Chronique des bibliothèques

Bibliothèques universitaires.

Nantes (Loire-Atlantique).

Exposition Shakespeare. - Organisée par l'Association France-Grande-Bretagne et le « British Council » de Paris, sous les auspices de l'Université, une exposition sur Shakespeare et son oeuvre s'est tenue à la Bibliothèque universitaire de Nantes, Section littéraire, du 20 au 25 février.

Miss Hayter, déléguée culturelle, et Miss Hammond, bibliothécaire du « British Council », avec la collaboration de Mlle Orieux, bibliothécaire à l'Université, ont présenté un ensemble d'éditions anciennes et modernes de l'œuvre de Shakespeare et des études critiques contemporaines.

A la suite de la présentation Miss Hayter, dans les locaux de l'Association France-Grande-Bretagne, a prononcé une causerie sur l'évolution de la mise en scène de l'œuvre de Shakespeare en Angleterre.

Bibliothèques municipales.

Abbeville (Somme).

Nouvelle adresse : Bibliothèque municipale, Jardin d'Emonville, Abbeville.

Bourges (Cher).

Expositions temporaires : Noël ; Histoire de la Bibliothèque de Bourges. - La disposition des nouveaux locaux de la Bibliothèque municipale nous permet d'organiser de petites expositions temporaires (durée : un à deux mois) sur des sujets limités ou des thèmes généraux. A cet effet plusieurs vitrines sont disposées au premier étage, dans le « salon d'accueil » et la galerie des périodiques.

Ces petites expositions sont annoncées dans la presse. Il n'y a évidemment pas de catalogue, mais des notices dactylographiées suffisamment abondantes sont placées dans chaque vitrine. Le mois de janvier appelait naturellement le thème de Noël et des Rois. Parmi les pièces exposées, citons le livre d'heures manuscrit de Guillemette Hémetout (fin xve, début XVIe : l'Annonce aux bergers), les célèbres Heures incunables de Pigouchet, une gravure d'Albert Dürer et la Bible de Gustave Doré (gravure des Mages).

Pendant le mois de février, nous avons retracé brièvement l'histoire des différents locaux de la Bibliothèque de Bourges : I° à l'ancien Archevêché, détruit par un incendie en 1871 : lithographie romantique de Hazé, photographies avant et après l'incendie, témoignages - peu favorables sur ce local humide et malsain - de la part de Stendhal (Mémoires d'un touriste, 2I juin 1837), Michelet (Journal, année 1835, Paris, 1959, t. I, p. 214), Mérimée (Notes d'un voyage en Auvergne, 1838, p. 45);

2° à l'hôtel Aubertot, rue de la Monnaie, derrière l'ancienne mairie (démolie après la guerre de 1914 et remplacée par l'hôtel des Postes) : cartes postales et photographies, exemplaire de l'ancien règlement de la Bibliothèque; registre manuscrit du Comité d'inspection et d'achat ouvert à la séance mémorable du 12 février 1878, où le bibliothécaire, H. Boyer, rétabli dans ses fonctions après la chute de l' « ordre moral », se heurta au secrétaire du Comité, le vicomte Charles de Laugardière ; témoignage ironique sur la bibliothèque de Clarmonde (à Bourges), dû à Jules Bertaut (Ce qu'était la province française avant la guerre, Paris, 1918, p. 174). Catalogues des principales expositions réalisées par la Bibliothèque; décret de classement du 16 novembre 1956; photos plus récentes montrant l'état de délabrement du local.

3° L'hôtel Témoin, place des Quatre-Piliers. Copie de la donation en date du 2 avril 1947; portrait du Dr Daniel Témoin; photos de l'hôtel avant et après les travaux de restauration et d'aménagement; coupures de presse relatives à l'inauration du 8 septembre 1964 et discours de M. Julien Cain.

Cannes (Alpes-Maritimes).

