la nouvelle section. Sortant du terrain de la Faculté des sciences et ne lui étant plus uniquement destinée, la Bibliothèque ne faisait plus partie de son programme. Elle ne dépendait désormais que de la Direction des bibliothèques de France et n'avait plus à attendre le jour encore éloigné où serait entreprise la troisième tranche des travaux de la Faculté. A l'automne de 1958, M. Sainsaulieu, architecte en chef des bâtiments civils et palais nationaux, était chargé par le Directeur général de l'équipement scolaire, universitaire et sportif d'étudier l'aménagement de la zone du Château Laroque, à Talence, puis en collaboration avec M. Daurel, architecte D.P.L.G., d'établir les plans et de diriger la construction de la Section droit-sciences de la Bibliothèque, comprise dans cette zone.

L'année 1959 fut consacrée à l'établissement du plan-masse qui, plusieurs fois remanié, ne fut adopté qu'au début de 1960. Une première étude, qui fut alors ébauchée, disposait chacune des deux sections selon le mode traditionnel, avec une salle de lecture pour les étudiants où les ouvrages seraient communiqués par les gardiens sur présentation d'un bulletin, une autre salle pour les professeurs et des magasins dans lesquels les livres seraient rangés par format et ordre d'arrivée, sans classement par matières. Une demande de la Faculté des sciences tendant à la création d'une bibliothèque spéciale à la propédeutique amena au printemps de 1960 l'abandon du programme primitif pour un projet qui allait donner à la nouvelle section une personnalité marquée parmi les bibliothèques universitaires. Dans l'aile du droit, comme dans celle des sciences, on conserverait au rez-de-chaussée une salle de lecture de type traditionnel pour les étudiants de propédeutique et de licence, mais à l'étage supérieur des salles spécialisées seraient réservées aux professeurs, aux étudiants de 3e cycle et aux chercheurs qui y trouveraient rassemblés, sur des rayons librement accessibles, les livres et les revues les plus utiles à leurs travaux classés dans un ordre systématique. Les magasins ne renfermeraient que les ouvrages vieillis et les collections anciennes.

Un avant-projet fut établi, correspondant à cette conception nouvelle. Il n'attendait plus qu'une approbation officielle et, les crédits nécessaires étant inscrits au budget de 196I, on pouvait espérer que les travaux commenceraient dans le courant de l'année, lorsqu'en janvier 196I tout fut une fois de plus remis en question. Une extension du programme de la Faculté des sciences, qui venait de décider la construction de nouveaux instituts, lui faisait souhaiter de disposer de terrains voisins de ceux sur lesquels elle était déjà installée. La Faculté de droit, peu satisfaite de ceux qui lui avaient été attribués à l'ouest de la Bibliothèque, estimant leur superficie insuffisante, accepta volontiers de les lui céder pour aller s'installer à l'extrémité ouest de la zone universitaire, à la limite des communes de Pessac, Talence et Gradignan, avec la Faculté des lettres dont le transfert était à présent décidé. La Section de droit n'avait plus rien à faire au milieu de bâtiments réservés aux sciences, à 1 500 mètres au minimum de la Faculté qu'elle devait desservir. On renonça au jumelage droit-sciences, et avec ce projet s'évanouit l'espoir d'une bibliothèque centrale au moment où il semblait sur le point de se réaliser. On retint du moins le principe d'une Section droit-lettres qui regrouperait les collections intéressant les sciences humaines. Pour l'instant on n'avait plus à s'occuper que de la Section des sciences implantée au milieu d'un complexe de bâtiments scientifiques.

Il fallut donc de nouveau reprendre l'avant-projet qui, achevé au mois de mai, fut approuvé par le Conseil général des bâtiments de France en octobre 196I. L'année 1962 fut en majeure partie consacrée à la mise au point des plans d'exécution. Les adjudications, commencées en novembre 1962, furent retardées par des difficultés qui obligèrent à procéder le mois suivant à un nouvel appel d'offres. Le chantier s'ouvrit enfin en mars 1963; les travaux, poussés activement, progressèrent à un rythme régulier, et le 15 septembre 1964 on pouvait les considérer comme achevés.

