Les bibliobus urbains en France

De la « voiture à livres » aux bibliobus

Jacques Pons

Cinq bibliobus urbains sont actuellement en service en France : Grenoble, Tours, Saint-Brieuc, Boulogne-sur-Mer, Toulouse. Sont étudiés, pour chacun de ces bibliobus, les raisons particulières de sa création, son aménagement, son programme et son organisation, ainsi que les questions financières et celles relatives au personnel

Si les bibliobus ruraux commencent à être connus en France - certes d'une manière bien imparfaite et de gros progrès sont encore à faire dans ce domaine - par contre les bibliobus urbains sont à peu près entièrement ignorés de la majeure partie de nos compatriotes.

En effet, depuis la création des premières bibliothèques centrales de prêt, en 1945, de très nombreux articles dans des quotidiens, dans les revues les plus diverses, des brochures, des photographies et même des films ont peu à peu familiarisé les Français avec l'idée du bibliobus départemental, partant tôt le matin, rentrant tard le soir afin de porter le livre aux populations des campagnes. Pour les bibliobus urbains, presque rien de tout cela n'existe dans notre pays. Il est vrai que leur création est un événement encore tout récent (premier bibliobus urbain français, à Grenoble, en 1956) et que bien peu de villes ont pu apprécier les services qu'est susceptible de rendre pareil organisme.

Pourtant l'idée du bibliobus urbain, l'idée de faire parvenir le livre au lecteur quand celui-ci se refuse à entrer dans une bibliothèque, a trouvé en France un précurseur peu connu en la personne de Guy de Maupassant. En effet, ce dernier dans un de ses contes intitulé Décoré! écrit 1 : « Puis il [M. Sacrement] traita la question des Bibliothèques des rues, voulant que l'État fît promener par les rues des petites voitures pleines de livres, pareilles aux voitures des marchandes d'oranges. Chaque habitant aurait droit à dix volumes par mois en location moyennant un sou d'abonnement. Le Peuple, disait M. Sacrement, ne se dérange que pour ses plaisirs. Puisqu'il ne va pas à l'instruction, il faut que l'instruction vienne à lui,... etc... »

N'est-ce pas là, malgré l'ironie grinçante et le ton sarcastique de l'auteur, le principe même du bibliobus ?

Ce qui dans la pensée de l'écrivain n'était qu'une pure vue de l'esprit, une idée baroque issue de la cervelle d'un hurluberlu ou une simple boutade, devait se concrétiser avec l'apparition au xxe siècle des bibliobus urbains.

Après 1945, et devant la fièvre de croissance qui agitait les villes de l'ancien et du nouveau monde, les bibliobus se multiplient partout très rapidement, car si les villes s'agrandissent très vite, très vite aussi croît la soif de connaissance ou de distraction de leurs habitants. Partout l'idée du bibliobus séduit à la fois les édiles et les bibliothécaires par son côté dynamique et son esprit d'avant-garde, par son aspect pratique et aussi économique.

Ainsi, les bibliobus créés à l'origine pour combler le vide intellectuel des campagnes, se sont introduits dans les villes où ils ont permis de combler un autre vide intellectuel, celui des nouveaux quartiers, car partout existe un très important décalage entre la croissance des zones urbaines et la construction d'un réseau cohérent de bibliothèques. Si le bibliobus semble être l'apanage des pays neufs, où il joue un grand rôle dans l' « éducation de base des adultes » en se transformant en véritable centre culturel itinérant, il n'en est pas moins vrai aussi que plusieurs pays européens ont recours à lui pour fournir des livres aux habitants des grandes villes demeurant loin de la bibliothèque centrale ou d'une de ses succursales 2.

Cette solution a le mérite de grouper un premier noyau de lecteurs et de les connaître avant d'entreprendre la construction d'une véritable bibliothèque. Elle a le mérite aussi, nous le verrons largement plus loin, de faire pénétrer le livre dans les cités périphériques des grandes villes, où l'habitat ne sera peut-être jamais assez dense pour justifier l'installation d'une bibliothèque.

De Grenoble à Toulouse...

L'idée du bibliobus urbain chemine bien lentement à travers la France : actuellement cinq bibliothèques municipales seulement ont pu mettre sur pied un tel service. En voici la liste dans l'ordre chronologique de leur création :
I° GRENOBLE : 17 janvier 1956;
2° TOURS : 8 octobre 1956;
3° SAINT-BRIEUC : 12 février 1959.
4° BOULOGNE-SUR-MER : octobre 1960;
5° TOULOUSE : 22 avril 196I.

De plus quelques autres villes de France sont actuellement à la veille de mettre en service un bibliobus urbain. Citons en particulier, Bordeaux, Brest, Clermont-Ferrand, Le Havre et Marseille. Pour quelques-unes de ces villes, les projets sont déjà très avancés 3, les travaux d'aménagement sont en cours, aussi les compterons-nous dans l'étude particulière que nous allons entreprendre sur chacun de ces bibliobus.

Dans chaque cas nous tenterons d'abord de dégager les raisons particulières qui poussaient à la création d'un bibliobus, ensuite nous examinerons son aménagement, son programme et son organisation, enfin nous étudierons les questions financières (prix de revient et entretien) et celles ayant trait au personnel; nous terminerons en essayant de dégager les résultats déjà acquis et les conclusions qu'on peut en tirer 4.

I. Le bibliobus urbain de Grenoble 5.

C'est, nous l'avons vu, le premier qui fut créé en France, et qui, de ce fait, a subi le plus l'influence anglo-saxonne, dans son aménagement en particulier. S'il fut inauguré le 17 janvier 1956, c'est le 19 novembre 1954 que le Consei municipal en décida la mise en service et son aménagement aura donc demandé un peu plus d'un an. Mais avant d'examiner le fonctionnement du véhicule, considérons d'abord la situation de la lecture publique à Grenoble et le rôle qu'y tient le bibliobus.

Grenoble est une ville qui comptait en 1962 159 000 habitants répartis sur 1 780 hectares. Le rythme d'expansion de la cité est très rapide, à raison de 8 ooo habitants par an environ. Dans ces conditions, et malgré tous les efforts déployés par la Municipalité, il devenait de plus en plus difficile pour la Bibliothèque municipale de ravitailler en livres l'ensemble de la population. Et pourtant Grenoble possède un réseau assez important de bibliothèques de quartiers ou de dépôts de livres. En effet existent actuellement trois bibliothèques annexes 6 et 26 dépôts installés soit dans des usines (Neyrpic, Biscuits Brun, Soretex...), soit auprès de services sociaux, soit dans des administrations : Trésorerie générale, Inspection académique, banques, casernes, etc... 7.

Seulement les bibliothèques annexes sont assez rapprochées les unes des autres, deux d'entre elles sont implantées à proximité des vieux quartiers et, comme le centre de. la cité s'est déplacé en raison de la très rapide expansion de la ville, elles ne peuvent plus actuellement toucher les nouveaux quartiers formés de cités ouvrières où la population est particulièrement dense, et notamment les secteurs Ouest et Sud qui sont ceux qui s'accroissent le plus vite. D'où, en attendant l'installation de succursales, - ou le transfert d'une des annexes du centre -, la création du bibliobus urbain.

Le véhicule utilisé est une camionnette Renault de 2 tonnes 500, puissance 20 cv. Les dimensions du fourgon sont : longueur 4,20 m, hauteur 2 m, largeur 2 m également. Une cloison sépare la cabine du chauffeur du reste du fourgon, et il n'y a qu'une porte à l'avant afin de conserver le maximum de place disponible et d'éviter les courants d'air. Une fenêtre, avec vitre descendante, ouverte à l'arrière du fourgon, et deux panneaux de plexiglas, mobiles, aménagés sur le toit permettent une bonne aération de l'ensemble. Le chauffage est assuré par un radiateur à gaz butane. L'éclairage artificiel est fourni par trois lampes de 15 watts, avec plafonniers, alimentés par une batterie d'accumulateurs de 12 volts, placée sous le plancher du véhicule.

A l'intérieur, l'employé chargé des prêts dispose d'un petit bureau mobile, peu encombrant, afin de réserver le plus de place possible aux lecteurs et aux livres. Des rayonnages (bois et isorel) sont aménagés tout autour de la voiture, à l'exception de l'emplacement de la porte et de la fenêtre; ils comprennent, en hauteur, 6 tablettes, séparées les unes des autres de 25 cm et profondes de 20 cm. Pour éviter la chute des livres durant la marche du véhicule, elles sont inclinées en arrière de 2,5 cm environ. Comme le moindre recoin à l'intérieur du fourgon est occupé, il y a environ 55 mètres de rayonnages qui peuvent recevoir entre 2 000 et 2 200 volumes.

Le plancher est couvert entièrement d'une carpette mousse rouge qui se retrouve sur le coffrage des roues et le soubassement. L'intérieur est peint couleur ivoire, y compris le plafond.

Extérieurement, la carrosserie est de couleur verte avec une inscription très apparente, en lettres jaunes : BIBLIOTHÈQUE CIRCULANTE - VILLE DE GRENOBLE, inscription tracée sur les deux côtés et à l'avant de la camionnette. De plus, des panneaux placés sur les côtés reçoivent des couvertures illustrées et forment ainsi 4 petites vitrines publicitaires.

Les 2 200 volumes que contient le bibliobus se répartissent ainsi : 500 documentaires pour adultes, 1 100 romans et 600 livres pour enfants. Les romans sont placés à l'arrière et sur un côté, les documentaires à l'avant, et les ouvrages pour enfants près de la porte et sur l'autre côté.

Le bibliobus est approvisionné par un fonds spécial, distinct des autres fonds de lecture publique et qui comprend environ actuellement 9 ooo volumes, dont 1 700 livres d'enfants 8. L'abonnement annuel est de 1 NF sur présentation d'une pièce d'identité accompagnée d'une preuve de stabilité de domicile (quittance de loyer ou feuille d'impôt). Pour les enfants, il faut en plus une autorisation des parents. La carte de lecteur donne droit à trois inscriptions au maximum avec possibilité d'emprunter 3 ouvrages à la fois et un livre d'enfant. Le système de prêt comporte une seule carte de livre.

A l'origine le service du bibliobus était double, il devait d'abord desservir la population scolaire, école par école et ensuite, en stationnant en divers points de la ville, jouer le rôle d'une annexe de quartier ambulante. C'est ainsi que le programme initial, établi en janvier 1956, comportait à la fois la desserte de deux groupes scolaires périphériques et un stationnement prolongé (6 heures, de 9 h à 15 h) place St-Bruno où se tient un marché très fréquenté et qui est de plus un important centre de passage. Mais petit à petit, devant l'afflux de lecteurs, le service dans les écoles a dû être abandonné afin que le bibliobus puisse entièrement se consacrer aux stationnements en ville, et cela dès 1957, un an après la création du service.

Actuellement donc, le bibliobus urbain de Grenoble dessert 8 quartiers situés tous dans les parties Ouest et Sud de la ville 9. Ces quartiers peuvent se répartir en deux groupes très différents; d'abord les quartiers du centre où la densité de la population est très forte, mais qui sont éloignés de toute bibliothèque, ensuite les quartiers périphériques, quartiers industriels et cités ouvrières où l'habitat est moins concentré, mais qui sont en cours d'extension. Les uns sont des secteurs urbains, très peuplés et le bibliobus stationne sur des places de marché ou à des carrefours particulièrement fréquentés, les arrêts sont, dans ces conditions, de longue durée, 5 heures environ. Trois quartiers seulement peuvent se ranger dans cette première catégorie. Les cinq autres appartiennent au second groupe, ce sont vraiment des quartiers suburbains où le bibliobus n'effectue que des arrêts assez brefs (de 1 h 30 à 3 h), de préférence dans la soirée, à la sortie des ateliers ou des usines.