Salle et services nouveaux. - Depuis le Ier janvier 1965, fonctionne à la Bibliothèque municipale de Cannes un atelier de reliure équipé, pour l'instant, d'un grand massicot, d'une presse de bois à percussion, de l'outillage courant et d'une cisaille.

Grâce à cet équipement les livres sont cartonnés, en gardant si possible les couvertures ou les jaquettes, et leurs plats sont plastifiés avec du Vénilia adhésif. Dans les autres cas, les livres sont entoilés et plastifiés et les titres replacés sur la couverture ou la jaquette défectueuse. Ce traitement, d'un effet agréable, est très rapide. Sur les livres vendus reliés par l'éditeur avec une jaquette, celle-ci est collée et plastifiée. En deux mois environ plus de 1 ooo ouvrages ont ainsi été traités.

Ultérieurement, l'atelier espère acquérir des machines à coudre, à collages et à endosser.

Une nouvelle salle de lecture avec usuels, servant surtout de salle de bibliographies, a été ouverte au public au début du mois de mars. Les ouvrages sont rangés sur treize travées d'un mètre de large et les lecteurs peuvent prendre place autour de 2 grandes tables de 10 places chacune. Cette réalisation depuis longtemps attendue répondait à un besoin urgent.

Le bibliobus urbain, mis en service le Ier avril 1965, est un ancien car Berliet de II m de long, dont le toit a été ouvert en trois endroits.

L'éclairage artificiel est dispensé par des tubes luminescents et le chauffage par « Calor » à air pulsé. Les vitres du car conservées permettent d'offrir aux yeux des passants l'attrait de documents illustrés, décoratifs et publicitaires. A l'intérieur, les rayonnages en hêtre contiennent environ deux mille volumes. L'inscription : « Bibliothèque municipale de Cannes » figure à l'extérieur en grosses lettres, au-dessus et au-dessous des vitres.

Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme).

Exposition des deux guerres, de la Résistance et de la Libération (23 octobre-26 novembre 1964). - C'est dans le cadre des manifestations officiellement prévues pour célébrer le vingtième anniversaire de la Libération et le cinquantième anniversaire de la première guerre mondiale que se situe cette exposition. Dès le mois de mars 1964, le Comité départemental des deux anniversaires en retint le principe et en mai un groupe de travail constitué au sein de ce comité en confiait l'organisation à MM. Manry, correspondant du Comité d'histoire de la IIe guerre mondiale, et Sève, directeur des services d'Archives du département, auxquels fut adjointe Mlle Leclercq, conservateur aux Archives départementales.

De son côté, le Comité d'union de la Résistance pour le vingtième anniversaire envisageait la présentation de souvenirs de la lutte contre l'occupant. Après avoir rencontré les responsables il accepta de joindre ses efforts à ceux du Comité départemental pour réaliser une seule exposition.

Comme des expositions de même type étaient prévues dans les divers départements, il apparut que celle-ci devait mettre en relief l'aspect régional plutôt que les grands faits historiques de ces deux guerres. Ce caractère régional explique entre autres qu'une plus grande place ait été accordée à la période 1939-1945.

Son but n'était ni de donner une vue générale du déroulement des faits ni d'en présenter une explication, mais d'évoquer l'atmosphère de ces années tragiques, de rappeler à ceux qui les avaient vécues et d'apprendre aux plus jeunes ce que furent alors la vie, les souffrances et les espoirs des Français, de faire en sorte que les jeunes puissent comprendre le prix payé pour la liberté et la dignité de l'homme.

Les documents et objets présentés, au nombre de plus de 450, furent choisis parmi tous ceux que permit de rassembler une quête poursuivie aux Archives départementales, auprès de collectionneurs particuliers auxquels un appel fut à trois reprises adressé par voie de presse, enfin auprès des Associations d'anciens résistants et d'anciens combattants. Cinquante prêteurs particuliers, six associations et sept organismes publics dont les Archives départementales, la Bibliothèque de Clermont, le Comité d'histoire de la IIe guerre mondiale, l'Établissement de réserve générale du matériel des Gravanches (pour les armes) et le Service historique de l'armée ont ainsi apporté leur concours.