Le parti architectural.

Dans l'aménagement de la zone universitaire de Talence, la Section des sciences de la Bibliothèque a reçu un emplacement particulièrement favorable. En bordure d'une grande voie transversale, elle est aisément accessible à tous ses usagers, qu'ils viennent à sa droite du bâtiment de la propédeutique, de l'institut de mathématiques, des laboratoires de physique et de chimie actuellement en service, à sa gauche des laboratoires de géologie, de sciences naturelles ou des instituts encore à construire, ou de la résidence universitaire son restaurant sur un côté et, derrière, le « village » qui sont ses voisins immédiats. Bâtie sur une légère éminence, au bout d'une large avenue en voie d'achèvement que bordent d'un côté l'École nationale d'ingénieurs des arts et métiers et l'École nationale d'enseignement technique, de l'autre des bâtiments affectés à des services de l'Université, elle ferme la perspective par sa longue façade et la masse de sa tour, véritable centre du complexe scientifique.

Le plan très simple comporte en façade un long corps de bâtiment à deux niveaux, de 98 mètres sur 15, relié par un bâtiment central à une tour-magasin de dix étages, haute de 30 mètres. En raison de la déclivité du terrain, qui s'abaisse à l'est et au nord, la façace postérieure compte un niveau de plus, utilisé pour des locaux de service. L'ensemble à la forme d'un T renversé.

Des poutres métalliques avec éléments de remplissage en béton forment l'ossature du bâtiment principal, recouvert d'un comble à deux versants dont la charpente est métallique, elle aussi. Pour les murs du bâtiment de jonction et de la tour de stockage on a choisi le béton armé; au-dessus de leur dernier étage règne un toit-terrasse. L'extérieur des murs est revêtu d'une pâte de verre d'un blanc immaculé, sur lequel tranchent le bleu foncé des stores et le noir des menuiseries métalliques; ce contraste donne à la façade un aspect coloré qui ne peut manquer de frapper les visiteurs. Deux chaudières au mazout, placées dans le sous-sol de la tour, assurent le chauffage; dans les magasins de livres le rayonnement du sol évite les mouvements de convection qui dessèchent l'air; dans les salles de lecture l'air chaud se répand par le plafond, amené par un système de ventilation, qui en été fonctionne sans apport d'air extérieur. L'insonorisation est obtenue par des plafonds métalliques perforés avec matelas de laine de verre.

Une terrasse aux dalles de pierre de Comblanchien sépare la façade principale de la chaussée. On y accèdera par un escalier monumental qui ne sera construit qu'après l'achèvement des travaux de voirie en cours; quelques marches latérales destinées à disparaître suppléent provisoirement à son absence. Traversant la terrasse, on pénètre par une porte en verre à deux battants dans un vestibule dallé de la même pierre, situé en entresol entre les deux niveaux. Derrière une banque à droite un gardien accueille et renseigne les visiteurs, à qui s'offrent quelques fauteuils confortables; il assure en même temps le service du standard téléphonique auquel sont reliés quarante-quatre postes intérieurs, dont cinq à appel individuel. Au delà, un escalier à une seule révolution, aux murs recouverts de pierre, conduit, à l'étage supérieur, aux salles spécialisées; il apporte une note très gaie par sa rampe en sialex rouge vif qui contraste avec les marches noires en granito.

Salle de lecture du premier niveau.