Ces 8 points de stationnement sont tous, une fois par semaine, très régulièrement visités par le bibliobus. Une seule exception, l'arrêt créé en septembre 1957 près de la cité de la Capuche où la fréquence des passages est actuellement de deux fois par semaine. L'horaire du bibliobus est donc le suivant :
Mardi : 17 h 30-19 h
Mercredi : II h 30-16 h 30
17 h 30-19 h
Jeudi : 14 h -16 h 30
17 h 30-19 h
Vendredi : 13 h 30-16 h 30
17 h 30-19 h
Samedi : 14 h -16 h
16 h 30-19 h
soit au total 21 h 30 de stationnement hebdomadaire 10.

Une enquête sociologique a été faite avant de déterminer l'emplacement des points de stationnement, car il importe que le bibliobus ne stationne pas à contre-courant, mais qu'au contraire il se trouve mêlé intimement à la vie de la population du quartier qu'il va visiter. Le choix des arrêts s'est fait lentement par essais successifs, quelques emplacements s'étant révélés, à l'expérience, inopportuns.

Il nous faut, maintenant, examiner les incidences financières d'un tel service. Et d'abord, combien a coûté la mise en train du bibliobus de Grenoble ?

Achat du châssis ................................... 855 925 F
Frais d'équipement, aménagement .................... 93I 204 F
Soit au total ..... 1 787 129 F

pour le véhicule lui-même 11.

Ensuite il faut enregistrer les dépenses consécutives à la constitution du premier fonds, fonds de démarrage.

Achat de 6 ooo volumes et reliure avec couverture en matière
plastique..... 8 160 000 F
Le total des dépenses a donc été de :
1 787 13I F
+ 8 160 000 F
9 947 13I F

Que représente actuellement l'entretien de ce bibliobus ?

En 196I il a parcouru 2 600 kilomètres, dépensant en
carburant ........................................... 740 NF
graissages ........................................... 13 NF
frais généraux ....................................... 1 046 NF
réparations.......................................... 202 NF
assurances et taxes 12 ..... 952 NF
Soit au total en un an ..... 2 953 NF
Et par mois ..................................... 27 NF

Comme toute bibliothèque qui ne s'accroît pas est une bibliothèque qui meurt, il faut aussi prévoir une augmentation régulière du stock initial de livres, ce qui représente 1 ooo volumes par an à Grenoble.

Le bibliobus est conduit par un chauffeur qui ne fait pas partie du personnel de la Bibliothèque municipale. Il relève directement du service de la voirie et n'est mis à la disposition de la Bibliothèque que quelques heures par semaine pour la conduite et l'entretien du véhicule. Il ne reste pas sur place durant les heures de stationnement et il n'intervient pas dans l'entretien et la manutention des livres.

Les prêts sont assurés par une employée contractuelle ayant les indices de traitement d'employé de bibliothèque. Elle assure un service de quarante-deux heures par semaine (avec heures supplémentaires), et outre les prêts et le contact avec les lecteurs, elle veille au classement et au rangement des ouvrages. Elle est assistée, pour ces travaux, d'une autre employée, auxiliaire à temps complet (indice d'auxiliaire de bureau), une seule personne ne pouvant faire face aux multiples tâches qu'entraîne la bonne marche d'une pareille organisation.

Il nous reste maintenant à essayer de dégager les résultats déjà acquis au bout de six ans de fonctionnement, et les conclusions qu'on peut en tirer.

En 196I, le nombre des lecteurs s'est élevé à 1 200 et le nombre de livres prêtés à 53 150 13. Le chiffre des lecteurs varie beaucoup d'un quartier à l'autre, il se situe entre 240 et 75, chiffres maximum et minimum. Partout le bibliobus a été bien accueilli et le nombre des abonnés ne cesse de monter, aussi bien dans les quartiers où la population est très concentrée que dans la banlieue industrielle où la « clientèle » ouvrière devient de plus en plus importante (13 % des lecteurs inscrits place Saint-Bruno, et 17 % carrefour de l'Aigle sont des salariés de l'industrie). Par contre, les lecteurs de moins de quinze ans semblent manifester peu d'intérêt pour le Bibliobus. En effet, après l'abandon du service de prêt dans les écoles, les enfants ne représentent plus que 9 % des lecteurs inscrits et les livres qu'ils ont empruntés ne forment que 14 % du total des livres prêtés en 196I. Il est vrai aussi que si le véhicule présente environ 600 livres d'enfants, il y a seulement 1 700 ouvrages pour les jeunes lecteurs dans le fonds de livres du bibliobus sur un total de 9 ooo volumes.

Le bibliobus a aussi l'avantage de prouver que les habitants de Grenoble s'intéressent vivement à la lecture et que la construction de bibliothèques annexes dans certains quartiers du centre de la ville devient une nécessité; cette construction serait parfaitement rentable, les lecteurs étant nombreux déjà et assidus.

II. Le Bibliocar de Tours 14.

Le « Bibliocar » de Tours, puisque c'est là l'expression consacrée, fut lancé en 1956, dix mois à peine après celui de Grenoble, mais de profondes divergences séparent les deux véhicules, divergences qui se traduisent principalement par une conception presque opposée du rôle et de l'emploi du bibliobus.

Le bibliobus de Tours est un bibliobus scolaire, en effet il a pour mission de fournir des livres aux enfants des écoles (à leurs maîtres aussi évidemment). C'est là une différence essentielle avec celui de Grenoble où nous avons pu constater au contraire que les jeunes lecteurs étaient peu nombreux. Autre différence aussi, le véhicule est cette fois un car de grande dimension, et non plus une camionnette. C'était la première fois en France qu'un autobus était transformé en annexe ambulante d'une bibliothèque municipale.

Le bibliocar de Tours a été inauguré le 8 octobre 1956, les crédits ayant été votés par le Conseil municipal en novembre 1955, et les travaux d'équipement ayant commencé courant mai 1956.

Examinons d'abord comme pour Grenoble la situation de la lecture publique à Tours en 1956. Tours est une ville de 9I ooo habitants 15 où l'habitat est très concentré, et qui est de plus entourée d'autres communes avec lesquelles elle forme depuis 1959 un district urbain. Il y a là, entre la Loire et le Cher, plus de 120 000 habitants et la ville se développe assez rapidement.

La Bibliothèque municipale est neuve, elle fut entièrement reconstruite après la guerre, les bâtiments anciens ayant été complètement anéantis en juin 1940. De ce fait elle bénéficie d'installations remarquables en tous points et, en particulier, une belle section de prêt a été aménagée au rez-de-chaussée 16. Les lecteurs y viennent très nombreux 17. Il n'y a pas ici, comme à Grenoble, des bibliothèques de quartier ni de dépôts de livres installés dans des administrations ou des usines. La section centrale de lecture publique paraît pour l'instant suffisante 18. Il existe aussi à Tours une très importante bibliothèque pour la jeunesse, véritable modèle du genre, et c'est justement pour compléter son action qu'a été lancé le bibliocar scolaire. En effet, 30 % seulement des enfants de Tours fréquentant cette section « Jeunesse », il convenait donc de porter le livre à tous les autres, à ceux qui n'osaient pas entrer dans la Bibliothèque comme à ceux qui n'auraient pas pu y trouver place, en dépit des surfaces, pourtant très vastes réservées à cette catégorie de lecteurs, à tous ceux enfin qui demeurant trop loin de la Bibliothèque ne pouvaient surmonter le gros handicap que représente la distance quand on a dix ou douze ans. Et où trouver meilleur endroit pour atteindre les entants, que la cour de l'école ? Du reste un début d'organisation existait déjà, sous le nom de « Centrale de prêt aux écoles », depuis 1950. Cet organisme, créé et dirigé par la Bibliothèque municipale, avait pour but, en utilisant les caisses et le bibliobus de la Centrale de prêt d'Indre-et-Loire, de faire circuler entre les divers groupes scolaires de la ville, le fonds d'une bibliothèque constitué d'une part par les collections de livres d'enfants de la Bibliothèque municipale, d'autre part par les ouvrages des bibliothèques des écoles publiques.

Mais bien vite, et à cause de la rapide augmentation de la population scolaire, la formule devint insuffisante. Au bibliobus-caisses, il fallut substituer le bibliobus-rayons, et le bibliocar scolaire de Tours, le premier en France, naquit.

Ainsi le bibliocar est indépendant de la lecture publique urbaine, il n'atteint qu'une partie de la clientèle de celle-ci, les enfants des écoles publiques, mais il la touche, nous le verrons plus loin, dans sa totalité. C'est une annexe itinérante de la section de la « Jeunesse » plutôt qu'une succursale mobile de l'ensemble de la Bibliothèque municipale.

Le véhicule utilisé est un car de marque Tubauto, moteur Diesei placé à l'arrière, sorti d'usine en 1947, et qui, de longues années durant, fut affecté à une ligne régulière de transports interurbains. Les dimensions principales sont : 8,60 m pour la longueur, 2,40 m pour la largeur. Avant transformation, 3 portes permettaient les montées et les descentes de voyageurs (une à droite commandée par le chauffeur, une autre placée du même côté, à peu près au milieu du véhicule, une troisième enfin à l'arrière, côté gauche). Les travaux d'aménagement comportèrent principalement : enlèvement des glaces remplacées par des tôles sur les parois latérales, aménagement de 4 ouvertures sur le toit pour l'éclairage, suppression de la porte arrière, pose d'une cloison de séparation entre la cabine du chauffeur et le reste du véhicule, et, à l'arrière, entre le moteur et le fourgon proprement dit 19, installation de rayonnages (bois) tout le long du car.

L'éclairage naturel est assuré par les 4 ouvertures zénithales et les deux fenêtres situées derrière le bureau de prêt, l'éclairage artificiel par des plafonniers branchés sur 4 batteries de 6 volts, logées à côté du moteur. Le chauffage est fourni par 3 radiateurs infra-radiants, à gaz butane (bouteilles avec inverseurs dissimulées dans les angles, à l'intersection des rayonnages). De plus, un revêtement calorifugé (isorel et laine de verre) contribue à assurer une certaine isothermie à l'intérieur du véhicule.

Le bureau de prêt, fixe, est installé face à la porte d'entrée et contre la paroi. Le « comptoir sur roues », large plan de travail qui le prolonge, est situé sur une roue et contient tous les éléments du prêt (dossier pour chaque classe - fiches des livres empruntés...). Les rayonnages courent tout le long des deux côtés du véhicule et sur les deux cloisons séparant la cabine et le moteur du corps du fourgon. Leur hauteur est de 1,70 m y compris un socle de 0,10 m, et ils sont répartis en 6 rangées, les 5 premières en partant du haut, sont espacées de 0,25 m, la dernière, afin de permettre le rangement des albums de grand format, offre une hauteur libre entre rayons de 0,35 m 20.

L'entrée se fait par une seule porte assez large, située presque au milieu du bibliobus, du côté droit 21. Le plancher est couvert de « Taraflex » gris jaspé, les coffres dissimulant les passages des roues, et la partie de droite du bureau sont garnis de « Taraplast » rouge vif, le plafond est peint en blanc et les rayonnages sont teintés à l'encaustique (Sienne clair). A l'extérieur le toit est lui aussi peint en blanc, tandis que les parois présentent deux tons de bleu : bleu Latour en bas, bleu argentin en haut. Les deux côtés portent en grandes lettres blanches l'inscription : VILLE DE TOURS. BIBLIOBUS SCOLAIRE.