L'exposition, réalisée sous le double patronage déjà signalé et avec l'aide financière du Conseil général du Puy-de-Dôme et du Conseil municipal de Clermont, fut installée dans les salles d'exposition fort bien équipées de la Bibliothèque municipale et universitaire, aimablement mises à notre disposition par la municipalité et les bibliothécaires.

Elle était divisée en deux sections correspondant aux deux guerres. A l'intérieur de chacune les documents étaient groupés par thèmes qui étaient : pour 1914-1918 : les opérations, la vie du soldat, les civils et la guerre, la propagande patriotique, l'Armistice; pour 1939-1945 : 1939-1940, les prisonniers, collaboration et occupation, le travail obligatoire, le rationnement, les bombardements, les tracts et journaux clandestins, la résistance, les représailles et la déportation, la libération.

Les objets et documents étaient présentés dans 16 vitrines (3 pour 1914-1918 et 13 pour 1939-1945) et sur 12 panneaux (5 pour 1914-1918 et 7 pour 1939-1945), les armes lourdes posées à même le sol et les affiches de grande taille et armes légères, ainsi qu'un parachute, accrochés à la cimaise.

Son inauguration eut lieu le 23 octobre en présence de M. Diebolt, Préfet de la Région « Auvergne », préfet du Puy-de-Dôme, et de très nombreuses personnalités parmi lesquelles MM. Montpied, sénateur-maire de Clermont, Champleboux, sénateur, Lapalus, recteur de l'Académie, le général Guedin, commandant la subdivision, les présidents d'associations dont M. E. Coulaudon, « Colonel Gaspard », ancien chef de la résistance de la région R 6, et les divers prêteurs.

Il était prévu de clore l'exposition le 19 novembre mais son succès la fit prolonger juqu'au 26. Elle était ouverte tous les jours, y compris dimanches et jours fériés, de 15 à 19 heures, avec possibilité de visites le matin, sur rendez-vous, pour les classes accompagnées.

Des affiches furent imprimées et un catalogue tiré à 1 800 exemplaires. Ce dernier fut expédié par l'Inspection académique à chaque établissement scolaire (avec une affiche), distribué aux invités, prêté aux visiteurs et vendu à ceux qui désiraient le conserver. Le tirage en fut insuffisant.

Il y eut 7054 visiteurs dénombrés, en dehors de la cérémonie d'inauguration, ce qui place cette exposition au premier rang de toutes celles qui ont jusqu'alors été présentées à Clermont. Parmi eux on compte 2 028 scolaires venus en 65 groupes et des visiteurs étrangers comme des administrateurs de la ville anglaise de Salford et des universitaires soviétiques de passage en Auvergne.

Ces visiteurs étaient de tous âges et de tous milieux. Et si de rares critiques vinrent d'anciens combattants qui ne retrouvaient pas le théâtre des opérations auxquelles ils avaient participé, la plupart, notamment anciens résistants et déportés, manifestèrent leur satisfaction de voir que l'évocation réalisée correspondait à ce qu'ils attendaient et avait atteint son but. (Compte rendu de Roger Sève, directeur des services d'archives du département du Puy-de-Dôme.)

L'exposition « Monuments en péril », créée par la Fondation pour l'art, la recherche et la culture et organisée par le C.N.D.C. (Centre national de diffusion culturelle), a eu lieu, du mardi 19 janvier au dimanche 7 février 1965, à la Bibliothèque municipale et universitaire de Clermont-Ferrand.

Groupant près de 400 photos de châteaux, manoirs, abbayes en péril ou en cours de restauration, cette manifestation veut aider l'opinion publique à prendre conscience du drame que représente la disparition de ces monuments; elle attire l'attention sur la campagne nationale de sauvegarde pour la défense des Monuments en péril. Et le nombre relativement peu élevé des visiteurs montre combien il reste à faire dans ce sens.