Du vestibule dix marches descendent à gauche à la salle pour les Ier et 2e cycles, à droite à la salle de culture générale, toutes deux situées au premier niveau. C'est là le domaine des étudiants des Ier et 2e cycles, car malgré le nom sous lequel on la désigne couramment, la salle de propédeutique accueille aussi les étudiants de licence. Très vaste - elle mesure 41 mètres de long sur 15 m de large - elle occupe toute la superficie de l'aile gauche. Mais plus que par ses dimensions on est surpris par sa clarté. Elle la doit à ses immenses vitrages, larges de 4,50 m, hauts de 2,55 m qui, à 2 mètres du sol, remplacent pratiquement les murs sur les trois faces extérieures, n'étant séparés que par les poteaux métalliques qui les soutiennent. Au-dessous, des rayonnages en acajou clair à quatre rangs de tablettes courent tout le long des parois, coupés par six grandes fenêtres qui s'ouvrent sur les façades principale et postérieure et permettent à la vue de s'échapper, évitant aux lecteurs une impression d'encagement. Pour parer à la chaleur insupportable que les immenses verrières laisseraient passer en été, on a recours à des stores en toile bleu foncé manœuvrés du sol qui les masquent entièrement. Des tubes fluorescents fournissent l'éclairage artificiel. Un tapis de caoutchouc assure un silence absolu.

A l'entrée un garde-corps dirige les arrivants vers la banque de contrôle et de prêt, placée à droite sur une estrade dont la légère surélévation facilite la surveillance de la salle. La pose de porte-manteaux le long du mur, à gauche de l'escalier, doit résoudre le difficile problème du vestiaire des lecteurs. En face de la banque, des fichiers disposés en trois rangs d'épis contiennent les divers catalogues : ouvrages, périodiques, thèses, constituant le répertoire complet des collections conservées par la Section des sciences. Montés sur un piètement en tubes carrés, ils sont en acajou clair comme la banque et les rayons en allège. La même couleur, sinon la même matière, se retrouve dans les tables en niangon qui, au-delà du catalogue, occupent la plus grande partie de la salle : elles offrent 288 places. A les voir de loin on les dirait longues de 10 mètres; en fait elles se composent d'éléments de 1,70 m sur I,20 m, aisément assemblés grâce à la position au ras du plateau des pieds en métal laqué. Devant elles des chaises au dossier et au siège souples en plastique font alterner leur coloris gris anthracite et vert. Le décor est complété par les rayons en allège ne laissant guère apparaître que dans les embrasures des fenêtres la pâte de verre blanche, qui recouvre les murs dans toutes les salles de lecture comme à l'extérieur.

Dans cette salle d'étudiants le service fonctionne selon la méthode traditionnelle. Les lecteurs remettent au bureau d'entrée un bulletin portant la cote et le titre de l'ouvrage qu'ils désirent consulter et qu'un gardien va chercher dans les magasins. Là les étudiants n'ont pas accès, mais les rayonnages muraux mettent à leur libre disposition un nombre toujours croissant d'ouvrages de base : pour l'instant 10 périodiques et environ 1600 livres choisis avec soin parmi les plus récents et rangés par matière selon la Classification décimale universelle. Il s'y ajoute 200 volumes, les anciens « usuels de sciences » de la Section centrale, traités et manuels pour la plupart, classés par ordre alphabétique d'auteurs, et environ 500 ouvrages entrés de 1952 à 1962 qui, portant une numérotation spéciale, constituent un fonds facile à identifier. Ils conservent pour l'instant leur ordre numérique, mais seront ultérieurement triés et répartis entre les secteurs spécialisés de la salle du 3e cycle où leur valeur et leur date récente les appellent à prendre place.

Salle de culture générale.

Au même niveau, mais de l'autre côté du vestibule d'entrée, la salle de culture générale offre un cadre favorable à la détente. Inférieure par ses dimensions, 18 m sur 15 m, de plus de moitié à la salle décrite ci-dessus, elle ne peut recevoir qu'une centaine de lecteurs autour de ses dix tables, mais elle gagne en agrément par son caractère plus intime. Tout y a été conçu en vue du délassement des visiteurs. Elle aussi a de larges verrières, des boiseries en acajou clair, un tapis de caoutchouc, mais son mobilier rappelle celui d'un salon bien plus que d'une salle de travail. Les chaises confortables en mousse de latex sur sangles, recouvertes de tissu Marly de couleur cèdre, les chauffeuses formant banquettes devant une table basse couverte de revues invitent à une détente prolongée. Les tables rondes en niangon verni semblent mieux faites pour recevoir un volume négligemment posé que les cahiers et les notes d'un lecteur absorbé par ses recherches. Suspendus au plafond, des lampadaires qui dissimulent des lampes électriques à incandescence diffusent le soir une lumière plus douce que celle des tubes fluorescents. Ici il n'est pas question de distribution par un gardien. Chacun prend sur les rayons qui revêtent les murs le livre dont le catalogue lui a donné la cote ou qui a retenu son attention tandis qu'il faisait le tour de la salle.

