Chronique des bibliothèques

Bibliothèque nationale.

Exposition « Byzance et la France médiévale »

L'Exposition « Byzance et la France médiévale » 1 sera prolongée jusqu'au 31 janvier 1959.

VISITES

Le Ier novembre 1958, S.M. Gustave VI Adolphe, roi de Suède, qui revenait d'Italie et se rendait à Londres avant de regagner son pays, a tenu à s'arrêter quelques heures à Paris pour visiter deux expositions qui l'intéressaient particulièrement. L'une d'elles « L'Art du Gandhara et de l'Asie centrale » était aménagée au Musée Guimet, l'autre était l'exposition des manuscrits à peintures byzantines actuellement ouverte à la Bibliothèque nationale : « Byzance et la France médiévale ».

Le Roi a été reçu par M. Julien Cain, administrateur général de la Bibliothèque nationale, en présence de M. de La Chauvinière, chef du Protocole du Ministère des affaires étrangères. Il était accompagné du général Hugo de Cederschiöld, chef de la Maison royale, de S. E. M. Ragnar Kumlin, ambassadeur de Suède à Paris, de S. E. M. Ingemar Hägglof, ambassadeur de Suède à l'O. E. C. E., et de M. Gunnar W. Lundberg, conseiller culturel.

M. Jean Porcher, conservateur en chef du Département des manuscrits, a présenté l'exposition, assisté de Mlle Concasty et de M. Astruc, conservateurs.

Dans le cadre des manifestations organisées à l'intention des délégués à la 10e conférence générale de l'Unesco, une visite commentée de l'exposition « Byzance et la France médiévale » a été organisée le 14 novembre 1958, à 18 h 30. Le commentaire a été présenté par M. Jean Porcher, conservateur en chef du Département des manuscrits de la Bibliothèque nationale, organisateur de l'exposition, en présence de M. Julien Cain, administrateur général de la Bibliothèque nationale.

Parmi les délégués qui participaient à cette visite, se trouvaient : S. A. S. le Prince Pierre de Monaco qui était accompagné de M. Novella, directeur-adjoint de la Bibliothèque de Monaco, M. Victor Branca, professeur à l'Université de Padoue, accompagné de Mme Branca, M. Von Simpson, professeur à l'Université de Chicago, M. Pieter Brojer, professeur à l'Université de Toronto et M. Stanislas Lorentz, directeur du Musée national de Varsovie.

Département des estampes

Le Cabinet des estampes a acheté à Berne, dans une grande vente d'estampes anciennes, chez Kornfeld - où une gravure d'Israhel Van Mechelen a fait deux millions et un monotype de Seghers douze millions -, une estampe inconnue de Jean Duvet (vers 1485-vers 1570).

Cette estampe, connue sous la forme de cette seule épreuve, représente un Saint-Michel terrassant le dragon. Elle a été retrouvée en Angleterre où elle passait dans une petite vente, au milieu d'un lot. Un grand marchand anglais l'a achetée sans la reconnaître, avec le Seghers, pour un prix modique; depuis, bien que non signée, elle a été reconnue par les experts internationaux.

Elle a pour intérêt, en dehors de ses qualités esthétiques assez rares, d'appartenir à la première période de Jean Duvet autour de 1518-1520. On peut la dater de cette époque en raison de son inspiration italienne prise, comme dans les pièces connues, dans les estampes de Marc-Antoine alors que Duvet ne gravera plus ensuite qu'à partir de 1544, à Genève, des pièces dans un esprit assez différent. Cette pièce aurait donc, si l'hypothèse est exacte, été gravée à Dijon, en même temps que d'autres connues, signées ou non, et serait un des tout premiers burins français. En effet, Duvet est à la fois au point de vue chronologique et au point de vue stylistique le premier graveur au burin français. La pièce a donc pour la France un intérêt tout particulier.

Dans le catalogue n° 48 de l'« Art ancien » de Zurich, consacré aux Maîtres anciens (Frühe Graphik, 1450-1560), figurait, sous le n° 7 une « Gravure anonyme française, xve siècle, Christi Geburt, Lyon, c. 1490-1500 ». Schreiber l'avait cataloguée (VIII, p. 7, n° 63 c), en indiquant qu'une épreuve se trouvait au Cabinet des estampes de Paris. L'indication étant sans fondement, mais le Cabinet a acquis la pièce, ce qui donne raison désormais à Schreiber.

