La bibliothèque universitaire centrale des étudiants malades et les bibliothèques des sanatoriums en France

Nelly Huri

Les bibliothèques pour étudiants malades et les bibliothèques circulantes pour sanatoriums à l'étranger

A côté des bibliothèques nationales, universitaires, municipales, encyclopédiques ou spécialisées, une bibliothèque d'un type nouveau s'adressant à un public particulier est entrée en service depuis octobre 1955; elle fournit en livres d'étude 1.500 jeunes malades groupés dans les sanatoriums universitaires ainsi qu'un certain nombre d'étudiants malades isolés ou hospitalisés dans les sanatoriums publics.

On ne peut rendre compte de son activité sans dire quelques mots de l'organisation sanatoriale universitaire en France.

Les sanatoriums universitaires.

Depuis que les médecins se sont rendu compte qu'un travail modéré aidait les étudiants tuberculeux à garder un bon moral et à guérir plus rapidement, ils ont été amenés à les grouper dans une ambiance favorable à leur travail et à prévoir des horaires adaptés à leur rythme de vie.

Tout le monde connait, au moins de nom, le sanatorium de Saint-Hilaire du Touvet (Isère) créé en 1933 et qui compte aujourd'hui 260 lits (200 étudiants, 60 étudiantes), peut-être sait-on moins que depuis 1942 une douzaine de maisons de cure ou post-cure ont été ouvertes en divers points de France : sanatorium de Neufmoutiers-en-Brie (Seine-et-Marne) [1945], sanatorium d'Avon (Seine-et-Marne) [1949], sanatorium des étudiantes à Vence (Alpes-Maritimes) [1950], maison de post-cure de Belledonne à La Tronche (Isère) [1942], post-cures de lycéennes à Vaux-le-Pénil (Seine-et-Marne) [1947], et à Varennes-Jarcy (Seine-et-Oise) [1950], post-cures pour étudiants à Paris : rue Quatrefages [1943], rue du Conventionnel-Chiappe (autrefois pré-cure de 1945 à 1955), post-cure à Sceaux (Seine) [1947], post-cure d'étudiants à Strasbourg (Bas-Rhin) [1949], enfin la post-cure d'étudiantes de Paris rue Boileau en 1954, devenue en 1956 le Centre Edouard-Rist (pré-cure et post-cure).

Sans entrer dans le détail des changements de résidence de certains sanas (Saint-Blasien [Forêt Noire] installé maintenant à Bouffémont [Seine-et-Oise]), des agrandissements et des suppressions de pavillons (Dreux [Eure-et-Loir] et Tilleroyes [Doubs]), on peut dire que depuis 1945 la Fondation Sanatorium des étudiants de France a hébergé d'une façon permanente 1.500 étudiants ou grands lycéens.

Les études en sanatorium.

Dès les débuts du Sanatorium de Saint-Hilaire, les professeurs de la Faculté de Grenoble ont accepté de monter périodiquement rendre visite aux étudiants malades et leur donner des conseils. Assez vite des répétitions et des cours sur place ont été organisés.

Par la suite, dans chaque maison de cure, un professeur a exercé les fonctions de responsable des études, tandis que des professeurs adjoints et des secrétaires des études, depuis quelques années, prêtent aussi leur concours aux étudiants et « grands scolaires », vérifient leur travail et assurent la liaison avec les établissements d'enseignement, universités ou le Centre national d'enseignement par correspondance.

Ces professeurs affectés aux sanatoriums d'étudiants sont pourvus depuis 1950 d'un statut officiel (circulaire du 17 juillet 1950); ils sont nommés et rémunérés par le Ministère de l'éducation nationale, au même titre que ceux qui exercent des fonctions identiques dans les établissements où sont soignés les élèves-maîtres et qui sont gérés par la Mutuelle générale de l'éducation nationale (sanatoriums de Sainte-Feyre [Creuse], de Saint-Jean d'Aulph [Haute-Savoie], post-cure Talma de Maisons-Laffitte [Seine-et-Oise]).

En 1956-57, 43 professeurs, secrétaires des études exercent dans les 12 établissements de la Fondation S. E. F.; en outre, 3 bibliothécaires qualifiés et 9 étudiants assurent le fonctionnement des bibliothèques de ces maisons.

Les cours de la faculté la plus proche sont enregistrés et diffusés par les radios intérieures dans plusieurs sanas. Des laboratoires spacieux permettent les travaux pratiques de sciences et de pharmacie à Saint-Hilaire. Des disques aident les professeurs de langues, dans toutes les maisons.