Cette pièce, l'une des nouveautés de la Section des sciences, est née du désir de la Direction des bibliothèques de réagir contre la spécialisation excessive qui menace les étudiants. Ils trouveront là aux heures de récréation des ouvrages d'une lecture agréable qui, en leur faisant oublier un instant leurs études courantes, leur procureront une nourriture intellectuelle et les aideront à compléter leurs connaissances dans les domaines les plus variés. On peut espérer que bientôt la salle de culture générale sera en mesure de jouer le rôle pour lequel elle a été conçue. Encore faut-il pour l'ouvrir au public que son équipement soit achevé. La priorité ayant été donnée, comme il était juste, aux livres de travail, les ouvrages destinés à la salle de culture générale restent à traiter.,En attendant ils sont groupés par discipline sur les rayons qui se garnissent rapidement. Depuis juin 1963, environ 1500 ouvrages ont été acquis pour constituer ce fonds si différent de ceux que renferment les autres salles de la Section : traités, grandes collections, livres de base intéressant toutes les disciplines non scientifiques : « Le Goût de notre temps » voisine avec les « Petits précis Dalloz », « La Nouvelle Clio » et « L'Évolution de l'humanité » avec les « Classiques du xxe siècle », « Les Guides bleus » avec « Poètes d'aujourd'hui ». La littérature d'imagination n'est pas bannie : il y aura beaucoup de romans, mais ils seront fournis par la Bibliothèque centrale de prêt de la Gironde.

La Bibliothèque centrale de prêt.

Très à l'étroit dans les locaux qu'elle occupait rue Mably, à la Bibliothèque municipale de Bordeaux qui avait bien voulu l'héberger, la Bibliothèque centrale de prêt cherchait un immeuble où elle pût s'établir et fonctionner à l'aise. En vertu d'un arrangement conclu à l'instigation de la Direction des bibliothèques, l'Université lui a concédé la jouissance d'une surface importante dans l'aile droite de la Section des sciences. En contre-partie elle alimentera comme un de ses dépôts la salle de culture générale, assurée ainsi de disposer toujours d'un fonds d'ouvrages récents, de lecture agréable, qui se renouvellera périodiquement.

L'application de cet accord sera facilitée du fait que les deux établissements sont contigus. A l'extrémité de l'aile Est la déclivité du terrain met le niveau inférieur à 1,40 m plus bas que les salles de lecture : cette dénivellation a permis de construire un entresol où est installée la Bibliothèque centrale de prêt. Celle-ci a une entrée indépendante sur la façade, mais on peut y accéder directement depuis la salle de culture générale. Un escalier monte aux salles de manipulation et aux bureaux qui donnent sur les façades Sud et Est; par derrière, un grand magasin, équipé de neuf épis de rayons métalliques à double face, offre 648 mètres de tablettes pour le stockage des livres. Communiquant avec le magasin, le quai de chargement, qui s'ouvre sur la façade postérieure, est situé à un mètre en contrebas : cette différence de niveau rend plus aisée la manutention des caisses chargées sur le bibliobus qui monte jusqu'au quai par une rampe en pente douce. Au-dessous de la Bibliothèque centrale de prêt, le niveau bas est occupé par l'appartement du bibliothécaire et un garage assez spacieux pour qu'une voiture particulière y trouve place à côté du bibliobus et de la fourgonnette de la Bibliothèque.

Salle de lecture à secteurs spécialisés du deuxième niveau.

