Chronique des bibliothèques

Bibliothèque nationale. Paris.

Exposition Jean Racine (Galerie Mazarine). - La belle exposition que la Bibliothèque nationale consacre à Jean Racine 1 aura été prolongée jusqu'à la fin du mois d'octobre.

Cette exposition de 574 numéros n'est pas destinée aux seuls étudiants ou spécialistes : comme toutes les réalisations de la Bibliothèque nationale, elle apporte des éléments essentiels pour l'approfondissement de certaines données restées obscures et présente en un vaste panorama les divers aspects d'une personnalité, d'un talent et d'une existence qui intéressent les publics les plus variés.

C'est de la jeunesse de Racine, puis de son âge mûr que datent pour l'essentiel les pièces manuscrites conservées et présentées : de nombreuses lettres de Jean Racine aux siens, écrites durant son enfance à Port-Royal, puis, lors de son séjour à Uzès, dépeignent un caractère déjà ferme et obstiné, un désir de ne pas demeurer obscur. Puis bien plus tard, la correspondance adressée à sa femme ou à ses fils dénote le souci d'une réputation à sauvegarder. « Vous sçavez ce que je vous ay dit des opéras et des comédies... Il est très important pour vous et pour moy mesme qu'on ne vous y voye point... Le Roy et toute la cour sçavent le scrupule que je me fais d'y aller... » (Racine, à son fils Jean-Baptiste, 3 juin 1695).

Ce souci est certainement l'une des raisons pour lesquelles aucun manuscrit ne subsiste de toute l'œuvre dramatique de notre plus célèbre auteur, dont nous ne pouvons voir écrits de sa main qu'une note sur Iphigénie (acte II, scène 7) et le plan d'une première version de cette pièce ainsi que des remarques sur Athalie.

D'autres documents manuscrits sont du plus grand intérêt : les lettres à Boileau datant de leur carrière commune d'historiographes du Roi, les notes marginales de plusieurs ouvrages de sa Bibliothèque et ce testament enfin, où Racine exprime son désir d'être inhumé à Port-Royal et fait don de 800 livres aux religieuses.

Un élément essentiel de cette exposition réside également dans la recherche faite pour déterminer quels étaient les traits du visage de Racine.

On sait que son seul portrait authentique est celui de Santerre dont une réplique nous est montrée. On en a rapproché un certain nombre de tableaux et dessins qui font traditionnellement partie de son iconographie, réalisant ainsi une confrontation qui n'avait jamais été tentée jusqu'alors.

Par une intéressante présentation de médailles, un aspect peu connu de l'activité de Racine est ici évoqué : le soin qu'il apporta, en tant qu'historiographe du roi, à la rédaction des devises destinées à glorifier Louis XIV, ou à la correction de celles qui étaient proposées par l'Académie.

Pour la partie consacrée à l'œuvre dramatique de Racine, les plus rares éditions nous sont présentées, et l'on a choisi de recréer, en particulier, l'interprétation de trois de ses plus grands personnages.

C'est ainsi que nous sont montrées les différentes conceptions qu'eurent, au cours des siècles, les plus célèbres acteurs pour interpréter les rôles d'Andromaque, de Phèdre et de Néron. De la Champmeslé à Maria Casarès, de Mounet Sully à Jean Marais, nous voyons de beaux portraits à la plume ou à l'huile. De très belles photographies et des costumes de scène témoignent enfin des grandes heures du théâtre racinien.

Exposition : Tendances de la jeune photographie française (Galerie Mansart). - Un nouveau comité 2 vient d'être créé qui, placé sous la présidence de M. Étienne Dennery et avec pour secrétaire général M. Jean Adhémar organisera désormais chaque année des expositions photographiques de conceptions et de types différents.

L'exposition 3 ouverte pour tout l'été inaugure donc cette série de manifestations qui montrent l'importance que la Bibliothèque nationale attache à son rôle de Musée et de Conservatoire de la photographie.

Les œuvres de 21 jeunes photographes ont été choisies ici, non tant selon des critères ou techniques mais parce qu'elles représentent un aspect des tendances actuelles pour l'utilisation de la photographie : images de notre époque, souvent dures et brutales, toujours parlantes, elles dénoncent notre civilisation citadine, notre civilisation de la vitesse, elles dévoilent aussi parfois la pudique tendresse de leurs jeunes auteurs.

Cette exposition était jusqu'au 30 juin dernier accompagnée d'un hommage à Nicéphore Niepce 4. Les instruments rudimentaires et les premiers essais de l'un des pères de la photographie rappelaient le chemin parcouru entre l'héliographie et ces saisissants tirages polychromes.

Exposition Monteverdi. (Département de la Musique). - C'est à Paris, qu'au début du xxe siècle on a commencé à redécouvrir l'œuvre de Monteverdi. La Bibliothèque nationale a rappelé ce fait dans l'exposition qu'elle a consacrée au musicien 5, à l'occasion du quatrième centenaire de sa naissance, et qui comprenait : des gravures du temps retraçant le cadre de sa vie, les portraits de ses amis et de ses protecteurs, de précieuses éditions de ses madrigaux, les livrets originaux de ses œuvres dramatiques, les maquettes de décors et de costumes pour des représentations anciennes et modernes. La pièce la plus spectaculaire était peut-être un portrait encore inconnu de Monteverdi, qui vient d'entrer dans une collection particulière à Paris et se trouvait présenté pour la première fois au public. Cette découverte est d'autant plus intéressante que l'iconographie du musicien est très pauvre.

Les expositions du Département des estampes. - En avril 1963 le Cabinet des Estampes présentait dans son antichambre sa première exposition de dépôt légal de gravures contemporaines. Depuis, 24 expositions se sont succédé présentant environ un millier de pièces de près de 300 artistes sur des thèmes variés : La Gravure des jeunes, Le Noir et blanc, La Lithographie en couleurs, Les Graveurs belges, L'Estampe de peintre, Le Bois gravé; des hommages ont été aussi rendus à certains graveurs et illustrateurs. L'exposition Beardsley, celles de Brissaud et de Charles Huard ont ressuscité l'atmosphère des salons et des grands couturiers de la Belle Époque, de la Province en 1900, servant de modèles aux décors en vogue de nos jours chez les antiquaires comme dans certains magasins et cafés.

Non moins actuel nous paraît l'entre-deux guerres, années de grandes revendications sociales, années folles aussi, telles que les ont vues un Masereel au cœur généreux, un tendre Dignimont avec ses gentils modèles, soeurs de nos minettes d'aujourd'hui, taille basse, nuque rasée et yeux charbonneux.

Le public n'a pas seulement retrouvé ou découvert l'image d'un passé encore proche, mais quelques grandes étapes de l'aventure artistique de notre temps lui ont été révélées avec Pougny, pionnier d'un art d'avant garde dans la Russie des années 1913-1919, ou encore avec Cournault, auteur vers 1927-30 des graffiti, l'un des plus méconnus et des plus étonnants graveurs de sa génération. On a pu suivre également la genèse d'un livre, le Hamlet de Vercors-Bruller, l'évolution en dix ans d'un jeune graveur de talent, Xavier Vilato, ou contempler une magnifique série de linogravures de Picasso.