Le véhicule peut contenir 3 400 volumes, c'est-à-dire qu'il offre un choix très grand à tous les enfants de 6 à 14 ans, qu'il vient visiter dans leurs écoles. Les diverses collections de littérature enfantine y sont largement représentées; on y trouve des albums pour les petits, des contes et des récits romancés, de très nombreux ouvrages documentaires pour jeunes également.

Il y a également un fonds spécial pour les adolescents, et quelques rayons réservés aux maîtres, au personnel de service et aux concierges des écoles. A l'intérieur du bibliocar, la circulation se fait, à partir de la porte unique, suivant un double circuit : à droite (vers l'avant) pour les enfants les plus jeunes qui trouvent là les livres qui leur sont destinés, à gauche (vers l'arrière) se dirigent les adolescents et les adultes, vers les travées à eux réservées 22.

Le bibliocar est alimenté, pour la section des jeunes, par un fonds spécial, distinct de celui de la bibliothèque enfantine quoique absolument semblable quant au contenu. Les livres pour adolescents et adultes sont simplement extraits de la section d'adolescents et de la section de « Prêt à domicile » de la Bibliothèque municipale et réintégrés dans ces diverses collections après lecture ou consultation.

La classe, et non l'élève ou le groupe de 10 élèves, comme c'était le cas à l'origine à Grenoble, est « l'unité de prêt », par rapport à la méthode de communication des livres; mais le choix de chaque élève est entièrement libre. Chaque maître est averti à l'avance du passage du bibliobus, en principe toutes les trois semaines très régulièrement. Les livres sont munis d'une fiche de prêt qui est enlevée lorsque l'ouvrage est retenu par un élève; quand l'ensemble des enfants d'une classe a terminé son choix, les fiches des volumes empruntées sont rassemblées, comptées et classées selon les grandes divisions de la classification décimale, l'employé remplit alors la feuille de statistiques et livres et fiches sont confiés à l'instituteur jusqu'au prochain passage. Ce jour là, les fiches sont remises dans les livres par les élèves sous le contrôle du maître, et les volumes sont rendus au bibliocar. Chaque classe dispose de 10 à 15 minutes environ pour faire son choix 23.

Quel est le prix de revient du bibliocar de Tours ? Voici les chiffres de 1956 :
Prix d'achat du véhicule ............................. 530 000 F
Aménagement ..... 650 000 F
Soit au total ..... 1 200 ooo F

A cela il faut ajouter le prix des 3 400 ouvrages qui ont formé le premier fonds de livres 24.

3 400 livres, à 500 F en moyenne ...................... 1 700 000 F

Donc au total, le prix de revient 25 doit être de :
1 200 000 F
+ 1 700 000 F
2 900 000 F

L'entretien du véhicule et les dépenses courantes durant une année, peuvent s'établir comme suit; pour 700 km environ parcourus en 196I :
500 à 550 litres de gas-oil 26 ..... 500 NF
30 litres d'huile de vidange.....
Amortissement (12 ooo NF en 10 ans), soit ............... 1 200 NF
Réparations.......................................... 750 NF
Donc, dépenses en un an .......................... 2 450 NF
Et par mois..... 23 NF

Mais en réalité les services municipaux assument les frais de carburant, d'entretien et les réparations. Le garage est aussi fourni gratuitement et les assurances sont prises en charge par la ville.

Le personnel comprend un chauffeur et un employé chargé des prêts. Le chauffeur est titulaire du permis de conduire poids-lourds et il est rémunéré en cette qualité. Il fait partie du personnel de la bibliothèque et aide au prêt en s'occupant des tâches administratives. Il peut même, au bout de six ans de pratique, conseiller un enfant « du modèle courant ». Les prêts sont effectués à tour de rôle par les employées chargées du même service à la bibliothèque de la jeunesse, chacune d'entre elles assurant une semaine dans le bibliobus. Elles ont le grade de commis et sont placées sous les ordres d'une sous-bibliothécaire, chef de section; les heures en dehors du service des écoles sont consacrées à la préparation du fonds, à la recherche des livres demandés par les enfants, etc...

Quels sont les résultats au bout de six ans de fonctionnement ? Ils tiennent en une seule phrase : actuellement, tous les enfants d'âge scolaire fréquentant les écoles primaires et les collèges d'enseignement général sont clients du bibliocar, soit environ 9 ooo enfants. Il en est de même pour tous les maîtres de ces divers établissements, soit 325 27.

De plus, comme l'écrivait en 1957, M. Fillet, bibliothécaire de la Bibliothèque municipale de Tours : « Aujourd'hui, remarquable instrument de diffusion du livre pour les enfants, le bibliobus scolaire doit se révéler pour l'avenir l'un des facteurs décisifs de l'utilisation complète de toutes les ressources de la bibliothèque municipale par les adultes 28. »

Il apprend aux enfants le chemin de la bibliothèque et leur montre les nombreux services qu'elle peut leur rendre. Il va chercher l'enfant là où il est le plus facilement accessible et insensiblement le guide vers la « source de tout savoir ».

Aussi la Bibliothèque municipale de Tours envisage-t-elle la création d'un second bibliobus scolaire, si les communes périphériques formant le district urbain sont un jour englobées dans le « grand Tours », la population de la ville devant alors passer brusquement de 9I ooo à 150 000 habitants 29.

III. Le Bibliobus urbain de Saint-Brieuc 30.

La ville de Saint-Brieuc inaugura son « biblio-autobus » le 12 février 1959, mais dès 1955 des projets de distribution de livres par bibliobus étaient à l'étude. Ce ne fut pourtant qu'au mois de juin 1957 que le Conseil municipal en admit le principe et vota un crédit à cet effet 31. Les travaux d'aménagement du véhicule commencèrent en novembre 1958 et durèrent trois mois.

Saint-Brieuc est une ville de moyenne importance (47 000 habitants actuellement) mais qui se développe rapidement 32. La surface du périmètre urbain étant de 1 900 hectares (plus importante qu'à Grenoble), l'habitat est assez dispersé. En réalité, nous avons d'abord une agglomération centrale, ancienne, où la densité de la population est forte, ensuite une série de quartiers neufs édifiés dans un rayon de 3 kilomètres autour de la vieille ville, et enfin des zones restées encore rurales.

La Bibliothèque municipale est située au centre de la vieille ville 33. Il n'y a pas d'annexes de quartiers, et s'il existe bien deux dépôts de livres, ils sont installés dans des institutions particulières et réservés aux usagers de ces établissements 34.

La Bibliothèque a été entièrement réorganisée en 1947, une « Heure joyeuse » créée en 1952, et les usagers, adultes ou jeunes, sont très nombreux. Ces deux initiatives et l'afflux de nouveaux lecteurs qu'elles entraînèrent permirent à la Municipalité de constater l'attrait indéniable du public pour la lecture dans la mesure où les services de la Bibliothèque se trouvaient adaptés aux conditions de la vie moderne. Il apparaissait malgré tout qu'une grande partie de la population, celle de la périphérie, ne pouvait bénéficier des nouvelles facilités de lecture à cause de l'éloignement de la bibliothèque. « Ne pouvant avoir dans tous les quartiers de petites salles de lecture et de prêt, la Municipalité a adopté la seule formule qui s'imposait : celle du bibliobus passant à des jours et heures fixes en des points déterminés d'avance 35. » En effet la création de succursales aurait été la solution idéale, mais cela aurait nécessité des dépenses trop lourdes pour le budget de la ville, et la solution du bibliobus a paru plus économique aux édiles briochains.

Nous sommes donc en présence d'un bibliobus pour tous, et non comme à Tours d'un bibliocar uniquement scolaire. Le véhicule est un autobus Renault, type T. N. 4 B, 22 CV., sorti d'usine en 193I et qui, durant de longues années, a appartenu à la Régie autonome des transports parisiens (R. A. T. P.). Il s'agit en effet d'un de ces anciens et pittoresques autobus de Paris, munis d'une vaste plate-forme à l'arrière qui pendant un quart de siècle ont parcouru les rues de la capitale. En voici les dimensions principales : largeur 2,25 m, hauteur au centre 2,15 m, longueur (sans la plate-forme arrière) 5,60 m. Pratiquement, aucune transformation n'a été effectuée. Les glaces latérales ont été maintenues, la plate-forme également, car elle sert, en quelque sorte, de hall d'entrée. Une cloison entre la cabine du conducteur et le reste du véhicule a été installée.

Ce bibliobus comprend ainsi quatre parties : d'abord la plate-forme où se trouve la porte d'entrée, puis le bureau de prêt aménagé dans la première partie de l'ancien autobus et qui communique avec la plate-forme par une porte vitrée, ensuite le domaine des livres, et enfin la cabine du chauffeur.

Le bureau de prêt, de grande dimension, est installé sur un passage de roue, et en face, sur l'autre roue, a été agencée une table qui sert à recevoir les paquets et les serviettes des lecteurs. Entre les deux, en face de la porte, est aménagé un passage pour permettre les allées et venues des « clients » qui entrent et sortent par cette issue. Les rayonnages en bois sont installés au centre du véhicule, ils tapissent entièrement les deux parois latérales et une partie de la cloison formant séparation entre la cabine du chauffeur et le fourgon 36. Ils sont appliqués directement contre les glaces, l'espace compris entre les rayonnages et les glaces étant aménagé de façon à recevoir des couvertures illustrées de livres, formant ainsi des vitrines publicitaires du meilleur effet 37. La longueur totale des rayonnages est de 49,77 m. L'éclairage naturel de l'ensemble est assuré par les quatre grandes vitres mobiles du bureau de prêt et par la porte-vitrée ouvrant largement sur la plate-forme. L'éclairage artificiel est fourni par quatre plafonniers (12 volts) alimentés par des accumulateurs, et le chauffage par un radiateur au gaz-butane. Le sol est couvert d'un linoléum couleur brique; évidemment les peintures ont été refaites et sur les parois, à la place des anciennes plaques indiquant l'itinéraire, a été peint en grosses lettres la mention : BIBLIOBUS-SAINT-BRIEUC.

Tel qu'il est équipé, le bibliobus transporte 2 500 volumes environ, c'est-à-dire 1 300 romans, 600 documentaires, 600 livres d'enfants 38. En entrant dans le véhicule, le lecteur trouve à gauche les biographies, puis les romans français, à droite les documentaires et les romans étrangers traduits, enfin, au fond, les livres pour les jeunes.

Un fonds spécial approvisionne le bibliobus 39. Le prêt est consenti pour un mois, après versement de la cotisation annuelle (5 NF pour adultes, 1 NF pour les enfants de moins de quatorze ans 40). Chaque abonné reçoit, lors de l'inscription, un guide du lecteur donnant toutes les explications sur le bibliobus, le règlement, le classement des livres, l'horaire et l'itinéraire du véhicule, etc... ; il peut emprunter trois livres à la fois, mais doit payer une amende de 0,20 NF par ouvrage et par jour de retard.

Le bibliobus, actuellement, dessert neuf quartiers, tous périphériques, et répartis sur l'ensemble de la surface de la ville. Le plus proche est à environ 1,8 km de la bibliothèque, le plus éloigné à 3,6 km. Les uns sont des quartiers déjà industrialisés (Robien, Le Legué...), les autres sont encore semi-ruraux (Le Point du Jour, Les Villages, La Ville Hesry...) et le chiffre de leur population varie entre 1 ooo et 4 ooo habitants; au total, ils doivent réunir 15 000 habitants.

