Patrimoine des bibliothèques de France

un guide des régions 1. Ile-de-France

par Agnès Marcetteau-Paul
Paris : Payot, 1995. - 10 vol. + un index : ill. en noir et en couleurs ; 24 cm.- 335 p. ISBN 2-228-88964-4 150 F

Consacrer le premier volume du Patrimoine des bibliothèques de France à l'Ile-de-France, n'était-ce pas faire à tout seigneur tout honneur !

Le grand magasin à livres de toutes les provinces

Comme en témoignent les cinquante établissements décrits dans l'ouvrage et comme le souligne d'emblée Michel Pastoureau dans sa préface, l'Ile-de-France, « grand magasin à livres de toutes les provinces » dès le XVIIIe siècle 1, est en effet restée, par les effets d'une centralisation plusieurs fois séculaire, l'une des régions du monde à la plus forte densité bibliographique. Centralisation en outre plus parisienne que francilienne. Malgré quelques déconcentrations au XXe siècle, aux alentours de Paris, les fonds patrimoniaux restent peu nombreux, et toujours plus modestes que ceux de la capitale. C'est en particulier le cas des bibliothèques municipales, parmi lesquelles celle de Versailles est en quelque sorte l'exception qui confirme la règle en tant qu' « héritière d'une partie des collections royales françaises » 2.

De la pérennité d'une tradition savante

Le séjour versaillais de la Cour n'empêcha d'ailleurs jamais le développement des institutions parisiennes qui, au-delà des avatars révolutionnaires, se sont perpétuées dans la France contemporaine et constituent encore les plus prestigieuses bibliothèques. On retrouvera ainsi, pour les mieux connaître, la vénérable bibliothèque Mazarine, les bibliothèques de l'Institut et du Muséum national d'histoire naturelle.

De la même façon, l'Ancien Régime a doté Paris de bibliothèques universitaires exceptionnellement riches, qu'il s'agisse de celle de la Sorbonne, de la bibliothèque Sainte-Geneviève ou des bibliothèques devenues interuniversitaires de médecine et des langues orientales.

Après la création révolutionnaire des grandes écoles scientifiques et littéraires, le XIXe siècle vit apparaître de belles institutions savantes et érudites comme l'Union centrale des arts décoratifs, le musée de l'Homme ou l'Institut national de la recherche pédagogique. La ville de Paris a en cette matière fait oeuvre particulièrement significative avec la Bibliothèque administrative, la bibliothèque Forney et la Bibliothèque historique. Enfin se manifestèrent, avec l'Alliance israélite universelle, l'Institut catholique ou la bibliothèque des Amis de l'instruction du IIIe arrondissement, les premières initiatives privées, au service d'une communauté ou d'une philosophie et de leur rayonnement.

Mécènes et bibliothèques

Il faut également signaler les grandes donations qui, au XXe siècle, furent à l'origine de riches bibliothèques publiques : les collections Leblanc, données à l'État en 1917, ont été à l'origine de la future Bibliothèque de documentation internationale contemporaine ; la passion et la générosité renouvelées de Jacques Doucet nous valent les inestimables trésors de la Bibliothèque d'art et d'archéologie et de la Bibliothèque littéraire qui porte son nom. Si elle est beaucoup plus modeste et beaucoup moins fameuse, la bibliothèque d'André Desguine, donnée en 1983 au département des Hauts-de-Seine, n'en mérite pas moins une mention, ne serait-ce que pour signaler que son nom « ne figure sur aucun volume, ses livres appartenant, comme il le disait, à l'humanité ».

Quelque vingt millions de documents sont ainsi signalés. Face à tant de richesses, dont on ne peut donner qu'un rapide aperçu, le meilleur conseil est sans doute celui que Michel Pastoureau a placé en exergue à sa préface : « Sede et lege ». Ainsi découvrira-t-on au fil des pages documents prestigieux et collections remarquables, attendus ou surprenants. Et ce d'autant plus que l'index n'en est malheureusement que le très incomplet reflet.

  1. (retour)↑  Cf. Robert ESTIVALS, La Statistique bibliographique de la France sous la monarchie au xviiie siècle, Paris, La Haye, Mouton-De Gruyter, 1965, p. 39 (Livre et sociétés ; 2).
  2. (retour)↑  Les cinquante notices de l'ouvrage concernent d'abord des établissements parisiens (33) et des institutions nationales (21 et même 27 si o y inclut les bibliothèques universitaires). Viennent ensuite dix organismes privés, et treize établissements municipaux et départementaux (quatre bibliothèques de la Ville de Paris, huit bibliothèques municipales franciliennes et la bibliothèque André Desguine dépendant du conseil général des Hauts-de-Seine).