Toutes ces expositions, qu'elles soient consacrées à un seul ou à plusieurs artistes, sont toujours faites à l'occasion du dépôt légal des graveurs-éditeurs ou imprimeurs, de dons ou encore, mais plus rarement, d'acquisitions. Généralement l'adresse du déposant ou de la galerie de l'artiste est mentionnée.

Elles reflètent donc les enrichissements du Cabinet des estampes et sont destinées à faire connaître au grand public comme aux amateurs et aux artistes nos collections qui comptent actuellement près de 12 millions de gravures et 2 millions de photographies, et qui, chaque année, s'accroissent d'environ 2 ooo estampes contemporaines.

Le choix des œuvres exposées n'obéit pas à des critères personnels, mais répond au seul désir de rendre compte autant du goût que des chefs-d'œuvre de toute tendance de notre temps. C'est la ligne qu'assignait déjà Louis XIV au Cabinet des estampes lors de sa création, quand il voulut en faire non seulement un musée de la gravure mais un conservatoire de l'image avec les grandes séries documentaires.

Grâce aux articles parus dans la grande presse lors de nos manifestations, trouvées parfois par elle trop modestes, le public et les artistes commencent à mieux comprendre l'intérêt du Cabinet des estampes, et nous nous en réjouissons, car nous avons le sentiment - mieux encore, la conviction - qu'une estampe, qu'elle soit tirée à 2 ou à 200 exemplaires, a toute chance de se perdre si elle n'est déposée à la Bibliothèque nationale.

Serait-il possible à tout historien d'art, amateur ou artiste curieux de l'œuvre de Villon ou de Toulouse-Lautrec, de la connaître si Villon n'avait tiré spécialement pour le dépôt légal un exemplaire de ses gravures cubistes qu'il avait déposées malgré le peu d'enthousiasme du conservateur d'alors pour ces œuvres et simplement « parce que c'était la loi », si, pour Toulouse-Lautrec, sa mère n'avait généreusement donné ces extraordinaires épreuves de travail de l'œuvre lithographié de l'artiste avec les divers états, certains gouachés ou annotés ?

Inversement il sera difficile de connaître les quelques eaux-fortes, bois ou lithographies d'un Nicolas de Staël ou les premières et extraordinaires lithographies telles celles de Matière et mémoire de Jean Dubuffet, réalisées il y a quelque vingt ans pour le plaisir, alors que l'un et l'autre semblaient ignorer nos collections.

Malgré quelques lacunes qui seront comblées, il est certain que la Bibliothèque nationale possède le plus ancien mais aussi le plus riche Cabinet d'estampes du monde et le plus complet. Il n'est pas de jour où elle ne soit sollicitée de prêter aux musées étrangers et à ceux de province quelques gravures contribuant utilement aux grandes rétrospectives et au succès des expositions à thèmes auxquelles aucune autre institution ne peut, malheureusement, contribuer, faute d'une collection suffisante.

Francette Adam-Woiman

Bibliothèque nationale et universitaire.

Strasbourg (Bas-Rhin).

Fonds Ferdinand Lot. - A l'occasion du centenaire de la naissance de Ferdinand Lot et de la publication d'un « Recueil » de ses travaux, la Bibliothèque nationale et universitaire de Strasbourg rappelle qu'en juillet 1953 elle a pu acquérir de Mme Ferdinand Lot et de Mmes Falck, Mahn et Vildé, filles et héritières de Ferdinand Lot, l'ensemble de la bibliothèque de ce grand médiéviste.

Il s'agit d'un fonds de 8 ooo volumes (dont 3 789 brochures), composé des œuvres de F. Lot et de livres se rapportant principalement à l'histoire du Moyen âge conçue dans son sens le plus large, ainsi qu'à l'histoire littéraire médiévale. Il a représenté pour la Bibliothèque de Strasbourg un accroissement important en ce qui concerne plus particulièrement la philologie celtique, le cycle arthurien, l'histoire des villes, l'Espagne médiévale, les pays de l'Europe orientale, pour ne citer que les domaines principaux.

Les ouvrages ont été classés systématiquement et inventoriés entre 1953 et 1963 par M. Jean Rott, conservateur à la Bibliothèque nationale et universitaire de Strasbourg. Un exemplaire dactylographié de cet inventaire est à la disposition des lecteurs de la bibliothèque dans la section « Bibliographie » (spécialité : Moyen âge). Tous les ouvrages (à l'exception des brochures) ont été catalogués et figurent aux catalogues alphabétiques d'auteurs et par matières. A l'exception des tirés à part de Ferdinand Lot lui-même, les brochures, réparties par format et ordre alphabétique d'auteurs-anonymes, sont répertoriées uniquement dans l'inventaire dactylographié, qui en indique rapidement la cote et l'emplacement.

Les livres de ce fonds unique, où la variété et la richesse des volumes et des tirés à part attestent le grand rôle de ce maître de l'histoire et le rayonnement de son enseignement, peuvent être consultés sur place et empruntés à domicile ou par la voie du prêt inter-bibliothèques.

Signalons qu'en commémoration du centième anniversaire de la naissance de Ferdinand Lot, le20 septembre 1966, l'École pratique des Hautes Études, IVe section, a entrepris de recueillir la plus grande partie des travaux publiés par ce maître. La publication est préparée par M. Ch.-Edmond Perrin, membre de l'Institut, et Mmes J.-B. Mahn et Boris Vildé, filles de l'historien. Le Recueil des travaux historiques de Ferdinand Lot, qui paraîtra dans la collection Publications du Centre de recherches d'histoire et philologie de la IVe Section de l'École des Hautes Études, reproduira par un procédé photomécanique l'ensemble des textes - à l'exception, bien entendu, des ouvrages et des éditions - se rapportant à l'histoire proprement dite, ainsi qu'à la langue et à l'onomastique du Moyen Age français dans ses rapports avec l'histoire. La publication comprendra trois volumes. Le tome 1 présentera les travaux groupés sous les rubriques « Quelques grands problèmes historiques » et « Études critiques de textes ». Ils seront précédés par une étude sur la vie et l'œuvre de Ferdinand Lot, par M. Ch.-Edmond Perrin, suivie de la Bibliographie des travaux du savant médiéviste. Ce volume devrait paraître à la fin de 1967 aux Éditions Mouton.

Exposition Marie Jaëll. - A l'occasion du 29e Festival international de musique de Strasbourg, la Bibliothèque a présenté, du 3 au 24 juin, une exposition consacrée à l'artiste alsacienne Marie Jaëll (1846-1925).