Il faut souligner, en particulier, le rôle toujours plus important joué auprès des malades par le Centre national d'enseignement par correspondance. Non seulement les grands lycéens y sont inscrits, mais aussi les étudiants qui préparent « Lettres supérieures » ou les concours d'entrée dans les Écoles normales supérieures de l'enseignement du second degré et de l'enseignement technique, depuis 1954 les candidats aux différents certificats d'aptitude pédagogique de l'enseignement secondaire et, depuis octobre 1956, ceux qui préparent l'agrégation.

Les bibliothèques de sanatoriums.

Pour faciliter ces différents enseignements, des livres d'études sont indispensables. Chaque sanatorium est déjà pourvu d'une bibliothèque. « Les malades des établissements de cure n'ayant pas accès aux collections des bibliothèques publiques, tout établissement de cure doit posséder une bibliothèque » dit la circulaire n° 186 du 12 juillet 1947 (Ministère de la santé publique et de la population. Ministère de l'éducation nationale) 1.

Dans les maisons de cure de la Fondation S. E. F., sauf Saint-Hilaire doté d'une bibliothèque de 26.000 volumes, on a groupé dans les bibliothèques, au hasard des premiers dons, puis par des achats, surtout des livres de loisir, mais aussi quelques livres d'étude; pour ceux-ci les acquisitions ont été faites, compte tenu des besoins des étudiants en séjour pour de courtes périodes. Souvent les crédits sont trop modiques pour permettre l'achat d'un fonds encyclopédique d'étude : 0,25 % du prix de journée 2 représente en effet un montant parfois dérisoire pour les petits établissements (exemple : sanatorium d'Avon, 45 lits). Ces crédits sont vite épuisés par les abonnements à des revues de culture générale et quelques achats de livres de loisir.

La grande diversité des études poursuivies par les pensionnaires qui se succèdent dans un sanatorium ou une post-cure, si elle rend complexe la tâche du responsable des études, rend encore plus difficile l'établissement d'un programme d'achat de livres par le bibliothécaire.

La création d'une centrale de prêt pour étudiants malades

Le projet d'une Centrale de prêt.

En France, comme cela ressort de la circulaire de 1947 citée plus haut, les tuberculeux ne peuvent bénéficier du prêt des bibliothèques publiques. C'est de la nécessité de fournir en livres de toutes disciplines les établissements de cure pour étudiants que l'idée d'une Centrale de prêt a pris naissance.

La Direction des bibliothèques de France s'est immédiatement intéressée à la suggestion présentée par le Dr. Douady, directeur général de la Fondation Sanatorium des étudiants et soutenue par les associations d'étudiants. Une enquête menée dans les divers sanatoriums de la Fondation à la demande du Service technique a permis de se rendre compte de la pauvreté en livres d'étude de la plupart des maisons de création récente. Aussi la Direction des bibliothèques a-t-elle accordé tout son appui à la demande de crédits de démarrage introduite en 1953 auprès de M. André Marie, alors ministre de l'Éducation nationale, et a-t-elle étudié les diverses questions de local, de personnel, de budget, pour faciliter la réalisation du projet.

Le choix du premier fonds.

Le premier crédit ayant été accordé en fin 1953, Mlle Roy, première bibliothécaire, commence le travail préparatoire en adressant des questionnaires plusieurs mois de suite aux responsables des études dans les maisons de la Fondation S. E. F. en vue de connaître, par une statistique moyenne, le nombre d'étudiants de chaque discipline en séjour dans ces établissements, l'Université où ces étudiants sont inscrits (les programmes de lettres et même de médecine varient d'une académie à l'autre), les diplômes ou concours d'université ou de grandes écoles qu'ils préparent. Un recensement rapide des livres figurant aux catalogues des bibliothèques de maisons de cure a également été effectué.

Si le choix des livres sera par la suite fonction du nombre d'étudiants par discipline dans l'ensemble des maisons de la Fondation, un certain nombre d'ouvrages de base sont indispensables cependant dans toute bibliothèque d'étude. C'est ce premier fonds, composé de traités, de cours, de manuels, qui a été constitué. 3.000 volumes étaient prêts au 1er octobre 1955.

L'organisation administrative.

Dès mai 1955, la Fondation S. E. F. met à la disposition de la Centrale de prêt un local indépendant dans l'enceinte du Centre de cure Edouard-Rist, local provisoire, installation d'ailleurs très modeste, qui comprend un magasin de livres : 210 mètres de rayonnage utile; un bureau de bibliothécaire, un bureau pour la dactylographie, une salle de multigraphie et de manutention.

Enfin une bibliothécaire, une sous-bibliothécaire, une dactylographe et une gardienne affectées à cette centrale émargent au budget de l'Éducation nationale (Direction des bibliothèques).

Si le crédit de démarrage, attribué sur le budget de l'Enseignement supérieur, a permis l'acquisition du premier fonds de livres, la centrale dispose depuis 1955 d'une subvention annuelle accordée par la Direction des bibliothèques, qui lui permet de faire face aux divers frais de fonctionnement.

