Symposium d'experts des musées, du film et de la télévision

Bruxelles, 8-11 juillet 1958

Le compte rendu ci-dessous 1 concerne des travaux intéressant plus spécialement les musées. Il est apparu cependant que les bibliothécaires pouvaient en tirer profit à l'occasion d'éventuelles prises de vues cinématographiques ou d'émissions télévisées qui auraient lieu dans le cadre de leur bibliothèque.

Un symposium organisé par l'ICOM (International council of museums), sous les auspices de l'Unesco, a réuni à Bruxelles, du 8 au II juillet 1958, des experts en muséographie, des spécialistes du film et de la télévision.

Les recommandations ont porté sur la définition des films et émissions télévisées concernant les musées (une note précise que la notion de musée s'étend aux bibliothèques publiques et aux centres d'archives, dans la mesure où elles entretiennent en permanence des salles d'exposition), et sur la coopération entre les réalisateurs de films et d'émissions télévisées et les conservateurs de musées.

On relève notamment les recommandations suivantes :

Dans les musées d'un certain niveau : spécialisation d'un membre du personnel, de préférence le responsable des moyens audio-visuels, en vue de faciliter les relations entre le musée et les réalisateurs; installation de moyens techniques permanents, en vue de faciliter les prises de vues. Participation étendue du personnel scientifique des musées à la préparation, à la présentation et à la réalisation des films et émissions télévisées. Communication au Conservateur par le responsable de l'émission ou du film, suffisamment à l'avance, de la conduite détaillée de l'émission télévisée 2 ou du découpage du film 3. Enfin, désignation d'un responsable de l'équipe de production et d'un unique responsable du musée, durant toute la durée de la production.

Le symposium a également fait porter ses travaux sur la réalisation des films et des réalisations télévisées, et il a fait les recommandations suivantes :
I. Charger le Comité de l'ICOM pour le film et la télévision et le Comité de l'ICOM pour les laboratoires de musées, d'étudier l'ensemble des problèmes techniques qui se posent à cet égard, en s'appuyant au besoin sur des expériences de laboratoires, en tirer un ensemble de conseils pratiques et diffuser largement ces conseils auprès des conservateurs de musées et des spécialistes du film et de la télévision.
2. Dans cette attente, à titre indicatif et provisoire, recommander les précautions suivantes :
a) dans le cas d'émissions ou de films réalisés hors du musée, les objets prêtés par celui-ci seront convoyés par un membre du personnel du musée;
b) les organisations de films et de télévision et les musées ne perdront pas de vue l'importance de n'employer durant les réalisations qu'un personnel dûment qualifié dans ses fonctions; la manipulation des objets et spécimens impliqués dans les opérations sera exclusivement confiée au personnel du musée ou à des personnes spécialement agréées par le conservateur;
c) avant le début des opérations, le responsable de l'équipe du musée fera constater au responsable de l'équipe film ou de l'émission télévisée l'état des objets et spécimens impliqués; en cas de dégâts subis durant les opérations ou à la suite de celles-ci les deux responsables ou, à défaut, leurs autorités supérieures se mettront d'accord pour déterminer les responsabilités et leurs conséquences, les dégâts imputables à l'équipe film ou télévision devant être supportés par l'organisation de celle-ci;
d) s'il est bien connu que l'emploi des moyens d'éclairage exigé par le film ou les émissions télévisées entraîne des changements de tempéature, il reste utile de souligner : que les radiations visibles et invisibles contenues dans les sources lumineuses peuvent avoir des effets nocifs sur les objets éclairés 4; que les variations brusques et sensibles de température et les variations d'humidité relative qui en résultent sont l'un des facteurs majeurs d'altération des objets 5; que le degré de réactivité des objets à ces facteurs varie surtout selon la nature des matériaux dont ils sont composés, les matériaux organiques étant les plus sensibles 6, aussi observera-t-on les précautions suivantes :
- on réduira au minimum indispensable les temps d'éclairage et les niveaux d'éclairement 7 des objets sensibles;
- durant les répétitions, on s'efforcera de substituer aux objets sensibles des objets équivalents de moindre valeur, voire si possible des reproductions;
- durant les réalisations elles-mêmes et dans les cas assez nombreux où la possibilité s'en offrira, on utilisera les reproductions des objets;
- avant et durant les opérations, on contrôlera la température de l'air ambiant à l'aide d'un simple thermomètre;
- on opèrera dans des salles aussi grandes que possible, convenablement aérées, les courants d'air étant toutefois absolument évités;
- des précautions particulières seront prises avec les objets en matières bonnes conductrices de la chaleur;
- on recherchera des objectifs permettant d'éviter un éclairement trop élevé;
- la nécessité d'éviter que l'équipement ne heurte les objets sera une raison de plus d'opérer dans des salles aussi grandes que possible; on prendra des précautions particulières lorsque les appareils de prise de vue seront à proximité des objets.

  1. (retour)↑  Publié dans : Nouvelles de l'ICOM. Vol. II, n° 5-6, oct.-déc. 1958, pp. 16-19.
  2. (retour)↑  La conduite détaillée (dite en anglais detailed outline) donne en entier les grandes lignes du programme visuel et, pour les séquences où le speaker parle lui-même directement à la caméra, donne des indications sur le genre de commentaire qui va être fait.
  3. (retour)↑  Découpage technique du film (dit en anglais shooting script) : description complète, définitive et détaillée en séquences, scènes, angles de prises de vues, commentaire et musique, textes dits par les acteurs; contient toutes les indications techniques nécessaires pour le tournage.
  4. (retour)↑  Cf. brochure éditée par l'ICOM en 1953 : Utilisation des lampes fluorescentes dans les musées.
  5. (retour)↑  Sous le titre « Enquête sur les conditions climatiques régissant la conservation des objets de musées », le périodique Museum, à la sollicitation de l'ICOM, publiera un important travail de M. René Sneyers, de l'Institut royal du patrimoine artistique (Bruxelles), préparé en collaboration avec d'autres membres du Comité de l'ICOM pour les laboratoires de musées.
  6. (retour)↑  Cf. Plenderleith (H. J.). - The Conservation of antiquities and works of arts. - London, Oxford University press, 1956.
    Cf. également (Noblecourt A.). - Protection of cultural property in the event of armed conflict. - Paris, Unesco, 1958, pp. 81-84 (Museums and monuments series, VIII).
  7. (retour)↑  L'éclairement est la quantité de lumière reçue sur le plan utile, c'est-à-dire l'intensité lumineuse divisée par le carré de la distance.