Née à Steinseltz, près de Wissembourg, dans une famille paysanne, Marie Trautmann est, dès son plus jeune âge, passionnée pour la musique. A neuf ans, elle donne ses premiers concerts; elle obtient, à quinze ans, le premier prix de piano du Conservatoire de Paris. Mariée en 1866 avec le célèbre pianiste Alfred Jaëll, né à Trieste, elle poursuit avec lui ses tournées de concerts. Elle compose aussi des pièces pour piano et pour chant, des œuvres pour orchestre. Grande amie de Liszt, dont le jeu prodigieux est pour elle une révélation, elle fait auprès de lui des séjours et l'accompagne souvent dans ses voyages.

En pleine gloire, à 40 ans, elle interrompt sa carrière de virtuose pour se consacrer à des recherches scientifiques sur l'art du piano, notamment sur l'harmonie du toucher et, avec le docteur Féré, sur la physiologie des doigts. Précurseur dans ce domaine, elle publie une série d'ouvrages qui vont donner une nouvelle orientation à l'enseignement pianistique. Sa méthode a été utilisée dans les écoles de Cortot, de Blanche Selva, etc.; elle est enseignée à l'École Marie Jaëll de Paris et au Conservatoire de Bruxelles.

Parmi les documents exposés (244 numéros) provenant, presque tous, de la collection conservée par la famille de l'artiste, on remarquait particulièrement les manuscrits d'œuvres dédiées à Marie Jaëll par Liszt, Saint-Saëns, dont elle a été l'élève, Reinecke, etc., les lettres qui lui ont été adressées par les musiciens de son temps, Liszt, Saint-Saëns, Brahms, Massenet, Gounod, Duparc, par ses élèves, parmi lesquels Albert Schweitzer, par ses amis, Édouard Schuré, André Gide, André Siegfried, etc.

De nombreux documents iconographiques, un piano de l'artiste et quelques objets complétaient cet ensemble qui a suscité un grand intérêt parmi les musiciens et musicologues strasbourgeois 6.

Bibliothèque universitaire.

Bibliothèque de documentation internationale contemporaine. Paris.

André Dunoyer de Segonzac. Œuvres de guerre. 1914-1918 7. - Le Musée de la guerre possède l'ensemble le plus important d'œuvres de guerre de Dunoyer de Segonzac. Le catalogue vient d'en être rédigé par Mme Barthe, conservateur du Musée, avec la collaboration de l'artiste : près de 400 pièces - dessins, croquis, gravures - s'y trouvent décrits.

Bibliothèques municipales.

Arcis-sur-Aube (Aube).

Inauguration. - Le 9 avril s'est déroulée l'inauguration des nouveaux locaux de la Bibliothèque municipale d'Arcis-sur-Aube. Précédemment installée dans une pièce de l'Hôtel de Ville, la Bibliothèque a été transférée à l'ancienne école maternelle entièrement rénovée pour la circonstance. La salle de prêts est maintenant spacieuse et bien éclairée, ses dimensions et la disposition des rayonnages sur le pourtour permettent une présentation très aérée des ouvrages. Un coin bien distinct est réservé aux enfants. Juxtaposée, une seconde salle, plus petite, est destinée à la consultation sur place. Dictionnaires, usuels et périodiques sont à portée de la main. Une réserve complète cet ensemble. Parallèlement à l'inauguration, une exposition a été organisée, qui revêtait deux aspects : d'abord une présentation d'ouvrages de valeur appartenant à la Bibliothèque municipale et la Bibliothèque centrale de prêt de l'Aube; ensuite et principalement, une partie relative à l'histoire locale : des documents fort divers ont été offerts à la curiosité du public, touchant notamment à Danton, l'enfant du pays, et à la bataille livrée par Napoléon aux alliés les 20 et 21 mars 1814, à Arcis. Tout au long de la semaine, de nombreux Arcisiens ont visité cette exposition; la journée du 10 avait été réservée aux enfants des écoles.

Auxerre (Yonne).

Les Aveugles lisent. - Du 15 au 29 avril, la Bibliothèque municipale d'Auxerre présenta une exposition consacrée aux activités des aveugles et aux œuvres qui les concernent. Était retracée l'action de Nicolas Saunderson, Valentin Haüy, Charles Barbier, Louis Braille, Maurice de la Sizeranne, grâce auxquels les aveugles de tout âge peuvent apprendre à lire, à compter, à se rendre maîtres d'un métier. Quelques créations de bibliothèques pour aveugles avec livres en Braille et livres parlés, enregistrés sur disques et sur bandes magnétiques, relaient utilement la Bibliothèque Braille de l'Association Valentin Haüy. Le 1000e livre parlé, dû à l'Union des Aveugles de guerre, Les Contes de Flaubert, a été attentivement écouté à l'exposition. Des livres d'art donnaient à contempler la façon dont les aveugles de la Bible ont été représentés par les maîtres verriers et les sculpteurs d'Auxerre, de Vézelay, d'Autun et Strasbourg, par des graveurs du XVIIIe siècle, et par Picasso en ses sculptures ou ses dessins. Trois manuscrits du XIIe siècle et une bible allemande du catholique Georges de Saxe évoquaient la séparation de la lumière et des ténèbres, la lumière de la foi et les visions prophétiques.

Bergues (Nord).

Réunion amicale de conservateurs de musées, archives et bibliothèques du nord de la France et de la Belgique. - A l'occasion de sa journée culturelle, le 23 mai 1967, Bergues a accueilli, comme chaque année, nombre de conservateurs de musées, archives et bibliothèques du nord de la France et de la Belgique, réunis pour une séance de travail amicale qui devait se poursuivre par la visite de deux expositions, au Musée.

La matinée fut consacrée à trois communications de caractère historique présentées respectivement par MM. Danhieux, Van Reynynghe et Gilbert, tous trois conservateurs d'importants musées de Belgique.

Inaugurées par M. Caillet, inspecteur général des bibliothèques, les deux expositions qui retinrent, l'après-midi, les participants, utilisaient le cadre du Musée municipal du Mont-de-Piété. La première, qui avait pour titre Les Souverains des anciens Pays-Bas visitent leurs villes 8 avait été organisée à l'occasion du 20e anniversaire de la signature de l'accord culturel franco-belge : préparée par les bibliothèques municipales de Bergues, Douai, Lille et Valenciennes, cette exposition, qui se poursuivit jusqu'au 20 juillet, était composée de nombreux documents, imprimés et manuscrits rares, se rapportant à l'histoire des provinces du Nord et de leurs princes. La seconde exposition, Le XVIIe siècle hollandais 9, présentait 24 pièces extraites de la collection de 1 400 dessins léguée à sa ville natale par Pierre-Antoine Verlinde, né à Bergues en 180I et qui fut professeur à l'Académie royale d'Anvers. Cette collection est présentée chaque année par écoles et c'étaient cette fois des œuvres de Vermeer de Delft, Jakob de Wit, Rembrandt van Rijn, Pynacker ou Cornelis de Grient qui illustraient le XVIIe siècle hollandais; l'exposition se poursuivit jusqu'au 30 septembre.