Le Conseil de l'Université, dans sa séance du 25 octobre 1954, a décidé le rattachement de la Centrale de prêt au groupe des bibliothèques de l'Université de Paris sous le nom de Bibliothèque universitaire centrale des étudiants malades (B. U. C. E. M.). Décision confirmée par arrêté rectoral du 12 janvier 1956.

Le classement et le catalogage.

Le numéro d'entrée-inventaire sert de cote et permet le rangement des livres sur les rayons, au fur et à mesure de leur achat; ils sont repérés aisément grâce aux couleurs des reliures, différentes selon les disciplines. Les indices du système Dewey, adoptés pour les vedettes du catalogue systématique, n'interviennent donc pas dans le classement des livres en magasin.

Les notices donnant les indications bibliographiques complètes sont multigraphiées, en autant d'exemplaires qu'il est nécessaire, sur fiches de format international en bristol blanc. On utilise un duplicateur et de petits stencils individuels.

Un catalogue alphabétique d'auteurs et d'anonymes et un catalogue systématique sont établis.

Pour faciliter la consultation du fichier systématique, à côté de l'indice décimal Dewey, adopté comme vedette (on ne retient que les grandes divisions de la classification), on indique « en clair » des subdivisions, sans toutefois pousser très loin l'analyse de l'ouvrage.

Les catalogues doivent ici répondre aux nécessités de l'enseignement plus qu'aux exigences de la recherche. Dans une petite bibliothèque réservée aux étudiants du niveau de la licence, le catalogue systématique évite la dispersion des sujets, il met plus rapidement sous les yeux de l'étudiant l'ensemble des ressources qui sont offertes par la bibliothèque sur un sujet donné. D'ailleurs, plusieurs bibliothèques de maison de cure utilisent déjà la classification Dewey avec laquelle les étudiants sont familiarisés.

Le prêt.

Les livres sont prêtés aux sections de la Fondation S. E. F. après groupement des demandes individuelles. Divers problèmes se sont posés :
- faire connaître le fonds de la bibliothèque. A cet effet, 13 exemplaires du catalogue sur fiches ont été déposés dans les différentes maisons de la Fondation S. E. F.; répliques du fichier central, ils sont mis à jour périodiquement.
- présenter des catalogues d'une consultation aisée pour les malades : on a adopté pour cela des fichiers en bois 23 × 33 X 35 cm, à 4 tiroirs, munis de tringles, faciles à poser sur n'importe quelle table, transportables sur chariot dans les chambres de malades.
- instituer un système de prêt qui ne soit pas compliqué, tout en donnant au bibliothécaire toutes garanties contre les pertes, grâce à un contrôle efficace des envois postaux. Le responsable des études ou le bibliothécaire de la maison de cure contresigne, groupe et fait parvenir à la B. U. C. E. M. les demandes établies sur bulletin séparé pour chaque livre, en double exemplaire de couleur différente. Les doubles des demandes sont conservés par le responsable. Les livres sont munis de coins, équipés de 3 fiches de livre de couleurs différentes. On y mentionne : le sigle de la section, le numéro de l'envoi, la date de restitution. Une des fiches (rose) est expédiée dans le livre, le bibliothécaire de section peut ainsi constituer un fichier des emprunts faits à la B. U. C. E. M. Les deux autres restent à la centrale; les vertes, classées alphabétiquement au nom de l'auteur, aident à repérer dans quelle maison de cure tel livre a été prêté; les jaunes, classées par date de restitution, constituent un échéancier et permettent les réclamations.

Il est prêté quatre volumes par étudiant. Le prêt consenti pour 2 mois est renouvelé sur simple envoi d'un nouveau bulletin de demande.

Le prêt a été réservé, à l'origine, aux jeunes en cure dans les établissements de la Fondation S. E. F.; mais assez vite il a pu être étendu aux étudiants qui sont soignés, soit individuellement, soit dans des sanatoriums publics. L'emprunteur doit alors justifier d'une inscription dans une faculté et fournir un certificat médical; en outre, il assume les frais de poste, tant à l'aller qu'au retour des colis.

Plusieurs sanatoriums sont situés assez loin de Paris : Vence (Alpes-Maritimes), Aire-sur-l'Adour (Landes), Belledonne-La Tronche (Isère), la plupart des prêts sont donc expédiés par colis postaux de trois kilos.

Des avis en trois exemplaires de différentes couleurs récapitulent le contenu de chaque colis; un exemplaire adressé par poste au destinataire annonce l'arrivée des livres, le double, joint au colis, est retourné, signé par le destinataire, en guise d'accusé de réception; enfin le troisième exemplaire de ce bordereau reste entre les mains de l'expéditeur; ce contrôle est suffisant.

