Chronique des bibliothèques

Bibliothèques universitaires.

Bibliothèque universitaire centrale des étudiants malades

Réunion du Comité de gestion de la B. U. C. E. M. - Le 13 mars 1959 a eu lieu au Centre Édouard Rist, sous la présidence de M. le Président André Marie, la réunion du Comité de gestion de la Bibliothèque universitaire centrale des étudiants malades à laquelle participaient le Dr Douady, directeur général de la Fondation Sanatorium des étudiants de France, M. Piquard, conservateur en chef, chargé de l'administration des bibliothèques de l'Université de Paris, des représentants de la fondation et des organisations d'étudiants ainsi que Mme Huri, conservateur de la bibliothèque. Mlle Ruyssen, conservateur au Service technique, représentait la Direction des bibliothèques. Les échanges de vues portèrent sur les principaux points du rapport qui avait été préparé pour cette séance et que Mme Huri exposa brièvement : situation financière, personnel, locaux, fonctionnement, catalogue collectif.

Les statistiques de 1958 font apparaître l'activité croissante de la B. U. C. E. M., si l'on en juge par l'augmentation du nombre de prêts (3.077 en 1956, 8.579 en 1958). Le projet de catalogue collectif des ouvrages conservés dans les différents sanatoriums 1 a été très sérieusement étudié par Mme Huri et la dépense évaluée. Ce catalogue pourra être entrepris assez prochainement si toutefois les moyens nécessaires lui en sont donnés. Comme les fiches des ouvrages de la B. U. C. E. M., les fiches de ce catalogue collectif seront multigraphiées et envoyées à chaque établissement de cure.

A l'issue de cette réunion, Mme Huri présenta les nouvelles installations de la bibliothèque qui occupe maintenant tout le premier étage d'un pavillon du Centre Édouard Rist.

Alger

Contrairement à ce qui avait été déclaré par erreur aux Journées d'étude des bibliothèques universitaires 2 et rapporté dans le compte rendu récemment publié dans le Bulletin, le Guide de la bibliothèque de l'Université d'Alger n'est pas mis en vente, mais distribué gratuitement aux étudiants.

Bibliothèques municipales.

Colmar (Haut-Rhin).

A la Bibliothèque de la ville de Colmar a été inaugurée, le 7 mars 1959, en présence des hautes autorités de la ville et du département, une exposition consacrée à la reliure ancienne et moderne.

Les organisateurs de cette exposition ont rassemblé les spécimens les plus beaux ou les plus caractéristiques permettant de suivre l'évolution de la matière et du décor, depuis les reliures monastiques, jusqu'aux réalisations des artisans ou artistes alsaciens contemporains.

La plus grande partie des reliures exposées provient des fonds de la bibliothèque. Quelques-unes ont été prêtées par le Consistoire protestant de Colmar : elles recouvrent des manuscrits ou des incunables (premières impressions strasbourgeoises) et présentent encore intacts, des fermoirs, cornières et bouillons remarquablement ouvragés.

Une vitrine spéciale a été réservée à la reliure allemande des XVIe et XVIIe siècles, âge d'or, dans la région rhénane, de la gaufrure sur peau de truie.

Le XVIe siècle est surtout représenté par des reliures en veau estampé et par les premières manifestations de la dorure et de l'argenture. Quant au XVIIe siècle, il est assez pauvre, par suite des troubles de la guerre de Trente ans, si funeste pour l'Alsace; plusieurs types en sont tout de même exposés : fers pointillés, dentelle, reliures « à la Du Seuil ».

En revanche, le XVIIIe siècle, déjà très riche, a bénéficié encore, pour la circonstance, du prêt d'un bibliophile colmarien. Plusieurs vitrines sont ainsi remplies de pièces magnifiques : dentelles de Derome et de Padeloup, armoiries illustres des Rohan, de la maréchale de Luxembourg, de princes du sang, de l'Impératrice Marie-Thérèse d'Autriche.

Si les exemples, pour le XIXe siècle, attestent une provenance moins noble - à part le chiffre de Lucien Bonaparte et les armes de Pie IX -, ils n'en sont pas moins nombreux, depuis le type « à la Bozérian » jusqu'à l'apparition de la reliure industrielle, qui permit, enfin, le renouvellement du décor.

Et l'imagination et la fantaisie des relieurs et des bibliophiles purent enfin se donner libre cours. Ce qui nous vaut les reliures emblématiques, en maroquin mosaïqué, qui se perpétuent jusqu'à nos jours.