Nice (Alpes-Maritimes).

Nouvelles annexes. - Le 3I janvier ont été inaugurées par M. Jean Médecin, maire de Nice, dans l'ensemble socio-culturel (écoles, dispensaire, terrain de jeux) qui anime le groupe d'H.L.M. nouvellement édifié par la Ville dans le quartier périphérique de Saint-Charles, deux bibliothèques de prêt, l'une pour adultes, l'autre pour enfants. Au même moment s'ouvraient deux autres annexes semblables dans le quartier de Bon Voyage, portant à treize le nombre des bibliothèques municipales de quartier à Nice (six pour adultes et sept pour enfants). Leur mobilier de bois clair, les gravures qui les décorent et les reliures aux couleurs vives des volumes auxquels le public a libre accès, tout concourt à les rendre accueillantes aux lecteurs de ces quartiers populaires qui aiment également y feuilleter revues et albums et y emprunter à domicile romans et documentaires.

Orléans (Loiret).

Bibliothèque de lecture publique du quartier de la gare. - Le 12 janvier 1965 était inaugurée une bibliothèque de lecture publique ouverte quelques jours plus tôt. Située dans les locaux construits pour le centre social et le centre de jeunes du quartier de la gare, cette bibliothèque n'avait pas été conçue à l'origine comme devant dépendre de la Bibliothèque municipale. Quand il en fut question, il était trop tard pour obtenir que ses dimensions, nettement insuffisantes - 70 m2 - fussent modifiées, de manière à en faire une bibliothèque de quartier.

La prise en charge fut cependant décidée, devant la nécessité d'assurer le démarrage à Orléans de la lecture publique urbaine, la bibliothèque centrale elle-même ne possédant pas de véritable section de prêt pour adultes, par insuffisance de locaux. En même temps cependant, il était demandé à la municipalité de prévoir, dès le stade des projets, pour les futurs centres à construire, des surfaces plus conformes aux besoins. Ce ne sera pourtant pas encore le cas du deuxième centre en préparation où la Bibliothèque municipale ne pourra qu'établir un dépôt de livres, laissé aux soins des responsables du centre.

La bibliothèque du quartier de la gare ne constitue pas pleinement une annexe. Les livres sont fournis et équipés par la Bibliothèque municipale, les conditions de prêt et de fonctionnement sont fixées par elle, mais le personnel provient du centre social et du centre de jeunes. Constituée avec un premier fonds d'un millier d'ouvrages, cette bibliothèque ne pourra guère dépasser 3 000 volumes, ce qui rendra assez vite nécessaire d'assurer leur renouvellement. Un coin pour enfants a pu être aménagé, malgré la surface réduite.

D'un style tout différent de la Bibliothèque municipale, dont elle n'a pas l'allure sévère et intimidante, cette réalisation pourra néanmoins, nous le souhaitons, malgré sa modestie, habituer les Orléanais à la lecture publique et favoriser ainsi des créations ultérieures de plus grande ampleur, ce qui, au-delà des services rendus aux habitants de ce quartier, est le but poursuivi.

Pau (Basses-Pyrénées).