Enfin, avant que ne se séparent les conservateurs, leur fut encore proposée une présentation de quelques-uns des plus beaux manuscrits et incunables de la bibliothèque de l'ancienne abbaye de Saint-Winoc.

Bourges (Cher).

Prêt de manuscrits pour une exposition en Allemagne. - Dans le cadre des accords culturels franco-allemands, une exposition consacrée à l'art du Berry va se tenir l'hiver prochain, successivement à Darmstadt, Munich et Dusseldorf.

Avec l'accord de M. le Directeur des Bibliothèques de France, la bibliothèque municipale de Bourges prête les manuscrits suivants :
- Bible de S. Sulpice (XIIe s.);
- Bible de Jean d'Étampes (XIVe s.);
- Lectionnaire et Évangéliaire de la Sainte-Chapelle de Jean, duc de Berry (fin XIVe-début xve s.).

Acquisition. - Grâce à la bienveillante compréhension de M. le Député-maire, la bibliothèque de Bourges a pu acquérir chez un libraire parisien le livre suivant, en provenance de Toulouse :
Rebuffi (Pierre) : Aurea atque toto in orbe utilissima L [egis] Quod iussit... Repetitio... Bourges, Jean Garnier, 20 avril 153I.

Il s'agit de la thèse latine soutenue par le célèbre juriste Rebuffe ou Rebuffi, lorsqu'il fut installé régent à l'université de Bourges en 1528.

D'autre part, ce livre (qui n'existe pas, semble-t-il, à la Bibliothèque nationale) peut être considéré, jusqu'à plus ample informé, comme le premier livre connu imprimé à Bourges.

En effet si un imprimeur, Pierre Gresle, est signalé à Bourges dès le début du XVIe siècle, il ne produisit sans doute que des bulles ou lettres d'indulgence (non retrouvées). Le premier imprimeur officiellement installé comme imprimeur de la ville, du Clergé et de l'Université (en 1530) est Jean Garnier, dont on ne connaissait, jusqu'ici, comme production la plus ancienne, qu'un livre de 1533, Christophori Longolii de suis infortunis epistola... (existant à la Bibliothèque nationale, à la Mazarine - incomplet - et dans une collection privée).

Cette pièce, entrée dans la réserve de la bibliothèque de Bourges, a donc une très grande importance pour l'histoire régionale du livre et de l'imprimerie.

Lyon (Rhône).

Ce que lisaient nos ancêtres. - A l'occasion du Festival de Lyon, en juin, la Bibliothèque municipale a consacré ses vitrines à Ce que lisaient nos ancêtres ou les « best-sellers » du temps passé.

Dans les salons de Soufllot, tout récemment restaurés, on avait regroupé des livres populaires (canards, almanachs, romans de chevalerie...), des livres d'étude (du XVe au XVIIIe s.), des ouvrages de civilité et enfin quelques types de bibliothèques destinées à des catégories plus étroites et bien situées dans le temps : lettré du temps de Charlemagne (Manuscrits du IXe siècle, certains autographes de Florus), le médecin du temps de Molière, ce que lisait Saint-Just etc.

Des affiches originales posées un peu partout en ville, ainsi que l'annonce de visites commentées ont permis d'augmenter sensiblement le nombre des visiteurs, isolés ou en groupe, par rapport aux dernières expositions, ce qui laisse bien augurer des prochaines.

Nantes (Loire-Atlantique).

La vie quotidienne, à Nantes, au temps de la compagnie des Indes. - Nantes a eu, cette année, un festival, une foire aux antiquaires, dont le sens, adroitement défini par la Municipalité, avec le concours du Syndicat d'Initiative et de plusieurs organismes, était de remettre en valeur et à l'honneur un ensemble architectural du XVIIIe siècle situé en plein cœur de la ville : l'ancienne île Feydeau.

C'est sous l'impulsion de M. Bernard Lerat, adjoint à la culture, que toutes ces manifestations se sont présentées comme le prolongement de l'Exposition organisée par la Bibliothèque municipale.

C'est la première fois qu'une exposition faite à la Bibliothèque municipale revêt cette importance dans la ville, c'est la première fois aussi qu'on peut lire en pleine rue devant chaque monument du XVIIIe siècle un panneau conçu spécialement à cette occasion, invitant le touriste à prendre le chemin de la bibliothèque où on lui aura remis, si, au contraire, il en vient, un plan commenté de la visite de la ville au XVIIIe siècle.

Autre caractéristique de cette exposition dont le catalogue 10 compte près de 600 numéros : tous les documents, manuscrits, imprimés, estampes, tableaux, objets, meubles, porcelaines, tableaux, costumes etc., proviennent des collections nantaises publiques et privées, exception faite pour des papiers intéressant la franc-maçonnerie nantaise à cette date, dus à la traditionnelle bienveillance de la Bibliothèque nationale.

Ceci mis à part, tous les musées de Nantes, les dépôts d'archives, plus de cinquante familles nantaises, de nombreux antiquaires de la ville, ont aidé la bibliothèque municipale à retracer, sous ses multiples aspects, la vie nantaise en son siècle d'or.

Le point de départ de cette exposition avait été le 250e anniversaire de la découverte d'une machine à dessaler l'eau de mer, faite en 1717 par un médecin nantais de la Compagnie des Indes, Jean Gautier, dont les récents travaux du Professeur Nebbia de Bari ont souligné la valeur.

L'importance maritime de Nantes, qui explique sans doute l'intérêt porté très tôt, ici, par le corps médical aux chirurgiens navigants dont le Professeur Kerneïs, actuel doyen de la Faculté de médecine de Nantes, s'est fait l'historien passionné, est la première conclusion qui s'impose au visiteur de l'exposition, ce qui justifie aux côtés des documents nantais la présence d'un journal de bord d'un chirurgien navigant de Carpentras (prêt dû à l'amabilité de M. l'Inspecteur général Caillet), dont la route a croisé, à Lorient comme en Chine, celle de ses collègues bretons.

On est surpris, enfin, de retrouver au hasard des vitrines la longue-vue du capitaine Bouglé (ancêtre du Pr. Tapié), le livre de prières de la fille du capitaine Trebuchet (Sophie, la mère de Victor Hugo), la nouvelle, donnée par un armateur nantais, que Voltaire rentre à Paris, et, entre une assiette de Chine et une épinette, d'apercevoir le malicieux sourire de ce Desforges-Maillard qui fit croire à Voltaire encore, comme à bien d'autres, qu'il était une jeune poétesse bretonne, Mlle de Malcrais de la Vigne. Sa femme vengea les dupes : « elle jouait et prenait du café »... apporté par les vaisseaux de la Compagnie.

La supplique des ouvriers des manufactures d'indiennes se plaignant des conditions de travail, les catalogues des trois libraires nantais du temps, la lettre de l'Intendant de la province au maire pour lui demander d'acheter un tissu des Indes pour sa femme avec échantillon joint : ce sont bien là les problèmes de tous les jours, et l'accent était mis délibérément sur la vie quotidienne.