La Bibliothèque centrale faisant partie du groupe des bibliothèques de l'Université de Paris bénéficie de la franchise postale.

Le rôle du responsable des études et du bibliothécaire de maison de cure.

L'enquête menée en 1954 a pu donner une image aussi fidèle que possible du niveau moyen des étudiants à une époque donnée. Mais les étudiants malades sont une clientèle assez mouvante et la bibliothécaire de la centrale doit travailler en étroite liaison avec les responsables des études qui lui fournissent périodiquement, et au moins à chaque rentrée universitaire, des statistiques des étudiants par discipline, une documentation sur les besoins des nouveaux pensionnaires, les programmes des cours de l'Université à laquelle ils sont inscrits, les listes bibliographiques communiquées par les professeurs ou celles établies par les étudiants quand ils préparent un diplôme ou une thèse.

Quant au bibliothécaire de maison de cure, quelques tâches supplémentaires lui incombent : transmissions des bulletins de demande, établissement des avis d'expédition, intercalation des fiches de mises à jour.

C'est grâce au double concours du responsable des études et du bibliothécaire de section que la centrale peut fonctionner utilement.

Le Comité de la B. U. C. E. M.

Le Comité de la B. U. C. E. M. est constitué sur le modèle des comités consultatifs des bibliothèques sanatoriales, défini par la circulaire n° 186 du 12 juillet 1947 3. C'est un comité paritaire composé d'une part des membres de la Fondation, le directeur général, le directeur administratif, d'autre part des usagers, un représentant des médecins directeurs, un représentant des responsables des études, des représentants des associations d'étudiants; y participent également un inspecteur général des bibliothèques, le conservateur en chef du Service technique de la Direction des bibliothèques de France, le conservateur en chef chargé de l'administration des bibliothèques de l'Université de Paris. La bibliothécaire est secrétaire d'office. Ce comité doit se réunir au moins une fois par an.

Quinze mois de fonctionnement de la B. U. C. E. M.

Les catalogues sur fiches ont été déposés dans les maisons de cure de la Fondation, dès juillet 1955. Une note sur la technique du prêt, ainsi que les imprimés nécessaires pour les demandes d'ouvrages et les expéditions, ont été diffusés dans ces maisons au début d'octobre 1955.

Les relations se sont établies lentement avec les sections éloignées : Belledonne, Vence, Aire-sur-l'Adour. Saint-Hilaire, avec sa bibliothèque riche de 26.000 volumes et ses bibliothèques spécialisées, a peu recours à la B. U. C. E. M. Il en est de même de Strasbourg, dont les 26 étudiants en post-cure ont accès à la Bibliothèque nationale et universitaire. La centrale dessert surtout la région parisienne : les post-cures de Sceaux, Quatrefages et Chiappe, le Centre Edouard-Rist (pré et post-cure).

Les statistiques mensuelles du prêt font ressortir l'accroissement régulier des demandes : 58 prêts ont été servis en octobre 1955, 551 livres et cours en novembre 1956; le Centre Edouard-Rist a demandé à lui seul 201 prêts pour ce même mois de novembre qui a été le mois de pointe (voir Tableau I).

La B. U. C. E. M. prête hors de la Fondation depuis un an. Une vingtaine de maisons de cure ou post-cure susceptibles d'héberger des étudiants ainsi qu'une quinzaine d'écoles d'assistantes sociales ont été touchées par nos notices.

Des demandes de prêt sont parvenues de huit établissements : Châlet de Combloux (Haute-Savoie); Les Escaldes (Pyrénées-Orientales); Sainte-Catherine Labouré (Drôme); Sana d'Angeville, Hauteville (Ain) : La Trouhaude, Dijon, (Côte d'Or); Sylvabelle, Saint-Jean d'Aulph, (Haute-Savoie); Sanatorium du Timbre, La Membrolle-sur-Choisille (Indre-et-Loire); Post-cure Talma à Maisons-Laffitte (Seine-et-Oise) ainsi que du délégué du Bureau universitaire de statistique à Hauteville. 49 étudiants, en sana ou en cure libre, sont inscrits à la B. U. C. E. M. qui leur a consenti 343 prêts pendant l'année 1956 (87 en novembre). De tels usagers n'ont pas de catalogues à leur disposition. Ils demandent les ouvrages dont ils ont besoin. La bibliothécaire leur propose des listes de livres inscrits au catalogue et se rapportant à l'examen qu'ils préparent. Des imprimés sont mis à leur disposition pour assurer le contrôle de leurs envois postaux.