Exposition de l'Atlas du Voyage dans l'Amérique méridionale d'Alcide d'Orbigny. - A partir du Ier mars plusieurs centaines de lithographies dont l'ensemble constitue l'atlas du Voyage dans l'Amérique méridionale d'Alcide d'Orbigny, ont été exposées dans le hall d'entrée de la Bibliothèque municipale. L'ouvrage a été publié de 1834 à 1847 et cette bibliothèque en possède un exemplaire complet non relié. L'atlas, qui a été exposé intégralement, comprend outre les dessins des paysages parcourus et des collections recueillies, des coupes et des cartes géologiques, ainsi que des cartes géographiques concernant essentiellement la République Argentine et la République de Bolivie. Les documents exposés étaient des lithographies en noir et en couleurs, des panneaux de cartes et de coupes, des vitrines présentant les portefeuilles de livraison de l'ouvrage, ainsi que des études sur A. d'Orbigny et une édition argentine du « Voyage ». Une carte de l'Amérique du Sud permettait de suivre l'itinéraire du naturaliste voyageur. Enfin, un enregistrement sur magnétophone guidait le visiteur dans l'ensemble et faisait connaître la musique indienne dont d'Orbigny a recueilli la notation et dont on a fait un enregistrement à l'orgue. Une plaquette illustrée retrace la vie et les travaux d'A. d'Orbigny. Cet opuscule a été publié sous les auspices du Lions-Club de Pau et de l'Inspecteur d'Académie des Basses-Pyrénées. Il a été rédigé par M. Baulny, professeur au Lycée Louis Barthou, à Pau 1.

Tours (Indre-et-Loire).

Exposition : Centenaire de l'École normale d'instituteurs. - En 1833, la loi Guizot décidait la création d'une école normale d'instituteurs par département. De laborieuses négociations furent alors entreprises par le Préfet et le Conseil général; trois projets furent élaborés sans succès et les futurs instituteurs durent, pendant trente ans, aller à Orléans ou à Versailles, ou suivre des cours normaux dans les écoles du département. Ce n'est qu'en 1863 que l'École normale d'instituteurs est enfin ouverte dans un local offert par la ville de Loches, un ancien collège de Barnabites dont la ville était propriétaire depuis 1576.

Cette première et minuscule École normale sera remplacée en 1885 par un bâtiment plus vaste et mieux adapté à ses fonctions. La laïcisation était accomplie et jusqu'en 1940 c'est une extension progressive de l'École et des bâtiments qui est le fait marquant.

En 194I le gouvernement de Vichy ferme les Écoles normales et l'on en revient à la situation d'avant 1863, avec la dispersion des élèves-maîtres.

En 1945, à la libération, l'École normale d'instituteurs d'Indre-et-Loire renaît; en 1948 le département acquiert le château de Bel-Air à Fondettes et c'est le point de départ de la troisième école, la plus belle, celle qui est marquée aussi par une évolution profonde et un renouvellement constant afin de s'adapter aux conditions actuelles de l'enseignement et de la vie.

Sous l'impulsion de leur directeur, M. Lhomme, les élèves eux-mêmes ont rassemblé textes officiels, plans, archives, photographies, cahiers de cours, qui sont, en même temps qu'une excellente évocation de la vie de l'École, un remarquable rappel des méthodes pédagogiques et une histoire de la vie scolaire pendant cette époque.

M. le Préfet d'Indre-et-Loire a inauguré cette exposition le 15 janvier, en présence de M. le Recteur de l'Académie d'Orléans, de M. le Maire de Tours, et de représentants du Conseil général et du Corps enseignant; la présentation en fut faite par M. Lhomme.

Exposition : La vie théâtrale au temps de la Renaissance. - Il appartenait à M. Pierre Mesnard, membre de l'Institut, directeur du Centre d'études supérieures de la Renaissance, de présenter au cours de la même cérémonie une autre exposition d'un caractère tout différent « La Vie théâtrale au temps de la Renaissance ».

Cette exposition itinérante, préparée par M. Jean Jacquot, directeur scientifique au C.N.R.S., et mise en oeuvre par le service spécialisé de l'Institut pédagogique national, groupe une documentation iconographique de premier ordre sur l'évolution du théâtre, de son architecture, de ses mœurs, de son public et de ses auteurs, depuis ses formes religieuses (les mystères du Moyen âge) jusqu'à la forme classique éclose dès le XVIIe siècle et qui se maintient si fermement aujourd'hui encore; la Renaissance en fut la période royale.

M. Mesnard mit en évidence les trois aspects principaux de cette évolution : le lent cheminement des genres, si divers selon les troupes et les publics, vers leurs règles spécifiques, le retour aux sources antiques, grecques et latines, de la Renaissance, enfin la profonde influence de l'architecture sur la constitution des pièces elles-mêmes, qui amena la première grande règle : l'unité de lieu.

