Chronique des bibliothèques

Bibliothèque nationale. Paris.

Don de livres canadiens. - Dans le cadre de son programme d'échanges culturels avec la France, le Gouvernement canadien a décidé d'offrir à des bibliothèques françaises situées dans diverses régions de France six collections de livres canadiens.

Chaque collection comprend environ 1 ooo titres, choisis parmi les meilleures publications canadiennes dans des disciplines variées.

M. Jules Léger, ambassadeur du Canada en France, a remis officiellement au mois de juin la première de ces collections à la Bibliothèque nationale.

Les cinq autres collections seront remises dans le courant de l'automne aux bibliothèques universitaires d'Aix, de Marseille, Caen, Lyon, Poitiers et Toulouse.

Exposition Henri-Georges Adam. - En hommage à Henri-Georges Adam dont il ressent vivement la récente disparition, le Cabinet des estampes a, du 20 octobre au 10 novembre, présenté dans ses salles vingt-cinq gravures exécutées par le grand sculpteur de 1935 à 1959, des premières eaux-fortes d'un expressionnisme déchirant aux burins monumentaux qui ont fait sa célébrité. Un autre hommage lui sera rendu au cours de l'exposition des Peintres-Graveurs.

Bibliothèques municipales.

Bordeaux (Gironde).

Bordeaux disparu. - Le Centre régional de documentation pédagogique de Bordeaux, sous le titre, Bordeaux disparu, a présenté, du 10 octobre au 10 décembre, 75 gravures, estampes et dessins originaux destinés à montrer les monuments disparus de Bordeaux les plus importants et les plus intéressants au point de vue de l'histoire de l'art et de l'histoire de la cité. Ces documents dont les trois quarts appartiennent au Cabinet d'estampes de la Bibliothèque municipale ont été choisis par M. Gilles Coyne, chef des services de documentation du Centre régional de documentation pédagogique, qui en a également établi le catalogue 1.

Cette manifestation a été inaugurée le 10 octobre 1967 par M. Gabriel Delaunay préfet d'Aquitaine, en présence de nombreuses personnalités. M. F.-G. Pariset, professeur d'histoire de l'art moderne à la Faculté des lettres et sciences humaines de Bordeaux, a commenté les documents exposés; M. Desgraves, conservateur de la bibliothèque municipale, a retracé l'histoire de la formation du Cabinet d'estampes de la Bibliothèque municipale et indiqué les ressources qu'il est susceptible d'offrir à tous ceux qui s'intéressent au passé de Bordeaux.

La Littérature anglaise du XXe siècle. - Le 4 octobre 1967 a été inaugurée, en présence de Me Fonade, adjoint au maire et le représentant, de M. Smithermann, consul général de Grande-Bretagne, et de nombreuses personnalités, une exposition consacrée à la littérature anglaise du xxe siècle.

Organisée par le « British Council », cette exposition a présenté 600 volumes accompagnés de photographies, choisis parmi les œuvres les plus représentatives des écrivains anglais contemporains. Elle est restée ouverte jusqu'au 31 octobre.

Épinal (Vosges).

Publication. - La Bibliothèque municipale d'Épinal vient de faire paraître un catalogue soigneusement imprimé 2 des ouvrages acquis entre mars 1966 et avril 1967 (ouvrages d'imagination, manuels généraux, ouvrages de culture générale).

Un commentaire agrémente chaque nouvelle publication, résumant succinctement le sujet de l'ouvrage ou indiquant les différentes éditions mises à la disposition des lecteurs.

On peut toutefois regretter qu'un index alphabétique ne complète pas ce catalogue, où les nouvelles acquisitions sont classées par ordre d'entrée au registre d'inventaire.

Laon (Aisne).

Les Carolingiens. - Dans le cadre des Heures médiévales de Laon, la bibliothèque, a exposé, du 15 septembre au Ier octobre, une partie des manuscrits carolingiens des VIIIe et IXe siècles qu'elle possède encore.

Naturellement, furent à l'honneur les manuscrits en écriture A.Z. de Laon : l'Isidore de Séville, copié par Dulcia de l'Abbaye colombanienne (Notre-Dame de Laon) et le Paul Orose qui avait été exposé à Aix, en 1965. Venaient ensuite des œuvres provenant de Scriptoria divers, comme Corbie, Saint-Amand, Reims, et Tours, et un important choix de manuscrits provenant de l'école de Laon au IXe siècle, dus pour certains au travail des érudits irlandais (comme Martin Scot, Jean Scot) et dont d'autres éclairent par leurs sujets très variés (médecine, agriculture, musique, dictionnaire, etc...) les préoccupations intellectuelles des écolâtres de Laon, dont le travail fut soutenu par une série d'évêques laonnais très érudits. L'accent fut mis sur les rois carolingiens de Laon, leurs attaches avec la ville royale, leurs influences, leurs travaux et leurs souvenirs historiques et légendaires dans les chansons de geste (manuscrits, chartes, photos de site, vieilles gravures).