Ouverte, exceptionnellement, de mars à octobre, cette exposition a fasciné les Nantais, venus de partout pour se regarder au miroir de leur passé.

Créations de l'enfance. - Le 20 juin, M. André Morice, Sénateur-Maire, a inauguré à la Bibliothèque municipale une exposition organisée par l'Institut départemental de l'École moderne, en hommage à Freinet, disparu depuis plusieurs mois.

Sous le titre Créations de l'enfance une soixantaine de dessins d'enfants, accompagnés de tapisseries, ont reçu pendant un mois la visite de petits et grands.

A cette occasion les moins de 12 ans étaient chez eux à la bibliothèque, dans cette salle d'exposition, transfigurée par la splendeur et l'éclat des couleurs, le jaillissement joyeux des imaginations naïves ; à côté de leurs dessins, les jeunes artistes et les autres trouvaient des jouets, des chaises à leur taille, quelquefois des pralines.

Neuilly (Hauts-de-Seine).

Évocation du « Phare de Neuilly ». - En 1933, la romancière Lise Deharme avait créé, à Neuilly, une revue surréaliste, Le Phare de Neuilly. Au sommaire des quelques numéros qui parurent, on retrouve des noms comme ceux de Raymond Queneau, Man Ray, Miguel Asturias, Alejo Carpentier, Jean Supervielle, Marcel Jouhandeau, Jean Follain, Georges Vitrac, Robert Desnos...

L'Académie de Neuilly a donc organisé, le 19 juin, une soirée au cours de laquelle « les gardiens du phare » évoquèrent leurs souvenirs, tandis qu'étaient interprétés des textes parus dans la revue. Pour illustrer la soirée, une exposition groupait, à la Bibliothèque municipale, autour de documents concernant Le Phare de Neuilly, des œuvres de René Magritte, Salvador Dali, Malkine, Félix Labisse, Man Ray, Oscar Dominguez, Jacques Hérold...

Pau (Basses-Pyrénées).

Exposition Paul-Jean Toulet. - Le centenaire de la naissance de Paul-Jean Toulet à Pau (5 juin 1867) a été l'occasion, pour la Bibliothèque municipale, d'appeler l'attention sur le poète des Contrerimes, dont l'audience est relativement restreinte en France. Pourtant, Paul Valéry plaçait très haut son talent et, de nos jours, c'est dans le monde entier que des recherches et des travaux universitaires sont consacrés à Toulet : à Copenhague, à Bergame, à Cambridge, à Dakar, à l'île Maurice etc.

Des milliers d'admirateurs de toutes nations, se reconnaissant avec lui une commune sensibilité, entretiennent son culte et rassemblent avec ferveur tous les documents, toutes les études le concernant. Et depuis sa mort, survenue en 1920, la plupart de ses manuscrits, de ses souvenirs, de sa correspondance, sont entre les mains de collectionneurs parisiens, belges, suisses etc. Mais, dans les collections publiques, il n'y a à peu près rien (à l'exeption des œuvres imprimées,).

La Bibliothèque de Pau, qui n'a pas même encore la totalité des éditions de Toulet, a donc profité de cette commémoration pour rassembler en ses locaux le plus grand nombre possible de documents. Éditions originales, préoriginales, illustrées, hors commerce etc. ont pu être réunies facilement, grâce aux prêts consentis par les autres bibliothèques. L'ensemble de l'œuvre était ainsi présenté : prose (Mon amie Nane, La Jeune fille verte, Les Trois impostures, etc) et poésie (Les Contrerimes, Vers inédits).

Mais les textes imprimés, livres ou revues, n'étaient pas le seul élément de l'exposition. La plupart des œuvres importantes se trouvaient accompagnées de textes autographes : soit le manuscrit complet (Monsieur du Paur, Le Mariage de Don Quichotte, provenant tous deux de la Bibliothèque nationale), soit des fragments, soit des lettres se rapportant à l'œuvre, soit des brouillons et variantes, ce qui est particulièrement intéressant pour l'œuvre poétique (plusieurs poèmes, dont le célèbre Dans Arle où sont les Aliscamps... sont ainsi présentés dans des états différents).

La vie de Toulet, son enfance et sa jeunesse béarnaise et mauricienne, son activité intellectuelle et parisienne, étaient évoquées par des documents de toutes sortes : acte de naissance, palmarès du Lycée de Pau, photographies, objets lui ayant appartenu, lettres de famille, correspondance avec d'autres écrivains.

Des livres et des revues annotés de sa main, des canevas, etc., dévoilaient ses travaux de critique d'art et de théâtre, sa collaboration littéraire (alimentairel) avec Willy, avec Curnonsky.

Sur un grand panneau, des passages tirés de son œuvre, photographiés et découpés, étaient déposés en bouquets sur une carte du monde et une carte du Béarn. On voit ainsi quelle influence ont eu, sur son inspiration, les lieux où il a vécu et les paysages qu'il a aimés, tout particulièrement Pau et l'Ile Maurice. C'est parce qu'il n'est jamais tombé dans le régionalisme qu'il a su exprimer mieux que personne l'universelle poésie de ces paysages.

Près de 300 documents figurent, en définitive sur le catalogue imprimé 11. L'exposition a été inaugurée le 23 juin par M. le Maire de Pau, en présence de diverses personnalités; elle est demeurée ouverte jusqu'en septembre. Un premier résultat, bénéfique pour la Bibliothèque, a été obtenu : la décision prise par une nièce de l'écrivain, Mme de la Blanchetai, de faire don d'une importante collection de documents comprenant plusieurs lettres autographes de Paul-Jean Toulet, des feuillets manuscrits, des revues annotées de sa main, des livres lui ayant appartenu, et plus de 100 lettres qui lui furent adressées par Francis Jammes, Willy, Claude Debussy, Tristan Derème, Pasteur Vallery-Radot, Giraudoux, Anna de Noailles etc. (la plupart de ces lettres sont inédites).

Concours de la Bibliothèque des jeunes. - La section des Jeunes de la Bibliothèque municipale de Pau a organisé son 7e concours annuel, ouvert à tous les enfants âgés de dix à quatorze ans, sur le thème : Êtes-vous sûrs de bien connaître les Gaulois?

Partant d'une constatation réaliste, la grande vogue des albums Astérix, le but était d'élever le débat en amenant les jeunes, comme les années précédentes, à se familiariser avec les usuels de la bibliothèque et à se servir de bibliographies.

Une centaine de questionnaires (questions sur les Gaulois et la civilisation gallo-romaine) furent distribués, parmi lesquels 9I furent remplis complètement et remis au jury.

Après une première sélection, 39 concurrents furent autorisés à participer à l'épreuve subsidiaire : résumer un texte sur les Gaulois, enregistré au magnétophone, extrait de la Guerre des Gaules, de Jules César.