L'accès des salles pour les Ier et 2e cycles et de culture générale est ouvert à tous les usagers. Il n'en est pas de même pour la salle des secteurs spécialisés au niveau supérieur : les étudiants n'y sont admis qu'à titre exceptionnel. D'ailleurs les collections qui y sont rassemblées ne sauraient être consultées utilement que par des lecteurs ayant une formation scientifique approfondie. Réservée aux membres du corps enseignant et aux chercheurs, cette salle a été conçue pour répondre à leurs besoins particuliers et leur procurer les plus grandes facilités de travail. Comme son nom l'indique, elle est divisée en compartiments dont chacun correspond à un grand domaine des sciences. A côté des « Généralités » il y en a quatre principaux : « Mathématiques et astronomie », « Chimie et physique », « Sciences de la terre », « Sciences de la vie », qui eux-mêmes comportent plusieurs subdivisions. Chacune de celles-ci groupe les répertoires, les périodiques, les monographies récentes de son domaine et met ainsi à portée de la main des spécialistes les instruments de travail et la documentation les plus valables, rangés d'après la Classification décimale universelle.

Longue de 98 mètres, large de 15 mètres, la salle des secteurs spécialisés s'étend sur tout le second niveau du bâtiment principal. On retrouve, protégés par les mêmes stores, les immenses vitrages de la salle pour les Ier et 2e cycles, mais ici leur largeur est coupée par des montants métalliques placés verticalement. Les dégâts causés par une violente tempête en janvier 1965 ont en effet montré la nécessité de réduire des surfaces vitrées d'une telle importance et de les maintenir plus solidement. Comme à l'étage inférieur, des fenêtres descendant jusqu'au sol rompent sur les deux façades la monotonie des murs recouverts de 700 mètres de rayons. A chaque extrémité une issue de secours ouvre sur un escalier extérieur droit qui aboutit derrière la façade postérieure. Le soleil rayonne à travers ces nombreuses et larges ouvertures. L'éclairage n'est pas moins satisfaisant le soir lorsque, de ses deux versants légèrement inclinés vers le centre, le plafond laisse tomber la lumière de tubes fluorescents et renvoie celle qu'il reçoit, projetée par des lampes à incandescence fixées sur les murs. La clarté qui règne partout et à toute heure, le silence procuré par l'insonorisation, mais aussi par le tapiflex dont le sol est revêtu, la teinte gaie des meubles et des rayonnages en acajou clair créent une ambiance attrayante et favorable au travail.

De cette salle immense seule la moitié Ouest est actuellement occupée. L'expérience des prochains mois dira si la moitié Est doit être affectée aux secteurs spécialisés pour qu'ils puissent s'y étaler plus largement ou s'il convient d'y installer une seconde salle pour les Ier et 2e cycles. La question peut se poser si le nombre des lecteurs des Ier et 2e cycles dépasse la capacité de la grande salle du premier niveau. Pour l'instant les deux parties de la salle sont séparées par la cloison que forment des rayonnages en bois de 2 mètres de hauteur assemblés bout à bout perpendiculairement à la façade.

Chaque secteur spécialisé est délimité de façon analogue par des rayonnages et des « présentoirs » de périodiques hauts de 1 mètre disposés en épis. Ce mode de séparation a le double avantage de faciliter la surveillance et de présenter une grande souplesse : s'il devient nécessaire de modifier la superficie réservée à un secteur, il n'y aura pas de cloison à déplacer; il suffira de changer l'affectation de l'alvéole voisine comprise entre deux présentoirs. Rayonnages et présentoirs, en acajou clair comme les tablettes en allège qui, sur quatre hauteurs, garnissent le pourtour de la salle, sont composés d'éléments juxtaposés en des ensembles dont la longueur varie selon l'emplacement et la surface à délimiter. Les rayonnages forment au milieu de la salle deux épis discontinus, parallèles entre eux et à la façade. Chacun de leurs éléments, reposant sur un socle plein en retrait, contient deux tablettes mobiles, dont la hauteur se règle au moyen de crémaillères métalliques encastrées; le dessus, légèrement en pente, est bordé d'une baguette de retenue. Perpendiculaires aux murs de façade les présentoirs se composent de trois étages de casiers dont les portes rabattues, à l'aspect de pupitres, « présentent » le dernier numéro de chaque périodique. Si les relevant on les ramène à l'horizontale, elles découvrent, rangés dans le casier, tous les fascicules du volume en cours.