Dans ces conditions, des arrêts très courts étaient suffisants, aussi le bibliobus ne stationne dans chaque quartier que peu de temps (I h ou 1 h 30). La formule suédoise trouvait là son application la plus logique (arrêts nombreux, mais brefs). Tous les quartiers sont visités deux fois par mois; les arrêts n'ont lieu que l'après-midi entre 14 h 30 et 17 h 30 et deux quartiers peuvent être desservis dans le même après-midi 41. La durée totale des stationnements pour une semaine est de sept heures environ. Avant de fixer de façon définitive l'emplacement des arrêts, le bibliobus est passé plusieurs fois dans tous les quartiers, mais sans prêter des livres, les lecteurs éventuels étaient priés alors de remplir un imprimé et si un nombre satisfaisant de « clients » se manifestait, le quartier était par la suite régulièrement desservi.

Le prix de revient du bibliobus de Saint-Brieuc peut se déterminer ainsi :
Achat du véhicule..... 400 000 F
Travaux d'aménagement effectués par un artisan briochain (rayonnages, bureau de prêt) ....................... 232 ooo F
Autres travaux faits par les ateliers municipaux (peintures, électricité...), évalués environ à..... 368 000 F
Total 42 ..... 1 000 000 F

Le fonds de livres, nous l'avons vu, n'a pas été acheté. Il était constitué par un envoi de la Direction des bibliothèques et par les doubles de la Bibliothèque municipale. Le bibliobus, en 196I, a parcouru 1 100 kilomètres. Durant cette même période, il a consommé 440 litres d'essence, représentant environ 440 NF. Du reste, les frais de carburant, comme toutes les autres dépenses (graissages, entretien divers, assurances, garage, réparation), sont pris en charge par les ateliers municipaux. Les frais d'entretien, donc, sont pratiquement inexistants, tout au moins pour le budget de la Bibliothèque.

Le personnel comprend, comme partout, un chauffeur et un employé chargé des prêts. Le chauffeur possède le permis de conduire poids-lourds, et de plus, avant son recrutement définitif, il a été procédé à la vérification de ses aptitudes, tant au point de vue conduite qu'au point de vue de l'aide qu'il pourrait apporter éventuellement à l'employé s'occupant des prêts (remise des fiches dans les livres, rangement, etc...). En dehors des heures de sortie du véhicule, il est mis à la disposition de la cantine scolaire, le matin en particulier. Ajoutons aussi que, durant la période de mise en train, le bibliobus a été piloté par le bibliothécaire lui-même.

L'employé chargé du prêt travaille en temps normal à la Bibliothèque centrale. Les tournées ayant été organisées en tenant compte des jours de moindre affluence à la Bibliothèque, il est possible ces jours-là de l'affecter au bibliobus. De plus, il connaît très bien le fonds de livres, les modalités du prêt et se tient au courant de la production littéraire.

Les résultats acquis en trois ans ne sont pas négligeables. En effet, en 196I, il y a eu 312 lecteurs inscrits (235 enfants et 77 adultes) qui ont emprunté 8 635 volumes, ce qui représente 27 volumes environ par abonné.

Outre ces résultats, le bibliobus de Saint-Brieuc a eu aussi le gros avantage de diriger vers la Bibliothèque municipale des lecteurs qui peut-être n'auraient jamais eu l'idée d'y pénétrer. Il s'est révélé ainsi un excellent agent publicitaire. Aussi, dès que cela sera possible, il est prévu l'acquisition d'un véhicule plus maniable, pouvant desservir tous les quartiers trois ou quatre fois par mois.

IV. Le Bibliocar de Boulogne-sur-Mer 43.

Avec la réalisation de Boulogne-sur-Mer, c'est le quatrième bibliobus français qui prend la route. C'est aussi le deuxième bibliocar scolaire, car à l'image de celui de Tours, le véhicule boulonnais est uniquement destiné aux enfants des écoles.

Il commença à circuler en octobre 196I, les travaux d'aménagement ayant été entrepris au mois de février de la même année.

Boulogne compte actuellement 46 93I habitants, répartis sur 693 hectares, et l'habitat y est plutôt concentré. La lecture publique urbaine ne dispose que d'une seule bibliothèque; il n'y a pas d'annexes de quartiers ni de dépôts de livres et, jusqu'à cette année, il n'existait pas non plus de bibliothèque pour la jeunesse 44. Dans ces conditions, il n'y avait qu'une solution : le bibliobus qui offrait l'avantage d'être à la fois rapidement aménagé et mobile (la lecture publique pouvant dans ce cas commencer à fonctionner dans plusieurs quartiers à la fois). Toutefois, pour ménager l'avenir, il fut décidé que le bibliobus serait d'abord uniquement destiné aux enfants, et que, plus tard, il pourrait être aussi accessible aux adultes.

Une autre raison militait également en faveur d'un bibliocar scolaire, et nous l'avons déjà rencontrée à Tours : la difficulté qu'ont les enfants à fréquenter une bibliothèque en raison de la distance, parfois grande, qui sépare leurs domiciles de la maison des livres. Or, cette difficulté, si elle existe aussi pour les adultes, est toujours plus grande pour l'enfant; il convenait donc de commencer par un service exclusivement adapté aux enfants. Ainsi, une affinité existe entre les deux bibliocars scolaires et nous aurons l'occasion de le constater plusieurs fois. Une différence cependant : à Tours, le bibliocar est le complément d'une très importante section pour la jeunesse, tandis qu'à Boulogne, il était encore tout récemment l'unique source de lecture pour les enfants de la ville 45.

Nous allons aussi trouver, à Boulogne, une autre nouveauté : la transformation en bibliobus, non plus d'un ancien autobus mais d'un camion.

En l'occurrence, il s'agit d'un Berliet type P. C. K. 8 R. avec cabine avancée, sorti d'usine en 195I, et qui, avant d'être acquis par la ville, était affecté à un service de messagerie. Dimensions principales : 6,4I m pour la longueur 46, 2,4I m pour la largeur, hauteur intérieure 1,89 m, hauteur sur roues 2,80 m.

Les travaux d'aménagement comportèrent principalement : suppression de la double porte arrière et d'une porte latérale, ouverture d'une porte à l'avant côté droit, création de trois ouvertures sur le toit, afin de permettre la pose de lanterneaux en plexiglas « Lanterplex » de 70 centimètres de diamètre; en outre, recouvrant l'ouverture à l'avant côté droit, a été installée une porte translucide (plastique souple avec armature métallique) à fermeture automatique, qui permet, l'hiver, de conserver une température acceptable dans le véhicule. Tous ces travaux furent exécutés par les ateliers municipaux. L'éclairage est fourni pendant le jour par les lanterneaux, qui forment trois dômes sur le toit du camion et, le soir, par six plafonniers à incandescence. Le chauffage est assuré par deux radiateurs à catalyse « Thermix » placés l'un à l'arrière, l'autre à l'entrée près du bureau de prêt. Ces radiateurs sont fixés, encastrés dans la paroi et protégés par des grilles. L'intérieur est calorifugé par un triple revêtement de laine de verre, de carton pressé et de contreplaqué. Le plancher enfin est recouvert de « Gerflex » vert.

Le bureau de prêt est installé face à l'unique porte, côté gauche, à l'avant, et sous un lanterneau. Les deux sièges qui se trouvaient dans la cabine ont été maintenus. Le problème le plus difficile à résoudre était celui des rayonnages. En effet, nous l'avons déjà vu, le bibliocar devra plus tard assurer, en plus de la distribution dans les écoles, un service de prêt aux adultes, une fois par semaine. C'est donc tout le fonds de livres qu'il faudra changer ce jour-là. Il n'était pas question de vider le véhicule, rayon par rayon, puis de le remplir à nouveau, avec des livres d'adultes; il fallait, au contraire, essayer de déplacer les rayons avec leur contenu. La solution fut trouvée avec l'utilisation de « rayons caisses » en contreplaqué, formant chacun une unité indépendante (longueur 70 cm, profondeur 27 cm, hauteur variable de 3 5 à 25 cm selon le format des livres) et posés sur des tasseaux en bois. Ces rayons, au nombre de 70, sont répartis en 14 travées placées le long des parois latérales, à l'arrière du camion et sur une partie de la cloison séparant la cabine du conducteur du fourgon. Chaque travée en hauteur comprend 5 rayons. De plus, une plinthe de 10 centimètres court tout le long du fourgon et 8 tiroirs, hauts de 30 centimètres, ont été aménagés entre cette plinthe et les rayons inférieurs, de telle façon que les lecteurs n'aient pas trop à se baisser et que le passage des roues ne se traduise pas par une rupture de l'alignement.

Ces rayonnages peuvent contenir un fonds de 2 400 volumes susceptibles d'être entièrement renouvelé par trois hommes en une heure 47. En plus des livres pour les enfants, le bibliocar transporte pour les maîtres quelques ouvrages qui sont placés sur les rayons les plus proches du bureau de prêt. Le système de prêt est le même que celui utilisé à Tours 48.

Les écoles visitées sont au nombre de 18 et le bibliobus les ravitaille deux fois par trimestre 49. Pour cela, il reste une journée entière dans chaque groupe scolaire.

Le bibliocar est approvisionné par un fonds spécial, riche d'environ 10 000 volumes.

Comme pour les autres villes, voici le prix de revient de ce véhicule.

Achat du bibliobus ................................... 9 ooo NF Frais d'aménagement..... 30 000 NF Achat et équipement de 2 500 volumes, constituant le fonds initial 50 ..... 12 000 NF Total..... 5I 000 NF

Toutes les dépenses d'entretien (carburant, graissages, garage, réparations) sont prises en charge par le garage municipal.

En ce qui concerne le personnel, le chauffeur travaille à temps complet pour la bibliothèque et, outre la conduite et l'entretien du véhicule, il participe au prêt et exécute également les travaux d'équipement et de réparations de livres. Le fonctionnement du bibliobus est assuré par une institutrice détachée par l'Inspection académique. Elle fournit à la bibliothèque trente-cinq heures de travail par semaine et a rang de sous-bibliothécaire. Elle a la responsabilité du service (achat de livres et fonctionnement) sous le contrôle du bibliothécaire de la Bibliothèque municipale. De plus, une sténodactylographe partage son temps entre le bibliobus et la bibliothèque; elle aide à la distribution des ouvrages.

Les résultats obtenus depuis la création de ce service sont vraiment remarquables et, comme à Tours, tous les enfants des écoles, du cours préparatoire aux cours de fin d'études, sont clients du bibliobus, soit environ 5 250 qui ont emprunté en 196I près de 32 ooo volumes.

Mais le bibliobus de Boulogne-sur-Mer va étendre son action en organisant un service de lecture publique pour adultes. En effet, le jeudi, le samedi et le dimanche matin, le véhicule pourra en stationnant quelques heures en divers points de la ville se transformer en autant de bibliothèques annexes de quartier 51. Ce dédoublement interviendra, en principe, en octobre 1963, deux ans après le lancement du bibliocar scolaire. Les modalités d'application sont actuellement à l'étude.

V. Le Bibliobus urbain de Toulouse 52.

Le bibliobus de Toulouse, le cinquième en France, fut inauguré le 22 avril 196I. Les crédits ayant été votés par le Conseil municipal au printemps 1960 (30 000 NF) le véhicule fut acheté au mois de juin, les travaux commencèrent aussitôt et furent terminés à la fin du mois de mars 196I.