Trente-trois enfants furent récompensés par des prix offerts par la Ville de Pau, la Direction des bibliothèques et de la lecture publique, les lycées et les commerçants de la ville. La distribution en fut faite le 16 juin, sous la présidence de Mlle Savet, Adjoint au Maire.

Pierrefitte (Val-d'Oise).

Inauguration des nouveaux locaux. - L'inauguration des nouveaux locaux de la Bibliothèque municipale de Pierrefitte a eu lieu le samedi 10 juin 1967; elle fut suivie d'une vente-signature de disques et de livres à laquelle participèrent Mouloudji, Jean-Pierre Rosnay, Jean Canapa, et d'une soirée artistique. Les nouveaux locaux, situés dans les sous-sols de la mairie, comprennent une salle d'exposition de livres d'art contenant également des ouvrages sur les artistes et leurs œuvres, une salle de consultation des livres techniques et scientifiques, une discothèque avec quatre cabines d'écoute et une salle réservée au personnel de la bibliothèque pour le travail administratif et la reliure.

Ces nouvelles réalisations, de même que le projet d'acquérir un bibliobus, contribueront à augmenter encore davantage l'influence culturelle de la bibliothèque municipale.

Reims (Marne).

Les Plus beaux manuscrits de la Bibliothèque municipale de Reims. - Le 10 juin dernier, l'exposition Les Plus beaux manuscrits de la Bibliothèque municipale de Reims a été inaugurée par M. Jean Taittinger, Député-maire, en présence de M. Caillet, Inspecteur général des bibliothèques, représentant M. Dennery, Directeur des bibliothèques et de la lecture publique, retenu à Paris.

Plusieurs allocutions furent prononcées par MM. Taittinger, Druart, Président de la Société des Amis des Arts et Caillet.

M. Laslier, Conservateur de la Bibliothèque présenta ensuite l'exposition où les quatre-vingt-dix manuscrits qu'il a retenus sont classés selon leur provenance : le Chapitre de la cathédrale dans la première salle, les grandes abbayes rémoises dans la seconde.

La plus riche de ces bibliothèques ecclésiastiques saisies par la Révolution était celle du Chapitre, formée par le soin des chanoines et la générosité de plusieurs archevêques, suivant une tradition remontant à Hincmar. Celui-ci fit don notamment d'une grande Bible en deux tomes ornée de lettres irlandaises et de canons à l'antique. Parmi les ouvrages importants provenant de la Bibliothèque capitulaire, il faut citer aussi un Évangile pourpre entièrement écrit en lettres d'or et d'argent. Deux psautiers, l'un donné par Adalbéron, Archevêque de Reims de la seconde moitié du xe siècle, l'autre par Odalric, qui fut prévôt en 1049, sont ornés de grandes initiales peintes partiellement marquées de l'influence insulaire. Mais le plus énigmatique est certainement cet Évangéliaire slavon du XIe siècle écrit en caractères cyrilliques et souvent appelé « Texte du sacre » en raison d'une légende qui voulait voir en lui le livre saint sur lequel les Rois de France auraient, le jour de leur sacre, prêté serment. Cette légende est fausse, mais a trouvé son origine dans la pompe extrême avec laquelle le Cardinal de Lorraine (1525-1574) le remit au Chapitre, après l'avoir revêtu d'une reliure précieuse abritant des reliques. Ce livre a pris de nos jours une grande valeur, encore que d'un tout autre ordre : c'est l'un des plus anciens textes connus de la langue russe et il pourrait avoir été écrit par saint Procope, qui mourut vers 1030. Déjà Pierre le Grand et Nicolas II, voyageant en France, se l'étaient fait présenter; l'U.R.S.S., de nos jours, en détient un fac-simile.

La seconde salle renferme en premier lieu des ouvrages importants provenant de l'abbaye Saint-Thierry près de Reims; notons un Évangéliaire du IXe siècle dont le beau saint Matthieu est le seul témoin demeurant aujourd'hui sur place des peintures de cette fameuse École de Reims qui joua un rôle si important dans l'évolution de l'art médiéval. Un fac-simile du Psautier d'Utrecht, aimablement prêté par le département des Manuscrits de la Bibliothèque nationale, permet d'intéressantes comparaisons.

Autre apport notable des fonds de Saint-Thierry : un groupe de manuscrits décorés de lettres dans le style irlandais, qui apparaît sous des aspects divers, depuis une facture grossière et parfois, dirait-on, enfantine, jusqu'à la maîtrise du premier Sacramentaire, encore appelé Sacramentaire à l'usage de Noyon, qui offre une ressemblance frappante avec le Sacramentaire de l'abbaye de Saint-Denis conservé à la Bibliothèque nationale (Lat. 2290).

L'abbaye la mieux pourvue de livres après Saint-Thierry était Saint-Remi, fondée par Tilpin en 756, dont la plus belle pièce exposée est certainement cet Évangéliaire demeuré intact en dépit du terrible incendie qui entraîna en 1774 la perte d'une grande partie de la Bibliothèque conventuelle. Dans un état de fraîcheur parfait, il a été l'objet d'études et de discussions au sujet du style de ses peintures, qui, pour être manifestement d'un artiste éprouvé, ne se laissent pourtant pas aisément situer dans l'histoire de l'enluminure. On estime qu'en tout état de cause il n'est pas postérieur au XIe siècle.

Les visiteurs prennent grand plaisir aussi à contempler les grandes Bibles du XIIIe ou du XIVe siècle, de charmants Livres d'Heures, des émaux de la Renaissance, des antiphonaires à la décoration monumentale et les précieux documents historiques relatifs aux abbayes rémoises, prêtés par les Archives départementales de la Marne. Mais cette exposition s'étant voulue intéressante pour tous les publics, se complète à cet effet de tableaux didactiques faits de photographies aux légendes simples, à l'usage notamment des groupes scolaires. On a pris aussi le parti de présenter dans la partie inférieure des vitrines de nombreuses reproductions, le plus souvent en couleurs, correspondant aux livres ouverts dans la partie médiane ou supérieure, et les visiteurs apprécient de pouvoir ainsi connaître l'aspect des peintures existant dans les feuillets cachés de tous ces manuscrits.

Un important catalogue 12 a été édité, où, pour chaque numéro, se trouve la description du manuscrit et la bibliographie s'y rapportant.

Tours (Indre-et-Loire).

Une saison d'expositions.

- 17-30 octobre 1966 : Hommage à Émile Jaquemin et Pierre Malécot. - Le souvenir de ces deux artistes tourangeaux récemment disparus, anciens collaborateurs du quotidien régional La Nouvelle République du Centre Ouest, a fait l'objet d'une exposition organisée par le journal dans le cadre de la grande salle d'expositions de la Bibliothèque municipale.