Sur ces meubles et les rayons muraux les chercheurs ont à leur disposition à l'heure actuelle 564 périodiques et environ 1 500 ouvrages classés systématiquement. Les revues constituant leur principale source de documentation, il convenait d'en faire figurer dans cette salle le plus grand nombre possible. Pour le même motif on a placé dans les casiers des présentoirs tous les volumes antérieurs qu'ils étaient susceptibles de contenir et dans le secteur « Généralités » les collections d' « abstracts » et autres périodiques bibliographiques en totalité : elles n'y ont laissé libres que peu de rayons. Le nombre des ouvrages paraîtra peut-être minime, mais, outre que leur nombre s'accroît rapidement, il y a lieu de considérer que ces livres récents apportent les mises au point les plus valables, cotées et rangées selon les règles de la Classification décimale universelle, et qu'ils représentent seulement les acquisitions des trois dernières années. L'effort se poursuivra pour y joindre les ouvrages du fonds ancien qui ont gardé leur valeur, notamment des traités et des usuels plus utiles à des chercheurs qu'à des étudiants des Ier et 2e cycles. Dès maintenant c'est dans les secteurs spécialisés qu'il faut chercher les grands traités tels que ceux de Beilstein, Gmelin, le Handbuch der Pflanzenphysiologie, Bronns Tierreich.

Entre les présentoirs sont réparties les tables en niangon verni, rondes ou rectangulaires, devant lesquelles les lecteurs s'installent sur des chaises confortables recouvertes de « skai » noir pour consulter les livres choisis sur les rayons. Le classement systématique, les panneaux qui, près de l'entrée, indiquent les grandes divisions de la classification décimale, tout est conçu en vue de simplifier leurs recherches au maximum et leur permettre de trouver ce dont ils ont besoin, par eux-mêmes et dans le secteur de leur spécialité. Un fichier placé dans le secteur « Généralités », en face de la grande porte, leur offre le catalogue de tous les livres disponibles à cet étage, mais non de tous les fonds de la Section. On se rappelle que l'ensemble des catalogues est réuni dans la salle pour les Ier et 2e cycles. Devant l'impossibilité matérielle de reproduire dans l'immédiat les milliers de fiches du fonds ancien, il a semblé en effet préférable de placer l'unique fichier complet au niveau accessible à tous les usagers.

Les facilités dont jouissent les chercheurs permettent de réduire le personnel présent dans la salle. Néanmoins dans les boxes vitrés plaqués contre la façade Ouest et la façade principale, d'où la vue s'étend sur toute la moitié Ouest de la salle, deux sous-bibliothécaires, occupées à des travaux techniques, sont prêtes à fournir les renseignements désirés et le gardien qui, derrière une banque à côté de la grande porte, contrôle les entrées et assure le service du prêt, va chercher les volumes du fonds ancien si on les lui demande. Mais à ce niveau les lecteurs ont libre accès aux magasins et vont souvent s'y servir eux-mêmes. Il leur suffit de pousser une porte derrière la banque voisine de l'entrée. Pénétrant de plain-pied dans le bâtiment central, ils se trouvent dans un couloir au bout duquel s'ouvre l'étage inférieur des magasins. Avant d'y parvenir ils passent devant de petits bureaux orientés à l'Ouest où viennent travailler les professeurs en quête d'un isolement complet. Cinq de ces bureaux sont de petites dimensions : leur mobilier se réduit à une chaise semblable à celles des secteurs spécialisés et à une table en teck huilé qui porte une lampe et un lecteur de microfilms Remington Rand, remplacé dans l'un des bureaux par un appareil Statfile Modèle 2 pour la lecture des microfiches. A côté, une salle plus spacieuse, où peuvent éventuellement se tenir des réunions, offre huit places autour d'une grande table aux professeurs qui n'ont pas à utiliser des microfilms. Sur la façade Est les bureaux des bibliothécaires et des sous-bibliothécaires occupent une position symétrique. Leur situation au niveau des secteurs spécialisés rapproche le personnel scientifique des usagers avec qui ses rapports sont le plus fréquents.

