Statistiques du Service central des prêts 1955

Les statistiques du Service central des prêts ne concernent que les livres prêtés et empruntés à l'étranger dont il a pu tenir la comptabilité, soit que les envois se soient effectués par son intermédiaire, soit qu'ils aient été faits directement par les bibliothèques, mais à sa demande. Ces chiffres ne comprennent pas les envois de livres résultant d'ententes directes entre bibliothèques françaises et bibliothèques étrangères. Ils ne représentent donc pas la totalité des prêts et des emprunts de la France à l'étranger.

Prêt de la France à l'étranger. - Comparées à celles des années précédentes 1, les statistiques du Service central des prêts, en ce qui concerne le prêt international des imprimés, montrent que celui-ci continue à se développer : 1.265 prêts en 1952; 1.490 en 1953; 1.755 en 1954; 1.882 en 1955.

Si la progression semble se ralentir (127 prêts seulement de plus que l'année précédente) c'est que le chiffre donné ne tient pas compte des envois que le Service central demande aux bibliothèques de province de faire directement aux pays étrangers. Ces « prêts directs à l'étranger », instaurés au début de l'année 1955 et dont le nombre tend à s'accroître, n'ont été chiffrés qu'à partir du mois de juillet 1955; or, pour le second trimestre de 1955, ils s'élèvent au total de 109, ce qui porterait à plus de 1.990 le total des prêts à l'étranger comptabilisés par le Service central; l'augmentation par rapport à l'année 1954 est alors de plus de 240 prêts, chiffre assez semblable à l'augmentation de l'année 1954 sur la précédente. Tout porte à croire que cette évolution générale va se poursuivre.

Mais la différence entre le nombre des prêts indirects et directs demeure considérable : 9 livres sur 10 passent actuellement par l'intermédiaire du service. Cette différence peut s'expliquer ainsi :
1° les prêts de la Bibliothèque nationale et des bibliothèques parisiennes, transmis par le Service central, représentent plus des 2 /3 des prêts de la France à l'étranger;
2° l'envoi direct ne peut guère s'appliquer qu'à la moitié des prêts des bibliothèques de province (soit environ le sixième de l'ensemble) parce que, notamment, les prêts aux pays pour lesquels l'envoi par l'intermédiaire du service est obligatoire (Grande-Bretagne) ou conseillé (pays de l'Europe orientale) 2 sont en nombre légèrement supérieur à celui des prêts demandés par les pays limitrophes de la France pour lesquels rien ne s'oppose à l'envoi direct.

La Grande-Bretagne reste largement en tête des emprunteurs avec 449 emprunts, soit 24 % de l'activité du service. Viennent ensuite la Hongrie dont les emprunts montent en flèche depuis quatre années, puis l'Italie et l'Allemagne, enfin la Tchécoslovaquie (centre d'emprunt : l'Université de Prague) dont les emprunts, insignifiants en 1954, sont maintenant très importants.

Il est à noter qu'aucun pays nouveau, sauf la Roumanie, ne s'est inscrit en 1955 sur la liste de nos emprunteurs; les prêts assurés par le service demeuraient circonscrits à l'Europe moins l'U.R.S.S., il y a toutefois à noter quelques prêts à l'Université de Johannesburg en Afrique du sud.

Emprunts de la France à l'étranger. - Le chiffre des emprunts marque une régression sur celui de 1954. Cette régression n'est peut-être qu'apparente parce que les statistiques ci-dessus ne tiennent pas compte des emprunts que les bibliothèques de province ont pu faire directement à l'étranger.

Dans le cadre de cette statistique, la Bibliothèque nationale apparaît comme le premier emprunteur puisque, sur les 307 emprunts, plus de 200, soit les 2 /3, ont été faits pour des lecteurs de cet établissement; une dizaine seulement de ces 307 emprunts étaient en faveur des bibliothèques parisiennes, le reste pour les bibliothèques de province. C'est à la Grande-Bretagne (avec laquelle il est vrai la centralisation est obligatoire pour les emprunts comme pour les prêts) que nous recourons le plus souvent, puis à titre égal à l'Allemagne, à la Suisse, à l'Italie et à la Belgique.