Toulouse est une grande ville (330 ooo habitants en 1962) qui se trouve actuellement en pleine crise de croissance 53 et qui de plus s'étale sur une surface de II 820 hectares, ce qui lui donne le privilège peu enviable d'être la deuxième ville de France pour la superficie, après Marseille (23 ooo ha) et avant Paris (II 000 ha), Arles avec ses 103 000 hectares mise à part, bien entendu 54. Toulouse en effet, s'étend sur 14 kilomètres du nord au sud, et sur 10 kilomètres de l'est à l'ouest. Une étendue aussi vaste donne des densités de population très variables selon les quartiers mais faibles en général 55. Cette dispersion s'explique à vrai dire par la présence, à l'intérieur des limites de Toulouse, d'une série de quartiers restés encore presque entièrement ruraux (Saint-Simon, Lardenne, Pouvourville, Lafourguette, Lalande...), véritables villages « intra-muros », avec leurs écoles, leur cimetière, leur église, leur mairie annexe et dont les habitants vivent presque entièrement de la culture de leurs champs qui s'étendent sur les coteaux et dans la plaine entre ces petites agglomérations 56. Ce sont précisément ces trois facteurs d'ordre naturel, population, répartition, caractère rural, qui vont régler la vie de la lecture publique à Toulouse.

En effet, comment à partir de ces éléments organiser dans cette ville un service cohérent de lecture publique ? Peut-être en prenant pour base justement ces conditions naturelles que nous venons d'énumérer et plus précisément l'une d'entre elles à savoir la répartition et la densité de la population selon les zones urbaines. A ce moment là, tout un système se dessine et le voici, dans ses grandes lignes, très schématisé : I° La ville comporte en son centre, à l'intérieur de la première ceinture de boulevards, et correspondant en gros à la cité médiévale, des quartiers où la densité de la population est assez forte : 337 habitants à l'hectare en moyenne 57. Ce sera donc là le domaine des bibliothèques fixes et, en particulier, celui de la Bibliothèque municipale centrale dont le champ d'action est très vaste, car autour d'une imposante salle de travail de 350 places, ouverte en 1935, se sont groupés, petit à petit, divers services dont la réunion forme la « Lecture publique » (Heure Joyeuse, créée en 1940, mais entièrement rénovée en 1962, section Braille dont la transformation est en cours, service de prêt dans les quartiers lancé en 1947, et enfin section de lecture et de prêt à domicile; celle-ci vient, elle aussi, d'être totalement reconstituée 58, ce qui provoqua aussitôt un afflux de « clients » nouveaux 59). De plus, en 1958, a été ouverte une annexe dans la partie sud de cette zone centrale, jusque là fort mal desservie, la bibliothèque Fabre, installée au rez-de-chaussée d'une école maternelle et qui, largement ouverte à tous, connaît un très vif succès 60. Le centre de Toulouse paraît donc actuellement bien équipé au point de vue lecture publique, d'autant plus que ce centre, selon un phénomène général, commence à se dépeupler au profit des quartiers résidentiels de banlieue, plus calmes et plus aérés. 2° Ensuite, nous trouvons une zone moins peuplée (160 habitants à l'hectare), comprise entre les boulevards et les anciens chemins de ronde de l'octroi. Elle englobe à la fois les anciens faubourgs médiévaux, Saint-Michel, Saint-Étienne, Saint-Cyprien, etc... et la première banlieue de Toulouse créée au XIXe siècle (Minimes, Le Busca, Bonnefoy...). Ce serait donc là le domaine des annexes de quartier, filiales de plein exercice possédant presque une vie autonome. Pour le moment il n'en existe qu'une au faubourg Saint-Cyprien, et encore est-elle située à la limite de ce secteur, du côté de la vieille ville... si bien qu'elle assure plutôt la transition entre les deux zones. La construction d'une deuxième annexe, avenue des Mazades, est en cours et son achèvement est prévu pour l'automne 1963. Les plans d'une troisième (cité André-Daste) sont à l'étude et une quatrième, enfin, est prévue à Jolimont. C'est donc là, dans le présent, un secteur mal desservi, possédant peu de points de distribution de livres, or c'est pourtant un de ceux qui s'accroissent le plus vite. La solution reste donc encore partiellement à trouver. 3° En continuant toujours vers la périphérie, nous rencontrons une autre série de faubourgs, formés de quartiers modernes, très agréables, créés entre les deux guerres (Croix-de-Pierre, Côte Pavée, Purpan, La Roseraie, etc...) et où la densité est encore moins forte (100 habitants à l'hectare en moyenne). Comme cette densité n'est pas encore assez grande pour justifier l'installation d'une annexe, ces quartiers sont ravitaillés en livres par de simples dépôts de quartier situés en général dans des écoles (Rangueil, Côte-Pavée, Fontaine-Bayonne, etc...) et ces dépôts sont actuellement au nombre de 10 61. 4° Enfin, nous retrouvons la ceinture agreste déjà décrite plus haut, et où la densité est très faible (6 habitants à l'hectare environ). Mais, depuis la fin de la dernière guerre, de vastes ensembles résidentiels, H. L. M. ou autres, sont venus s'insérer entre les faubourgs de la ville et la zone rurale, modifiant entièrement le paysage et les conditions sociales de ces anciens quartiers, si bien que nous nous trouvons devant la juxtaposition de deux populations très différentes, à la fois des villageois toujours un peu traditionnalistes et des citadins, habitants des « blocs », préfiguration peut-être de l'habitat de 1980. Au point de vue lecture publique, ce sera le champ d'action du bibliobus urbain.

En effet, le bibliobus a été créé tout spécialement pour desservir ces quartiers et essayer de rompre leur isolement culturel. Auparavant, diverses tentatives d'implanter là des dépôts de livres n'avaient pas réussi parce que le nombre d'ouvrages mis à la disposition du public n'était pas assez important et que les heures d'ouverture étaient trop peu nombreuses. Restait donc à utiliser la solution du bibliobus dont la souplesse et la mobilité paraissaient particulièrement adaptées à la desserte de ces quartiers.

Le véhicule acheté est un ancien autobus de marque Tubauto, moteur arrière, qui a appartenu à la Société des transports en commun de la région toulousaine (S. T. C. R. T.) et qui, à ce titre, a assuré pendant de longues années un service régulier sur une ligne de banlieue. C'est, à peu de choses près, le même véhicule qu'à Tours. Les dimensions principales sont : longueur 10,40 m, hauteur 2,50 m, largeur I,85 m. Les travaux d'aménagement, effectués entièrement par les ateliers municipaux, ont été longs tant à cause de la vétusté du car que de leur importance. Il a fallu en effet déposer toutes les glaces, les remplacer par des tôles, supprimer une porte latérale, côté chauffeur, revoir le mécanisme des deux autres (une à l'arrière et une à l'avant), découper entièrement les tôles du toit et les remplacer par du plexiglass ambré, ouvrir aussi entre le toit et le haut des parois latérales dix lanterneaux 62 à fermeture mobile, refaire dans sa totalité le plancher en commençant par le mettre au même niveau (par la suppression de l'allée médiane plus basse) tout en tenant compte des servitudes imposées par le véhicule (trappes de visite, etc...).

Les travaux qui suivirent furent plus modestes : installation de rayonnages (latté renforcé de métal pour éviter les déformations du bois) dont les montants - métalliques aussi - inclinés à leur partie supérieure, supportent le toit de plexiglass, pose d'isorel perforé sur les parois latérales formant ainsi le fond des rayonnages tandis que les joues et la face supérieure de ces mêmes rayonnages étaient doublées de gerflex. Le sol fut recouvert également de gerflex, posé carreau par carreau.

Le bureau de prêt est installé à l'arrière du véhicule contre la paroi et adossé à une fenêtre. En réalité, il fait partie d'un vaste ensemble, occupant tout le fond du bibliobus et comprenant d'abord un bâti mobile dissimulant le moteur, ensuite sur le passage de la roue, un meuble dont la partie supérieure forme banque 63 et, entre les deux, le bureau proprement dit, muni de deux tablettes à abattant et de trois tiroirs de rangement. Le tout a été exécuté en latté chêne clair et ciré. Au-dessus du bureau, un présentoir en isorel perforé, de vastes dimensions, reçoit les nouveautés et les ouvrages en rapport avec l'actualité. Un autre présentoir aussi important se trouve dans le coin des enfants. Il permet ainsi d'exposer toute une série de livres pour la jeunesse 64. De même sous les deux lunettes arrière, le dessus du bâti recouvrant le moteur, légèrement incliné et revêtu de chêne ciré, forme ainsi un plan à double usage, susceptible soit d'être utilisé pour le prêt, soit comme surface d'exposition. De plus, devant le nombre élevé des inscriptions d'enfants, il a été nécessaire de prévoir dans le coin qui leur est réservé un bureau de prêt volant, constitué par une simple table pliante que l'on installe les jours de grande presse. De ce fait, il y a actuellement spécialisation avec un bureau de prêt pour adultes et un bureau de prêt pour enfants.

Le chauffage et l'éclairage sont électriques. A cet effet, des branchements spéciaux ont été installés dans chaque quartier, sur les poteaux de l'éclairage public, par le service municipal compétent en accord avec l'E. D. F. Ce sont des prises de courant placées dans des petits coffres en métal à 2 mètres du sol dont le chauffeur seul a la clef. Le véhicule, lui, est muni à l'avant d'une autre prise de même modèle, de 25 mètres de câble en plusieurs tronçons et d'un compteur électrique, si bien que, à chaque passage dans un quartier, il suffit de connecter le câble, muni de fiches, et les deux prises de courant pour avoir aussitôt chauffage et éclairage 65. Quatre radiateurs placés aux angles, entre le plancher et le bas des rayonnages, plus un cinquième installé dans le bureau du prêt, presque sous les pieds de l'employé, assurent, malgré les courants d'air, un chauffage suffisant et sain. En été, cinq ventilateurs posés sous le toit brassent l'air et donnent une agréable sensation de fraîcheur. De même deux prises de courant permettent l'emploi d'autres appareils électriques et notamment d'un aspirateur.

L'éclairage est double car, en plus des tubes luminescents placés au milieu du bibliobus et branchés sur le courant électrique, des plafonniers alimentés par des accumulateurs sont disposés au-dessus des deux portes et dans l'axe du car, afin d'éviter l'obscurité totale en cas de panne de secteur.

La couleur intérieure générale est coquille d'œuf mais l'armature métallique des rayonnages est peinte en gris anthracite, alors que le gerflex qui les recouvre est rouge veiné de gris et que le plancher, lui, est gris veiné de blanc.

A l'extérieur, le toit est blanc, la partie supérieure de la carrosserie gris-argent et le bas de la caisse bleu-gris. Sur les deux parois latérales, l'inscription : VILLE DE TOULOUSE - BIBLIOTHÈQUE MUNICIPALE est tracée en lettres rouges et blanches tandis qu'un rappel stylisé des armes de la ville met une note de couleur sur le fond gris-argent.

Deux vitrines verticales près de la porte avant permettent de présenter des jaquettes illustrées et des avis intéressant les lecteurs. Six coffres aménagés dans le bas de la carrosserie à hauteur des roues servent de réserve et peuvent contenir 400 volumes 66. De plus, afin de tempérer les ardeurs du soleil durant les mois d'été, des petits rideaux de soie grise, montés sur tringles peuvent s'appliquer contre le toit de plexiglass. De même, la fenêtre se trouvant derrière le bureau de prêt peut être entièrement masquée par un store vénitien, gris lui aussi.