Le magasin de livres.

Il reste à parler de la tour-magasin, haute de dix étages. En s'abaissant vers le Nord le terrain met sa base à un niveau inférieur à celui du bâtiment principal et lui donne ainsi un étage de plus. La chaufferie occupe le sous-sol. Au-dessus, au niveau de la salle pour les Ier et 2e cycles, la salle des entrées, qui s'étend sur tout l'étage, reçoit les caisses et les colis : leur déchargement s'opère sur un quai auquel les camions viennent s'adosser, à 1 mètre en contrebas. L'étage supérieur, situé à la hauteur du vestibule, est destiné dans l'avenir à un laboratoire de photographie ; pour l'instant il abritera un atelier de photocopie plus modeste, mais qui disposera avec un appareil « Fertomat » d'un instrument de reproduction des plus perfectionnés. Puis les huit étages de magasins se superposent, reliés entre eux par un monte-charge accompagné et par l'escalier de service mentionné précédemment, qui de la cour monte jusqu'à la terrasse supérieure.

L'armature intérieure des magasins est constituée par les rayonnages métalliques porteurs, disposés à chaque étage en II épis à double face, offrant au total 5 280 mètres de tablettes. Le jour ne pénétrant que par les étroites ouvertures de 30 centimètres qui fendent du haut en bas la façade Nord de la tour, il faut souvent recourir à la lumière des tubes fluorescents. A chaque étage deux recoins ménagés entre les murs et les cages de l'escalier et du monte-charge laissent un espace suffisant pour installer une table et un siège pour les chercheurs qui veulent prendre quelques notes sur place; un chariot attend les livres que par le monte-charge il descendra jusqu'aux salles de lecture.

Dans la crainte d'infiltrations par la terrasse, toujours possibles dans un immeuble neuf, aucune des collections n'a été placée au dernier étage. Les neuvième et huitième étages contiennent, rangés par ordre numérique, les ouvrages complets qui n'ont pas été reclassés systématiquement. Les plus anciens, portant les cotes les plus basses, sont à l'étage le plus élevé, ce qui permet d'atteindre en premier lieu les plus récents qu'on peut supposer plus souvent demandés. Au septième étage sont rassemblées les thèses; au sixième les têtes de collections des nouveaux périodiques reçus depuis trois ans : c'est le seul étage où le classement suive les règles de la Classification décimale universelle. On retrouve l'ordre numérique aux cinquième, quatrième et troisième étages où sont conservées d'autres têtes de collections, autrement plus considérables, celles des anciens périodiques. Une fois réservée pour chaque revue la place nécessaire aux accroissements de dix années, on a constaté que les trois étages étaient pleins et qu'il restait des revues à caser : elles ont trouvé asile dans les petits magasins situés sous l'escalier et à côté de la salle pour les Ier et 2e cycles, qui sont maintenant entièrement occupés.

Le transfert des collections.

Le 15 septembre 1964 le concierge recevait les clefs; le nouvel immeuble était désormais habité et gardé. La Bibliothèque centrale de prêt de la Gironde s'installa quelques jours plus tard, avant même que le courant électrique ne fût branché. Le transfert de la Section des sciences n'eut lieu qu'à la fin d'octobre. La date n'en avait été arrêtée qu'en juillet, mais le travail de préparation long et minutieux qu'il exigeait avait été entrepris dès 196I. Si on exceptait le fonds, peu important par le nombre, des ouvrages scientifiques entrés depuis 1952, il ne s'agissait pas seulement de mettre en caisses et d'emporter des séries homogènes formant bloc dans les magasins. Les choses se compliquaient du fait que, depuis son origine, la Section centrale avait réuni les livres et les revues de lettres et de sciences dans les mêmes séries numériques au fur et à mesure des entrées. Il convenait en premier lieu d'effectuer un tri entre les ouvrages littéraires qui resteraient sur place et ceux de sciences destinés à constituer le fonds de base de la nouvelle section. Pour établir le relevé des ouvrages à transférer il fallut dépouiller les registres inventaires et résoudre à tout moment des problèmes embarrassants. De très nombreux livres pouvaient être revendiqués à aussi juste titre par les lettres et par les sciences en raison de l'intérêt qu'ils offraient dans les deux domaines : dans bien des cas douteux on dut aller sur place examiner les volumes eux-mêmes pour trancher au mieux. Ce travail délicat se poursuivit en même temps que la constitution et le classement des fonds nouveaux.