Il est intéressant d'analyser la répartition des prêts par discipline (voir Tableau II). La comparaison fait apparaître une très grande proportion de sortie de livres de droit et sciences sociales (503), puis viennent les mathématiques (356), la médecine (338), les beaux-arts (299); les sciences, physique, chimie, sciences naturelles totalisent 444 prêts. D'où l'on pourrait conclure à une réduction, pour cette année, des étudiants en lettres par rapport aux étudiants en sciences; les premiers lisant davantage et travaillant moins, en général, sur des manuels (il a été prêté 285 ouvrages de littérature et de critique et 253 textes littéraires ou philosophiques).

Depuis que le prêt fonctionne, les achats de livres sont fonction des besoins effectifs des usagers.

Éclairée par les demandes de prêt, la centrale a été amenée à multiplier le nombre d'exemplaires de nombreux manuels et traités : dix exemplaires de certains cours de mathématiques, de traités de médecine, six exemplaires de cours de droit, sciences politiques, précis du P. C. B., etc... figurent au catalogue. Plus d'une cinquantaine de titres ont été doublés ou triplés. Professeurs et étudiants témoignent de leur intérêt à la bibliothèque en indiquant les acquisitions à faire dans leur spécialité. Le fonds d'ouvrages techniques a été constitué sur la demande des étudiants de Bouffémont, celui de musicologie et d'histoire de l'art accru sur la demande des bibliothécaires du Centre Edouard-Rist et de Belledonne, le fonds d'anglais grâce aux listes de la responsable des études du sanatorium de Vence. Sur 510 propositions d'achat en 1956, 369 ont pu être satisfaites. Les avis émis par les représentants des associations d'étudiants, aux diverses réunions, séances du Comité de la bibliothèque ou séances de la Commission plénière des activités universitaires et culturelles de la Fondation, apportent aussi leur contribution à l'orientation des achats.

Le fonds de la B. U. C. E. M. s'est enrichi depuis octobre 1955 : 1.427 volumes avaient été acquis en 1954, 2.164 en 1955, 2.499 l'ont été en 1956; ce qui porte à 6.090 le nombre de volumes qui peuvent être mis à la disposition des emprunteurs.

Faut-il parler de désinfection? Les médecins la disent inutile. Le profane et de nombreux malades en post-cure sont rassurés en apprenant que la B. U. C. E. M. possède maintenant une « Éole » et que les livres provenant de pré-cure et cure sont désinfectés.

Considérée comme « psychologique », cette désinfection semble nécessaire surtout si l'on songe à prêter à d'autres malades que les tubcrculeux, aux allongés poliomyélitiques, aux « petits nerveux » auxquels s'intéresse la Fondation, et pour lesquels elle a déjà aménagé un pavillon d'accueil à Sceaux.

Les bibliothèques des sanatoriums de la Fondation S. E. F.

L'activité de la B. U. C. E. M., l'analyse de ses statistiques de prêt, ne peuvent donner une image exacte de la lecture dans les sanatoriums universitaires, car chaque bibliothèque de maison de cure possède déjà un fonds de livres d'étude dans lequel puise d'abord l'étudiant avant de songer à consulter le fichier de la centrale.

Saint-Hilaire possède, outre une importante bibliothèque générale, de riches bibliothèques spécialisées : 5.600 volumes de droit, médecine et sciences. La bibliothèque du Centre Edouard-Rist contient 3.400 livres d'étude; Bouffémont 1.280; Sceaux 409 et Avon 316. Les autres bibliothèques n'ont pas classé à part leurs livres d'étude. L'accroissement annuel, constitué autant par des dons que par des acquisitions, varie entre 200 volumes (Quatrefages, Saint-Hilaire) et 700 (Centre Édouard-Rist).

Sauf à Saint-Hilaire et à Belledonne, les bibliothèques des maisons de cure ont adopté la classification décimale. Dans certaines sections (Neufmoutiers, Avon) les catalogues sont en voie de réfection.

Le prêt moyen accordé sur place est de 1.500 volumes par mois pour Saint-Hilaire, le Centre Édouard-Rist, 1.200 pour Vence, 900 pour Bouffémont. Belledonne, Quatrefages, Sceaux, Chiappe ne tiennent pas de statistiques. (voir Tableau III).

La B. U. C. E. M. et les bibliothèques des maisons de cure universitaires ne font pas double emploi. Elles ont des tâches différentes. Les bibliothèques des maisons de cure continueront d'accroître leur fonds en ouvrages de référence : dictionnaires, textes et ouvrages de culture générale et c'est à elles, bien entendu, qu'il appartient d'acquérir les livres de loisir. Le fonds de textes de la B. U. C. E. M. servira par la suite aux étudiants isolés; la centrale cherchera à se réserver les ouvrages de critique, les manuels, traités plus spécialisés, trop chers, et qu'une bibliothèque de sanatorium au budget restreint ne peut se permettre d'acheter pour l'usage momentané d'un étudiant de passage.

