Réunion d'experts sur les échanges internationaux (Unesco)

Une réunion d'experts sur les échanges internationaux de publications s'est tenue du 6 au 10 février à Paris, à la maison de l'Unesco. Elle était présidée par M. Cox, directeur du Stationery office; M. Schmidt-Phiseldeck, chef de l'Institut danois d'échanges, faisait office de rapporteur. La France était représentée par M. Julien Cain, assisté de Mme Honoré, chef du Service des publications officielles à la Bibliothèque nationale. Y participaient également : Dr Mohammed Hussein Al Yassin, attaché culturel à l'ambassade d'Irak à Paris; W. Bienkowski, directeur de la Bibliothèque nationale de Varsovie; B. Blagojevic, ancien directeur de l'Institut bibliographique de Belgrade, assisté de M. Ivanusic, directeur du Service des échanges internationaux de Belgrade; M. Cash Molina, directeur de la section des échanges internationaux de la Bibliothèque nationale de Santiago du Chili; le professeur Chunkov, directeur de la Bibliothèque de l'Académie des sciences de l'U. R. S. S. ; M. L. Coffin, directeur adjoint du Processing department de la Library of Congress de Washington; le Dr M. Cremer, directeur de la Westdeutsche Bibliothek de Marburg/Lahn, assisté de Mme Von Busse, directrice du Service des échanges de la Deutsche Forschungsgemeinschaft; Mlle J. Dargent, directrice du Service des échanges internationaux de Bruxelles, assistée de M. Vandenbrande, du Ministère des affaires étrangères de Belgique; le Dr Kesavan, directeur de la Bibliothèque nationale de Calcutta; M. G. Porfirio, directeur de l'Office des échanges internationaux de Rome, M. Spinney, du British Museum.

Des observateurs avaient été envoyés par la F. I. A. B. (Dr Kessen, directeur de la Bibliothèque universitaire de Leyde), la F. I. D. (M. Hamel, directeur du Centre d'échanges de la Bibliothèque royale de La Haye), l'O. E. C. E. (M. Bohm, directeur de la Bibliothèque) et l'Australie (M. Lynravn, du service de liaison de la Commonwealth national library de Canberra). Le personnel de l'Unesco, et notamment M. Campbell, assurait le secrétariat.

La réunion avait été préparée par un document de travail (UNESCO /CUA /67) du Dr Schmidt-Phiseldeck. Il s'agissait essentiellement de prévoir le remplacement de la convention de Bruxelles de 1886 par une convention plus large, en tenant compte de l'expérience acquise depuis lors en la matière; or d'après les réponses envoyées par 23 pays, nombre d'États, et non des moindres (Etats-Unis, Royaume-Uni par exemple) donnaient la préférence, comme d'ailleurs l'avait fait le Congrès de Bruxelles en septembre dernier, aux accords bilatéraux en matière d'échanges.

Cependant, le Comité d'experts a abouti à une liste de recommandations constructives. Il a, dès la première séance, décidé de prendre pour base de discussion le projet français, préparé par la Direction des bibliothèques et approuvé par la Commission nationale française de l'Unesco. Un projet de M. Blagojevic, prévoyant « l'échange obligatoire de toutes les publications scientifiques et littéraires parues sur le territoire de chaque état contractant », avait été préalablement écarté, en dépit de son intérêt, comme trop ambitieux.

L'économie du projet français était la suivante : il faut distinguer, en matière d'échanges internationaux, deux rôles bien différents de l'Etat; il peut, en tant qu'éditeur, échanger ses propres publications (publications officielles) contre celles d'autres Etats; il peut, en tant que gouvernement, favoriser les échanges en général, tant par la création de services d'échanges que par des facilités matérielles. Mais il ne saurait - et les experts ont été unanimes sur ce point - obliger les universités, institutions, établissements, sociétés savantes privées à échanger leurs publications si elles n'en ont pas le désir.

Nous avions donc prévu deux projets distincts de conventions, l'une propre aux publications officielles, l'autre pour les échanges en général.

Le comité d'experts est très rapidement tombé d'accord sur les échanges de publications officielles. Les recommandations à ce sujet prévoient essentiellement qu'une nouvelle convention fournira un cadre très large à des conventions bilatérales, chaque Etat restant entièrement libre du choix de ses partenaires d'échanges et du volume à donner à ces échanges. Il n'a pas paru nécessaire de définir ou de préciser les catégories de matériel échangé; en effet, c'est lors de la conclusion des accords que les listes de publications officielles seront fixées librement par les organismes d'échanges, ces listes pouvant, comme il est d'usage, être révisées de temps à autre sans qu'il soit nécessaire d'engager de nouvelles négociations.

Quant aux échanges sur le plan général, le comité a estimé que « chaque Etat devrait entreprendre de promouvoir et d'encourager la conclusion et l'application d'accords d'échanges de publications de caractère culturel, scientifique et technique, telles que livres, journaux et périodiques, cartes et plans, photographies, microcopies, partitions musicales, aussi bien entre des organismes gouvernementaux que des institutions privées ». Par quels moyens? L'institution d'un centre national d'échanges pour chaque pays, qui paraît très souhaitable et même indispensable à la grande majorité des experts, se heurte à des réserves de la part de certains pays (Royaume-Uni, Pays-Bas). Mais c'est là, croyons-nous, un faux problème. Il ne s'agit pas de centraliser dans chaque pays les échanges privés au moyen d'un organisme unique, ce qui irait d'ailleurs contre le voeu exprimé par de nombreux experts, et notamment par le Pr. Chunkov, d'accélérer les échanges par envoi direct d'organisme à organisme. Les attributions d'un centre national d'échanges peuvent varier à l'infini au gré de chaque pays, pour tenir compte des situations locales. Ce peut être un organisme d'Etat, ou une section d'une bibliothèque, ou une institution privée habilitée par le gouvernement. Mais son rôle minimum, celui sur lequel l'unanimité peut se faire, est de servir de bureau d'adresse, de centre de liaison et de renseignements pour les institutions étrangères qui ne savent où s'adresser dans un pays donné.

Le comité s'est également trouvé d'accord pour recommander à l'Unesco de poursuivre ses travaux en vue d'obtenir les conditions les plus favorables pour les expéditions, par chemin de fer, par poste et par air, ainsi que pour les tarifs douaniers. Une autre recommandation encourage fortement la préparation de bibliographies nationales et spéciales, indispensables au succès des échanges.

En revanche, l'idée d'un organisme international pour superviser les échanges a été rejetée, les experts estimant que l'Unesco sous sa forme actuelle était habilitée à jouer le rôle de coordination nécessaire, comme elle le fait déjà.

Les recommandations du comité seront soumises par le Directeur général au Conseil exécutif de l'Unesco et éventuellement à la Conférence générale qui se tiendra à l'automne à New Delhi. Si la Conférence retient le principe d'une nouvelle convention destinée à remplacer celle de Bruxelles de 1886, les services de l'Unesco devront en préparer le texte. Dans la meilleure des hypothèses, il faut compter un délai de trois à quatre ans pour son aboutissement.

Il n'en reste pas moins que le Comité d'experts a pu aboutir à des conclusions positives, qu'il a déterminé des règles et une méthode et que son travail pourra servir de base à des accords précis.