La longueur totale du rayonnage est de 62 mètres, ainsi utilisée : 30 mètres pour les romans, au nombre d'environ 1 300, placés à gauche en entrant, 22 mètres pour les 900 documentaires faisant face aux romans, enfin 10 mètres pour les livres d'enfants (600) placés en face de la porte d'entrée 67 à la suite des documentaires, et mis dans un meuble spécial, plus large, à cause du format des albums. Le bibliobus contient donc 2 800 volumes exposés, plus 500 mis en réserve, soit dans les coffres extérieurs, déjà mentionnés, soit dans des placards aménagés dans le soubassement des rayonnages 68, placards hauts de 30 centimètres, au même alignement que les bâtis recouvrant le passage des roues 69.

L'approvisionnement en livres est assuré par le même fonds, qui alimente les dépôts de quartiers; il n'y a qu'un seul ensemble de livres pour les deux services. Ce fonds groupe 12 000 volumes (7 457 livres neufs acquis pour le bibliobus, et 4 500 environ provenant de l'ancien stock des quartiers). Sur ces 7 457 ouvrages les romans forment le lot le plus nombreux, suivi par les livres d'enfants et les documentaires.

L'abonnement annuel est de 2,50 NF pour les adultes et entièrement gratuit pour les enfants et les jeunes jusqu'à dix-sept ans inclus. En venant se faire inscrire, il est nécessaire de présenter une pièce d'identité et une preuve de stabilité de domicile, et de plus, pour les enfants, une autorisation des parents. Chaque emprunteur reçoit, lors de son inscription, un « Guide du lecteur » qui lui donne tous les renseignements utiles sur le classement des livres, le rôle du bibliobus, son règlement et les circuits qu'il accomplit en ville.

Les lecteurs sont divisés en 3 catégories :
I° Les enfants de sept à quatorze ans inclus, élèves des écoles primaires en particulier, qui peuvent « sortir » 2 ouvrages à la fois.
2° Les jeunes de quinze à dix-sept ans inclus forment une section intermédiaire entre celle des enfants et celle des adultes. Les livres qui leur sont destinés sont ceux des rayons pour adultes avec certaines réserves évidemment 70.
3° Les adultes, de même que les jeunes, ont la possibilité d'emprunter 3 ouvrages en même temps. Tous les volumes doivent être restitués lors du passage suivant du bibliobus et dans le quartier où ils ont été empruntés 71.

Le système de prêt est le système Newark à deux fiches.

Actuellement le bibliobus dessert 16 quartiers dans l'ensemble de la banlieue de Toulouse. Ces quartiers peuvent cependant se répartir en deux groupes en prenant comme critère leur éloignement du centre de la ville.

I° Un premier groupe est formé par ceux qui ne sont pas situés à plus de 4 kilomètres de la Bibliothèque municipale 72. Ils se trouvent donc, d'après la classification envisagée plus haut, dans la troisième zone urbaine, celle comprise entre l'ancien chemin de ronde de l'octroi et la banlieue encore rurale. Le bibliobus tend dans ce cas à supplanter les petits dépôts de quartiers.

2° Le second groupe comprend les quartiers de grande banlieue et en particulier ces agglomérations restées encore rurales dont nous avons déjà vu l'originalité 73. Nous avons vu aussi que, de plus en plus, grands ensembles résidentiels, cités ouvrières en particulier, se construisent dans leurs voisinages, ce qui contribue à augmenter la densité de la population, très faible jusqu'alors 74. Leur distance du centre de la ville varie entre 5 et 9 kilomètres (St-Simon, 9 km, Pourvourville, 8 km, Lalande, 7 km...).

Mais ces deux séries de quartiers, malgré leurs divergences, sont desservies selon les mêmes principes : passages du bibliobus tous les quinze jours, arrêts soit le matin, soit l'après-midi, peut-être pourrait-on observer toutefois que les secteurs moins peuplés du second groupe sont visités plutôt le matin que l'après-midi (4 contre 1 du premier groupe).

Les stationnements du matin durent deux heures, de 10 heures à 12 heures, ceux du soir trois heures et demie, de 16 heures à 19 h 30. Il est incontestable que l'horaire du soir convient mieux aux lecteurs que celui du matin, car dans les quartiers desservis l'après-midi le nombre des prêts est quelquefois le triple de celui enregistré le matin. Mais compte tenu des dimensions de la ville, de la nécessité de desservir le maximum de quartiers et du fait que nous ne disposions que d'un véhicule pour le moment, il n'y avait pas d'autre solution.

Les passages dans chaque quartier ayant lieu une fois par quinzaine, les mois sont divisés en deux périodes de quinze jours et au cours de chaque période tous les points sont desservis à date fixe 75. Le bibliobus sort tous les après-midi (sauf les dimanches et lundis, jours de repos du personnel) et, en plus, les matinées des mardis, jeudis et samedis. Les autres matinées sont utilisées pour l'entretien et le nettoyage du véhicule, le rangement des livres sur les rayons ou la mise à jour des collections 76. La durée totale du stationnement hebdomadaire est de 23 h30, presque le maximum des possibilités dans les conditions actuelles. Signalons enfin qu'à chaque point de stationnement, des poteaux indicateurs mentionnant les jours et heures de passage du bibliobus ont été mis en place par les services de la voirie municipale. De plus, chaque lundi, la presse et la radio locales donnent la liste des quartiers desservis dans la semaine 77.

Questions financières.

Le prix de revient de ce bibliobus s'établit comme suit :
- Achat du véhicule.................................... 8 ooo NF
- Aménagement 78........................................ 13 690 NF
- Installations électriques dans les quartiers................. 4 120 NF
25 810 NF
- Achat de 1 ooo volumes pour le fonds initial 79..... 13 ooo NF
Donc au total, le prix de revient du bibliobus peut être évalué à :
25 810 NF + 13 ooo NF = 38 810 NF.

Étant donné que toutes les dépenses d'entretien (carburant, graissages, réparations, assurances) sont prises en charge par les ateliers municipaux, il est difficile de donner le montant des frais annuels de fonctionnement. Néanmoins, voici quelques repères : le bibliobus a parcouru en 196I, 4 179 km et a consommé 1 200 litres de gasoil représentant 1 020 NF - les assurances se montent à 300 NF - la consommation d'électricité est évaluée à 2 800 kilowatts. En un an, il a été fait 4 graissages complets et 4 vidanges générales.

De même le garage, construit spécialement pour loger le bibliobus dans l'enceinte d'un parc de la voirie municipale, est fourni gratuitement. Il abrite également le « petit bibliobus », deuxième véhicule de la bibliothèque, qui est utilisé à la fois pour faire les liaisons en ville, pour approvisionner les annexes, pour porter les caisses de livres dans les différents dépôts de quartiers et surtout pour faire la navette entre le bibliobus urbain et la Bibliothèque municipale car les rues entourant cette dernière sont trop étroites pour lui en permettre l'accès. Ce véhicule annexe rend donc de très grands services et son emploi est vraiment indispensable 80.

Personnel.

I° Le chauffeur est un employé municipal, travaillant pour la bibliothèque à temps complet, titulaire du permis « poids lourds » et rémunéré en cette qualité. Il conduit indifféremment le bibliobus ou le véhicule annexe. Évidemment, il est chargé du nettoyage et de l'entretien des deux voitures et assure, sous le contrôle du bibliothécaire, la liaison avec les ateliers municipaux, pour les réparations notamment. Pendant les séances de prêt il a pour mission, d'abord de s'occuper des enfants. Il leur donne, mais sans effectuer le prêt, toutes les explications utiles, il distribue les demandes d'inscription, assure la surveillance générale, faisant acte d'autorité quand cela s'avère nécessaire! Ensuite il remet en rayon les livres rendus par les lecteurs, adultes aussi bien qu'enfants.

2° L'employé chargé des prêts est un agent de bureau, travaillant à temps complet pour la bibliothèque - horaires de travail, comme le chauffeur : 9 h 30 -12 heures, 15 h 30 - 20 heures. Lors des séances de prêt, dans les quartiers les moins lourds, il s'occupe à la fois du prêt aux adultes et aux enfants; dans les autres (ceux où le nombre des lecteurs est plus élevé) il n'a la charge que du prêt aux adultes. De plus, les matinées où le bibliobus reste au garage, il remet de l'ordre dans les rayons, établit les statistiques, envoie les lettres de rappel, en un mot veille à la bonne tenue des collections de livres. Cet employé a un rôle très lourd et aussi très important, car outre le service des prêts, il est fréquemment appelé à tenir l'emploi de conseiller de lecture en guidant le choix des nombreux lecteurs qui lui font confiance. Beaucoup d'inscrits, à Toulouse comme ailleurs, ont tendance, en effet, à juger le bibliobus aussi bien d'après les conseils qu'ils y reçoivent que d'après l'accueil qui leur est fait.

Pour permettre à cet employé de faire son travail avec le maximum d'efficience, pour éviter aussi les trop longues attentes devant le bureau de prêt, il lu a été adjoint pour les quartiers où il y a beaucoup d'enfants inscrits (10 sur 16) un autre employé, « volant », pris suivant les disponibilités dans le personnel de la bibliothèque, et qui s'installe au second bureau, mobile, pour s'occuper du prêt aux enfants. Enfin, comme le fonds de livres est commun avec celui des dépôts de quartier, deux autres personnes travaillent indistinctement pour cataloguer et équiper l'un et l'autre.

Nous en avons fini avec la présentation du bibliobus de Toulouse, il nous faut maintenant considérer les résultats acquis et les perspectives d'avenir.

Voici les chiffres :

En un an (Ier mai 196I-30 avril 1962) le bibliobus a prêté 69 472 ouvrages, à savoir 28 424 romans, 12 945 documentaires, 28 103 livres d'enfants.

Le nombre des inscrits, à la même époque, s'élevait à 3 153 (1 Toulousain sur 100 numériquement parlant) soit 1 684 enfants et 1 469 adultes (dans ce dernier chiffre sont dénombrés les jeunes de quinze à dix-huit ans, 300 environ). Il est à remarquer d'abord le nombre important d'ouvrages documentaires prêtés, plus du tiers, chiffre jamais atteint dans une bibliothèque fixe à Toulouse 81.

C'est là, je pense, la meilleure preuve que le bibliobus est un excellent moyen pour atteindre certains milieux sociaux, les amener aux livres, et en faire des lecteurs fidèles et assidus, en particulier les salariés et les jeunes, tous séduits par le caractère moderne de cette bibliothèque.

Une deuxième remarque s'impose aussi, elle vise le grand nombre d'enfants fréquentant le bibliobus (près de 1 700). Il y a des quartiers, en effet, où le nombre des abonnés de moins de quinze ans est le double de celui des adultes. Par contre, la section « Heure Joyeuse » de la Bibliothèque municipale centrale arrive difficilement à grouper 500 enfants. La comparaison de ces deux chiffres prouve bien, je crois, comme nous l'avons déjà remarqué pour Tours et Boulogne-sur-Mer, que le facteur distance est très important pour le développement des bibliothèques d'enfants, car il est à peu près certain que ces 1 700 enfants ne pourraient pas fréquenter une bibliothèque si le bibliobus ne venait pas s'arrêter presque devant leur porte. Ce qui était donc valable dans les deux villes précitées, l'est aussi à Toulouse, ville plus peuplée et surtout plus étendue. Aussi devant ce succès, devant cet afflux de lecteurs, tant adultes qu'enfants, la conception de nouvelles méthodes s'impose 82 d'autant plus que les demandes de passage du bibliobus dans de nouveaux quartiers sont nombreuses et pressantes.