Il s'agit, en réalité, d'une de ces pièces populaires françaises gravées sur bois et destinées à être collées à l'intérieur d'un coffret, dont la Bibliothèque possède une série inégalable, et dont on attribue l'édition à un certain Adrien de Livres qui a mis son nom sur l'une d'elles. Ces bois, considérés par Schreiber comme lyonnais, par d'autres comme tourangeaux, sont, semble-t-il, parisiens (bien que tirés sur un papier fabriqué à Lyon ou à Genève). Mlle Hébert nous signale que le bois est inspiré d'une des illustrations des Heures éditées par Pigouchet pour Vostre en 1498 à Paris.

Plusieurs exemplaires sont cités en dehors du nôtre, un par Heitz au Musée de Turin, un autre au « Metropolitan museum » de New-York, encore dans son coffret, un autre au « Landesmuseum » de Zurich (sans la bordure), le dernier dans l'ancienne collection Figdor de Vienne. Ce dernier est, peut-être, le nôtre dont l'origine n'est pas connue au-delà d'un collectionneur particulier de la Suisse romande.

La Mer, suite de six lithographies, de Raoul Dufy, portefeuille édité en 1925 à 33 exemplaires avec une lithographie sur la couverture. Cet album, que son petit tirage faisait écarter du dépôt légal, a été acquis récemment. Il se place dans l'œuvre de Dufy à un moment très important, celui où Dufy, né au Havre en 1895, un des artistes qui aient le mieux senti la mer, abandonne Sainte-Adresse et les plages de la Manche pour celles de la Méditerranée. « La lumière fixe de la Méditerranée amène naturellement à ce calme, à cette sérénité classique dont éloigne absolument la fugacité des effets que l'Atlantique ou la Manche donnent aux paysages », dit-il à Mme Beer de Taurique qui l'a rapporté dans son Dufy (1930).

Dufy se défendait d'avoir pratiqué le métier de graveur et disait qu'il dessinait sur le cuivre ou sur la pierre; c'est donc une véritable œuvre de peintre-graveur que nous avons ici. Deux lithographies de l'album sont en couleurs, quatre en noir, ce qui permet de voir à quel point le Maître est à l'aise dans les deux formes.

Département des médailles.

Parmi les acquisitions importantes faites récemment par le Cabinet des médailles, on notera tout particulièrement celle de deux pièces qui ont pu être achetées sur des fonds exceptionnels mis à la disposition du Département par l'administration : une pièce d'or de l'empereur Aurélien frappée vers 274 de notre ère, avant la réforme monétaire d'Aurélien, probablement à Milan et provenant d'une trouvaille faite dans la Méditerranée; un sou d'or byzantin de Léon Ier portant à l'avers le buste de face casqué et cuirassé, la lance à l'épaule, et au revers une représentation de l'empereur couronné et nimbé vêtu d'une longue robe tenant le globe sommé de la croix. Ces deux exemplaires étaient connus, mais n'étaient pas représentés dans les collections de la Bibliothèque nationale.

De plus, les collections de triens mérovingiens et barbares ont été sensiblement augmentées et le cabinet a pu faire l'acquisition d'une série de bractéates de l'Allemagne médiévale ainsi que d'une plaque rectangulaire de bronze représentant une reine de France, probablement Louise de Lorraine.

Département des cartes et plans.

Au nombre des acquisitions récentes, effectuées par le Département des cartes et plans de la Bibliothèque nationale, on signalera tout particulièrement un atlas géographique des mers et des océans, publié en U. R. S. S. en tirage limité et dont de très rares exemplaires ont pu être achetés par les pays étrangers. Il offre une documentation très importante sur les mers antarctiques :

Voenno-Morskoe Ministerstvo Sojuza SSR. - Morskoj Atlas. - Leningrad, Izdanie Morskogo generalnogo Štaba, 1950-1953. - 2 vol. in-fol. 51 × 38 cm, cartes en coul.

