Journées d'étude des bibliothèques du Midi-Pyrénées

C'est dans le département des Pyrénées-Orientales, les 27 et 28 mai 1960, qu'ont eu lieu cette année les Journées d'étude des bibliothèques du « Midi-Pyrénées », qui avaient été organisées par Mlle Cambuzat, bibliothécaire de la Bibliothèque municipale de Thuir et directrice du Service départemental de lecture publique des Pyrénées-Orientales, et qui furent présidées par M. l'inspecteur général Lelièvre, à Thuir, Perpignan et Banyuls-sur-Mer. Elles réunissaient plus de cinquante bibliothécaires, du ressort des académies de Toulouse et de Montpellier.

Le vendredi 27 mai, M. Grégory, sénateur-maire de Thuir, président de l'Union départementale des syndicats intercommunaux scolaires, accueillait les congressistes dans les locaux de la Bibliothèque municipale de Thuir et du Service départemental de lecture publique des Pyrénées-Orientales. Dans un brillant exposé il retraça le rôle joué dans le département des Pyrénées-Orientales par l'UDSIS dans le domaine scolaire et para-scolaire : si le point de départ de cet organisme original et actif fut l'organisation du « ramassage scolaire » autour des cours complémentaires, aujourd'hui l'activité de l'UDSIS s'oriente de plus vers les bases de plein air, d'une part, l'organisation des centres culturels, d'autre part. Quant au domaine de la lecture publique, c'est à l'UDSIS que l'on doit en grande partie la réalisation du Service départemental de lecture publique des Pyrénées-Orientales, puisqu'elle en a pris la charge sur le plan administratif et financier.

Après avoir pris connaissance des statistiques du prêt à Thuir même 1, depuis l'ouverture de la salle de lecture (15 décembre 1958), les congressistes entendirent un très intéressant exposé fait par M. Llobères, professeur au Cours complémentaire de Thuir, sur les résultats obtenus et le rôle joué par la bibliothèque dans la vie de la commune.

La bibliothèque, selon M. Llobères, contribue à la promotion sociale. Elle prête des livres aux membres de l'enseignement préparant des examens ou des concours. Elle met à leur disposition la documentation qui leur permettra d'illustrer leurs leçons. « Je n'ai pas besoin d'insister sur ce que représente une telle bibliothèque pour l'enseignement du français, sur sa supériorité sur la traditionnelle bibliothèque de classe avec ses ouvrages couverts de papier bleu et parfois trop soigneusement choisis par le professeur. » A propos de Mlle Cambuzat, M. Llobères note qu'elle a joué auprès du personnel enseignant un rôle de documentaliste, rôle si important au moment où le besoin de documentation et d'information est si pressant que l'on a créé ce poste dans certains établissements : livres, revues, documents, conseils ont été fournis à tous les professeurs et maîtres.

Ce qui paraît particulièrement réussi à Thuir pour M. Llobères c'est le problème du choix. « Dans chaque branche on a su trouver les livres qui intéressent le professionnel et qui restent à la portée de l'honnête homme qui veut se documenter. » Les lecteurs ont été sensibles à l'éclectisme du choix qui n'a fait écarter aucun genre ni aucun courant de pensée. M. Llobères se réjouit que tous « quelles que soient leurs opinions ou leurs croyances puissent venir trouver la nourriture spirituelle de leur choix ».

M. Llobères constate d'autre part que la salle de lecture est devenue vraiment pour le village un foyer de vie sociale et culturelle. « De nombreux lecteurs s'y retrouvent et surtout discutent de leurs lectures : instituteurs, ouvriers, employés échangent leurs impressions. Ces discussions enrichissent, préparent ou prolongent les lectures. »

Après quelques mots sur la lecture des enfants et après avoir souligné que la lecture des livres est la meilleure façon de combattre la lecture des illustrés, M. Llobères insiste sur l'amabilité et la gentillesse du personnel de la bibliothèque et l'importance des contacts humains.

A la suite de la communication de M. Llobères, un échange de vues s'ouvrit, où fut évoqué, entre autres, le problème des rapports entre bibliothèques universitaires et bibliothèques municipales.

La séance de l'après-midi fut consacrée à l'étude de certains problèmes qui se posent dans les bibliothèques de petite et moyenne importance. M. Maury, bibliothécaire de la ville de Béziers, traita des problèmes de l'information scientifique et universitaire dans ces bibliothèques; M. Descadeillas, bibliothécaire de la ville de Carcassonne, exposa ce qui avait été réalisé dans l'Aude pour offrir aux étudiants un premier fonds d'ouvrages littéraires, philosophiques et juridiques; M. Girard, bibliothécaire de la ville de Millau, étudia certains problèmes qui se posent dans une bibliothèque possédant un fonds ancien.

Le samedi matin, la séance de travail fut tenue dans les locaux de la Bibliothèque municipale de Perpignan. A cette occasion, M. Schmidt, bibliothécaire de la ville, avait organisé une fort intéressante exposition des manuscrits et des livres les plus remarquables possédés par la bibliothèque, « afin d'offrir un reflet aussi fidèle que possible de la culture et de la civilisation catalanes à travers les siècles ». M. Pitangue, conservateur de la Bibliothèque universitaire de Montpellier et de la Bibliothèque du Musée pyrénéen de Lourdes, dans un rapport aussi vivant que complet, traita du problème des bibliographies pyrénéennes. Après avoir donné les résultats précis d'une enquête effectuée dans trente bibliothèques possédant un fonds pyrénéen et retracé l'œuvre réalisée par Le Bondidierau Musée pyrénéen de Lourdes, M. Pitangue devait conclure à la nécessité de coordonner les efforts et de réaliser un fichier central, qui serait la base d'un catalogue imprimé.

Le Département des Pyrénées-Orientales avait mis son point d'honneur à ce que les bibliothécaires emportent une juste idée de ce qu'est l'hospitalité catalane (et sa gastronomie...) : déjeuner au restaurant scolaire de Thuir, vin d'honneur offert par la Municipalité de Perpignan à l'hôtel de ville, dîner présidé par M. Dubois, préfet des Pyrénées-Orientales, à Castelnou, suivi d'un spectacle de danses régionales en costume catalan exécuté par les « Dansaïres catalans » de Thuir, sur la place du vieux village féodal, « déjeuner de pêcheurs » à Banyuls-sur-Mer. Le congrès s'acheva par la réception offerte par M. le professeur Petit, directeur du Laboratoire Arago, à l'issue de la visite de la Bibliothèque dudit laboratoire.

De nombreuses personnalités du département avaient tenu à témoigner par leur présence à l'une ou l'autre des manifestations l'intérêt qu'elles portent à la lecture publique et à la cause des bibliothèques : MM. Dubois, préfet des Pyrénées-Orientales, Keller, sous-préfet de Prades, Pams, sénateur-maire d'Argelès, Sacase, adjoint aux Beaux-Arts de la ville de Perpignan, le docteur Argellies, vice-président du Conseil général, Canals, doyen honoraire de la Faculté de pharmacie de Montpellier. Enfin, MM. Gregory, sénateur-maire de Thuir, et Vignaud, sous-préfet de Saint-Girons, suivirent avec intérêt les débats, et leurs interventions témoignèrent d'une connaissance remarquable des problèmes des bibliothèques, et d'une grande largeur de vues.

  1. (retour)↑  16.345 prêts en 1959 (9.194 pour adultes et 7.15I pour enfants).