Un début de coordination dans les achats avec le Centre Édouard-Rist, laisse espérer qu'on pourra s'engager dans cette voie avec d'autres bibliothèques de la Fondation. Peut-être, dans un proche avenir, serait-il intéressant d'envisager un catalogue collectif des livres d'étude des post-cures de la région parisienne.

Les réalisations à l'étranger

Les bibliothèques de sanatoriums universitaires.

Depuis la création à Leysin (Suisse) en octobre 1922, du premier sanatorium universitaire, de nombreuses maisons de cure pour étudiants, conçues sur le même modèle, ont été installées : en Pologne, le sanatorium universitaire de Zakopane, en 1926; en France, Saint-Hilaire-du-Touvet, en 1933, et depuis 1945, l'ensemble des 12 maisons de cure ou post-cure; en Grèce, en 1936 (34 lits); au Danemark, en 1943 (15 lits); en Espagne, en 1946 (200 lits); en Belgique, en 1947 (96 lits); en Italie, en 1948 (65 lits); en Tchécoslovaquie, en 1949 (100 lits); aux Pays-Bas, en 1952 (86 lits); deux en Inde, en 1952; deux en Grande-Bretagne, en 1952 (14 lits) et en 1954 (24 lits). Citons aussi les récentes réalisations de la Chine populaire : Sanatorium des étudiants d'Asie, Pa-Ta-Chou près de Pékin, en 1954 (300 lits), et du Japon en 1955.

En Suisse, le sanatorium universitaire de Leysin compte 60 lits. La bibliothèque sanatoriale est riche de 26.000 volumes, et le prêt annuel moyen est de 5.000 livres. Les étudiants ont la possibilité, lorsqu'ils ne trouvent pas sur place les livres qui leur sont nécessaires, de les emprunter aux bibliothèques universitaires suisses. En 1956, 500 livres ont été fournis aux étudiants de Leysin par celles-ci.

En Belgique, le sanatorium universitaire d'Eupen (96 lits) fonctionne depuis 1947. 8.000 volumes d'ouvrages français, néerlandais, anglais et allemands, 60 % de livres d'étude sont mis à la disposition des pensionnaires. Tous les cours de faculté, quand ils sont polycopiés, figurent au catalogue. Les étudiants bénéficient, en outre, du prêt interbibliothèque, tant avec la Bibliothèque royale, qu'avec les bibliothèques universitaires et les bibliothèques publiques. 7.276 livres ont été prêtés en 1955 et 105 volumes obtenus par prêt interbibliothèque.

En Italie, 65 lits d'étudiants sont groupés sous les auspices de « L'Associazione sanatorio universitario italiano » (1948). Aucune organisation de cours par correspondance n'existe. On envisage la présence sur place de professeurs ou conseillers d'étude. La bibliothèque se constitue au fur et à mesure des demandes des étudiants. Elle comprenait, au 31 décembre 1955, 851 volumes. 304 ont été prêtés en 1955.

Aux Pays-Bas, le sanatorium universitaire de Laren (1952) compte 86 lits pour étudiants et grands collégiens. Les cours par correspondance permettent aux malades de poursuivre leurs études. Des appareils à bande magnétique enregistrent les cours universitaires dont certains étudiants auraient besoin. La bibliothèque sanatoriale est riche de 11.287 volumes. Un catalogue systématique, en plusieurs petits registres à feuillets mobiles, circule parmi les malades groupés en 3 sections (pré-cure, cure et post-cure). La bibliothèque universitaire consent des prêts aux étudiants en cure à Laren.

En Grande-Bretagne, les étudiants sont groupés par la « British tuberculosis foundation » dans deux sanatoriums près de Londres : Pinewood, 14 lits d'étudiants (1952); Highwood, 24 lits d'étudiantes (1954). Des cours sont donnés individuellement ou par groupes, par des chargés de cours à University College, Londres. Les deux bibliothèques totalisent 3.000 volumes, dont 70 % de livres d'étude. Un catalogue collectif est établi en triple exemplaire sur feuillets mobiles, un exemplaire est déposé à la direction de la fondation, et un autre dans chaque sanatorium, ce qui permet l'échange de livres entre une section et l'autre.

En outre, les étudiants peuvent emprunter à la « British Red Cross society sanatorium library ». Quand ils sont déclarés non contagieux (ce qui correspond à nos post-cures) ils peuvent avoir recours : à la Bibliothèque de l'Université de Londres (64 livres obtenus en 1955), aux succursales des bibliothèques de comtés, à la Bibliothèque médicale et scientifique de Lewis de Londres, par l'intermédiaire de la fondation au service de recherche de la Bibliothèque du Berkshire qui essaye de procurer les livres qu'il n'a pas été possible d'obtenir par ailleurs.