I. Navigacionno-geografičeskij..., 1950.

II. Fiziko-geografičeskij..., 1953.

D'autre part, la Bibliothèque de la Société de géogaphie a fait l'acquisition d'un atlas administratif (en japonais) des préfectures japonaises :

Japanese prefectural atals [sic] and place name glossary 1956. Comp. and publ. by the Tosei publ. C°,... - Tokyo, Bunkyo Tsushin Kyokai (Cultural and educational society), 1958. - In-fol. 37 x 36,5 cm, 454 p., 4 pl. hors format.

Département de la musique.

Le Département de la musique a largement participé à l'exposition Antonio Vivaldi, organisée au Conservatoire de Venise durant l'été 1958. Les pièces prêtées, manuscrites et imprimées, provenaient en majeure partie de la section du Conservatoire.

Mme Charles Koechlin a fait don au Département de la musique de la Bibliothèque nationale d'un lot très important d'autographes, esquisses et brouillons d'œuvres de son mari (1867-1950) : mélodies, pièces pour piano, musique de chambre, poèmes symphoniques (dont La Nuit de Walpurgis), la pastorale biblique Jacob chez Laban, la suite religieuse L'Abbaye, etc... Avec ce don, la collection d'autographes de la section du Conservatoire s'enrichit d'œuvres maîtresses d'un compositeur qui exerça une profonde influence sur les générations du début du siècle.

Bibliothèque de l'Arsenal.

La Bibliothèque de l'Arsenal a fait l'acquisition, au cours de la vente publique du 23 octobre 1958, d'une liasse de documents saint-simoniens se rapportant pour la plupart au voyage en Orient accompli en 1833, à Constantinople et à Smyrne, par les « Compagnons de la Femme » envoyés à la recherche de la Mère. Ce dossier comprend entre autres les rapports des différents chefs de mission et le journal de bord tenu par Prax pendant le voyage à Constantinople.

Divers autres documents (chants saint-simoniens, méditations, autographes d'Enfantin, Duguet, Plichon, Petit, etc.) et les coupures de journaux se trouvent aussi dans le dossier qui complète les documents donnés à l'Arsenal il y a quelques années par M. Daniel Guérin et parmi lesquels se trouvait le Journal d'Ismayl Urbain relatif aux mêmes événements.

M. André Charpentier qui avait fondé pendant la guerre 1914-1918 un journal des tranchées, à l'usage des combattants, avait collectionné les autres feuilles du même genre, qui sont aujourd'hui rarissimes, les journaux du front n'étant pas destinés à la conservation et, d'autre part, n'étant pas toujours imprimés : beaucoup étaient lithographiés ou même polycopiés à la gélatine; certains tiraient à 25 exemplaires seulement. La collection réunie par M. Charpentier est extrêmement riche. Elle se présente sous la forme de 7 volumes in-4° reliés et comprend des séries aussi complètes que possible. C'est certainement pour l'Arsenal une acquisition de grande valeur.

Bibliothèque Mazarine.

Sous les auspices de l'Unesco (Conseil international de la musique) et dans le cadre des « Semaines musicales de Paris », a eu lieu, le mercredi 29 octobre, à la Bibliothèque Mazarine, un concert organisé par la Société internationale de musicologie. Des œuvres de L. Senfl, G. Legrenzi, H. Purcell et M.-A. Charpentier furent interprétées, en quatuor, par les solistes de l'ensemble de violes de la « Schola cantorum Basiliensis ». Un public nombreux assista à ce concert qui fut présenté par le conservateur de la bibliothèque, M. Jacques Renoult, et par M. Marc Pincherle.

La Bibliothèque Mazarine est rentrée en possession d'une peinture sur velin en pleine page (Crucifixion) provenant de son ms 420 (Missel, xve siècle) 2.

Bibliothèques universitaires.

Bibliothèque de la faculté de droit. Paris.

La nouvelle Bibliothèque de la Faculté de droit de Paris, édifiée en bordure de la rue Cujas entre la Bibliothèque Sainte-Geneviève, le Lycée Louis le Grand et le Collège Sainte Barbe, a été ouverte aux étudiants le 24 novembre 1958. Avant son inauguration officielle, M. Jean Berthoin, ministre de l'Éducation nationale, a tenu à y faire une courte visite le 26 novembre au matin. Nous reviendrons prochainement sur cette construction commencée en 1955 et pour laquelle près de 600 millions ont été engagés.

Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme).

M. Jacques Archimbaud, bibliothécaire à la Bibliothèque de l'Université de Clermont-Ferrand, section de médecine et de pharmacie, vient de faire paraître le catalogue, sous forme multigraphiée, des périodiques en cours de sa bibliothèque 3. Le répertoire ne se borne pas à énumérer les périodiques reçus de façon régulière, mais il fournit également la cote ainsi que l'état des collections. Un signe spécial distingue les revues entièrement ou partiellement consacrées à des analyses ou à des bibliographies. Le répertoire se termine par un index alphabétique des matières aisé à consulter. Rappelons que M. Archimbaud avait déjà établi sur un modèle identique, en 1956, le catalogue des publications périodiques reçues par la bibliothèque de la Faculté de médecine de Lyon 4.

Montpellier (Hérault).

Le XVIe Congrès international d'histoire de la médecine qui tenait ses assises à Montpellier, du 22 au 28 septembre 1958 sous la présidence de M. le Doyen G. Giraud, fut très heureusement illustré dans l'un de ses thèmes : « L'Iconographie médicale au XVIIe siècle » par l'exposition, dans les locaux de la Bibliothèque universitaire rénovée, de plus de 100 ouvrages anciens richement reliés ou illustrés, où les œuvres d'Arnauld de Villeneuve et de Bernard de Gordon, maîtres de Montpellier, voisinaient avec celles de J. Riolan, d'A. Vésale, de Bartholin, de Harvey et la célèbre anatomie de G. Bidloo, illustrée par G. Lairesse (1685). Présentée, sous la direction du Pr Harant, par Mlle Vidal, bibliothécaire honoraire et archiviste de la Société d'histoire de la médecine, M. F. Pitangue, conservateur de la Bibliothèque de l'Université et Mlle Masson, bibliothécaire, dans un catalogue spécialement rédigé, elle s'alliait à la riche collection de dessins de maîtres français du XVIIIe siècle du Musée Xavier Atger. Les représentants de 40 nations pouvaient y admirer les œuvres de Coypel, de Watteau, de Bouchardin, de J. B. Oudry, de Van Loo, d'Hubert Robert et de J. H. Fragonard et conserver de leur visite la magnifique plaquette descriptive de M. Jean Claparède, conservateur du Musée de la Ville, éditée par la Faculté et que le Comité d'organisation, son président le Pr Turchini et son secrétaire le Dr Dulieu, avaient eu la délicate pensée d'offrir aux congressistes. Nous sommes heureux de signaler à cette occasion la naissance d'une nouvelle publication : Monspeliensis Hippocrates, revue de la Société montpelliéraine d'histoire de la médecine, fondée en 1933, et dont la couverture, richement ornée, reproduit la leçon d'anatomie du manuscrit français de la Grande Chirurgie de Guy de Chauliac (1363). [Dr A. Hahn]

Bibliothèques municipales.

Albi (Tarn).

Sous le titre « Les Trésors de la Bibliothèque d'Albi » une exposition des plus beaux livres de la bibliothèque (manuscrits, incunables, livres rares ou curieux, reliures) a été inaugurée le 25 octobre 1958 sous la présidence de M. Pierre Lelièvre, inspecteur général des Bibliothèques.

Cette exposition commémorait un cinquantenaire : c'est en octobre 1908, en effet, que furent réunies à l'Hôtel Rochegude, la bibliothèque municipale proprement dite, la bibliothèque populaire et la précieuse bibliothèque de l'Amiral de Rochegude, jusque-là dispersées dans trois locaux différents.

A l'occasion de ce cinquantenaire la Société des amis des bibliothèques d'Albi a fait don à la bibliothèque d'un exemplaire de la très belle édition du Satyricon avec les cuivres gravés par Derain et la Chanson des gueux de Jean Richepin, illustrée par Steinlen.

Châteauroux (Indre).