Gravures, reproductions de dessins, de plans, photographies de manuscrits, et surtout de très belles maquettes, ont permis aux visiteurs à la fois de se poser des questions et de trouver les réponses concernant les aspects les plus typiques de cette évolution complexe, non seulement en France, mais aussi en Allemagne, aux Pays-Bas, dans l'Angleterre élisabéthaine et l'Espagne du Siècle d'Or, en Italie enfin.

Deux expositions pédagogiques, d'un style fort différent et s'adressant à deux publics également fort différents, mais qui sont deux succès, et qui ne sont pas sans rapport d'affinité puisque l'École normale d'instituteurs d'Indre-et-Loire s'est illustrée maintes fois dans le domaine du théâtre scolaire.

Versailles (Seine-et-Oise).

Nos amis, Georges et Maly Lecoeur, nous avaient, il y a deux ans, au cours de séances inoubliables, projeté les vues en couleurs des dessus de porte de Van Blarenberghe et son atelier qui ornent la Grande Galerie de l'Hôtel des Affaires étrangères de Louis XV : une assistance nombreuse avait alors admiré le sens pictural et le talent de miniaturiste que révèlent ces œuvres commandées par l'architecte Berthier et dont l'exécution minutieuse n'avait pas demandé moins d'une quinzaine d'années. Continuant leurs exercices photographiques, ils ont pris en diapositives, toujours de couleurs, les planches de l'Album royal, gouaché par Jacques Bailly pour Louis XIV, qui relate la fête de cavalerie de 1662, dont le souvenir est resté dans le nom de la « Place du Carrousel ». Ils ont pu, le samedi 12 décembre 1964, nous présenter les détails des préparatifs, les costumes notamment, or et feu, incarnat et argent, bleu turquin ou vert « amériquain », les blasons et devises des participants, la formation du cortège, le défilé dans les rues de Paris (il n'est pas superflu de souligner le caractère archéologique de cette évocation), les « courses de testes et de bagues » enfin, l'ensemble obéissant aux règles tracées dans le Traité des Carrousels de l'inévitable Père Menestrier, dont nous possédons également l'exemplaire royal.

Cette réunion, organisée par les Amis de la Bibliothèque, était rehaussée par la présence de personnalités, particulièrement M. le Ministre et Mme Raymond Triboulet, les Membres de la Municipalité, André Cadoret, José Belle, Maurice Martin du Gard, et les représentants de la Direction des bibliothèques, M. l'inspecteur général André Masson et M. Jean Bleton. Devant le succès de cette manifestation, d'autres séances ont été données à Paris même, par exemple à l'Association des anciens élèves de l'École centrale, aux Amis du Musée des arts décoratifs et lors de l'Assemblée générale de l'Association des bibliothécaires français.

Le côté bénéfique de telles réunions, à Versailles et dans la capitale, n'a pas besoin d'être commenté. Qu'on me permette cependant une anecdote. Voici quelques mois, un haut fonctionnaire des Musées de France remarquait, dans la vitrine d'un antiquaire de Grenoble, une fort belle gouache signée de Van Blarenberghe et montrant une étape de la construction de l'Hôtel des Affaires étrangères, avec un léger éboulement, grossi pour la circonstance, qui survint pendant l'élévation des voûtes, conçues, dit la légende, selon « le procédé nouveau imaginé par M. Berthier ». « Hôtel des Affaires Étrangères », première réaction, on pense à Paris et l'on alerte le Musée Carnavalet. C'était durant les vacances, mais tout le personnel de Carnavalet connaît, en grande partie grâce aux séances des Lecœur, notre Maison. Je fus averti aussitôt de l'existence d'un tel document, capital pour nous. Un coup de téléphone, et cet unique et précieux témoignage se retrouve aujourd'hui dans les murs qui l'ont inspiré... (Compte rendu de Pierre Breillat, conservateur en chef de la Bibliothèque municipale de Versailles.)