Au Japon, fondé sous les auspices de la « World university service », le sanatorium pour étudiants inauguré en été 1955 (50 lits), annexé à l'hôpital d'Inada Noborito, près de Tokyo, commence à constituer sa bibliothèque. La Fondation S. E. F. lui a adressé récemment un don de classiques français.

Les bibliothèques circulantes pour malades.

Dans plusieurs pays, outre les bibliothèques des établissements de cure, des dépôts de bibliothèques circulantes sont à la disposition des malades.

Suisse. - C'est l'organisation « Bibliothèque pour tous », centrale de prêt de lecture publique, non réservée aux malades, qui alimente les sanatoriums en caisses de livres.

Nous avons signalé au service des étudiants, en Grande-Bretagne, la « British Red Cross », laquelle jointe au Comité Saint-John entretient à Londres une centrale de prêt pour hôpitaux et sanatoriums. Décentralisée depuis 1945 à l'échelle du comté, avec dépôts de livres, ateliers de réparations, et responsables bibliothécaires dans chaque centre, cette bibliothèque qui a débuté avec les livres mis à la disposition des militaires des guerres 1914 et 1939, est aujourd'hui riche de 44.000 volumes. Elle dessert 378 hôpitaux militaires, 1.173 civils et 17 hôpitaux de prisons; elle comprend une section réservée aux tuberculeux et une pour non contagieux. Différenciés par leurs étiquettes, les livres de ces sections sont conservés dans des magasins séparés. Les dépôts des comtés échangent des livres avec les dépôts d'hôpitaux. En outre, un service spécial de prêt est accordé à 714 tuberculeux soignés isolément. 2.307.827 volumes ont été prêtés, de juillet 1955 à juin 1956.

Belgique. - A côté de nombreuses œuvres sociales, deux institutions principales prêtent des livres dans les sanatoriums :
- La « Bibliothèque centrale de prêts des sanatoriums » du Conseil national des bibliothèques d'hôpitaux et de sanatoriums de la Croix-Rouge belge, compte 5.461 ouvrages français et flamands. Elle tient un catalogue collectif des bibliothèques des établissements qu'elle dessert. Le prêt se fait par dépôts, pour 3 à 4 mois, de caisses de 140-160 volumes. Pour le choix, il peut être tenu compte, tant du fonds de la bibliothèque locale que des désirs exprimés par le responsable. Pour 15 sanatoriums (2.000 lits), le prêt en 1955 a été de 134.603 volumes.
- Le « Service social inter-sanatorial » a repris en 1951 la section « Bibliothèques » de l'Œuvre nationale belge de défense contre la tuberculose, qui, depuis 1941, s'occupait de réorganiser ou constituer une bibliothèque fixe dans des maisons de cure. En outre, sa bibliothèque circulante de 7.000 volumes (40 % d'ouvrages éducatifs) permet de renouveler le fonds tous les trois à quatre mois, par dépôts de 300 à 400 volumes. 100.000 volumes pour 18 sanatoriums (2.200 lits) ont été prêtés en 1955. Le prêt est également consenti aux malades isolés (sortants), actuellement une dizaine.

Danemark. - Fondée en 1942, la centrale de prêt danoise destinée aux sanatoriums est une institution privée subventionnée par les municipalités, les communes, des fondations et l'État. Le fonds est de 24.500 volumes dont 1.770 livres pour enfants. La durée des dépôts est de trois à quatre mois; on prête 4 volumes par lit. Des prêts directs sont consentis aux malades isolés. En 1955-56, 12 sanatoriums (1.669 lits), 22 services de tuberculeux d'hôpitaux (1.220 lits), 5 prisons (40 lits), 7 préventoriums pour enfants (117 lits) ont été pourvus de 29.454 volumes et 3.054 prêts ont été consentis aux malades isolés.

Suède. - Le Sanatorium de Hässelby près de Stockholm n'est plus réservé aux étudiants et universitaires.

Quoique les établissements de cure suédois (8.535 lits) aient déjà leurs propres bibliothèques, l'Association suédoise pour la lutte contre la tuberculose entretient depuis 1949 une Centrale qui distribue dans les sanatoriums livres et périodiques. Elle se charge aussi de rechercher et emprunter dans les bibliothèques publiques des livres pour permettre aux étudiants de poursuivre leurs études. Les étudiants malades isolés peuvent recourir à la centrale.

Japon. - Il n'existe pas de bibliothèques circulantes d'État ou de Croix-Rouge prêtant aux malades qui se soignent isolément ou dans les sanatoriums publics.