Pour donner un caractère d'actualité à cette exposition, la bibliothèque avait invité les relieurs d'Alsace à y participer. C'est ainsi que les visiteurs peuvent, entre autres, admirer quelques réalisations de professeurs et d'élèves de l'École des arts décoratifs de Strasbourg. L'histoire rétrospective de l'art de la reliure trouve là un couronnement logique et de haute valeur.

Mulhouse (Haut-Rhin).

Catalogue. - La Bibliothèque municipale de Mulhouse a publié en mars un catalogue choisi d'ouvrages économiques. Rédigé par la bibliothèque, ce catalogue qui constitue le n° 8 (mars 1959) du Bulletin de la Bibliothèque municipale de Mulhouse a été tiré à 500 exemplaires par les soins du Comité d'action pour le progrès économique et social haut-rhinois (C. A. H. R.) qui l'a diffusé dans tout le département parmi les correspondants de son centre de documentation.

Un accord d'ensemble passé entre ce service et la Bibliothèque municipale permet au centre de documentation qui dispose d'une collection propre de I.500 volumes seulement, de puiser dans les fonds de la bibliothèque pour répondre aux demandes de sa clientèle. D'autres publications à frais communs ont déjà été envisagées, en particulier une seconde édition très augmentée du catalogue des ouvrages scientifiques et techniques de la Bibliothèque municipale prévue pour la rentrée universitaire de 1959.

Exposition Stoeber. - Au cours du mois de mars, la Bibliothèque municipale de Mulhouse a consacré une exposition à la mémoire d'un grand écrivain alsacien, Auguste Stoeber (1808-1884). Théologien, poète, archéologue, historien, Auguste Stoeber restera surtout comme le promoteur des études folkloriques et linguistiques en Alsace. Son activité l'avait mis très jeune en rapport avec les cercles littéraires et universitaires allemands, en particulier avec les poètes de l'École souabe (Gustav Schwab, Ludwig Uhland, etc.) et avec les frères Grimm. C'est sous l'influence de ces derniers qu'il conçut le projet d'une monumentale encyclopédie de la langue et des traditions populaires alsaciennes. Mais ce projet ne connut que des réalisations fragmentaires avec l'Elsässisches Volksbüchlein (1842), recueil de traditions populaires et Die Sagen des Elsasses (185I), recueil de légendes, les unes et les autres recueillies par Stoeber au cours de nombreuses excursions dans les Vosges et la campagne alsacienne. La revue qu'il créa en 1851, Alsatia, et qu'il dirigea jusqu'à sa mort est une mine de documents que le Manuel de folklore français contemporain que Van Gennep considère comme un recueil fondamental pour l'étude des traditions alsaciennes.

Nommé en 184I régent au collège de Mulhouse, Auguste Stoeber demeura dans cette ville jusqu'à la fin de sa vie. Il en fut pendant vingt-cinq ans le bibliothécaire et, sous son administration, le fonds local de la Bibliothèque municipale de Mulhouse s'enrichit considérablement. Il créa en 1858 le Musée historique de Mulhouse, à l'origine simple annexe de la bibliothèque.

L'année 1958 invitait donc la Bibliothèque municipale à célébrer un double anniversaire : le cent cinquantième anniversaire de la naissance de Stoeber et le centenaire du Musée. A cette occasion, une plaque commémorative a été apposée à la bibliothèque et un important ensemble de documents iconographiques (peinture, dessins, gravures, photographies), de lettres, de manuscrits, d'ouvrages, emprunté aux archives de la famille Stoeber, à la Bibliothèque nationale et universitaire de Strasbourg, aux Archives et au Musée de Mulhouse a fait revivre pour les Mulhousiens d'aujourd'hui la figure d'un écrivain original et d'un savant qui a dominé la vie intellectuelle de l'Alsace au siècle dernier et dont l'activité féconde a laissé à Mulhouse des traces durables.

Nîmes (Gard).

Une salle spécialement consacrée au prêt à domicile a été inaugurée à la Bibliothèque Séguier le mardi 3 mars en présence de nombreuses personnalités et d'amis et de lecteurs de l'établissement.

Cette salle, très claire, avec cinq fenêtres, est équipée d'un mobilier entièrement métallique et éclairée par des tubes fluorescents.

Afin de familiariser le public - et aussi les employés - avec la classification Dewey, des étiquettes de couleurs différentes ont été collées au dos des livres dans chaque section décimale et même dans certaines sous-sections très demandées : sports, voyages, théâtre, etc...

Saint-Brieuc (Côtes-du-Nord).

Bibliobus urbain. - Après deux grandes villes : Grenoble et Tours, Saint-Brieuc vient d'adopter la formule du bibliobus urbain 3 pour étendre à sa périphérie les services de la Bibliothèque municipale.

