Doc Forum à Lyon

le savoir en fête

Jean-Philippe Accart

Du 20 au 22 novembre 1997, la Cité internationale de Lyon a accueilli « Doc Forum, 1er forum de l’édition et de la documentation spécia- lisées ». L’initiative en revient, et ceci est à souligner, à un libraire lyonnais, Pierre Decitre, dont l’objectif était de réunir sur un même lieu libraires, éditeurs, bibliothécaires et documentalistes – 7 000 visiteurs ont répondu à l’invitation.

Doc Forum s’est articulé autour de quatre axes : l’actualité de l’édition – 200 exposants ont présenté livres, revues, cédéroms et banques de données dans les domaines des sciences et des sciences humaines –, un forum d’échanges constitué de quarante conférences et tables rondes, un forum des métiers animé par les associations professionnelles, écoles et instituts préparant aux carrières de la documentation et des bibliothèques, et enfin, un espace entreprises et collectivités consacré aux nouvelles technologies.

Nouveaux modes de transmission du savoir

Les grands thèmes abordés durant les sessions de conférences portaient essentiellement sur le savoir et ses modes de transmission dans un large éventail de disciplines : histoire, philosophie, sciences humaines, économie, médecine et droit. De la forme classique de l’imprimé aux possibilités offertes par les technologies et le multimédia, bornes interactives, Internet, bases de données, cédéroms et réseaux ont été offerts aux publics comme autant de déclinaisons possibles du média d’origine que représente l’écrit.

Une information contenue sur une page imprimée, puis numérisée et envoyée sur un réseau électronique peut être consultée et lue à partir de n’importe quel point du globe, par une personne ou un ensemble de personnes. Téléchargée, complétée, remaniée, ou en référence à une autre information, elle formera un nouveau document qui sera lui-même diffusé… Pour transmettre le savoir, tous les médias sont désormais utilisés et complètent donc heureusement des formes plus classiques, telles que l’enseignement ou l’imprimé. Le monde universitaire l’a bien compris au vu de l’affluence sur le salon des étudiants et des professeurs venus s’informer sur ces nouveaux modes de transmission.

Le fait que le savoir circule et se transmette de manière élargie à un grand nombre de personnes grâce aux réseaux de l’information ne nous éclaire cependant en rien sur son contenu. Il ne faut pas croire que la démultiplication des réseaux entraîne de façon simultanée celle des savoirs, mais plutôt se poser la question de leur valeur et de leur vérité ; pour construire un véritable espace démocratique, une société doit s’interroger. Il est certain que le savoir s’est démocratisé : nous sommes passés du vocabulaire de l’idée au vocabulaire du concept (Leibniz). La finalité du savoir et de l’intelligence n’est plus la contemplation, mais l’association des représentations et des phénomènes, la mise en relation (Kant). La pensée devient ainsi une pratique, une activité. La science moderne s’est démocratisée : la vérité vaut pour tous.

Redonner le goût du savoir

Comment redonner le goût du savoir ? La crise de mai 1968 a remis en cause la légitimité des contenus des programmes scolaires par exemple. Ont-ils été rendus plus attrayants pour autant ? Le rôle de l’Éducation nationale et donc de l’État est remis en question. La famille a également un rôle important à jouer en matière d’éducation et de transmission du savoir. La Commission européenne a adopté récemment le slogan de « l’éducation tout au long de la vie » et met en avant l’éducation permanente.

Avec la révolution de l’information, l’échange des savoirs va radicalement changer dans les années à venir. Il faut donc apprendre à naviguer le plus tôt possible – dès l’école – sur les océans de l’information que sont les bases de données. Les nouveaux réseaux de l’information modifient les infrastructures d’échange et de communication. Un nouvel univers s’ouvre, celui du choix des systèmes d’information et du choix des contenus.

Le monde des entreprises a compris l’enjeu stratégique que représente l’information, d’où les systèmes de veille technologique mis en place. Leur comportement est révélateur : la mondialisation les a conduites à être de plus en plus présentes localement, la proximité est devenue un atout majeur. Passées d’une logique de la demande à une logique de l’offre, elles mesurent leur richesse à la connaissance de leur clientèle et aux habitudes de consommation. Les réseaux de l’information leur permettent de se rapprocher de leurs clients, de savoir ce qu’ils recherchent avant la concurrence, grâce à la veille concurrentielle.

Société de l’information et communication

La communication en réseaux devrait favoriser les relations humaines et les contacts dans l’entreprise : les réseaux électroniques donnent accès à l’information, à des bases de données, mais ne remplacent pas le moment particulier de la rencontre. Plus on est connecté, plus on a envie de se connaître. Les nouveaux réseaux de l’information permettent de retrouver les multiples dimensions des relations avec autrui.

Le discours traditionnel est linéaire et séquentiel ; sur les réseaux, la logique est arborescente : l’accès à un site se fait par une page d’accueil qui renvoie à d’autres sites. À partir d’une recherche sur un thème, on consulte des textes qui peuvent proposer de nouveaux liens, et donnent accès à de nouveaux sites susceptibles d’enrichir la recherche. Ainsi, nous laissons derrière nous la logique séquentielle et linéaire pour aborder la logique arborescente, complémentaire du verbe et nouveau moyen d’expression.