La nouvelle Bibliothèque municipale de Châteauroux a été inaugurée le 30 octobre par M. Ramonet, maire de la ville et ministre de l'Industrie et du commerce, en présence du préfet, M. Aubert, de Mme Aurore George Sand et de nombreuses personnalités. M. l'Inspecteur général Masson représentait le Directeur général des bibliothèques à cette cérémonie où un juste hommage a été rendu au dévouement et à l'activité de la bibliothécaire, Mlle Enjolras.

La bibliothèque précédemment installée à l'hôtel de ville occupe l'étage supérieur du Centre social de Châteauroux, vaste édifice dont le gros-œuvre avait été construit avant la guerre et dont les aménagements intérieurs sont en cours d'achèvement.

Colmar (Haut-Rhin).

La Bibliothèque de la ville de Colmar a organisé pour la saison touristique une exposition relative à l'iconographie de la cité. Afin de montrer, comme le souligne le titre, le « visage du vieux Colmar », dans ses transformations au cours des âges, on a réuni estampes et livres anciens : la première reproduction figurée de Colmar (Cosmographia universalis de Sébastien Munster, Bâle, 1548), les gravures des XVIIe et XVIIIe siècles, avec quelques-uns des cuivres originaux, les lithographies des Romantiques, etc.

La galerie de la bibliothèque a accueilli, dans la semaine du 15 au 22 novembre, une exposition itinérante, intitulée « L'Enfant dans l'Art médiéval », que présentait Mme Hélène Jovanović, conservatrice du musée de Skopjé.

C'est l'art mural macédonien, qui se révèle d'une richesse insoupçonnée, à la faveur des immenses travaux de restauration des monuments historiques entrepris après la seconde guerre mondiale, que Mme Jovanović désire faire connaître.

Elle expose et commente avec toute sa science et toute sa ferveur artistique les icônes et les relevés de fresques, qu'elle a elle-même exécutés, dans les différents monastères et églises de son pays : Sainte-Sophie à Ohrid, Nerezi, Kourbinovo, Saint-Andrea, etc.

Dans le courant du mois de novembre, la Bibliothèque a apporté son concours à deux autres expositions.

A l'occasion du 40e anniversaire de l'armistice du II novembre 1918 a été présentée à l'ancienne douane une rétrospective de la guerre de 1914 à 1918. C'est à la bibliothèque qu'il revenait de prêter les très nombreux documents de ces années douloureuses : avis de mobilisation, affiches, notes interceptées, bulletins, photos, etc.

Enfin, la Cour d'appel de Colmar a tenu à célébrer le troisième centenaire de l'établissement du Conseil souverain. Dans le cadre des manifestations, la bibliothèque a rassemblé, en une petite exposition, divers objets précieux : sceaux, gravures, livres et manuscrits, attestant l'installation du pouvoir central à Colmar en 1658.

Grenoble (Isère).

L'exposition sur « Stendhal et ses contemporains » inaugurée le 12 mai 1958 au Musée Stendhal sous la présidence de M. le Maire de Grenoble avait été transférée par la suite à la Bibliothèque municipale de Grenoble. Elle a pris fin le 15 novembre.

Parmi les manuscrits autographes acquis ces toutes dernières années par la Bibliothèque de Grenoble, la pièce essentielle est la correspondance, déjà publiée en partie par Henri Martineau, de Stendhal à Mareste. Elle est à l'origine de cette exposition. Cette correspondance de 139 lettres autographes réparties sur les années 1817-1837 est la plus volumineuse que Stendhal ait écrite. Beyle s'adresse à Mareste avec une confiance totale, lui racontant au fur et à mesure ses lectures, ses rencontres, et le tenant au courant de tous les événements de son activité intellectuelle et de sa vie personnelle.