Saint-Brieuc étant une ville d'une population moins importante que Grenoble et Tours (un peu moins de 50.000 habitants), il peut paraître surprenant qu'on y ait tenté l'expérience d'un bibliobus urbain. Cependant la population de Saint-Brieuc se trouve disséminée sur I.900 ha, des quartiers neufs se sont édifiés depuis une vingtaine d'années, qui constituent, dans un rayon de 3 km, d'importants îlots tout autour de la cité, et comme, faute de moyens financiers, on ne pouvait songer à implanter dans les quartiers éloignés du centre des annexes de la Bibliothèque municipale, la mise en service d'une bibliothèque circulante est apparue comme une solution satisfaisante pour développer le goût de la lecture. On doit également indiquer que de nombreux lecteurs isolés avaient depuis longtemps manifesté le désir de disposer de dépôts de livres.

C'est pour répondre à leurs vœux que, dès 1955, un premier projet de bibliobus à prêt direct aux rayons fut étudié. Si ce projet ne reçut pas la suite escomptée, il eut du moins l'avantage d'attirer l'attention de la municipalité sur le problème de l'extension des services de la bibliothèque aux quartiers périphériques. Quand un second projet, qui avait reçu l'approbation de la Direction des bibliothèques de France, fut soumis en juin 1957 au Conseil municipal de Saint-Brieuc, il fut favorablement accueilli et le Conseil municipal vota un crédit de 800.000 F pour sa réalisation, auquel devaient s'ajouter une subvention de la Direction des bibliothèques de France pour l'achat de l'équipement du bibliobus ainsi qu'une seconde subvention en livres.

Le choix se porta, à défaut d'un véhicule neuf, sur un autobus d'occasion cédé par la Régie autonome des transports parisiens. La transformation et l'aménagement de ce véhicule de grandes dimensions ne présentèrent aucune difficulté sérieuse. Le plan en fut dressé après étude des documents publiés sur les bibliobus de Grenoble et Tours 4 et aussi grâce aux indications fournies personnellement par M. Fillet, bibliothécaire en chef de la ville de Tours. Les seules particularités du bibliobus de Saint-Brieuc sont les suivantes : encastrement des garde-boue encombrant la partie arrière du car, d'un côté dans le bureau de prêt, de l'autre côté dans une table-fixe servant au dépôt des paquets, serviettes, etc.; conservation des glaces latérales du véhicule. Ces glaces sont utilisées pour l'exposition des jaquettes des livres nouveaux. On a, dans ce but, laissé amovible la partie supérieure des rayonnages.

Le fonds de livres a été constitué par l'achat d'environ I.000 livres neufs, puis par un don important de la Direction des bibliothèques de France, portant le nombre des volumes à 2.500 et permettant ainsi de garnir du même coup les 50 m de rayonnages. Ce fonds comporte I.300 romans (romans français et romans traduits), 400 ouvrages documentaires, 200 livres de voyages et aventures, 600 livres d'enfants (dont plus de 100 albums d'images). Tous ces volumes ont été reliés à l'atelier de reliure dont dispose la Bibliothèque municipale. De son côté, le personnel de la bibliothèque, au cours de l'année 1958, se chargeait de classer tous ces livres, de les coter et de les équiper pour le prêt (tous les volumes ont été recouverts de matière plastique).

Le prêt est accordé dans les mêmes conditions qu'à la Bibliothèque municipale, c'est-à-dire après versement d'un droit annuel de 300 F pour les adultes, ou 100 F pour les jeunes. Chaque abonné reçoit, lors de l'inscription, une brochure illustrée donnant toutes indications utiles sur le fonds de livres transportés, le prêt, l'itinéraire et l'horaire de passage.

L'accueil fait par la population au bibliobus permet de bien augurer du succès de l'entreprise. Le bibliobus n'a pas la prétention de remplacer des bibliothèques-annexes, mais il a l'incontestable avantage de pouvoir, grâce à sa mobilité, desservir à dates fixes de nombreux quartiers, et pour les municipalités désireuses de promouvoir le goût de la lecture, cette solution offre la possibilité de mettre véritablement la bibliothèque municipale à la portée de toute la population.

Toulouse (Haute-Garonne).

Exposition Schiller 5. - Le vendredi 20 février 1959 a été inaugurée l'exposition « Frédéric Schiller, sa vie, ses œuvres, son temps », organisée à l'occasion du deuxième centenaire de sa naissance, dans le cadre des journées culturelles allemandes de Toulouse et des cérémonies de jumelage des universités de Bonn et de Toulouse.

