Musique en bibliothèques

Les supports musicaux et la documentation musicale

par Cécile Grand
sous la dir. de Michel Sineux
Paris : Edition du Cercle de la librairie, 1993. - 315 p. ; 24 cm. - (Collection Bibliothèques, ISSN 0184-0886).
ISBN 2-7654-0514-X : 230 F.

Cet ouvrage collectif comble un réel vide dans le domaine de la littérature professionnelle consacrée à la documentation musicale sous toutes ses formes.

Un état des lieux

Devant la rapide évolution des habitudes de consommation musicale des utilisateurs des bibliothèques et médiathèques, et la non moins rapide diversification des supports (partitions, livres, disques noirs, disques compacts, cassettes, vidéogrammes...), un ouvrage de synthèse s'imposait. Musique en bibliothèques témoigne de la volonté d'aider les professionnels face à des situations toujours nouvelles et de plus en plus complexes.

L'ouvrage se présente sous la forme de 12 chapitres très détaillés qui abordent les aspects essentiels de la documentation musicale : la musique imprimée et la littérature musicale, les phonogrammes, les vidéogrammes ou les problèmes plus généraux de droits d'auteur, de traitement des documents et, plus généralement encore, l'organisation et le fonctionnement d'une discothèque publique.

Son grand intérêt réside dans ses nombreuses définitions, explications techniques et dans les bibliographies et listes d'adresses qui figurent à la fin de nombreux chapitres. Il est à noter que l'organisation très claire de l'ouvrage et les parties historiques qui introduisent certains chapitres en rendent la lecture attrayante, même pour certains sujets arides, ce qui ne gâche rien.

Le premier chapitre, qui introduit d'emblée la tonalité multimédia de l'ouvrage, se veut un « état des lieux ». Il prend en compte la relativement récente évolution des publics et de leurs pratiques culturelles, de même que la très grande diversité des documents. Il fait aussi l'inventaire des lieux et institutions où il est possible de trouver de la « documentation musicale » avant de conclure sur la nécessité, devant tant de diversité, de créer de nouvelles structures.

Problèmes généraux

Suivent plusieurs chapitres consacrés aux problèmes généraux que pose la documentation musicale.

Les collections patrimoniales (chap. II), abordées sous l'angle multimédia, y sont définies et inventoriées tant dans le domaine de l'écrit que dans celui de l'enregistré.

De même, un chapitre essentiel (III), vu la complexité du sujet, est consacré aux droits d'auteur. Il propose un exposé clair du cadre législatif et institutionnel, ainsi que l'essentiel des principaux textes législatifs, dont les lois de 1957 et 1985. Le tout est « agrémenté » de très précieuses définitions de notions souvent floues, telles que le cercle de famille, la communication, le droit du prêt, etc.

Le traitement des documents (IV) fait, quant à lui, l'objet de l'indispensable inventaire de tout ce qu'il faut envisager, de la cotation à la normalisation des vedettes, en passant par la description de l'effectif instrumental.

- Les phonogrammes

Quatre chapitres font le tour de ce domaine en pleine évolution. L'histoire des enregistrements sonores, enrichie d'explications techniques, permet enfin de s'y retrouver dans le dédale des sigles et du vocabulaire technique. Suivent ( chap. V) une présentation de l'industrie phonographique et une analyse de marché avec tableaux, chiffres et pourcentages dans tous les domaines (classique, jazz...). Les données les plus attendues viennent certainement des pages qui concernent la recherche discographique, domaine qui est loin d'avoir acquis ses lettres de noblesse. Elles sont enrichies d'une liste conséquente de bibliographies de discographies, des discographies rétrospectives, des catalogues cumulatifs et des discographies spécialisées et courantes. Pour parfaire le tout, un exposé très technique propose la dernière version des « Principes de classement des phonogrammes », suivie d'explications concrètes sur la pratique de l'indexation et de la cotation.

- Les produits « papier »

La musique imprimée et la littérature musicale font souvent figure de parents nobles de la documentation musicale, mais leur abord n'en est pas plus aisé pour autant.

Un premier chapitre offre un excellent historique de l'édition musicale et il a, entre autres, l'avantage de proposer une méthodologie pour affronter tous les problèmes qui se posent au bibliothécaire désireux de constituer une liste d'acquisitions : choix de l'édition, identification et localisation de l'éditeur.

De même, la littérature musicale (chap. IX) fait l'objet d'un tableau précis : collections savantes et grand public, ouvrages de référence, presse musicale (revues savantes, pédagogiques, professionnelles, revues consacrées au jazz, au rock...) y sont détaillés.

- Les vidéogrammes

Pour le dernier-né des « objets » de la documentation musicale, on trouve ici de nombreuses définitions des supports, une présentation précise du cadre juridique (droits d'auteur, protection...) et de tout ce qui touche à la production, à l'édition et à la diffusion d'une œuvre audiovisuelle.

L'ouvrage n'aurait pu être complet sans qu'y soit envisagé le « quotidien » : la médiathèque dans tous ses états, sa gestion et les principaux problèmes rencontrés, notamment en ce qui concerne les acquisitions, le traitement des documents, la communication et les modes de consultation, et même les équivalents antivol.

Bref, un livre à acquérir, pour tous ceux qui, de près ou de loin, se soucient de « musique en bibliothèques ».