Évidemment la solution idéale résiderait dans la création de bibliothèques annexes pour les quartiers où les abonnés sont en très grand nombre, mais c'est là une entreprise de longue haleine et qui ne concerne pas uniquement la bibliothèque 83. Aussi, je pense que la solution doit se trouver dans un second bibliobus (provisoire, en attendant l'implantation de ces succursales) assistant le premier dans la desserte de tous les quartiers de la ville, selon le programme suivant :
I° le premier bibliobus deviendrait un bibliobus suburbain ou de banlieue, destiné uniquement aux secteurs vraiment éloignés du centre de la ville, ceux correspondant au second groupe des quartiers actuellement desservis 84 auxquels pourraient venir s'ajouter quelques nouveaux points d'arrêts...
2° La création du second bibliobus permettrait de ravitailler, dans les faubourgs les plus proches, outre les quartiers faisant partie du premier groupe actuel - entre l'ancien chemin de ronde de l'octroi et la zone rurale - une dizaine de quartiers nouveaux. Nous aurions donc là un bibliobus urbain, et strictement urbain 85.

Dans tous les cas, la création d'un second bibliobus s'impose actuellement, étant donné les immenses services rendus par le premier, étant donné aussi le constant accroissement de la population de Toulouse. (A suivre.)

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Bibliobus urbain de Grenoble (1/2)

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Bibliobus urbain de Grenoble (2/2)

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Tours - Bibliobus scolaire (1/2)

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Tours - Bibliobus scolaire (2/2)

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Boulogne-sur-Mer - Bibliocar (1/2)

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Boulogne-sur-Mer - Bibliocar (2/2)