Les renseignements recueillis sur les centrales de prêt pour sanas permettent de dégager des traits communs et de signaler quelques particularités :
- La plupart des centrales citées ont adopté le système de prêt avec fiches (système Newark); l'une à la centrale indique le lieu de dépôt du livre, la seconde est utilisée dans le sanatorium au nom de l'emprunteur ;
- on pratique de préférence un dépôt de caisses ou de lots préfabriqués au prorata du nombre de lits. Cependant le prêt individuel à partir de la centrale est largement utilisé au Danemark (3.054 prêts en 1955), en Grande-Bretagne où 714 malades isolés sont servis, ainsi qu'en Suède; - notons au Danemark, la section de livres pour enfants;
- en Belgique, Suisse, Suède, chaque sanatorium possède sa bibliothèque propre; les centrales de prêt viennent alors, par leurs dépôts, apporter au lecteur un choix plus étendu et périodiquement renouvelé;
- le catalogue collectif des bibliothèques des établissements desservis détenu par la centrale de la Croix-Rouge, en Belgique, est intéressant à signaler;
- nulle part le livre n'est désinfecté, le prêt demeurant en circuit fermé entre malades.

En ce qui concerne le livre d'étude, seule la bibliothèque du sanatorium universitaire de Grande-Bretagne, avec son catalogue collectif en trois exemplaires, rappelle à certains égards l'organisation de la B. U. C. E. M. et ses 14 fichiers.

Si, outre les richesses de leur sanatorium universitaire, les étudiants malades suisses ont la possibilité d'emprunter, soit à la Bibliothèque nationale, soit aux bibliothèques cantonales, si les étudiants belges profitent aussi du prêt interbibliothèques et si les Britanniques en post-cure ont à leur disposition diverses ressources, les étudiants malades en France ne sont pas moins favorisés depuis octobre 1955.

Les services de prêt des bibliothèques universitaires françaises ne pouvaient répondre à toutes les demandes, ni surtout consentir les prêts de longue durée nécessaires aux pensionnaires de maisons de cure. Aussi la réalisation de la B. U. C. E. M. répondait-elle à une nécessité. L'ensemble de 12 maisons de cure ou post-cure universitaires disséminées dans divers points du pays justifiait le fonctionnement d'une Centrale de prêt 4.

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Tableau I

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Tableau II

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Tableau III

  1. (retour)↑  Voir : B. Inf. Dir. Bibl. France. 4e année, n° 11, novembre 1955, pp. 327-331.
  2. (retour)↑  La circulaire n° 229 du 5 septembre 1945 prescrivait de réserver à l'entretien de la bibliothèque 0,50 % du prix de journée. Ce montant minimum a été ramené à 0,25 % par la circulaire n° 29 du 14 février 1952 (Santé publique et population). Ces circulaires ont paru dans le B. Inf. Dir. Bibl. France. 4e année, n° 11, novembre 1955, pp. 326-327; pp. 333-334.
  3. (retour)↑  Ministère de la santé publique et de la population.
  4. (retour)↑  Je remercie les directeurs d'établissements de cure ou de centrales de prêt et les bibliothécaires qui ont si aimablement répondu à mes questions :
    - Le Lieutenant-colonel J. H. Sydenham, directeur de la British Red Cross society; Mr J. H. P. Pafford, Goldsmith's librarian, et Miss Dilys Jones, assistant secretary à la British student tuberculosis foundation (Grande-Bretagne).
    - M. le Dr Vauthier, président du Bureau permanent de liaison des sanatoriums universitaires; M. Paul-Émile Schazmann, bibliothécaire à la Bibliothèque nationale suisse à Berne; Mme I. Schmid-Schädelin, présidente de l'Association suisse des bibliothèques d'hôpitaux; M. J. Rudhart, directeur du Sanatorium universitaire (Suisse).
    - Mme J. Dekkers-D'Ieteren, secrétaire générale du Sanatorium universitaire belge; Mme la Baronne C. E. Janssen, présidente du Conseil national des bibliothèques d'hôpitaux et sanatoria; Mme G. Derscheid, présidente de l'Intersana (Belgique).
    - M. Buscaglione, secrétaire général de l'Aasoeiazione sanatorio universitario italiano (Italie).
    - Mme E. Dorpema, secrétaire des études au Sanatorium universitaire de Laren (Hollande).
    - M. Bengt Hjelmqvist, first library adviser au Ministère de l'éducation nationale (Suède).
    - Miss Helga Nielsen, chief librarian à la Centralbiblioteket for tuberkulosepatienter (Danemark).
    - M. Ryoki Terada, bibliothécaire à la Nagoya university library (Japon).
    J'ai aussi largement puisé dans les différents rapports des directeurs d'établissements de la Fondation Sanatorium des étudiants de France.