Le patrimoine écrit scientifique et technique

Francine Masson

Les quatrièmes rencontres du Patrimoine écrit se sont déroulées à Roanne les 5 et 6 octobre 1993. Organisées conjointement par la ville de Roanne, la Fédération française de coopération entre bibliothèques (FFCB) et l'Agence Rhône-Alpes pour le livre et la documentation (ARALD), ces rencontres étaient consacrées cette année au « Patrimoine écrit scientifique et technique : définition, usages et accessibilité ». Elles ont rassemblé 150 personnes, bibliothécaires, conservateurs de musée, historiens des sciences, scientifiques, élus locaux et régionaux.

Après avoir esquissé une typologie des fonctions et des formes du patrimoine écrit scientifique et technique, les intervenants ont parlé usage : usage pour la recherche et usage pour le grand public, usage aussi, plus spectaculaire, pour les reconstructions et restaurations.

Quelle que soit l'approche retenue : histoire des sciences, recherches en cours, utilisation par des scientifiques des nouvelles techniques et des nouveaux supports ou vulgarisation, la place de la bibliothèque a été mise en valeur par tous. Conservatoire et mémoire de la science, mais aussi espace de liberté, amorce de nouveaux chemins et de nouvelles recherches, la bibliothèque reste un outil fondamental de la connaissance scientifique.

La plupart des intervenants ont aussi fait une large place à la collecte et à la conservation des documents autres que l'imprimé : photographies, supports informatiques, documents manuscrits, croquis, dessins, schémas... Les productions scientifiques sont de plus en plus « multimédias ». Les problèmes de collecte et de conservation des documents auprès des centres de recherche n'ont pas été oubliés et le rôle indispensable dans ce domaine des bibliothèques universitaires et des grandes institutions scientifiques a été rappelé.

Les participants ont pu voir, concrètement, l'utilisation des documents scientifiques par une présentation de la restauration de l'avion d'Ader (1897) et de la reconstitution de l'Astrarium de Dondi (XIVe siècle) que l'Observatoire de Paris avait accepté d'exposer au théâtre de Roanne pendant les rencontres.

Mais, malgré la bonne volonté de tous, il a bien fallu se rendre à l'évidence : les bibliothèques publiques font une place restreinte aux ouvrages scientifiques, les utilisateurs ont parfois des difficultés à localiser les documents dont ils ont besoin, les scientifiques eux-mêmes bloquent parfois la communication pour des raisons économiques et la nécessité d'archiver ne leur apparaît pas toujours évidente. Ces constats nécessaires, comme tout diagnostic, ont aussi permis d'esquisser des solutions : meilleure formation des bibliothécaires, collaboration plus étroite avec les divers partenaires, en particulier archivistes, bibliothécaires et chercheurs, mise en œuvre des réseaux d'information.

Les débats ont été animés et nourris, prouvant, s'il était besoin, que les gens de l'écrit n'étaient pas étrangers au monde de la science. La présentation en clôture du travail de Jean-François Colonna sur les variations tridimensionnelles a bien démontré que science et art peuvent faire très bon ménage. Pendant les rencontres, la bibliothèque de Roanne présentait une remarquable exposition, intitulée « Ombres et lumières : imagerie industrielle et technique à Roanne et dans la Loire, de 1780 à 1944 ». L'apport des bibliothèques et archives à la connaissance des techniques, de leur évolution, de leur économie était là parfaitement mis en lumière. Les Bibliothèques gourmandes, qui ont leur siège à la bibliothèque de Roanne, ont aussi tenu à participer à ces rencontres en offrant aux participants une soirée musicale et gustative qui fut très appréciée. Comme pour les rencontres précédentes, les actes de ces quatrièmes rencontres sur le patrimoine écrit scientifique et technique seront publiés par l'ARALD.