Nécrologie

François Galabert

Vendredi 13 décembre 1957 ont été célébrées, à Montauban, où il avait désiré être inhumé avec la plus grande simplicité, les obsèques de M. François Galabert, qui fut de 1920 à 1937 bibliothécaire en chef de la ville de Toulouse.

Né à Montauban le 11 mars 1873, M. Galabert entra à l'École des Chartes en 1897 et en sortit en 1901, avec une thèse sur le Prieuré de Saint-Martin des Champs à Paris. L'année suivante, il devenait archiviste de l'Ariège et, dès son arrivée, il s'attaquait au regroupement et au classement des archives révolutionnaires très dispersées et mal connues, sans pour cela négliger l'inspection des archives communales. En 1904, il fut nommé archiviste en chef de la ville de Toulouse; conjointement avec ses fonctions, il fut en 1920 chargé de diriger la Bibliothèque municipale.

Il devait pendant dix-sept ans réaliser dans cette « Cité des livres » toulousaine, à la fois si magnifique par son fonds et si déplorablement logée à son arrivée, une œuvre remarquable, décisive pour l'avenir de cette maison. C'est lui, en effet, qui, soutenu par l'énergie et la ténacité de l'inspecteur général des Bibliothèques Pol Neveux, devenu toulousain de cœur, obtint en 1933 la mise en chantier de la nouvelle bibliothèque de la rue de Périgord, dont la largeur de conception et l'ampleur de réalisation furent, alors, considérées à juste titre comme véritablement sensationnelles.

Le 30 mars 1935, la municipalité de Toulouse inaugurait ce magnifique édifice et, deux années durant, M. Galabert mènera à bien l'ingrate et lourde tâche du transfert des collections qui s'entassaient depuis si longtemps dans l'ancien local, étouffé par les bâtiments du lycée, rue Lakanal. En 1937, atteint par la limite d'âge, M. Galabert quittera la bibliothèque, tout en conservant pendant quelques années encore, la haute main sur les archives.

En plus de la réalisation exceptionnelle que nous venons d'évoquer, Toulouse lui doit aussi l'organisation de plusieurs expositions, la réunion à la Bibliothèque d'étude de l'ancienne Bibliothèque populaire, qui végétait depuis de nombreuses années, ainsi que l'enrichissement des collections municipales par le don ou le legs de fonds importants, notamment dans le domaine de la bibliophilie (fonds Molière) et de l'histoire locale.

M. Galabert ne fut remplacé qu'en 1943 comme archiviste de la ville. Depuis cette époque d'ailleurs - et presque jusqu'à ses derniers jours - il ne cessa de poursuivre dans les Archives municipales d'importants travaux de recherches et il travailla à la rédaction de l'inventaire du fonds ancien, dont une partie est en cours d'impression.

Nous ne saurions nous étendre sur tous les aspects de l'activité de M. Galabert, qui firent de lui, pendant plus de cinquante ans, un des maîtres de la vie intellectuelle de Toulouse.

Rappelons cependant que, de 1906 à 1955, il fut professeur de paléographie à la Faculté des lettres et qu'il réalisa pour son cours un album de fac-similés de documents relatifs à l'histoire du Midi de la France, qui est un modèle du genre. Dans le domaine des sociétés savantes : Société archéologique du Midi, Académie des sciences de Toulouse, M. Galabert fut aussi, comme secrétaire perpétuel de l'une et de l'autre, un animateur de premier plan. Pendant cinquante ans, il fut collaborateur, puis secrétaire de rédaction des Annales du Midi; son œuvre historique et bibliographique demeure considérable; le détail en a été donné dans le volume de Mélanges qui lui fut offert en 1956 par le Comité de rédaction des Annales, auquel s'étaient joints ses amis et ses anciens collègues; une place importante y fut faite à ses réalisations à la bibliothèque.

A ces qualités exceptionnelles d'érudit et d'administrateur, M. Galabert joignait une affabilité, une discrétion, une droiture qui lui attirèrent les plus durables amitiés; avec lui disparaît un bibliothécaire modèle, un érudit de grande classe, un esprit supérieur, que rendirent plus attachant encore sa modestie foncière et sa simplicité.