Cette remarquable exposition a été présentée par le Dr Walther Migge, conservateur du « Schiller-Nationalmuseum » de Marbach sur le Neckar, qui avait choisi dans ses collections des documents particulièrement évocateurs et variés. Elle groupait 160 pièces, provenant en majeure partie du Musée de Marbach, avec certains éléments appartenant à la Bibliothèque municipale de Toulouse et se proposait de présenter Schiller à la fois dans sa vie, dans son œuvre et dans ses amitiés littéraires.

Des portraits peints, gravés et sculptés, des vues anciennes, des éditions originales, des autographes, étaient groupés par ordre chronologique en trois grandes sections :
I° Schiller et sa famille.
2° Ses œuvres représentées par des éditions originales, des manuscrits, des gravures, des maquettes contemporaines de costumes et de décors de théâtre.
3° Les maîtres de sa pensée : Kant, Herder, Klopstock et Lessing, et ses amis, Goethe, Wieland, Holderlin, Guillaume de Humboldt, Körner.

Des vitrines spécialisées étaient consacrées à l'influence des auteurs français sur Schiller, Racine et Diderot en particulier; au titre de Citoyen d'honneur de la République qui lui fut conféré en 1792 par l'Assemblée législative; à ses relations avec Mme de Staël et aux nombreuses traductions de ses œuvres qui parurent en France dans les premières années du XIXe siècle.

En annexe à cette exposition, une présentation du livre allemand du xve siècle à nos jours avait été réalisée avec des exemplaires appartenant au fonds ancien de la bibliothèque et un choix d'ouvrages contemporains envoyés par le Cercle allemand de la Librairie.

Parmi toutes les autres manifestations littéraires, artistiques et musicales qui marquèrent ces journées, il convient de souligner particulièrement deux autres expositions, celle des « Trésors du Musée des arts décoratifs de Cologne » au Musée des Augustins et celle de « l'Art graphique contemporain en Allemagne », au Musée Paul-Dupuy.

Une plaquette a été éditée à l'occasion de son exposition toulousaine par le « Schiller-Nationalmuseum »; en plus d'un texte liminaire dû au Dr Migge, on y trouve une chronologie de la vie et des œuvres de Schiller et treize planches reproduisant les documents les plus caractéristiques prêtés par le Musée 1.

Bibliothèques centrales de prêt.

Haut-Rhin.

La Bibliothèque centrale de prêt du Haut-Rhin a procédé à un remaniement du Catalogue des ouvrages d'agriculture de son fonds 6. Les pages consacrées aux « Romans et récits de la terre et de la vie paysanne » ont été revues, corrigées et augmentées.

Bulletin de bibliobus.

Le n° 9 du Bulletin du bibliobus du Loiret (Ier trimestre 1959) est consacré à l'actualité. Une étude sur Jules Verne, écrivain d'actualité, la liste des prix littéraires de l'année 1958, celle des écrivains décédés au cours de la même année figurent au sommaire de ce fascicule. On y trouvera encore une sélection de livres ayant trait à des événements d'actualité : le centenaire des apparitions de Lourdes, l'exposition internationale de Bruxelles, les expéditions polaires, les traversées sous-marines, les voyages dans l'espace, etc...

Ce bulletin établit d'autre part le bilan des dépôts urbains effectués par le bibliobus dans des usines, des administrations, des maisons de commerce, etc... qu'il approvisionne en livres.

  1. (retour)↑  Voir : B. Bibl. France. 2e année, n° 12, décembre 1957, p. 928.
  2. (retour)↑  Séance du 18 décembre, après-midi. Voir B. Bibl. France. 4e année, n° 1, janvier 1959, p. 21.
  3. (retour)↑  Voir : B. Bibl. France. 4e année, n° 2, février 1959, p. 102.
  4. (retour)↑  Voir : B. Bibl. France. 1re année, n° 3, mars 1956, pp. 167-177 et 2e année, n° 3, mars 1957, pp. 179-191 et 219-221.
  5. (retour)↑  Friedrich Schiller. Sa vie et son œuvre. Manuscrits, portraits, souvenirs. Exposition du Musée national de Schiller à Marbach sur le Neckar dans la Bibliothèque municipale de Toulouse. Février-mars 1959... - [Stuttgart, Turmhaus-Druckerei GmbH, 1959]. - 21 cm., 19 p., ill., couv. ill. (La couverture porte : Friedrich Schiller, 1759-1805, à l'occasion du deuxième centenaire de sa naissance.)
  6. (retour)↑  Voir : B. Bibl. France. 3e année, n° 11, novembre 1958, pp. 825-826.