Bibliothèques centrales de prêt.

Bas-Rhin.

Nouveau bibliobus. - Devant le développement pris par la Bibliothèque centrale de prêt du Bas-Rhin qui dessert aujourd'hui 587 communes et 700 dépôts, le Conseil général du Bas-Rhin lui a fait don d'une seconde voiture, une camionnette de 5 tonnes pouvant contenir plus de 2 ooo volumes en libre accès, et a pris également des dispositions pour renforcer son personnel.

L'inauguration de la nouvelle voiture a eu lieu le 25 février en présence des autorités du département. Des allocutions ont été prononcées par M. Philippe, directeur du Cabinet du Préfet, M. Schibi, inspecteur d'Académie, président de l'Association des Amis du bibliobus et par M. l'Inspecteur général Masson qui représentait M. Etienne Dennery, directeur des bibliothèques et de la lecture publique. Un hommage tout particulier a été rendu à Mlle Untersteller qui dirige ce service depuis 2 ans et qui, par son activité et son intelligence, a contribué à développer les racines du service rural en Alsace.

Les chaînes locales de la Télévision et de la Radio ont fixé le souvenir de la cérémonie.

Haut-Rhin

A l'occasion du vingtième anniversaire de la Libération de Colmar, la Bibliothèque centrale de prêt du Haut-Rhin a édité un dépliant qui, dans une présentation agréable, signale un choix de livres de valeur destinés à rappeler aux adultes et à faire connaître aux jeunes ce que furent l'occupation, la résistance et la libération en France et en Alsace.

Phonothèque nationale.

Publications. - En 196I, fut éditée une brochure illustrée 2, imprimée sur papier couché, qui retraçait l'historique des vingt premières années de la Phonothèque nationale, son évolution, son organisation, ses activités son rayonnement.

Récemment, un supplément 3 à cette brochure, publié à l'occasion du vingt-cinquième anniversaire de la Phonothèque, donne une étude détaillée de l'essor pris par la Phonothèque ces cinq dernières années et de son rôle international (création de la Fédération internationale des phonothèques). Quelques pages sont aussi consacrées au Musée de la Parole rattaché en 1963 à la Phonothèque, et enfin, en conclusion, est décrite la « Phonothèque idéale ».

  1. (retour)↑  BAULNY (Olivier). - Le Voyage dans l'Amérique méridionale d'Alcide d'Orbigny... Étude publiée à l'occasion de l'exposition intégrale de l'atlas du Voyage d'Alcide d'Orbigny, organisée à la Bibliothèque municipale de Pau... - Pau, impr. Marrimpouey jeune, 1964. - 23,5 cm, 32 p., 6 pl.
  2. (retour)↑  DÉCOLLOGNE (Roger). - La Phonothèque nationale. Vingt ans d'évolution, 1940-1960... (- Paris, Phonothèque nationale, 196I.) - 21 × 21 cm, 32 p., photos, couv. ill. en coul. Cette plaquette peut être complétée par un disque microsillon (17,5 cm, 33 1/3 t/m) qui donne un aperçu des collections de la Phonothèque nationale et comporte notamment les voix de : Sarah Bernhardt, Guillaume Apollinaire, Francis Carco, Mary Garden (accompagnée par Claude Debussy), Aristide Briand, Paul Valéry, Darius Milhaud.
  3. (retour)↑  DÉCOLLOGNE (Roger). - La Phonothèque nationale. Monde sonore. Histoire vivante. 1960-1963 : l'essor... Supplément à la brochure : Phonothèque nationale. Vingt ans d'évolution, édité à l'occasion du 25e anniversaire de la Phonothèque nationale et du rattachement à celle-ci du Musée de la Parole. - Paris, Phonothèque nationale, 1964. - 21 X 21 cm, 39 p., photos, couv. ill.