Parmi ces lettres de Stendhal à Mareste, ont été choisis les passages les plus caractéristiques où Beyle s'est exprimé avec la grande liberté sur les personnages qu'il a connus. Ces lettres, une fois choisies, ont été illustrées par des documents empruntés au Musée Stendhal et aussi par de nombreuses pièces extraites des collections de la Bibliothèque de Grenoble. Ces pièces et documents sont des portraits, parfois des charges (c'est le cas de Crozet, de Grégoire, de Meyerbeer), des œuvres littéraires ou musicales, parfois manuscrites, auxquelles Beyle fait allusion, enfin de nombreuses lettres autographes des personnages connus par Beyle, lettres ayant trait à Stendhal ou même lui étant adressées (Barral, Crozet, Daru, Mérimée, Destutt de Tracy, Elena Vigano, Joseph Rey). Le plan a consisté à placer les vitrines de façon à distinguer les amis, les relations, les écrivains, les artistes, les hommes politiques.

Certains des jugements que Beyle a portés sur quelques-uns de ses contemporains, artistes ou écrivains, ont été confirmés par la postérité. Si ce n'est pas toujours le cas des poètes, par contre il en est ainsi pour les artistes, tels Bellini, Meyerbeer et les écrivains, tel Manzoni, qui n'avait pourtant pas encore acquis sa pleine notoriété, avec la publication des Fiancés. Au point de vue de ses amitiés et relations politiques, Beyle manifeste, d'autre part, un jugement éclectique et nuancé. Citons à ce propos ce qu'il écrit à Mareste sur Joseph Rey : « M. Joseph Rey, qui, quoique de parti opposé à Maisonnette (il s'agit de Lingay, autre ami de Stendhal, mais royaliste), a beaucoup de jugement, et qu'il peut vous être agréable de connaître. »

Cette exposition sur « Stendhal et ses contemporains » a fait l'objet d'un catalogue imprimé illustré de trois planches en noir et d'une planche en couleurs représentant la Scala de Milan 5.

Tout comme en 1957, à l'occasion de l'exposition « Les écrivains dauphinois », se sont tenues dans la grande salle de la bibliothèque et dans le cadre de la présente exposition, trois conférences par Me Givord, professeur à la Faculté de droit de Grenoble et MM. Caraccio et del Litto, professeurs à la Faculté des lettres.

Une visite officielle à cette exposition a été organisée le 18 octobre pour les membres du Congrès national des archivistes français.

Mulhouse (Haut-Rhin).

Le 6 novembre 1958, une quatrième salle de lecture enfantine a été ouverte à Mulhouse. Elle a été installée dans l'ancienne mairie de Dornach, village rattaché à Mulhouse depuis 1914, mais qui a conservé dans l'agglomération mulhousienne un particularisme assez prononcé, à proximité du service de prêt qui y fonctionne depuis 1948.

Alors que les autres bibliothèques enfantines ont été une création de la seule Bibliothèque municipale, celle de Dornach est une réalisation commune de la Bibliothèque municipale et de l'école de garçons. Celle-ci disposait d'une collection de 900 volumes constituée dès les premières années de l'après-guerre. Le crédit alloué depuis n'en avait permis ni l'entretien, ni le renouvellement. Les livres étaient répartis dans les classes, et les maîtres étaient unanimes à regretter ce partage qui ne répond pas toujours à la diversité du niveau des élèves d'une même classe.

Les parents, de leur côté, souhaitaient que ceux de leurs enfants à qui la bibliothèque scolaire ne suffisait pas puissent disposer d'une bibliothèque enfantine dans le quartier même.

Cet ensemble de circonstances a conduit à l'idée de rassembler dans un local commun les livres de l'école et la collection enfantine (800 volumes) de l'annexe de la Bibliothèque municipale. Accepté avec enthousiasme par les maîtres et soumis à l'agrément de l'inspecteur primaire, le projet a été réalisé en moins d'un mois. Tandis que l'école offrait le local, une salle de classe désaffectée, la Bibliothèque municipale installait les rayonnages, procédait à la reliure et au catalogage des livres de l'école qui allaient former avec ceux de la bibliothèque une collection uniforme à laquelle les enfants accéderaient librement.

L'accord conclu entre les deux établissements est assez souple pour permettre sans difficulté le retour des livres à l'école. Il s'agit, selon les termes de l'inspecteur primaire, « d'une union libre et non d'un mariage ». Cette union réserve aux instituteurs la possibilité d'orienter comme par le passé les lectures de leurs élèves. La bibliothèque est en effet laissée à leur entière disposition pour des séances régulières de lecture où le bibliothécaire n'intervient que pour l'enregistrement des prêts. Ceux-ci, par contre, ne sont pas faits collectivement à la classe, mais chaque enfant est inscrit individuellement et peut toujours rapporter ses livres et en emprunter en dehors des séances de lecture dirigée. La bibliothèque, enfin, reste bibliothèque publique et tous les enfants du quartier, quelle que soit l'école qu'ils fréquentent, peuvent bénéficier de l'enrichissement des collections.