On notera les quelques prêts demandés à Israël, à Monaco et aux États-Unis, pays ne figurant pas en 1955 parmi les emprunteurs.

Manuscrits. - Les prêts de manuscrits semblent stables puisque le chiffre total des prêts de la France pour 1955 est le même que celui de 1952 et le total des emprunts à peine supérieur à celui de 1954.

Place de la France dans le prêt international. - Lors de la dernière session du Conseil de la Fédération internationale des associations de bibliothécaires, à Munich en août 1956, un rapport sur l'ensemble des prêts internationaux (manuscrits et imprimés) a été présenté, comme chaque année, par M. Brummel, directeur de la Bibliothèque royale de La Haye, grâce aux statistiques que lui ont fournies les nations européennes. Ce rapport permet de situer dans une perspective d'ensemble l'importance des prêts et emprunts de la France à l'étranger.

Du point de vue du prêt à l'étranger, il résulte des statistiques présentées par le Service central des prêts que la France, avec ses 1.927 prêts, viendrait seulement en sixième position 3, après la Suisse (3.101 prêts), l'Autriche (3.071), l'Allemagne de l'Ouest (2.735), l'Allemagne de l'Est (2.245) et la Grande-Bretagne (2.650).

Ces chiffres étant en progression constante sur ceux des années précédentes, les statistiques montrent par ailleurs que ces pays prêtent plus qu'ils n'empruntent, la France étant celui qui emprunte le moins.

Du point de vue des emprunts à l'étranger, viendraient d'abord la Hongrie, avec 2.918 livres empruntés, ensuite la Tchécoslovaquie (2.436), l'Allemagne de l'Ouest (2.332) et l'Allemagne de l'Est (1.553), la Suisse (1.519), la Grande-Bretagne (1.468), l'Autriche (1.156). Pour la France, on compte seulement 333 emprunts 4. La comparaison avec les statistiques des années précédentes permettait à M. Brummel de souligner l'accroissement considérable des emprunts de certains de ces pays.

La dernière partie du rapport de M. Brummel fait connaître les possibilités de prêt avec les États-Unis qui s'offrent maintenant pour les nations européennes. Un comité du prêt s'est constitué en effet aux États-Unis. Ce comité a précisé quelles pourraient être les modalités de prêt : une demande de prêt international, en deux exemplaires, devrait être adressée à la Bibliothèque du Congrès, chaque demande ne portant qu'un seul titre. La Bibliothèque du Congrès transmettrait alors l'un des deux exemplaires de la demande à une bibliothèque qu'elle sait posséder l'ouvrage, l'autre exemplaire étant renvoyé à l'établissement emprunteur pour l'informer de cette transmission. L'emprunteur devrait alors, avant réception du volume, en régler les frais d'envoi. L'ouvrage lui serait envoyé directement par l'établissement désigné.

Le prêt des périodiques ne serait en général pas accordé, mais remplacé par l'exécution et l'envoi d'un microfilm des articles recherchés.

Illustration
Tableau

  1. (retour)↑  Le Prêt entre bibliothèques. Statistiques 1954. (In : Bull. Inf. Dir. Bibl. France. 4e année, nOS 7-8, 1955, pp. 216-225).
  2. (retour)↑  Les Nouvelles feuilles de prêt du Service central des prêts (In : Bull. Inf. Dir. Bibl. France. 4e année, nOS 7-8, 1955, pp. 225-226).
  3. (retour)↑  Ces chiffres ne tenant compte que des envois faits par l'intermédiaire du Service central, il serait juste d'y ajouter les envois d'imprimés faits directement par les bibliothèques françaises aux bibliothèques étrangères. Pour les seules bibliothèques universitaires françaises, ce chiffre atteint 1.341 d'octobre 1954 à octobre 1955. La France viendrait ainsi au tout premier rang pour l'ensemble des prêts à l'étranger.
  4. (retour)↑  La remarque faite au sujet des prêts directs des bibliothèques françaises aux bibliothèques étrangères est également valable pour les emprunts. Les seules bibliothèques universitaires françaises ont emprunté 322 volumes sans passer par le Service central.