L'exposition se terminait sur une note mélancolique, la liste d'une centaine de manuscrits carolingiens disparus depuis la Révolution, soit qu'ils aient été irrémédiablement détruits, soit qu'ils se trouvent dispersés dans diverses bibliothèques françaises ou européennes.

Le Havre (Seine-Maritime).

Inauguration de la nouvelle bibliothèque. - La nouvelle bibliothèque municipale du Havre a été inaugurée officiellement le 21 octobre 1967 en présence de M. Dennery, directeur des bibliothèques et de la lecture publique, accompagné par MM. André Masson, inspecteur général et Jean Bleton, conservateur en chef. De nombreuses personnalités du département et de la ville, ainsi que des bibliothécaires de la région, assistaient à cette cérémonie au cours de laquelle des allocutions furent prononcées par M. Duroméa, député, premier adjoint, qui excusa le maire M. René Cance souffrant, par M. Colliard, adjoint à l'architecture, par M. Tournant, architecte, co-auteur avec M. Lamy, de ce projet, par Me Heudron, adjoint chargé des Beaux-Arts et par M. Dennery.

Après avoir souligné combien cette bibliothèque, si parfaitement conçue et aménagée, dirigée par une bibliothécaire d'une grande compétence et toute dévouée à son métier, Mme Tardif, allait sûrement gagner au livre et à la lecture un grand nombre de Havrais, le directeur des bibliothèques et de la lecture publique conclut en ces termes :

« Je me réjouis de tout mon cœur de voir les municipalités s'intéresser à la lecture publique, que le Gouvernement, je vous l'assure, souhaite voir se développer rapidement.

La lecture publique est, en effet, de plus en plus nécessaire : dans le monde où nous vivons, les moyens de formation audio-visuels deviennent de plus en plus puissants. La masse des informations, des idées, des images transmises par tous les émetteurs de radio ou de télévision, par tous les satellites spatiaux du monde, ira croissante et risque de laisser de moins en moins de place à la réflexion de l'individu. Seul le développement de la lecture publique permettra de préserver notre personnalité propre, notre liberté de jugement.

Et puis, à une époque où la promotion sociale et l'éducation permanente sont devenues des doctrines universellement admises, seule la lecture peut en rendre l'application raisonnable. Dans l'exercice d'une profession, le fonctionnaire de responsabilité doit voir les problèmes de plus haut. Il doit donc être pourvu d'une certaine culture générale que seule la lecture peut lui donner.

La lecture publique, qui ne distingue pas entre les citoyens, est un instrument indispensable à une époque où la culture doit nécessairement venir compléter la technique et où les emplois les plus élevés doivent être ouverts à tous. »

Une description détaillée de cette bibliothèque municipale 3, l'une des plus modernes en France, sera donnée dans un prochain numéro du Bulletin des bibliothèques de France.

Lille (Nord).

L'Enfant et le livre. - La Bibliothèque municipale de Lille a accueilli du 3 au 15 octobre l'exposition itinérante L'Enfant et le livre, l'Enfant et la presse prêtée par l'Association des bibliothécaires français. En introduction à l'exposition, et grâce à une centaine d'ouvrages provenant du fonds ancien, fut esquissée l'évolution du livre pour enfants. L'exposition a été complétée par des livres modernes et par des photographies, graphiques ou dessins rappelant les activités des bibliothèques de jeunes de la région.

L'exposition a été inaugurée le 3 octobre par M. le Bâtonnier Jean Lévy, adjoint au maire, délégué aux Affaires culturelles, remplaçant M. Augustin Laurent, maire, empêché, en présence de nombreux représentants de l'administration municipale, d'organismes de la jeunesse, du corps enseignant et de bibliothécaires de la région du Nord.

Limoges (Haute-Vienne).

Exposition Saint-Martial, 2 avril-18 juin. - Les ostensions sont des fêtes propres au diocèse de Limoges : tous les sept ans les reliques des saints sont présentées solennellement à la dévotion des fidèles.

Les plus célèbres de ces reliques sont celles de saint Martial qui évangélisa le Limousin au IIIe siècle et dont la légende fait l'enfant du miracle de la multiplication des pains.

Le plan de l'exposition était le suivant : I. saint Martial. Sa vie (vie réelle et vie légendaire). Culte rendu à saint Martial, saint Martial dans l'art et la littérature. - II. Abbaye Saint-Martial : histoire - archéologie - rayonnement (École musicale - manuscrits).

