Nécrologie

Maurice Gruny, né à Reims le 14 mars 1871, décédé à Mauves-sur-Loire, le Ier juillet 1962 à l'âge de quatre-vingt-onze ans, était entré à dix-neuf ans à la Bibliothèque nationale. Il y fut affecté au catalogue des ouvrages de médecine, puis au secrétariat, chargé des rapports avec le public et du service du prêt international. Il devint bibliothécaire à dater du 13 juillet 1909. Durant la guerre 1914-1918 il fut grièvement blessé à Verdun et n'en demanda pas moins à partir comme chef du service du chiffre dans l'Armée d'Orient sous les ordres de Franchet d'Esperey. Il fut décoré de la croix de guerre et fait chevalier de la Légion d'honneur.

En même temps qu'il reprenait son poste à la Bibliothèque nationale, il organisait la Bibliothèque du service de santé militaire créée au Val de Grâce en 1917. Puis il travailla au service des archives photographiques de l'armée et fut nommé archiviste de la Direction des services de santé du gouvernement militaire de Paris.

Enfin, il fut l'un des premiers artisans de la transformation des « bibliothèques populaires » parisiennes, autour des années 20, alors que pénétrait en France la conception moderne des bibliothèques publiques pour tous dont son beau-frère, Eugène Morel, avait été le porte-parole. Il fit partie, en effet, des collaborateurs appartenant aux grandes bibliothèques de l'État qu'Ernest Coyecque, inspecteur des bibliothèques de la Ville de Paris, chargea de l'achat et du catalogage des livres quand il entreprit de réformer les établissements parisiens.

Il prit sa retraite de la Bibliothèque nationale en 1929 et reçut l'honorariat dans le grade de conservateur adjoint.

Jusqu'à la fin de sa vie, cet érudit cultivé et modeste garda des relations étroites avec les bibliothèques; il offrit son concours bénévole à M. Granet, conservateur de la Bibliothèque municipale de Nantes, et classa en particulier le don Otto Friedricks composé de documents relatifs au règne de Louis XVI et à la Révolution française.