La préparation matérielle du déménagement commença à la mi-juin 1964. L'opération devait porter sur environ 60 000 volumes. Retirés des rayons par les sous-bibliothécaires pour que fussent évités les risques d'erreurs, les livres furent mis en liasses numérotées. On eut soin de traiter d'abord les collections le moins souvent consultées afin de réduire dans toute la mesure du possible le délai pendant lequel les usagers seraient privés des livres nécessaires à leurs travaux : les périodiques et les grands ouvrages de référence demeurèrent accessibles jusqu'en septembre. Le même souci de gêner les lecteurs au minimum présida à la constitution du catalogue qui regroupait les fiches des ouvrages transférés : celles-ci ne furent retirées du catalogue général que progressivement; les lecteurs purent les consulter tant que les livres correspondants restèrent disponibles. Le déménagement proprement dit exigea deux semaines, du 19 au 30 octobre, pendant lesquelles il fallut fermer la Section centrale : outre que l'emplacement des magasins obligeait les déménageurs à traverser la salle de lecture, le bon ordre de l'opération exigea la participation de tout le personnel qui, des bibliothécaires aux gardiens, se dépensa sans compter, malgré la fatigue causée par la manutention de lourdes liasses dans des locaux étroits et incommodes. Le 3 novembre, le personnel de la Section des sciences prit possession de ses nouveaux locaux, mais deux mois encore s'écoulèrent avant que l'installation ne fût achevée. Si le mobilier et le matériel de bureau avaient été livrés en grande partie, le montage des fichiers, des banques et des rayonnages en épis ne fut terminé qu'en décembre. Alors seulement il fut possible de mettre en place les livres et les revues dans les différentes salles. Grâce à l'activité et au dévouement de chacun tout fut prêt pour la fin de l'année. La Section des sciences ouvrit ses portes le 4 janvier 1965.

L'histoire du projet dont nous avons retracé les nombreuses étapes apparaît comme un exemple typique de l'évolution réalisée depuis trente ans dans la conception du rôle et de l'organisation d'une grande bibliothèque savante. Au lieu d'un local étouffé entre les services voisins à un étage de la Faculté, insuffisant dès le départ et tenant les collections à l'écart des usagers, tel que le prévoyait le projet de 1933, les professeurs et les étudiants de la Faculté des sciences disposent aujourd'hui d'un bâtiment indépendant, vaste et confortable où, dans des salles adaptées aux besoins des diverses catégories de lecteurs, ils trouvent sous leur main, groupés systématiquement, les instruments de travail essentiels. C'est là le résultat d'une meilleure compréhension de la place tenue par les bibliothèques dans la vie de l'Université et le développement de la recherche, le fruit de l'action persévérante menée par la Direction des bibliothèques, sans qui n'eût pas été possible une réalisation dont l'Université de Bordeaux est justement fière. Pourvue de l'équipement le plus moderne, s'appliquant à accroître régulièrement des collections déjà très riches, possédant un personnel actif et dévoué à sa tâche, la nouvelle Section des sciences remplit toutes les conditions requises pour jouer le rôle qui lui est dévolu. Elle constitue dès maintenant le meilleur centre de documentation scientifique de la région, prêt avec l'Université de Bordeaux et les milieux scientifiques et industriels à prendre la part qui lui revient dans la vie intellectuelle et le développement économique du Sud-Ouest.

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1. Plan de masse du compexe scientifique dans la zone universitaire de Talence

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2. Coupe suivant le grand axe

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3. Premier niveau et entresol

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4. Deuxième niveau