La vie réelle de saint Martial était rappelée par l'Historia Francorum de Grégoire de Tours, seul témoignage écrit historique. Une carte retraçait les voyages supposés de saint Martial, de Palestine en Gaule en passant par l'Italie. Étaient exposées les œuvres des plus farouches défenseurs de l'apostolicité de saint Martial : Adhémar de Chabannes au XIe siècle, Bonaventure de Saint-Amable au XVIIe siècle, l'abbé Arbellot au XIXe siècle. L'exemplaire original du manuscrit de 1638, dit Annales manuscrites, était ouvert à la page consacrée au culte de saint Martial.

Plusieurs ouvrages rappelaient encore le culte rendu à saint Martial en Limousin : Les Anciennes confréries de la Basilique de Saint-Martial par Louis Guibert, ainsi que les traités de Jean Bandel, de Maurice Ardant et de l'abbé Maublanc sur les Ostensions.

Des statues burlesques témoignaient de la vénération portée à saint Martial en Italie et en Espagne, notamment à Majorque, cependant qu'une carte du diocèse de Limoges au XVIIIe siècle indiquait les communes portant le nom de saint Martial, les églises et les chapelles dédiées au saint. Les photographies de plusieurs de ces églises étaient collées sur cette carte.

Une autre carte portait les mêmes indications au xxe siècle et pour toute la France; on y voyait que, pratiquement, le culte de saint Martial ne dépasse guère le nord de la Loire.

Toutes les œuvres d'art importantes relatives à saint Martial qui ont pu être recensées, étaient réunies dans une présentation de reproductions photographiques : Fresques de Giovanni de Viterbo au palais des Papes à Avignon, celles d'Ebreuil, celles de la chapelle de Colle Val d'Elsa en Toscane; pièces d'émaillerie champlevée limousine des XIIe et XIIIe siècles, actuellement conservées dans le monde entier (États-Unis, Allemagne, Pologne, Grande-Bretagne, URSS, etc...) et qui figurent essentiellement des châsses, à l'exception d'une crosse conservée à Bruges; émaillerie peinte représentée par des œuvres de Jean Pénicaud II, un triptyque de Louis Bourdery; vitrail de la cathédrale de Tours; tapisserie de la cathédrale de Toulouse; peinture de saint Martial bénissant le château de Colle Val d'Elsa en Italie (XVIIe s.); tableau du Tintoret à Saint-Martial de Venise; retable en bois doré de Colle Val d'Elsa (XVIe s.); retable en albâtre de l'église Saint-Seurin de Bordeaux; bas relief du tombeau de Bernard de Brun et de celui de Reynaud de la Porte à la cathédrale Saint-Étienne de Limoges; statues conservées en Haute-Vienne et surtout à Limoges; miniatures du bréviaire de Saint-Martial de Limoges (Ms 4 (18) de la Bibliothèque municipale) et du registre consulaire AA i, également à la bibliothèque.

La seconde partie de l'exposition relative à l'abbaye de Saint-Martial de Limoges était moins importante et comprenait : une vue de la basilique détruite à la fin du XVIIIe siècle, le plan du chanoine Legros dessiné à la même époque, les chroniques de Saint-Martial, l'ouvrage de Charles de Lasteyrie sur l'histoire de l'abbaye ainsi que de nombreuses photos des fouilles effectuées en 1960 sous la direction de Mme Gauthier, présidente de la Société archéologique et historique du Limousin et de ses collaborateurs Jean Perrier et Louis Bonnaud, fouilles qui ont permis de retrouver le tombeau de saint Martial.

Le rayonnement de Saint-Martial s'est manifesté par l'école musicale de l'abbaye, étudiée par Jacques Chailley, et par les manuscrits sur lesquels étaient donnés quelques renseignements.

A l'occasion de cette exposition une bibliographie a été établie, conçue sur le même plan que l'exposition et qui se voudrait la plus complète possible.

La bibliothèque avait été sollicitée de transporter cette exposition à Saint-Junien et à Saint-Léonard pour les cérémonies des Ostensions qui se sont déroulées dans ces deux villes respectivement les 18 et 25 juin. Cette expérience, nouvelle, d'exposition itinérante s'est révélée très agréable.

Cette exposition fut le fruit d'une collaboration féconde entre la Bibliothèque municipale et les Confrères de Saint-Martial, les archivistes, les conservateurs de musée et de bibliothèque tant français qu'étrangers, ainsi que plusieurs prêtres de paroisse qui ont eu à cœur de répondre avec empressement aux demandes de renseignements des organisateurs.

Lorient (Morbihan).