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Toulouse - Bibliobus urbain

  1. (retour)↑  Décoré! a paru dans le Gil Blas du samedi 13 novembre 1883, sous la signature : Maufrigneuse. Dans l'Édition Conard des œuvres complètes de Guy de Maupassant, t. IX, p. 248.
    De même, M. Sacrement est aussi, dans une certaine mesure, le précurseur du cinéma et de la télévision scolaire, car « il voulait qu'on établit dans les quartiers pauvres des espèces de théâtres gratuits pour les petits enfants. Les parents les y conduiraient dès leur jeune âge, et on leur donnerait là, par le moyen d'une lanterne magique, des notions de toutes les connaissances humaines. Ce seraient de véritables cours. Le regard instruirait le cerveau, et les images resteraient gravées dans la mémoire, rendant pour ainsi dire visible la science. Quoi de plus simple que d'enseigner ainsi l'histoire universelle, la géographie, l'histoire naturelle, la botanique, la zoologie, l'anatomie, etc... ? »
  2. (retour)↑  Notre étude est consacrée à la France. Bornons-nous à signaler pour l'étranger, sous le titre : Current trends in bookmobiles, un panorama rapide et d'ailleurs incomplet de S. H. Horrocks et J. A. Hargreaves : Bookmobile operations over the world (In : Library Trends. January 196I, pp. 360-373).
  3. (retour)↑  Le bibliobus de Marseille a été mis en circulation au cours du mois de janvier 1963.
  4. (retour)↑  Cet article a été rédigé d'après les réponses faites à un questionnaire qui fut envoyé à toutes les bibliothèques municipales ayant déjà un bibliobus ou désirant en créér un, je prie donc MM. les conservateurs de ces bibliothèques de trouver ici l'expression de ma gratitude la plus vive pour l'aide qu'ils ont bien voulu me fournir.
  5. (retour)↑  Vaillant (Pierre). - Le Bibliobus urbain de Grenoble (In : B. bibl. France, mars 1956, pp. 167-177).
    Vaillant (Pierre). - Le Bibliobus de Grenoble. Un an de fonctionnement. (In : B. bibl. France, mars 1957, pp. 218-221).
    Vaillant (Pierre). - Le Bibliobus urbain de Grenoble (In : Bulletin d'information de l'association des bibliothécaires français, n° 32, juin 1960, pp. 12I-122).
    Vaillant (Pierre). - Le Bibliobus en milieu urbain (In : Bibliographie de la France, 2e partie chronique, 25 mai 1962, n° 21, p. 163. Conférence prononcée lors des journées d'études consacrées aux bibliothèques sur les lieux de travail).
  6. (retour)↑  I° rue Abbé de la Salle, créée en 1883.
    2° 55, avenue Maréchal-Randon, créée en 1943.
    3° Groupe scolaire Jean Racine, avenue Teysseire, en 196I.
  7. (retour)↑  Pour plus de détails voir : Vaillant (Pierre). - La Lecture publique dans une ville universitaire et industrielle de 100 000 habitants (l'expérience de Grenoble 1939-1952). (In : A. B. C. D., mai-juin 1953.)
  8. (retour)↑  Ce fonds comprenait 6 ooo volumes lors de l'inauguration en 1956 et 7 000 un an plus tard, en mars 1957. A noter l'importance du « fonds de départ », nécessaire pour faire face aux premières demandes, et du premier « fonds de roulement », indispensable pour maintenir la curiosité des premiers inscrits au bout d'un an de fonctionnement. La Direction des bibliothèques de France avait envoyé un lot de 600 volumes.
  9. (retour)↑  Place St-Bruno, carrefour de l'Aigle, rue des Eaux-Claires, place G. Rivet, place de la Bastille, cité ouvrière Paul Mistral, cité ouvrière de la Capuche, cité ouvrière de l'Abbaye.
  10. (retour)↑  Le Bibliobus de Grenoble, le premier lancé en France, a eu de ce fait à résoudre, entre autres difficultés la question de la durée du stationnement dans les divers quartiers.
    Deux formules se présentaient alors : la méthode américaine et la méthode suédoise. La première préconise des stationnements peu nombreux mais fréquents et prolongés (une demie journée par exemple) et elle vise en quelque sorte à faire du bibliobus une véritable bibliothèque annexe ouverte au public au maximum. Cela évidemment ne se conçoit que dans des quartiers très peuplés, et de forte densité. La seconde méthode, au contraire, tend à multiplier les points d'arrêts, au détriment de la durée du temps de stationnement. Nous aurons donc, là, des arrêts très brefs (2 heures environ), mais de nombreux quartiers périphériques seront ainsi desservis par le bibliobus qui joue dans ce cas, un rôle identique à celui du bibliobus rural et qui comme lui ravitaille en livres une population clairsemée (banlieues ouvrières en cours d'extension, quartiers résidentiels nouvellement aménagés ou îlots encore semi-ruraux mais compris dans les limites du territoire de la ville). Cette formule est parfaitement adaptée à la civilisation du pays, la Suède étant une nation beaucoup moins urbanisée que les États-Unis. Les villes y sont moins nombreuses, moins peuplées et moins étendues.
  11. (retour)↑  Tous ces prix s'entendent en anciens francs.
  12. (retour)↑  Le garage est fourni par les services municipaux de la voirie.
  13. (retour)↑  En moyenne donc, chaque lecteur a emprunté en un an 44 livres. D'autre part, il est à remarquer aussi que le rapport entre le nombre annuel des prêts et celui des livres du stock est très élevé (49 407 prêts en 1959 pour un stock de 8 169 volumes - 53 150 prêts en 196I pour un fonds de 9 000 ouvrages), les livres circulant très vite et restant très peu de temps sur les rayons.
  14. (retour)↑  B. Bibl. France, oct. 1956, p. 710.
    Fillet (René). - Le Bibliobus scolaire de Tours (In : Bulletin de l'Unesco à l'intention des bibliothèques. Vol. XII, août-septembre 1958, pp. 186-188, article n° 357).
    Fillet (René). - Le Bibliocar scolaire de Tours. (In : B. Bibl. France, mars 1957, p. 179).
    Fillet (René). - Un Bibliobus scolaire. (In : l'Éducation Nationale, 12e année, n° 32, 22 novembre 1956, pp. 11-12).
  15. (retour)↑  Recensement 1962, 80 000 habitants en 1954.
  16. (retour)↑  Fillet (René). - La Nouvelle Bibliothèque municipale de Tours (In : B. Bibl. France, décembre 1958, pp. 883-896).
  17. (retour)↑  152 000 volumes ont été prêtés en 1958, 217 690 en 196I.
  18. (retour)↑  Actuellement une annexe installée dans le centre administratif et social de la place Ferdinand Morin a été ouverte le Ier février 1962. Du reste, la Bibliothèque centrale étant située tout à fait à une extrémité de la ville (place A. France), la création d'autres succursales semble souhaitable : trois projets sont actuellement à l'étude. Par contre la formule bibliobus urbain, à cause de la très forte concentration de l'habitat, à cause aussi de l'absence d'importantes banlieues industrielles, ne paraît pas utilisable.
  19. (retour)↑  Cette dernière cloison, d'ailleurs, est mobile afin de permettre l'accès au moteur en cas de réparation.
  20. (retour)↑  Longueur totale du rayonnage : 65,55 m.
  21. (retour)↑  Un escabeau mobile de deux marches permet aux enfants de monter dans le véhicule sans difficulté.
  22. (retour)↑  Le bibliocar peut contenir 25 enfants en même temps, sans difficulté.
    - Un seul livre est prêté par personne.
  23. (retour)↑  Le bibliobus fonctionne uniquement durant les jours et heures de classe (8 h 30 -II h 30, 13 h 30 - 16 h 30).
  24. (retour)↑  En réalité le fonds de base était de 8 ooo volumes, puisque dès le premier circuit, il a fallu servir 6 000 élèves et que des livres, étaient déjà nécessaires, pour le renouvellement.
  25. (retour)↑  Ces prix étant de 1956, s'entendent en anciens francs.
  26. (retour)↑  Le gas oil coûte actuellement 0,85 F le litre.
  27. (retour)↑  En 196I le bibliocar desservait 20 écoles totalisant 293 classes, plus 2 centres d'apprentissage (24 classes) et les 6 classes de l'École normale d'institutrices, soit au total 323 classes, contre 220 en 1956, la première année.
    Durant la même année (196I) le bibliocar a prêté aux enfants 78 314 livres et aux instituteurs 17 04I.
  28. (retour)↑  In : Bulletin de l'Unesco, déjà cité. Vol. XII, août-septembre 1958, p. 188.
  29. (retour)↑  Peut-être même un bibliobus réservé aux adultes serait alors mis en circulation.
  30. (retour)↑  B. Bibl. France, février 1959, p. 102, et mars 1959, pp. 152-154.
  31. (retour)↑  800 000 F.
  32. (retour)↑  1930 : 29 000 habitants.
    1958 : 41 000 -
    1962 : 47 000 -
  33. (retour)↑  Rue du 71e régiment d'Infanterie.
  34. (retour)↑  L'un est installé dans une maison de retraite pour personne âgées à Cessan, l'autre au foyer des scouts (Auberge de la Jeunesse : ty-coat).
  35. (retour)↑  Extrait du Guide du lecteur du bibliobus de Saint-Brieuc.
  36. (retour)↑  Ce plan, qui n'exige pas l'enlèvement des glaces latérales du véhicule ni l'ouverture de baies sur le toit, rappelle celui qui a été utilisé pour l'aménagement du bibliobus urbain de Solingen en Allemagne. Mais dans cette dernière ville, les rayonnages placés en épis au centre de l'autobus, sont visibles de l'extérieur et la luminosité est très grande. A Saint-Brieuc, au contraire, ils ont été plaqués contre les glaces, d'où certainement une perte de lumière. Sur le bibliobus de Solingen, voir l'article de Rudolf Röder : De l'autocar aux bibliobus à Solingen. (In : Bulletin de l'Unesco à l'intention des bibliothèques. Vol. XII, août-septembre 1958, art. 362, pp. 203-204).
  37. (retour)↑  Afin de pouvoir changer facilement les jaquettes, la partie supérieure du rayonnage est amovible.
  38. (retour)↑  Ces 2 500 volumes proviennent en grande partie d'un don de la Direction des bibliothèques de France (1 500 livres), le reste étant essentiellement constitué par les doubles de la Bibliothèque municipale.
  39. (retour)↑  Riche actuellement de 3 500 ouvrages.
  40. (retour)↑  En 1959, le droit d'inscription était de 300 F par adulte. Les jeunes d'âge scolaire doivent en présentant leur demande être accompagnés de leurs parents.
  41. (retour)↑  Ainsi le bibliobus est de passage à : Point du Jour (H. L. M.) les Ier et 3e vendredis du mois de 14 h 30 à 16 h. Les Villages, les mêmes jours de 16 h 15 à 17 h 30.
  42. (retour)↑  La Direction des bibliothèques de France a octroyé une subvention se montant à 35 % de ce total.
  43. (retour)↑  B. bibl. France, janvier 1961, pp. 34-35.
  44. (retour)↑  En effet, la bibliothèque pour la jeunesse a été créée en 1962 (un an après le bibliobus). Elle ne comporte, pour l'instant, que quelques rayonnages dans un angle de la bibliothèque de prêt, mais elle connaît, malgré tout, un grand succès.
  45. (retour)↑  Mises à part bien entendu certaines bibliothèques privées et les bibliothèques scolaires.
  46. (retour)↑  Longueur de la cabine 1,38 m. Reste donc pour le fourgon : 5,03 m.
  47. (retour)↑  La longueur totale du rayonnage utilisable est de 50 mètres environ. Le fonds de livres comporte un quart d'albums et un quart de documentaires, le reste étant composé de romans pour enfants.
  48. (retour)↑  Le bibliocar peut contenir 12 élèves en même temps, c'est-à-dire la moitié d'une classe. A Tours, le véhicule, plus vaste, peut en recevoir 25, le double pratiquement; le prêt y est donc plus rapide.
  49. (retour)↑  Le Bibliobus passe donc dans chaque école toutes les six semaines. A Tours, la durée du prêt est moins longue, trois semaines seulement.
  50. (retour)↑  Il faut ajouter à ce fonds initial de 2 500 volumes, un envoi de la Direction des bibliothèques, représentant environ 1 500 ouvrages.
  51. (retour)↑  Quelques rayons d'enfants seront cependant maintenus de telle façon que les jeunes qui ne fréquentent pas une école primaire desservie par le bibliocar puissent eux aussi avoir accès aux livres.
  52. (retour)↑  B. bibl. France, juin 1961, p. 302 et septembre-octobre 1961, pp. 494-495.
  53. (retour)↑  268 805 habitants en 1954, 300 ooo en 1960. Pour canaliser cette expansion, la création d'une Z. U. P. a été décidée et une première tranche de travaux va être entreprise.
  54. (retour)↑  La commune d'Arles, comme on le sait, englobe une grande partie de la Camargue.
  55. (retour)↑  Les densités varient entre 337 habitants à l'hectare au centre de la ville et 6 habitants à l'hectare dans les zones les plus déshéritées.
  56. (retour)↑  5 78I hectares, plus de la moitié de la superficie cadastrale, sont du domaine de l'exploitation agricole et sur ces 5 78I hectares, 5 754 sont des terres labourables. Toulouse produit 5 ooo litres de lait par jour, 6 ooo quintaux de blé et 23 ooo hectolitres de vin par an. C'est aussi la première commune du département pour l'étendue des terres labourées. Chiffres extraits de : Coppolani (Jean). - Toulouse, étude de géographie urbaine. - Toulouse, Privat-Didier, 1954.
  57. (retour)↑  A Grenoble, dans les mêmes vieux quartiers, la densité moyenne à l'hectare varie entre 379 et 527, avec des maxima de l'ordre de 1 ooo.
  58. (retour)↑  B. Bibl. France, août 1962, pp. 428-429.
  59. (retour)↑  2 400 lecteurs inscrits en 5 mois, 9 000 livres prêtés durant le mois de septembre.
  60. (retour)↑  Voir : Caillet (Maurice). - Une Bibliothèque de quartier, à Toulouse. (In : B. Bibl. France, septembre 1958, pp. 629-631.)
  61. (retour)↑  Il existe en outre sept autres dépôts installés dans divers établissements et dont l'accès est réservé aux membres de ces établissements (Service des Canaux du Midi, usines, maisons de retraite...).
  62. (retour)↑  Cinq de chaque côté; ces lanterneaux permettent une bonne ventilation de l'ensemble notamment en été et, de plus, ils dirigent la lumière sur les rayonnages les plus bas, qui sont toujours les moins éclairés. En outre, ces lanterneaux et le toit de plexiglass, s'ils laissent pénétrer à flot la lumière, ont aussi l'avantage de hausser le « plafond » compensant en quelque sorte les quinze centimètres perdus au centre par suite de la mise à niveau du plancher.
  63. (retour)↑  Ce meuble comporte, entre le passage de la roue et le plateau formant table, un vaste tiroir se sortant par l'avant, destiné à recevoir, en cas de presse, les ouvrages rendus.
  64. (retour)↑  Sous ce présentoir a été agencé un placard utilisé pour ranger le matériel de bureau et le stock d'imprimés en réserve.
  65. (retour)↑  L'installation est complétée par une prise de terre qui se branche au moyen de pinces métalliques. Le seul inconvénient de ce système réside dans le fait qu'il rend le bibliobus tributaire d'une prise de courant. De ce fait, il ne pourra éventuellement changer de point de stationnement qu'après l'installation sur ce nouveau point d'une autre prise. Toutefois la longueur du câble utilisé permet des changements dans un rayon de 25 m autour du poteau portant la prise.
  66. (retour)↑  Le plus petit de ces coffres est utilisé pour le logement du câble d'éclairage.
  67. (retour)↑  Les rayons du coin des enfants sont doubles, c'est-à-dire que dans la profondeur du meuble qui les porte on a pu placer, côté à côte, deux rayonnages normaux larges de 16 cm; une cloison mobile les sépare permettant de faire passer facilement les volumes en réserve dans le rayon du fond dans celui de devant quand les enfants en ont vidé le contenu, ce qui est pratique eu égard à la faible surface de présentation utilisable.
  68. (retour)↑  Quatre de ces placards sont occupés par les radiateurs du chauffage.
  69. (retour)↑  La hauteur des rayonnages est de 1,76 m, répartie en 5 rangées dont la hauteur varie entre 0,35 m et 0,25 m selon le format des livres.
  70. (retour)↑  Ils peuvent emprunter tous les ouvrages documentaires et les romans portant une « pastille » verte.
  71. (retour)↑  Évidemment, si un lecteur n'a pas fini la lecture d'un ouvrage il peut le reprendre et le garder jusqu'à l'autre passage du bibliobus.
  72. (retour)↑  Cité Daste, Cité Madrid, Sauzelong, Arènes, Cité de l'Hers, Barrière de Paris Cité, des Mazades. Pour ce dernier quartier et à la demande générale de tous les habitants de cette immense cité, le point de stationnement a été créé en attendant l'achèvement de la bibliothèque annexe... Même remarque pour la cité Daste (voir supra, p. 69). Deux de ces points (Barrière de Paris et Arènes) sont situés sur des places jalonnant l'ancien chemin de ronde de l'octroi, ils sont donc, de ce fait, ouverts vers deux zones différentes (ville et faubourgs) et les lecteurs sont aussi nombreux d'un côté comme de l'autre.
  73. (retour)↑  Lafourguette, Saint-Simon, Lardenne, Rond-point de Lardenne, Saint-Martin-du-Touch, Pouvourville, l'Ormeau-Montaudran, Lalande et Croix-Daurade.
  74. (retour)↑  Il est à noter que cette division en deux groupes s'avère correspondre exactement au principe de la desserte de l'ensemble de ces faubourgs par les autobus des transports en commun toulousains. Les quartiers du premier groupe sont sillonnés à un rythme rapide par les autobus de la section « ville », ceux du second groupe par les voitures de la section « banlieue » et à un rythme plus lent.
  75. (retour)↑  Exemples : Quartier des Arènes : Les 2e et 4e jeudis du mois de 16 h à 19 h 30.
    Saint-Simon : Les Ier et 3e mardis du mois de 16 h à 19 h 30.
    Lalande: Les Ier et 3e samedis du mois de 10 h à 12 h.
    Cité Madrid: Les Ier et 3e samedis du mois de 16 h à 19 h 30.
  76. (retour)↑  S'il y a à la fin du mois un cinquième jeudi... ou mardi... ou vendredi, le bibliobus ne sort pas ce jour-là qui est alors mis à profit pour faire effectuer les petites réparations ou les travaux d'entretien. Les grosses réparations sont faites durant le mois d'août, époque de la fermeture annuelle de la bibliothèque et du bibliobus.
  77. (retour)↑  Comme on a pu le constater, Toulouse a adopté la formule suédoise (arrêts multiples et courts), le caractère semi-rural de sa banlieue imposant cette méthode.
  78. (retour)↑  Travaux entièrement exécutés par les ateliers municipaux, de même que l'installation électrique.
  79. (retour)↑  Tous les romans du bibliobus sont reliés selon la nouvelle méthode mise au point par l'atelier de reliure de la bibliothèque; reliure sans couture sur laquelle est collée la couverture ou la jaquette du livre broché et plastification intégrale de cette dernière. Les ouvrages d'enfants et les documentaires sont couverts avec du vénilia. Il convient d'ajouter à ce fonds de démarrage un important envoi de la Direction des bibliothèques. De même la Direction a accordé à la Ville une subvention se montant à 35 % de la dépense totale pour les travaux d'aménagement et l'achat du bibliobus.
  80. (retour)↑  Il s'agit d'un fourgon Citroën 1 500 kg, équipé de rayonnages extérieurs. Comme pour le bibliobus urbain, les frais de carburant et d'entretien en général sont assurés par les ateliers municipaux.
  81. (retour)↑  Cela tient essentiellement au fait que le bibliobus touche, plus qu'aucune autre bibliothèque, la clientèle adulte et les adolescents. A noter encore que parmi ces ouvrages documentaires une grande partie se rapporte aux questions intéressant la « vie pratique »; ouvrages de cuisine, de puériculture, d'économie domestique, de bricolage, d'hygiène et médecine, etc... C'est là, on doit le souligner, le rôle social du bibliobus, facteur de progrès et de confort. Par contre, dans les annexes, les livres traitant de ces questions sont beaucoup moins demandés, ce qui traduit peut-être le mieux les différences existant entre les deux « clientèles ». A ce sujet voir : Vaillant (Pierre). - Le Bibliobus en milieu urbain, article déjà cité, p. 43 .
  82. (retour)↑  Il est arrivé certains jours aux employés de prêter plus de 600 livres en 3 h 30 (3 livres par minute), les lecteurs étant alors obligés de faire la queue de longs moments malgré la présence dans le bibliobus de quatre membres du personnel de la bibliothèque.
  83. (retour)↑  Il n'est pas sûr aussi que la bibliothèque de quartier connaîtrait le même succès que le bibliobus, un certain complexe de timidité empêchant certains lecteurs de franchir le seuil du nouveau bâtiment, tellement est grande la différence, dans tous les domaines, entre le bibliobus et une installation fixe.
  84. (retour)↑  Voir supra, p. 73.
  85. (retour)↑  Un autre projet tendrait plutôt à faire du second véhicule un bibliobus réservé aux enfants, sans toutefois aboutir au bibliobus scolaire.