- 25 novembre-4 décembre 1966 : Le Jazz. - Il s'agissait là d'une exposition de photographies des plus grands musiciens de jazz signées Jean-Pierre Leloir, exposition organisée par le jazz-Club de Tours dans les locaux de la Bibliothèque municipale.

- 5-14 janvier 1967 : Paul-Louis Courier et l'affaire de Luynes. - C'est à Luynes, bourg proche de Tours, surmonté du très beau château fort bien entretenu par la famille de Luynes, que vécut le célèbre pamphlétaire, avant de s'installer à Véretz, toujours en Touraine, où il fut assassiné. Cette affaire de Luynes (arrestation de quelques « jacobins » trop franc-parleurs à l'époque de la « Terreur blanche ») a donné à Paul-Louis Courier la matière de la Pétition aux deux Chambres, son premier pamphlet (10 décembre 1816). Pour célébrer le cent-cinquantenaire de ce pamphlet, la Société littéraire des amis de Paul-Louis Courier avait décidé le principe d'une exposition à laquelle la Bibliothèque municipale prêta sa salle et son concours actif, principalement en la personne de Mme René Fillet.

Les pièces présentées venaient des collections de la Bibliothèque des Archives, départementales et de prêteurs particuliers, auxquels des appels avaient été lancés par voie de presse. Elles retraçaient un tableau des divers lieux d'implantation de la famille Courier en Touraine, et de la vie politique et sociale de la région au début de la Restauration. Des portraits, autographes, éditions diverses des œuvres de Paul-Louis Courier complétaient cette exposition qui a accueilli près de 1 ooo visiteurs.

- 25 janvier-25 février 1967 : Georges Bernanos-Francis Poulenc : « Les Dialogues des Carmélites ». - Les 4 et 5 février 1967 ont été données au Grand Théâtre de Tours deux représentations de l'opéra composé par Francis Poulenc (qui possédait une maison en Touraine) sur le texte des Dialogues des Carmélites de Georges Bernanos. Autour de ces représentations, le service des Affaires culturelles de la ville de Tours avait organisé un ensemble de manifestations culturelles destinées à mieux faire comprendre le texte de Bernanos et la musique de Poulenc : conférences dans les lycées, au théâtre même (avec, comme conférenciers, Bernard Gavoty et Claude Rostand), enfin, exposition à la Bibliothèque municipale.

Cette collaboration entre le Théâtre et la Bibliothèque dans une action commune coordonnée par le Service des Affaires culturelles de la Ville constitue un cas d'animation culturelle intéressant, qui a d'ailleurs été cité en exemple dans certains hebdomadaires parisiens.

L'exposition à la Bibliothèque, mise en place par M. Boulet, Bibliothécaire-adjoint, présentait, à l'aide de portraits, d'autographes, de livres, les personnalités si différentes de Bernanos et de Poulenc et leur étonnante rencontre (posthume pour Bernanos mort plusieurs années avant que Poulenc ne fasse de son œuvre un opéra) autour du thème des Carmélites de Compiègne guillotinées vers la fin de la Terreur. Dans les vitrines était retracée la genèse de l'œuvre, depuis la relation de l'épisode réel par la Mère Marie de l'Incarnation, seule survivante, jusqu'au texte définitif de Bernanos, en passant par la nouvelle de Gertrud von Le Fort, au moyen de livres, portraits, fac-similés.

Enfin, la plus grande partie de l'exposition était consacrée à l'œuvre au théâtre, au cinéma et surtout à l'opéra, grâce à une collection unique de photographies prêtée par la famille de Francis Poulenc. La pièce maîtresse était le manuscrit du compositeur obligeamment prêté par la Bibliothèque de l'Opéra. On notait aussi une édition bibliophilique des Dialogues illustrée par Raymond Gid (un exemplaire prêté par la Bibliothèque de l'Arsenal en était présenté en feuilles, un autre dans une très belle reliure de Denise Gid), ainsi que des lithographies et dessins originaux de cet artiste.

Cette exposition a reçu près de 800 visiteurs : elle a contribué au succès de la représentation au théâtre et montré la place de la Bibliothèque dans une action culturelle d'ensemble.

- 14-2I mars 1967 : Journée internationale contre le racisme. - Le Mouvement contre le racisme, l'antisémitisme et pour la paix, par quelques panneaux d'exposition placés dans le hall d'entrée de la Bibliothèque, a apporté sa participation à la journée internationale contre le racisme.

- 15 mars-6 avril 1967 : Exposition internationale d'art enfantin. - Cette exposition a été organisée, dans les locaux de la Bibliothèque, par l'Institut tourangeau de l'École moderne (méthodes Freinet), à l'occasion du 23e Congrès international de l'École moderne qui tenait ses assises à Tours.

Les œuvres enfantines provenaient de France et en particulier de Touraine, mais aussi de Pologne, de Suisse, de Belgique, de Yougoslavie et de Tchécoslovaquie, et la qualité de ces œuvres a surpris les très nombreux visiteurs. La méthode Freinet, en effet, semble conserver intactes la fraîcheur, la spontanéité de l'inspiration des enfants dont un jour Picasso a dit : « Ce sont nos maîtres. »

Il y avait, bien sûr, des peintures, mais aussi des céramiques, des marionnettes, des œuvres réalisées selon des techniques très variées. Ce remarquable ensemble a connu un grand succès souligné par la presse locale, et beaucoup de Tourangeaux qui ne l'avaient pas encore fait ont pris à cette occasion le chemin de la bibliothèque.

- 14 avril-13 mai 1967 : Centenaire de René Boylesve. - Cet écrivain qui connut son heure de gloire (il fut reçu à l'Académie française en 1919), un peu tombé en oubli actuellement, est né dans le pays même de Descartes, La Haye-Descartes, le 14 avril 1867. Dans plusieurs de ses œuvres, il évoque avec bonheur les paysages et les habitants de la Touraine.

La Société des amis de René Boylesve décida, à l'occasion de ce centenaire, le principe d'une exposition, laquelle a été organisée par Mlle Lecoanet, Bibliothécaire à la bibliothèque municipale, qui en a rédigé le catalogue. Ce catalogue a été imprimé grâce à l'obligeance du journal La Nouvelle République du Centre-Ouest.

Les prêteurs, parmi lesquels nous citerons en premier lieu M. l'Abbé Marchais, auteur d'une thèse sur l'écrivain, étaient en majorité de vieux Tourangeaux restés très attachés au souvenir de René Boylesve; l'exposition était complétée par des manuscrits de la Bibliothèque nationale. Les documents, nombreux et variés, présentaient l'écrivain, sa famille, ses amis, son pays de Touraine : pièces d'état civil, photographies, portraits divers, aquarelles d'artistes locaux, autographes, ainsi que l'épée d'Académicien, le masque mortuaire et le moulage de la main de l'écrivain. Son œuvre était représentée par toutes les éditions originales et de nombreux volumes de bibliophile.