Lorient et l'Afrique noire aux XVIIe et XVIIIe siècles. - Dans le cadre des expositions annuelles destinées à présenter au public les grands secteurs d'activité de la Compagnie des Indes, l'Association des amis du Musée de Lorient a cherché cette année à montrer ce qu'était l'Afrique noire aux XVIIe et XVIIIe siècles à travers les témoignages que marins et commerçants ont rapportés de ces contrées lointaines.

Aux documents importants (cartes, plans des comptoirs et des forts, dessins, gravures) offrant des renseignements précieux sur l'habitat et les mœurs, s'ajoutait la belle collection d'art nègre illustrant la vie culturelle et sociale de l'Afrique noire.

Cette exposition qui fut inaugurée par M. Allainmat, député-maire de Lorient, s'est tenue du 29 septembre au 22 octobre 1967 au Musée de Lorient 4. Elle a été organisée avec le concours de la Bibliothèque nationale, des Archives nationales et du Secrétariat d'État à la coopération.

Menton (Alpes-Maritimes).

Exposition des documents publicitaires et descriptifs de la Riviera, de 1880 à 1930. - A l'heure où le Congrès national du tourisme tient ses assises à Menton et où les édiles et personnalités qu'il rassemble vont avoir à débattre de la situation présente du tourisme et de ses perspectives d'avenir, il a paru intéressant de faire le point sur ce que fut le tourisme, à la fin du XIXe et au début du xxe siècle, à travers les documents parus à l'époque.

C'est le but que s'est proposé la bibliothèque municipale du Palais de l'Europe qui a organisé, du 15 octobre au 15 novembre, une Exposition des documents publicitaires et descriptifs de la Riviera, de 1880 à 1930.

Cette rétrospective a porté sur plusieurs aspects de la bibliographie et rassemblé des publications fort diverses, tant par leur présentation que par le sujet traité, la langue utilisée ou le public auquel elles étaient destinées : tous ces ouvrages appartiennent au fonds « régionalisme » de la Bibliothèque municipale.

On y pouvait notamment consulter :
I Des ouvrages descriptifs de la région de Menton;
2 Des ouvrages relatant la vie mondaine de la Riviera;
3 Des dépliants publicitaires consacrés aux diverses festivités de Menton;
4 Des quotidiens, aujourd'hui disparus.

La présentation de ces documents anciens entendait mettre l'accent sur ce que fut l'orientation initiale du tourisme sur la Riviera, à une heure où cette région sortait seulement de son « splendide isolement » et où naissait l'engouement de l'aristocratie européenne pour ces lieux privilégiés et jusqu'alors méconnus.

La consultation attentive de cette documentation permettait de voir comment, au fil des ans et compte tenu des années cruciales de 1914 à 1920, la qualité de la « clientèle » évolua, au rythme inexorable des couronnes disparues et des fortunes plus récemment édifiées. Puis, après les grands noms du Gotha et ceux de l'aristocratie de l'argent, vinrent les écrivains et les artistes, qui devaient modifier le portrait sociologique de ces hivernants, toujours renouvelés et jamais tout à fait les mêmes. Ce fut, enfin, l'avènement des congés payés avec l'accession à la mer et au soleil d'une nouvellle couche sociale et l'apparition du camping.

A travers tous ces documents, c'est la vocation même de la région mentonnaise qui se faisait jour, celle d'une terre de rencontres et d'accueil.

  1. (retour)↑  Centre régional de documentation pédagogique. Bordeaux. - Bordeaux disparu. Exposition de gravures, dessins, documents et objets, présentée du 6 octobre au 10 décembre 1967. [Catalogue établi par G. Coyne. Préf. par F.-G. Pariset. Le Cabinet d'estampes de la Bibliothèque municipale de Bordeaux, par L. Desgraves]. - Bordeaux, Centre régional de documentaion pédagogique, 1967. - 16 cm, 54 p., ill.
  2. (retour)↑  Bibliothèque municipale d'Épinal. - Catalogue commenté des ouvrages d'imagination (romans, théâtre), manuels généraux et ouvrages de culture générale en bibliothèque depuis mars 1966 jusqu'à avril 1967 du n° 41 600 au n° 42 140. - Épinal, [Bibliothèque municipale], 1967. - 27 cm, 34 p.
  3. (retour)↑  Nouvelle adresse : 17, rue Jules-Lecesne. 76 - Le Havre. Tél. : 42-30-67.
  4. (retour)↑  [Exposition : Lorient, 1967] - Lorient et l'Afrique noire aux XVIIe et XVIIIe siècles. Exposition. 29 septembre-29 octobre 1967. - Lorient, Musée de Lorient, 1967. - 23 cm, 20 p., pl., couv. ill.