En dépit de son caractère improvisé (le mobilier scolaire resté, provisoirement, en place ne donne pas à la salle l'aspect plaisant qu'on lui aurait souhaité), cette réalisation aura sans doute d'heureuses conséquences. Il est probable que l'école de filles de Dornach apportera bientôt ses livres à la bibliothèque enfantine, et on peut penser que les résultats de l'expérience ainsi tentée encourageront les écoles des quartiers où existe une annexe de la bibliothèque à y apporter leurs collections, assurant ainsi à la lecture enfantine les moyens d'un progrès souhaité par tout le corps enseignant.

Nîmes (Gard).

A l'occasion d'une semaine biblique, qui a eu lieu à Nîmes du 17 au 26 octobre 1958, la Bibliothèque municipale a exposé diverses éditions ou versions de la Bible parmi les plus célèbres, soit par la typographie ou l'illustration, soit par le texte.

Ces ouvrages qui s'échelonnaient du XIIIe au XIXe siècle et sortaient des ateliers les plus connus d'Europe, comprenaient notamment: des rouleaux hébreux, des manuscrits, des incunables, des Bibles polyglottes, hébraïques, latines, françaises, allemandes et italiennes.

Bibliothèques centrales de prêt.

Haut-Rhin.

La Bibliothèque centrale de prêt du Haut-Rhin a publié en 1958 le catalogue général de son fonds agricole. Précédé d'un index alphabétique des matières et classé méthodiquement, il contient en appendice une liste de romans sur la terre et la vie paysanne 6.

Haute-Garonne.

La Bibliothèque centrale de prêt de la Haute-Garonne vient de faire paraître un supplément au catalogue de ses ouvrages d'agriculture paru en 1956 et dont nous avions à cette date annoncé la publication 7. Depuis, le fonds des ouvrages agricoles de la bibliothèque a pu s'accroître régulièrement grâce à des subventions du Ministère de l'agriculture et de la Chambre d'agriculture de la Haute-Garonne et le nombre de ces nouvelles acquisitions a rendu nécessaire la multigraphie d'un supplément 8.

  1. (retour)↑  Voir : B. Bibl. France. 3e année, n° 6, juin 1958, pp. 446-447.
  2. (retour)↑  Cf. Fondation Eugène Piot. - Monuments et mémoires... T. XXXIV, 1934, p. 196.
  3. (retour)↑  Bibliothèque de l'Université de Clermont-Ferrand. Section médecine et pharmacie. - Catalogue des périodiques reçus par la Bibliothèque, 1958. - [Clermont-Ferrand] 1958. - 27 cm, 37 ff. multigr. (Université de Clermont. Bibliothèque universitaire. Section médecine et pharmacie.)
  4. (retour)↑  Voir : B. Bibl. France. 1re année, n° 9, sept. 1956, p. 622.
  5. (retour)↑  Bibliothèque municipale. Grenoble. - Stendhal et ses contemporains. Exposition par Pierre Vaillant... - Grenoble, Allier, 1958. - 20,5 cm, 35 p., planche, front., couv. ill.
  6. (retour)↑  Bibliothèque centrale de prêt du Haut-Rhin. - Agriculture. Catalogue général du fonds agricole de la bibliothèque. - Colmar, Bibliothèque centrale de prêt du Haut-Rhin, 1958. - 27 cm, [VI]-48 p.
  7. (retour)↑  Voir : B. Bibl. France. 1re année, n° 9, sept. 1956, p. 622.
  8. (retour)↑  Bibliothèque centrale de prêt de la Haute-Garonne. - Catalogue des ouvrages d'agriculture. Supplément I. (Classement Dewey). - Toulouse, Bibliothèque centrale de prêt, 1958. - 27 cm, [I]-9 p.