L'inauguration a été présidée par Maurice Genevoix, Secrétaire perpétuel de l'Académie française, et suivie, le soir même, d'une belle conférence de M. André Bourin, rédacteur en chef des Nouvelles littéraires : « Boylesve perdu et retrouvé ».

- 25-3I mai 1967 : Twentieth century english literature. - Cette exposition itinérante du « British Council » a été présentée à Tours par Mlle Jacqueline Mallet, Bibliothécaire de la Bibliothèque de la Faculté des lettres, dans les locaux de la Bibliothèque municipale. Cette section de la Bibliothèque universitaire y est en effet logée provisoirement, en attendant la construction de la future Faculté, également sur les bords de la Loire, non loin de là.

Un choix important de livres était placé sur des tables, à la disposition du public qui pouvait les feuilleter : roman, poésie, théâtre, critique littéraire. 44 photographies d'écrivains agrémentaient l'exposition, qui a surtout été visitée par les étudiants d'anglais de la Faculté.

- 21 juin-25 juillet : Albert Skira, 40 ans d'édition. - Il s'agit là d'une exposition itinérante déjà présentée à Moscou, Washington, New York, et dont on n'avait encore vu qu'une partie en France.

On peut y admirer l'essentiel de la production passée et actuelle du célèbre éditeur genevois, dans une présentation particulièrement élégante, utilisant les contrastes entre le métal noir, et des panneaux et tablettes habillées de plastique ou de « formica » blanc.

Bibliothèques centrales de prêt.

Lot-et-Garonne.

Publication. - La Bibliothèque centrale de prêt de Lot-et-Garonne vient de faire paraître le catalogue 13 des ouvrages pour adultes acquis pendant l'année 1966. Ce répertoire, présenté suivant la classification Dewey, fait une place à part aux romans, biographies et pièces de théâtre.

Rhône.

Inauguration de la Bibliothèque centrale de prêt. - Le vaste bâtiment de la bibliothèque centrale de prêt construit sur un terrain situé à Bron, rue de l'Armistice, a été inauguré le lundi 3 juillet 1967 en présence de M. Dennery, directeur des bibliothèques et de la lecture publique. Celui-ci avait tenu, en participant lui-même à l'inauguration du premier achevé des locaux uniquement affectés à une bibliothèque centrale de prêt, à souligner l'importance de cet évènement et à manifester le particulier intérêt qu'il porte à la lecture publique.

Après une brève introduction de Mlle Bernard, bibliothécaire, le président du conseil général, M. Carteron, dit la satisfaction de l'Assemblée départementale de voir se développer l'action du bibliobus. M. Dennery exposa ensuite ce qu'est le rôle d'une Centrale de prêt et l'importance croissante que prennent la lecture et la documentation dans le monde moderne. M. le Recteur Louis était présent, M. Moulins, préfet de la région Rhône-Alpes, appelé au dernier moment à Paris, était représenté par le secrétaire général de la préfecture, M. Ninin.

Une réception suivit, à laquelle, malgré la tornade qui sévissait sur la région, les assistants étaient venus nombreux, députés, conseillers généraux, maires, bibliothécaires, responsables des dépôts du Rhône et de l'Ain.

  1. (retour)↑  Bibliothèque nationale, Paris. - Jean Racine [Préf. par E. Dennery. Cat. établi par O. Gantier, J. Jacquiot, E. Lebeau, J. Adhémar, M. Guilbaud sous la direction de P. Josserand.] -Paris, Bibliothèque nationale, 1967. - 21 cm. XIII-144 p. 16 pl. couv. ill.
  2. (retour)↑  Comité national de la photographie.
  3. (retour)↑  Bibliothèque nationale, Paris. - Tendances de la jeune photographie française, première exposition du Comité national de la Photographie à la Bibliothèque nationale. -[Préf. par E. Dennery. Notices biographiques]. - Paris, Bibliothèque nationale, 1967. -27 cm, 15 p.
  4. (retour)↑  Bibliothèque nationale, Paris. - Nicéphore Niepce. [Cat. par A. Chevallier, avec la collab. de C. de Jandin]. - 27 cm, 51 p., multigr.
  5. (retour)↑  Exposition présentée du 27 juin au 12 juillet 1967
  6. (retour)↑  Bibliothèque nationale et universitaire de Strasbourg. - Marie Jaëll, pianiste, compositeur, auteur. Exposition organisée à l'occasion du 29e Festival international de Strasbourg. [Catalogue par Madeleine Lang, avec la collaboration d'Hélène Kiener et d'Alice Klipffel.]- Strasbourg, Bibliothèque nationale et universitaire, 1967. - 27 cm, 27 ff., multigr.
  7. (retour)↑  Université de Paris. Musée de la guerre. - Dunoyer de Segonzac. Œuvres de guerre, 1914-1918. [Préf. par A. Dunoyer de Segonzac. Notices catalographiques par A. M. Barthe]. - Paris, Musée de la guerre, 1967. - 25 cm, [67] p., ill. en noir et en coul.
  8. (retour)↑  Musée municipal de Bergues. - Les Souverains des anciens Pays-Bas visitent leurs villes. Exposition organisée par les bibliothèques municipales de Bergues, Douai, Lille et Valenciennes à l'occasion du 20e anniversaire de la signature de l'accord culturel franco-belge, du 23 mai au 20 juillet 1967. Av. propos par Thérèse Vergriete. - [Bergues, Bibliothèque municipale, 1967]. - 27 cm, [4] ff., multigr.
  9. (retour)↑  Musée municipal de Bergues. - Exposition de dessins de la collection P. A. Verlinde (1801-1877). Bergues. - [Bergues, Bibliothèque municipale, 1967]. - 27 cm, [3] ff., multigr.
  10. (retour)↑  Bibliothèque municipale de Nantes. - La Vie quotidienne à Nantes au temps de la Compagnie des Indes... Mars-Octobre 1967. [Catal. par Luce Courville et Françoise Decré.] - Nantes, Bibliothèque municipale, 1967. - 19 cm, 114 p., ill, dépl.
  11. (retour)↑  [Exposition, Pau, 1967.] La Vie et l'œuvre de Paul-Jean Toulet (1867-1920). Exposition organisée pour célébrer le centenaire de la naissance du poète à Pau le 5 juin 1867. Bibliothèque municipale de Pau, juin-septembre 1967. [Catal. réd. par Jean Goasguen et Geneviève Anthony.] - Pau, [Impr. Marrimpouey Jeune, 1967]. - 21 cm, 40 p., pl., fas-sim., portr.
  12. (retour)↑  Bibliothèque municipale de Reims. - Les Plus beaux manuscrits de la bibliothèque municipale de Reims... - Reims, [Bibliothèque municipale], 1967. - 63 p., 21,5 cm, 12 pl.
  13. (retour)↑  Bibliothèque centrale de prêt de Lot-et-Garonne. - Catalogue des nouvelles acquisitions. (Année 1966). - Villeneuve-sur-Lot, Bibliothèque centrale de prêt, 1967. - 27 cm, 75 ff., multigr.